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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les trois mousquetaires читать книгу онлайн

Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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Patrick poussa un grand cri.

Buckingham voulut sourire une dernière fois; mais la mort arrêta sa pensée, qui resta gravée sur son front comme un dernier baiser d’amour.

En ce moment le médecin du duc arriva tout effaré; il était déjà à bord du vaisseau amiral, on avait été obligé d’aller le chercher là.

Il s’approcha du duc, prit sa main, la garda un instant dans la sienne, et la laissa retomber.

«Tout est inutile, dit-il, il est mort.

– Mort, mort!» s’écria Patrick.

À ce cri toute la foule rentra dans la salle, et partout ce ne fut que consternation et que tumulte.

Aussitôt que Lord de Winter vit Buckingham expiré, il courut à Felton, que les soldats gardaient toujours sur la terrasse du palais.

«Misérable! dit-il au jeune homme qui, depuis la mort de Buckingham, avait retrouvé ce calme et ce sang-froid qui ne devaient plus l’abandonner; misérable! qu’as-tu fait?

– Je me suis vengé, dit-il.

– Toi! dit le baron; dis que tu as servi d’instrument à cette femme maudite; mais je te le jure, ce crime sera son dernier crime.

– Je ne sais ce que vous voulez dire, reprit tranquillement Felton, et j’ignore de qui vous voulez parler, Milord; j’ai tué M. de Buckingham parce qu’il a refusé deux fois à vous-même de me nommer capitaine: je l’ai puni de son injustice, voilà tout.»

De Winter, stupéfait, regardait les gens qui liaient Felton, et ne savait que penser d’une pareille insensibilité.

Une seule chose jetait cependant un nuage sur le front pur de Felton. À chaque bruit qu’il entendait, le naïf puritain croyait reconnaître les pas et la voix de Milady venant se jeter dans ses bras pour s’accuser et se perdre avec lui.

Tout à coup il tressaillit, son regard se fixa sur un point de la mer, que de la terrasse où il se trouvait on dominait tout entière; avec ce regard d’aigle du marin, il avait reconnu, là où un autre n’aurait vu qu’un goéland se balançant sur les flots, la voile du sloop qui se dirigeait vers les côtes de France.

Il pâlit, porta la main à son cœur, qui se brisait, et comprit toute la trahison.

«Une dernière grâce, Milord! dit-il au baron.

– Laquelle? demanda celui-ci.

– Quelle heure est-il?»

Le baron tira sa montre.

«Neuf heures moins dix minutes», dit-il.

Milady avait avancé son départ d’une heure et demie dès qu’elle avait entendu le coup de canon qui annonçait le fatal événement, elle avait donné l’ordre de lever l’ancre.

La barque voguait sous un ciel bleu à une grande distance de la côte.

«Dieu l’a voulu», dit Felton avec la résignation du fanatique, mais cependant sans pouvoir détacher les yeux de cet esquif à bord duquel il croyait sans doute distinguer le blanc fantôme de celle à qui sa vie allait être sacrifiée.

De Winter suivit son regard, interrogea sa souffrance et devina tout.

«Sois puni seul d’abord, misérable, dit Lord de Winter à Felton, qui se laissait entraîner les yeux tournés vers la mer; mais je te jure, sur la mémoire de mon frère que j’aimais tant, que ta complice n’est pas sauvée.»

Felton baissa la tête sans prononcer une syllabe.

Quant à de Winter, il descendit rapidement l’escalier et se rendit au port.

CHAPITRE LX

EN FRANCE

La première crainte du roi d’Angleterre, Charles Ier, en apprenant cette mort, fut qu’une si terrible nouvelle ne décourageât les Rochelois; il essaya, dit Richelieu dans ses Mémoires, de la leur cacher le plus longtemps possible, faisant fermer les ports par tout son royaume, et prenant soigneusement garde qu’aucun vaisseau ne sortit jusqu’à ce que l’armée que Buckingham apprêtait fût partie, se chargeant, à défaut de Buckingham, de surveiller lui-même le départ.

Il poussa même la sévérité de cet ordre jusqu’à retenir en Angleterre l’ambassadeur de Danemark, qui avait pris congé, et l’ambassadeur ordinaire de Hollande, qui devait ramener dans le port de Flessingue les navires des Indes que Charles Ier avait fait restituer aux Provinces-Unies.

Mais comme il ne songea à donner cet ordre que cinq heures après l’événement, c’est-à-dire à deux heures de l’après-midi, deux navires étaient déjà sortis du port: l’un emmenant, comme nous le savons, Milady, laquelle, se doutant déjà de l’événement, fut encore confirmée dans cette croyance en voyant le pavillon noir se déployer au mât du vaisseau amiral.

Quant au second bâtiment, nous dirons plus tard qui il portait et comment il partit.

Pendant ce temps, du reste, rien de nouveau au camp de La Rochelle; seulement le roi, qui s’ennuyait fort, comme toujours, mais peut-être encore un peu plus au camp qu’ailleurs, résolut d’aller incognito passer les fêtes de Saint-Louis à Saint-Germain, et demanda au cardinal de lui faire préparer une escorte de vingt mousquetaires seulement. Le cardinal, que l’ennui du roi gagnait quelquefois, accorda avec grand plaisir ce congé à son royal lieutenant, lequel promit d’être de retour vers le 15 septembre.

M. de Tréville, prévenu par Son Éminence, fit son portemanteau, et comme, sans en savoir la cause, il savait le vif désir et même l’impérieux besoin que ses amis avaient de revenir à Paris, il va sans dire qu’il les désigna pour faire partie de l’escorte.

Les quatre jeunes gens surent la nouvelle un quart d’heure après M. de Tréville, car ils furent les premiers à qui il la communiqua. Ce fut alors que d’Artagnan apprécia la faveur que lui avait accordée le cardinal en le faisant enfin passer aux mousquetaires; sans cette circonstance, il était forcé de rester au camp tandis que ses compagnons partaient.

On verra plus tard que cette impatience de remonter vers Paris avait pour cause le danger que devait courir Mme Bonacieux en se rencontrant au couvent de Béthune avec Milady, son ennemie mortelle. Aussi, comme nous l’avons dit, Aramis avait écrit immédiatement à Marie Michon, cette lingère de Tours qui avait de si belles connaissances, pour qu’elle obtînt que la reine donnât l’autorisation à Mme Bonacieux de sortir du couvent et de se retirer soit en Lorraine, soit en Belgique. La réponse ne s’était pas fait attendre, et, huit ou dix jours après, Aramis avait reçu cette lettre:

«Mon cher cousin,

«Voici l’autorisation de ma sœur à retirer notre petite servante du couvent de Béthune, dont vous pensez que l’air est mauvais pour elle. Ma sœur vous envoie cette autorisation avec grand plaisir, car elle aime fort cette petite fille, à laquelle elle se réserve d’être utile plus tard.

«Je vous embrasse.

«Marie Michon.»

À cette lettre était jointe une autorisation ainsi conçue:

«La supérieure du couvent de Béthune remettra aux mains de la personne qui lui remettra ce billet la novice qui était entrée dans son couvent sous ma recommandation et sous mon patronage.

«Au Louvre, le 10 août 1628.

«Anne.»

On comprend combien ces relations de parenté entre Aramis et une lingère qui appelait la reine sa sœur avaient égayé la verve des jeunes gens; mais Aramis, après avoir rougi deux ou trois fois jusqu’au blanc des yeux aux grosses plaisanteries de Porthos, avait prié ses amis de ne plus revenir sur ce sujet, déclarant que s’il lui en était dit encore un seul mot, il n’emploierait plus sa cousine comme intermédiaire dans ces sortes d’affaires.

Il ne fut donc plus question de Marie Michon entre les quatre mousquetaires, qui d’ailleurs avaient ce qu’ils voulaient: l’ordre de tirer Mme Bonacieux du couvent des carmélites de Béthune. Il est vrai que cet ordre ne leur servirait pas à grand-chose tant qu’ils seraient au camp de La Rochelle, c’est-à-dire à l’autre bout de la France; aussi d’Artagnan allait-il demander un congé à M. de Tréville, en lui confiant tout bonnement l’importance de son départ, lorsque cette nouvelle lui fut transmise, ainsi qu’à ses trois compagnons, que le roi allait partir pour Paris avec une escorte de vingt mousquetaires, et qu’ils faisaient partie de l’escorte.

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