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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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Grimaud et son panier avaient pris les devants et se trouvaient tous deux hors d’atteinte.

Au bout d’un instant on entendit le bruit d’une fusillade enragée.

«Qu’est-ce que cela? demanda Porthos, et sur quoi tirent-ils? je n’entends pas siffler les balles et je ne vois personne.

– Ils tirent sur nos morts, répondit Athos.

– Mais nos morts ne répondront pas.

– Justement; alors ils croiront à une embuscade, ils délibéreront; ils enverront un parlementaire, et quand ils s’apercevront de la plaisanterie, nous serons hors de la portée des balles. Voilà pourquoi il est inutile de gagner une pleurésie en nous pressant.

– Oh! je comprends, s’écria Porthos émerveillé.

– C’est bien heureux!» dit Athos en haussant les épaules.

De leur côté, les Français, en voyant revenir les quatre amis au pas, poussaient des cris d’enthousiasme.

Enfin une nouvelle mousquetade se fit entendre, et cette fois les balles vinrent s’aplatir sur les cailloux autour des quatre amis et siffler lugubrement à leurs oreilles. Les Rochelois venaient enfin de s’emparer du bastion.

«Voici des gens bien maladroits, dit Athos; combien en avons-nous tué? douze?

– Ou quinze.

– Combien en avons-nous écrasé?

– Huit ou dix.

– Et en échange de tout cela pas une égratignure? Ah! si fait! Qu’avez-vous donc là à la main, d’Artagnan? du sang, ce me semble?

– Ce n’est rien, dit d’Artagnan.

– Une balle perdue?

– Pas même.

– Qu’est-ce donc alors?»

Nous l’avons dit, Athos aimait d’Artagnan comme son enfant, et ce caractère sombre et inflexible avait parfois pour le jeune homme des sollicitudes de père.

«Une écorchure, reprit d’Artagnan; mes doigts ont été pris entre deux pierres, celle du mur et celle de ma bague; alors la peau s’est ouverte.

– Voilà ce que c’est que d’avoir des diamants, mon maître, dit dédaigneusement Athos.

– Ah çà, mais, s’écria Porthos, il y a un diamant en effet, et pourquoi diable alors, puisqu’il y a un diamant, nous plaignons-nous de ne pas avoir d’argent?

– Tiens, au fait! dit Aramis.

– À la bonne heure, Porthos; cette fois-ci voilà une idée.

– Sans doute, dit Porthos, en se rengorgeant sur le compliment d’Athos, puisqu’il y a un diamant, vendons-le.

– Mais, dit d’Artagnan, c’est le diamant de la reine.

– Raison de plus, reprit Athos, la reine sauvant M. de Buckingham son amant, rien de plus juste; la reine nous sauvant, nous ses amis, rien de plus moral: vendons le diamant. Qu’en pense monsieur l’abbé? Je ne demande pas l’avis de Porthos, il est donné.

– Mais je pense, dit Aramis en rougissant, que sa bague ne venant pas d’une maîtresse, et par conséquent n’étant pas un gage d’amour, d’Artagnan peut la vendre.

– Mon cher, vous parlez comme la théologie en personne. Ainsi votre avis est?…

– De vendre le diamant, répondit Aramis.

– Eh bien, dit gaiement d’Artagnan, vendons le diamant et n’en parlons plus.»

La fusillade continuait, mais les amis étaient hors de portée, et les Rochelois ne tiraient plus que pour l’acquit de leur conscience.

«Ma foi, dit Athos, il était temps que cette idée vînt à Porthos; nous voici au camp. Ainsi, messieurs, pas un mot de plus sur cette affaire. On nous observe, on vient à notre rencontre, nous allons être portés en triomphe.»

En effet, comme nous l’avons dit, tout le camp était en émoi; plus de deux mille personnes avaient assisté, comme à un spectacle, à l’heureuse forfanterie des quatre amis, forfanterie dont on était bien loin de soupçonner le véritable motif. On n’entendait que le cri de: Vivent les gardes! Vivent les mousquetaires! M. de Busigny était venu le premier serrer la main à Athos et reconnaître que le pari était perdu. Le dragon et le Suisse l’avaient suivi, tous les camarades avaient suivi le dragon et le Suisse. C’étaient des félicitations, des poignées de main, des embrassades à n’en plus finir, des rires inextinguibles à l’endroit des Rochelois; enfin, un tumulte si grand, que M. Le cardinal crut qu’il y avait émeute et envoya La Houdinière, son capitaine des gardes, s’informer de ce qui se passait.

La chose fut racontée au messager avec toute l’efflorescence de l’enthousiasme.

«Eh bien? demanda le cardinal en voyant La Houdinière.

– Eh bien, Monseigneur, dit celui-ci, ce sont trois mousquetaires et un garde qui ont fait le pari avec M. de Busigny d’aller déjeuner au bastion Saint-Gervais, et qui, tout en déjeunant, ont tenu là deux heures contre l’ennemi, et ont tué je ne sais combien de Rochelois.

– Vous êtes-vous informé du nom de ces trois mousquetaires?

– Oui, Monseigneur.

– Comment les appelle-t-on?

– Ce sont MM. Athos, Porthos et Aramis.

– Toujours mes trois braves! murmura le cardinal. Et le garde?

– M. d’Artagnan.

– Toujours mon jeune drôle! Décidément il faut que ces quatre hommes soient à moi.»

Le soir même, le cardinal parla à M. de Tréville de l’exploit du matin, qui faisait la conversation de tout le camp. M. de Tréville, qui tenait le récit de l’aventure de la bouche même de ceux qui en étaient les héros, la raconta dans tous ses détails à Son Éminence, sans oublier l’épisode de la serviette.

«C’est bien, monsieur de Tréville, dit le cardinal, faites-moi tenir cette serviette, je vous prie. J’y ferai broder trois fleurs de lis d’or, et je la donnerai pour guidon à votre compagnie.

– Monseigneur, dit M. de Tréville, il y aura injustice pour les gardes: M. d’Artagnan n’est pas à moi, mais à M. des Essarts.

– Eh bien, prenez-le, dit le cardinal; il n’est pas juste que, puisque ces quatre braves militaires s’aiment tant, ils ne servent pas dans la même compagnie.»

Le même soir, M. de Tréville annonça cette bonne nouvelle aux trois mousquetaires et à d’Artagnan, en les invitant tous les quatre à déjeuner le lendemain.

D’Artagnan ne se possédait pas de joie. On le sait, le rêve de toute sa vie avait été d’être mousquetaire.

Les trois amis étaient fort joyeux.

«Ma foi! dit d’Artagnan à Athos, tu as eu une triomphante idée, et, comme tu l’as dit, nous y avons acquis de la gloire, et nous avons pu lier une conversation de la plus haute importance.

– Que nous pourrons reprendre maintenant, sans que personne nous soupçonne; car, avec l’aide de Dieu, nous allons passer désormais pour des cardinalistes.»

Le même soir, d’Artagnan alla présenter ses hommages à M. des Essarts, et lui faire part de l’avancement qu’il avait obtenu.

M. des Essarts, qui aimait beaucoup d’Artagnan, lui fit alors ses offres de service: ce changement de corps amenant des dépenses d’équipement.

D’Artagnan refusa; mais, trouvant l’occasion bonne, il le pria de faire estimer le diamant qu’il lui remit, et dont il désirait faire de l’argent.

Le lendemain à huit heures du matin, le valet de M. des Essarts entra chez d’Artagnan, et lui remit un sac d’or contenant sept mille livres.

C’était le prix du diamant de la reine.

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