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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les trois mousquetaires читать книгу онлайн

Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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– C’est fort bien, répondit d’Artagnan; mais je suis las d’avoir à craindre, en buvant frais, que le vin ne sorte de la cave de Milady.

– Vous êtes bien difficile, dit Athos, une si belle femme!

– Une femme de marque!» dit Porthos avec son gros rire.

Athos tressaillit, passa la main sur son front pour en essuyer la sueur, et se leva à son tour avec un mouvement nerveux qu’il ne put réprimer.

Le jour s’écoula cependant, et le soir vint plus lentement, mais enfin il vint; les buvettes s’emplirent de chalands; Athos, qui avait empoché sa part du diamant, ne quittait plus le Parpaillot. Il avait trouvé dans M. de Busigny, qui, au reste, leur avait donné un dîner magnifique, un partner digne de lui. Ils jouaient donc ensemble, comme d’habitude, quand sept heures sonnèrent: on entendit passer les patrouilles qui allaient doubler les postes; à sept heures et demie la retraite sonna.

«Nous sommes perdus, dit d’Artagnan à l’oreille d’Athos.

– Vous voulez dire que nous avons perdu, dit tranquillement Athos en tirant quatre pistoles de sa poche et en les jetant sur la table. Allons, messieurs, continua-t-il, on bat la retraite, allons nous coucher.»

Et Athos sortit du Parpaillot suivi de d’Artagnan. Aramis venait derrière donnant le bras à Porthos. Aramis mâchonnait des vers, et Porthos s’arrachait de temps en temps quelques poils de moustache en signe de désespoir.

Mais voilà que tout à coup, dans l’obscurité, une ombre se dessine, dont la forme est familière à d’Artagnan, et qu’une voix bien connue lui dit:

«Monsieur, je vous apporte votre manteau, car il fait frais ce soir.

– Planchet! s’écria d’Artagnan, ivre de joie.

– Planchet! répétèrent Porthos et Aramis.

– Eh bien, oui, Planchet, dit Athos, qu’y a-t-il d’étonnant à cela? Il avait promis d’être de retour à huit heures, et voilà les huit heures qui sonnent. Bravo! Planchet, vous êtes un garçon de parole, et si jamais vous quittez votre maître, je vous garde une place à mon service.

– Oh! non, jamais, dit Planchet, jamais je ne quitterai M. d’Artagnan.»

En même temps d’Artagnan sentit que Planchet lui glissait un billet dans la main.

D’Artagnan avait grande envie d’embrasser Planchet au retour comme il l’avait embrassé au départ; mais il eut peur que cette marque d’effusion, donnée à son laquais en pleine rue, ne parût extraordinaire à quelque passant, et il se contint.

«J’ai le billet, dit-il à Athos et à ses amis.

– C’est bien, dit Athos, entrons chez nous, et nous le lirons.

Le billet brûlait la main de d’Artagnan: il voulait hâter le pas; mais Athos lui prit le bras et le passa sous le sien, et force fut au jeune homme de régler sa course sur celle de son ami.

Enfin on entra dans la tente, on alluma une lampe, et tandis que Planchet se tenait sur la porte pour que les quatre amis ne fussent pas surpris, d’Artagnan, d’une main tremblante, brisa le cachet et ouvrit la lettre tant attendue.

Elle contenait une demi-ligne, d’une écriture toute britannique et d’une concision toute spartiate:

«Thank you, be easy.»

Ce qui voulait dire:

«Merci, soyez tranquille.»

Athos prit la lettre des mains de d’Artagnan, l’approcha de la lampe, y mit le feu, et ne la lâcha point qu’elle ne fût réduite en cendres.

Puis appelant Planchet:

«Maintenant, mon garçon, lui dit-il, tu peux réclamer tes sept cents livres, mais tu ne risquais pas grand-chose avec un billet comme celui-là.

– Ce n’est pas faute que j’aie inventé bien des moyens de le serrer, dit Planchet.

– Eh bien, dit d’Artagnan, conte-nous cela.

– Dame! c’est bien long, monsieur.

– Tu as raison, Planchet, dit Athos; d’ailleurs la retraite est battue, et nous serions remarqués en gardant de la lumière plus longtemps que les autres.

– Soit, dit d’Artagnan, couchons-nous. Dors bien, Planchet!

– Ma foi, monsieur! ce sera la première fois depuis seize jours.

– Et moi aussi! dit d’Artagnan.

– Et moi aussi! répéta Porthos.

– Et moi aussi! répéta Aramis.

– Eh bien, voulez-vous que je vous avoue la vérité? et moi aussi!» dit Athos.

CHAPITRE XLIX

FATALITÉ

Cependant Milady, ivre de colère, rugissant sur le pont du bâtiment comme une lionne qu’on embarque, avait été tentée de se jeter à la mer pour regagner la côte, car elle ne pouvait se faire à l’idée qu’elle avait été insultée par d’Artagnan, menacée par Athos, et qu’elle quittait la France sans se venger d’eux. Bientôt, cette idée était devenue pour elle tellement insupportable, qu’au risque de ce qui pouvait arriver de terrible pour elle-même, elle avait supplié le capitaine de la jeter sur la côte; mais le capitaine, pressé d’échapper à sa fausse position, placé entre les croiseurs français et anglais, comme la chauve-souris entre les rats et les oiseaux, avait grande hâte de regagner l’Angleterre, et refusa obstinément d’obéir à ce qu’il prenait pour un caprice de femme, promettant à sa passagère, qui au reste lui était particulièrement recommandée par le cardinal, de la jeter, si la mer et les Français le permettaient, dans un des ports de la Bretagne, soit à Lorient, soit à Brest; mais en attendant, le vent était contraire, la mer mauvaise, on louvoyait et l’on courait des bordées. Neuf jours après la sortie de la Charente, Milady, toute pâle de ses chagrins et de sa rage, voyait apparaître seulement les côtes bleuâtres du Finistère.

Elle calcula que pour traverser ce coin de la France et revenir près du cardinal il lui fallait au moins trois jours; ajoutez un jour pour le débarquement et cela faisait quatre; ajoutez ces quatre jours aux neuf autres, c’était treize jours de perdus, treize jours pendant lesquels tant d’événements importants se pouvaient passer à Londres. Elle songea que sans aucun doute le cardinal serait furieux de son retour, et que par conséquent il serait plus disposé à écouter les plaintes qu’on porterait contre elle que les accusations qu’elle porterait contre les autres. Elle laissa donc passer Lorient et Brest sans insister près du capitaine, qui, de son côté, se garda bien de lui donner l’éveil. Milady continua donc sa route, et le jour même où Planchet s’embarquait de Portsmouth pour la France, la messagère de son Éminence entrait triomphante dans le port.

Toute la ville était agitée d’un mouvement extraordinaire: - quatre grands vaisseaux récemment achevés venaient d’être lancés à la mer; - debout sur la jetée, chamarré d’or, éblouissant, selon son habitude de diamants et de pierreries, le feutre orné d’une plume blanche qui retombait sur son épaule, on voyait Buckingham entouré d’un état-major presque aussi brillant que lui.

C’était une de ces belles et rares journées d’hiver où l’Angleterre se souvient qu’il y a un soleil. L’astre pâli, mais cependant splendide encore, se couchait à l’horizon, empourprant à la fois le ciel et la mer de bandes de feu et jetant sur les tours et les vieilles maisons de la ville un dernier rayon d’or qui faisait étinceler les vitres comme le reflet d’un incendie. Milady, en respirant cet air de l’Océan plus vif et plus balsamique à l’approche de la terre, en contemplant toute la puissance de ces préparatifs qu’elle était chargée de détruire, toute la puissance de cette armée qu’elle devait combattre à elle seule - elle femme - avec quelques sacs d’or, se compara mentalement à Judith, la terrible Juive, lorsqu’elle pénétra dans le camp des Assyriens et qu’elle vit la masse énorme de chars, de chevaux, d’hommes et d’armes qu’un geste de sa main devait dissiper comme un nuage de fumée.

On entra dans la rade; mais comme on s’apprêtait à y jeter l’ancre, un petit cutter formidablement armé s’approcha du bâtiment marchand, se donnant comme garde-côte, et fit mettre à la mer son canot, qui se dirigea vers l’échelle. Ce canot renfermait un officier, un contremaître et huit rameurs; l’officier seul monta à bord, où il fut reçu avec toute la déférence qu’inspire l’uniforme.

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