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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les trois mousquetaires читать книгу онлайн

Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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Le matin, Milady, sous prétexte qu’elle n’avait pas dormi de la nuit et qu’elle avait besoin de repos, renvoya la femme qui veillait près d’elle.

Elle avait une espérance, c’est que Felton arriverait à l’heure du déjeuner, mais Felton ne vint pas.

Ses craintes s’étaient-elles réalisées? Felton, soupçonné par le baron, allait-il lui manquer au moment décisif? Elle n’avait plus qu’un jour: Lord de Winter lui avait annoncé son embarquement pour le 23 et l’on était arrivé au matin du 22.

Néanmoins, elle attendit encore assez patiemment jusqu’à l’heure du dîner.

Quoiqu’elle n’eût pas mangé le matin, le dîner fut apporté à l’heure habituelle; Milady s’aperçut alors avec effroi que l’uniforme des soldats qui la gardaient était changé.

Alors elle se hasarda à demander ce qu’était devenu Felton. On lui répondit que Felton était monté à cheval il y avait une heure, et était parti.

Elle s’informa si le baron était toujours au château; le soldat répondit que oui, et qu’il avait ordre de le prévenir si la prisonnière désirait lui parler.

Milady répondit qu’elle était trop faible pour le moment, et que son seul désir était de demeurer seule.

Le soldat sortit, laissant le dîner servi.

Felton était écarté, les soldats de marine étaient changés, on se défiait donc de Felton.

C’était le dernier coup porté à la prisonnière.

Restée seule, elle se leva; ce lit où elle se tenait par prudence et pour qu’on la crût gravement blessée, la brûlait comme un brasier ardent. Elle jeta un coup d’œil sur la porte: le baron avait fait clouer une planche sur le guichet; il craignait sans doute que, par cette ouverture, elle ne parvint encore, par quelque moyen diabolique, à séduire les gardes.

Milady sourit de joie; elle pouvait donc se livrer à ses transports sans être observée: elle parcourait la chambre avec l’exaltation d’une folle furieuse ou d’une tigresse enfermée dans une cage de fer. Certes, si le couteau lui fût resté, elle eût songé, non plus à se tuer elle-même, mais, cette fois, à tuer le baron.

À six heures, Lord de Winter entra; il était armé jusqu’aux dents. Cet homme, dans lequel, jusque-là, Milady n’avait vu qu’un gentleman assez niais, était devenu un admirable geôlier: il semblait tout prévoir, tout deviner, tout prévenir.

Un seul regard jeté sur Milady lui apprit ce qui se passait dans son âme.

«Soit, dit-il, mais vous ne me tuerez point encore aujourd’hui; vous n’avez plus d’armes, et d’ailleurs je suis sur mes gardes. Vous aviez commencé à pervertir mon pauvre Felton: il subissait déjà votre infernale influence, mais je veux le sauver, il ne vous verra plus, tout est fini. Rassemblez vos hardes, demain vous partirez. J’avais fixé l’embarquement au 24, mais j’ai pensé que plus la chose serait rapprochée, plus elle serait sûre. Demain à midi j’aurai l’ordre de votre exil, signé Buckingham. Si vous dites un seul mot à qui que ce soit avant d’être sur le navire, mon sergent vous fera sauter la cervelle, et il en a l’ordre; si, sur le navire, vous dites un mot à qui que ce soit avant que le capitaine vous le permette, le capitaine vous fait jeter à la mer, c’est convenu. Au revoir, voilà ce que pour aujourd’hui j’avais à vous dire. Demain je vous reverrai pour vous faire mes adieux!»

Et sur ces paroles le baron sortit.

Milady avait écouté toute cette menaçante tirade le sourire du dédain sur les lèvres, mais la rage dans le cœur.

On servit le souper; Milady sentit qu’elle avait besoin de forces, elle ne savait pas ce qui pouvait se passer pendant cette nuit qui s’approchait menaçante, car de gros nuages roulaient au ciel, et des éclairs lointains annonçaient un orage.

L’orage éclata vers les dix heures du soir: Milady sentait une consolation à voir la nature partager le désordre de son cœur; la foudre grondait dans l’air comme la colère dans sa pensée, il lui semblait que la rafale, en passant, échevelait son front comme les arbres dont elle courbait les branches et enlevait les feuilles; elle hurlait comme l’ouragan, et sa voix se perdait dans la grande voix de la nature, qui, elle aussi, semblait gémir et se désespérer.

Tout à coup elle entendit frapper à une vitre, et, à la lueur d’un éclair, elle vit le visage d’un homme apparaître derrière les barreaux.

Elle courut à la fenêtre et l’ouvrit.

«Felton! s’écria-t-elle, je suis sauvée!

– Oui, dit Felton! mais silence, silence! il me faut le temps de scier vos barreaux. Prenez garde seulement qu’ils ne vous voient par le guichet.

– Oh! c’est une preuve que le Seigneur est pour nous, Felton, reprit Milady, ils ont fermé le guichet avec une planche.

– C’est bien, Dieu les a rendus insensés! dit Felton.

– Mais que faut-il que je fasse? demanda Milady.

– Rien, rien; refermez la fenêtre seulement. Couchez-vous, ou, du moins, mettez-vous dans votre lit tout habillée; quand j’aurai fini, je frapperai aux carreaux. Mais pourrez-vous me suivre?

– Oh! oui.

– Votre blessure?

– Me fait souffrir, mais ne m’empêche pas de marcher.

– Tenez-vous donc prête au premier signal.»

Milady referma la fenêtre, éteignit la lampe, et alla, comme le lui avait recommandé Felton, se blottir dans son lit. Au milieu des plaintes de l’orage, elle entendait le grincement de la lime contre les barreaux, et, à la lueur de chaque éclair, elle apercevait l’ombre de Felton derrière les vitres.

Elle passa une heure sans respirer, haletante, la sueur sur le front, et le cœur serré par une épouvantable angoisse à chaque mouvement qu’elle entendait dans le corridor.

Il y a des heures qui durent une année.

Au bout d’une heure, Felton frappa de nouveau.

Milady bondit hors de son lit et alla ouvrir. Deux barreaux de moins formaient une ouverture à passer un homme.

«Êtes-vous prête? demanda Felton.

– Oui. Faut-il que j’emporte quelque chose?

– De l’or, si vous en avez.

– Oui, heureusement on m’a laissé ce que j’en avais.

– Tant mieux, car j’ai usé tout le mien pour fréter une barque.

– Prenez», dit Milady en mettant aux mains de Felton un sac plein d’or.

Felton prit le sac et le jeta au pied du mur.

«Maintenant, dit-il, voulez-vous venir?

– Me voici.»

Milady monta sur un fauteuil et passa tout le haut de son corps par la fenêtre: elle vit le jeune officier suspendu au-dessus de l’abîme par une échelle de corde.

Pour la première fois, un mouvement de terreur lui rappela qu’elle était femme.

Le vide l’épouvantait.

«Je m’en étais douté, dit Felton.

– Ce n’est rien, ce n’est rien, dit Milady, je descendrai les yeux fermés.

– Avez-vous confiance en moi? dit Felton.

– Vous le demandez?

– Rapprochez vos deux mains; croisez-les, c’est bien.»

Felton lui lia les deux poignets avec son mouchoir, puis par-dessus le mouchoir, avec une corde.

«Que faites-vous? demanda Milady avec surprise.

– Passez vos bras autour de mon cou et ne craignez rien.

– Mais je vous ferai perdre l’équilibre, et nous nous briserons tous les deux.

– Soyez tranquille, je suis marin.»

Il n’y avait pas une seconde à perdre; Milady passa ses deux bras autour du cou de Felton et se laissa glisser hors de la fenêtre.

Felton se mit à descendre les échelons lentement et un à un. Malgré la pesanteur des deux corps, le souffle de l’ouragan les balançait dans l’air.

Tout à coup Felton s’arrêta.

«Qu’y a-t-il? demanda Milady.

– Silence, dit Felton, j’entends des pas.

– Nous sommes découverts!»

Il se fit un silence de quelques instants.

«Non, dit Felton, ce n’est rien.

– Mais enfin quel est ce bruit?

– Celui de la patrouille qui va passer sur le chemin de ronde.

– Où est le chemin de ronde?

– Juste au-dessous de nous.

– Elle va nous découvrir.

– Non, s’il ne fait pas d’éclairs.

– Elle heurtera le bas de l’échelle.

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