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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les trois mousquetaires читать книгу онлайн

Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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On ne pouvait dire que ce fût le vin qui lui donnât cette tristesse, car au contraire il ne buvait que pour combattre cette tristesse, que ce remède, comme nous l’avons dit, rendait plus sombre encore. On ne pouvait attribuer cet excès d’humeur noire au jeu, car, au contraire de Porthos, qui accompagnait de ses chants ou de ses jurons toutes les variations de la chance, Athos, lorsqu’il avait gagné, demeurait aussi impassible que lorsqu’il avait perdu. On l’avait vu, au cercle des mousquetaires, gagner un soir trois mille pistoles, les perdre jusqu’au ceinturon brodé d’or des jours de gala; regagner tout cela, plus cent louis, sans que son beau sourcil noir eût haussé ou baissé d’une demi-ligne, sans que ses mains eussent perdu leur nuance nacrée, sans que sa conversation, qui était agréable ce soir-là, eût cessé d’être calme et agréable.

Ce n’était pas non plus, comme chez nos voisins les Anglais, une influence atmosphérique qui assombrissait son visage, car cette tristesse devenait plus intense en général vers les beaux jours de l’année; juin et juillet étaient les mois terribles d’Athos.

Pour le présent, il n’avait pas de chagrin, il haussait les épaules quand on lui parlait de l’avenir; son secret était donc dans le passé, comme on l’avait dit vaguement à d’Artagnan.

Cette teinte mystérieuse répandue sur toute sa personne rendait encore plus intéressant l’homme dont jamais les yeux ni la bouche, dans l’ivresse la plus complète, n’avaient rien révélé, quelle que fût l’adresse des questions dirigées contre lui.

«Eh bien, pensait d’Artagnan, le pauvre Athos est peut-être mort à cette heure, et mort par ma faute, car c’est moi qui l’ai entraîné dans cette affaire, dont il ignorait l’origine, dont il ignorera le résultat et dont il ne devait tirer aucun profit.

– Sans compter, monsieur, répondait Planchet, que nous lui devons probablement la vie. Vous rappelez-vous comme il a crié: “Au large, d’Artagnan! je suis pris.” Et après avoir déchargé ses deux pistolets, quel bruit terrible il faisait avec son épée! On eût dit vingt hommes, ou plutôt vingt diables enragés!»

Et ces mots redoublaient l’ardeur de d’Artagnan, qui excitait son cheval, lequel n’ayant pas besoin d’être excité emportait son cavalier au galop.

Vers onze heures du matin, on aperçut Amiens; à onze heures et demie, on était à la porte de l’auberge maudite.

D’Artagnan avait souvent médité contre l’hôte perfide une de ces bonnes vengeances qui consolent, rien qu’en espérance. Il entra donc dans l’hôtellerie, le feutre sur les yeux, la main gauche sur le pommeau de l’épée et faisant siffler sa cravache de la main droite.

«Me reconnaissez-vous? dit-il à l’hôte, qui s’avançait pour le saluer.

– Je n’ai pas cet honneur, Monseigneur, répondit celui-ci les yeux encore éblouis du brillant équipage avec lequel d’Artagnan se présentait.

– Ah! vous ne me connaissez pas!

– Non, Monseigneur.

– Eh bien, deux mots vont vous rendre la mémoire. Qu’avez-vous fait de ce gentilhomme à qui vous eûtes l’audace, voici quinze jours passés à peu près, d’intenter une accusation de fausse monnaie?»

L’hôte pâlit, car d’Artagnan avait pris l’attitude la plus menaçante, et Planchet se modelait sur son maître.

«Ah! Monseigneur, ne m’en parlez pas, s’écria l’hôte de son ton de voix le plus larmoyant; ah! Seigneur, combien j’ai payé cette faute! Ah! malheureux que je suis!

– Ce gentilhomme, vous dis-je, qu’est-il devenu?

– Daignez m’écouter, Monseigneur, et soyez clément. Voyons, asseyez-vous, par grâce!»

D’Artagnan, muet de colère et d’inquiétude, s’assit, menaçant comme un juge. Planchet s’adossa fièrement à son fauteuil.

«Voici l’histoire, Monseigneur, reprit l’hôte tout tremblant, car je vous reconnais à cette heure; c’est vous qui êtes parti quand j’eus ce malheureux démêlé avec ce gentilhomme dont vous parlez.

– Oui, c’est moi; ainsi vous voyez bien que vous n’avez pas de grâce à attendre si vous ne dites pas toute la vérité.

– Aussi veuillez m’écouter, et vous la saurez tout entière.

– J’écoute.

– J’avais été prévenu par les autorités qu’un faux-monnayeur célèbre arriverait à mon auberge avec plusieurs de ses compagnons, tous déguisés sous le costume de gardes ou de mousquetaires. Vos chevaux, vos laquais, votre figure, Messeigneurs, tout m’avait été dépeint.

– Après, après? dit d’Artagnan, qui reconnut bien vite d’où venait le signalement si exactement donné.

– Je pris donc, d’après les ordres de l’autorité, qui m’envoya un renfort de six hommes, telles mesures que je crus urgentes afin de m’assurer de la personne des prétendus faux-monnayeurs.

– Encore! dit d’Artagnan, à qui ce mot de faux-monnayeur échauffait terriblement les oreilles.

– Pardonnez-moi, Monseigneur, de dire de telles choses, mais elles sont justement mon excuse. L’autorité m’avait fait peur, et vous savez qu’un aubergiste doit ménager l’autorité.

– Mais encore une fois, ce gentilhomme, où est-il? qu’est-il devenu? Est-il mort? est-il vivant?

– Patience, Monseigneur, nous y voici. Il arriva donc ce que vous savez, et dont votre départ précipité, ajouta l’hôte avec une finesse qui n’échappa point à d’Artagnan, semblait autoriser l’issue. Ce gentilhomme votre ami se défendit en désespéré. Son valet, qui, par un malheur imprévu, avait cherché querelle aux gens de l’autorité, déguisés en garçons d’écurie…

– Ah! misérable! s’écria d’Artagnan, vous étiez tous d’accord, et je ne sais à quoi tient que je ne vous extermine tous!

– Hélas! non, Monseigneur, nous n’étions pas tous d’accord, et vous l’allez bien voir. Monsieur votre ami (pardon de ne point l’appeler par le nom honorable qu’il porte sans doute, mais nous ignorons ce nom), monsieur votre ami, après avoir mis hors de combat deux hommes de ses deux coups de pistolet, battit en retraite en se défendant avec son épée dont il estropia encore un de mes hommes, et d’un coup du plat de laquelle il m’étourdit.

– Mais, bourreau, finiras-tu? dit d’Artagnan. Athos, que devient Athos?

– En battant en retraite, comme j’ai dit à Monseigneur, il trouva derrière lui l’escalier de la cave, et comme la porte était ouverte, il tira la clef à lui et se barricada en dedans. Comme on était sûr de le retrouver là, on le laissa libre.

– Oui, dit d’Artagnan, on ne tenait pas tout à fait à le tuer, on ne cherchait qu’à l’emprisonner.

– Juste Dieu! à l’emprisonner, Monseigneur? il s’emprisonna bien lui-même, je vous le jure. D’abord il avait fait de rude besogne, un homme était tué sur le coup et deux autres étaient blessés grièvement. Le mort et les deux blessés furent emportés par leurs camarades, et jamais je n’ai plus entendu parler ni des uns, ni des autres. Moi-même, quand je repris mes sens, j’allai trouver M. le gouverneur, auquel je racontai tout ce qui s’était passé, et auquel je demandai ce que je devais faire du prisonnier. Mais M. le gouverneur eut l’air de tomber des nues; il me dit qu’il ignorait complètement ce que je voulais dire, que les ordres qui m’étaient parvenus n’émanaient pas de lui et que si j’avais le malheur de dire à qui que ce fût qu’il était pour quelque chose dans toute cette échauffourée, il me ferait pendre. Il paraît que je m’étais trompé, monsieur, que j’avais arrêté l’un pour l’autre, et que celui qu’on devait arrêter était sauvé.

– Mais Athos? s’écria d’Artagnan, dont l’impatience se doublait de l’abandon où l’autorité laissait la chose; Athos, qu’est-il devenu?

– Comme j’avais hâte de réparer mes torts envers le prisonnier, reprit l’aubergiste, je m’acheminai vers la cave afin de lui rendre sa liberté. Ah! monsieur, ce n’était plus un homme, c’était un diable. À cette proposition de liberté, il déclara que c’était un piège qu’on lui tendait et qu’avant de sortir il entendait imposer ses conditions. Je lui dis bien humblement, car je ne me dissimulais pas la mauvaise position où je m’étais mis en portant la main sur un mousquetaire de Sa Majesté, je lui dis que j’étais prêt à me soumettre à ses conditions.

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