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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les trois mousquetaires читать книгу онлайн

Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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«Et quand pourrai-je voir cette jeune dame, pour laquelle je me sens déjà une si grande sympathie? demanda Milady.

– Mais, ce soir, dit l’abbesse, dans la journée même. Mais vous voyagez depuis quatre jours, m’avez-vous dit vous-même; ce matin vous vous êtes levée à cinq heures, vous devez avoir besoin de repos. Couchez-vous et dormez, à l’heure du dîner nous vous réveillerons.»

Quoique Milady eût très bien pu se passer de sommeil, soutenue qu’elle était par toutes les excitations qu’une aventure nouvelle faisait éprouver à son cœur avide d’intrigues, elle n’en accepta pas moins l’offre de la supérieure: depuis douze ou quinze jours elle avait passé par tant d’émotions diverses que, si son corps de fer pouvait encore soutenir la fatigue, son âme avait besoin de repos.

Elle prit donc congé de l’abbesse et se coucha, doucement bercée par les idées de vengeance auxquelles l’avait tout naturellement ramenée le nom de Ketty. Elle se rappelait cette promesse presque illimitée que lui avait faite le cardinal, si elle réussissait dans son entreprise. Elle avait réussi, elle pourrait donc se venger de d’Artagnan.

Une seule chose épouvantait Milady, c’était le souvenir de son mari! le comte de La Fère, qu’elle avait cru mort ou du moins expatrié, et qu’elle retrouvait dans Athos, le meilleur ami de d’Artagnan.

Mais aussi, s’il était l’ami de d’Artagnan, il avait dû lui prêter assistance dans toutes les menées à l’aide desquelles la reine avait déjoué les projets de Son Éminence; s’il était l’ami de d’Artagnan, il était l’ennemi du cardinal; et sans doute elle parviendrait à l’envelopper dans la vengeance aux replis de laquelle elle comptait étouffer le jeune mousquetaire.

Toutes ces espérances étaient de douces pensées pour Milady; aussi, bercée par elles, s’endormit-elle bientôt.

Elle fut réveillée par une voix douce qui retentit au pied de son lit. Elle ouvrit les yeux, et vit l’abbesse accompagnée d’une jeune femme aux cheveux blonds, au teint délicat, qui fixait sur elle un regard plein d’une bienveillante curiosité.

La figure de cette jeune femme lui était complètement inconnue; toutes deux s’examinèrent avec une scrupuleuse attention, tout en échangeant les compliments d’usage: toutes deux étaient fort belles, mais de beautés tout à fait différentes. Cependant Milady sourit en reconnaissant qu’elle l’emportait de beaucoup sur la jeune femme en grand air et en façons aristocratiques. Il est vrai que l’habit de novice que portait la jeune femme n’était pas très avantageux pour soutenir une lutte de ce genre.

L’abbesse les présenta l’une à l’autre; puis, lorsque cette formalité fut remplie, comme ses devoirs l’appelaient à l’église, elle laissa les deux jeunes femmes seules.

La novice, voyant Milady couchée, voulait suivre la supérieure, mais Milady la retint.

«Comment, madame, lui dit-elle, à peine vous ai-je aperçue et vous voulez déjà me priver de votre présence, sur laquelle je comptais cependant un peu, je vous l’avoue, pour le temps que j’ai à passer ici?

– Non, madame, répondit la novice, seulement je craignais d’avoir mal choisi mon temps: vous dormiez, vous êtes fatiguée.

– Eh bien, dit Milady, que peuvent demander les gens qui dorment? un bon réveil. Ce réveil, vous me l’avez donné; laissez-moi en jouir tout à mon aise.»

Et lui prenant la main, elle l’attira sur un fauteuil qui était près de son lit.

La novice s’assit.

«Mon Dieu! dit-elle, que je suis malheureuse! voilà six mois que je suis ici, sans l’ombre d’une distraction, vous arrivez, votre présence allait être pour moi une compagnie charmante, et voilà que, selon toute probabilité, d’un moment à l’autre je vais quitter le couvent!

– Comment! dit Milady, vous sortez bientôt?

– Du moins je l’espère, dit la novice avec une expression de joie qu’elle ne cherchait pas le moins du monde à déguiser.

– Je crois avoir appris que vous aviez souffert de la part du cardinal, continua Milady; c’eût été un motif de plus de sympathie entre nous.

– Ce que m’a dit notre bonne mère est donc la vérité, que vous étiez aussi une victime de ce méchant cardinal?

– Chut! dit Milady, même ici ne parlons pas ainsi de lui; tous mes malheurs viennent d’avoir dit à peu près ce que vous venez de dire, devant une femme que je croyais mon amie et qui m’a trahie. Et vous êtes aussi, vous, la victime d’une trahison?

– Non, dit la novice, mais de mon dévouement à une femme que j’aimais, pour qui j’eusse donné ma vie, pour qui je la donnerais encore.

– Et qui vous a abandonnée, c’est cela!

– J’ai été assez injuste pour le croire, mais depuis deux ou trois jours j’ai acquis la preuve du contraire, et j’en remercie Dieu; il m’aurait coûté de croire qu’elle m’avait oubliée. Mais vous, madame, continua la novice, il me semble que vous êtes libre, et que si vous vouliez fuir, il ne tiendrait qu’à vous.

– Où voulez-vous que j’aille, sans amis, sans argent, dans une partie de la France que je ne connais pas, où je ne suis jamais venue?…

– Oh! s’écria la novice, quant à des amis, vous en aurez partout où vous vous montrerez, vous paraissez si bonne et vous êtes si belle!

– Cela n’empêche pas, reprit Milady en adoucissant son sourire de manière à lui donner une expression angélique, que je suis seule et persécutée.

– Écoutez, dit la novice, il faut avoir bon espoir dans le Ciel, voyez-vous; il vient toujours un moment où le bien que l’on a fait plaide votre cause devant Dieu, et, tenez, peut-être est-ce un bonheur pour vous, tout humble et sans pouvoir que je suis, que vous m’ayez rencontrée: car, si je sors d’ici, eh bien, j’aurai quelques amis puissants, qui, après s’être mis en campagne pour moi, pourront aussi se mettre en campagne pour vous.

– Oh! quand j’ai dit que j’étais seule, dit Milady, espérant faire parler la novice en parlant d’elle-même, ce n’est pas faute d’avoir aussi quelques connaissances haut placées; mais ces connaissances tremblent elles-mêmes devant le cardinal: la reine elle-même n’ose pas soutenir contre le terrible ministre; j’ai la preuve que Sa Majesté, malgré son excellent cœur, a plus d’une fois été obligée d’abandonner à la colère de Son Éminence les personnes qui l’avaient servie.

– Croyez-moi, madame, la reine peut avoir l’air d’avoir abandonné ces personnes-là; mais il ne faut pas en croire l’apparence: plus elles sont persécutées, plus elle pense à elles, et souvent, au moment où elles y pensent le moins, elles ont la preuve d’un bon souvenir.

– Hélas! dit Milady, je le crois: la reine est si bonne.

– Oh! vous la connaissez donc, cette belle et noble reine, que vous parlez d’elle ainsi! s’écria la novice avec enthousiasme.

– C’est-à-dire, reprit Milady, poussée dans ses retranchements, qu’elle, personnellement, je n’ai pas l’honneur de la connaître; mais je connais bon nombre de ses amis les plus intimes: je connais M. de Putange; j’ai connu en Angleterre M. Dujart; je connais M. de Tréville.

– M. de Tréville! s’écria la novice, vous connaissez M. de Tréville?

– Oui, parfaitement, beaucoup même.

– Le capitaine des mousquetaires du roi?

– Le capitaine des mousquetaires du roi.

– Oh! mais vous allez voir, s’écria la novice, que tout à l’heure nous allons être des connaissances achevées, presque des amies; si vous connaissez M. de Tréville, vous avez dû aller chez lui?

– Souvent! dit Milady, qui, entrée dans cette voie, et s’apercevant que le mensonge réussissait, voulait le pousser jusqu’au bout.

– Chez lui, vous avez dû voir quelques-uns de ses mousquetaires?

– Tous ceux qu’il reçoit habituellement! répondit Milady, pour laquelle cette conversation commençait à prendre un intérêt réel.

– Nommez-moi quelques-uns de ceux que vous connaissez, et vous verrez qu’ils seront de mes amis.

– Mais, dit Milady embarrassée, je connais M. de Louvigny, M. de Courtivron, M. de Férussac.»

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