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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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CHAPITRE XLVIII

AFFAIRE DE FAMILLE

Athos avait trouvé le mot: affaire de famille. Une affaire de famille n’était point soumise à l’investigation du cardinal; une affaire de famille ne regardait personne; on pouvait s’occuper devant tout le monde d’une affaire de famille.

Ainsi, Athos avait trouvé le mot: affaire de famille.

Aramis avait trouvé l’idée: les laquais.

Porthos avait trouvé le moyen: le diamant.

D’Artagnan seul n’avait rien trouvé, lui ordinairement le plus inventif des quatre; mais il faut dire aussi que le nom seul de Milady le paralysait.

Ah! si; nous nous trompons: il avait trouvé un acheteur pour le diamant.

Le déjeuner chez M. de Tréville fut d’une gaieté charmante. D’Artagnan avait déjà son uniforme; comme il était à peu près de la même taille qu’Aramis, et qu’Aramis, largement payé, comme on se le rappelle, par le libraire qui lui avait acheté son poème, avait fait tout en double, il avait cédé à son ami un équipement complet.

D’Artagnan eût été au comble de ses vœux, s’il n’eût point vu pointer Milady, comme un nuage sombre à l’horizon.

Après déjeuner, on convint qu’on se réunirait le soir au logis d’Athos, et que là on terminerait l’affaire.

D’Artagnan passa la journée à montrer son habit de mousquetaire dans toutes les rues du camp.

Le soir, à l’heure dite, les quatre amis se réunirent: il ne restait plus que trois choses à décider:

Ce qu’on écrirait au frère de Milady;

Ce qu’on écrirait à la personne adroite de Tours;

Et quels seraient les laquais qui porteraient les lettres.

Chacun offrait le sien: Athos parlait de la discrétion de Grimaud, qui ne parlait que lorsque son maître lui décousait la bouche; Porthos vantait la force de Mousqueton, qui était de taille à rosser quatre hommes de complexion ordinaire; Aramis, confiant dans l’adresse de Bazin, faisait un éloge pompeux de son candidat; enfin, d’Artagnan avait foi entière dans la bravoure de Planchet, et rappelait de quelle façon il s’était conduit dans l’affaire épineuse de Boulogne.

Ces quatre vertus disputèrent longtemps le prix, et donnèrent lieu à de magnifiques discours, que nous ne rapporterons pas ici, de peur qu’ils ne fassent longueur.

«Malheureusement, dit Athos, il faudrait que celui qu’on enverra possédât en lui seul les quatre qualités réunies.

– Mais où rencontrer un pareil laquais?

– Introuvable! dit Athos; je le sais bien: prenez donc Grimaud.

– Prenez Mousqueton.

– Prenez Bazin.

– Prenez Planchet; Planchet est brave et adroit: c’est déjà deux qualités sur quatre.

– Messieurs, dit Aramis, le principal n’est pas de savoir lequel de nos quatre laquais est le plus discret, le plus fort, le plus adroit ou le plus brave; le principal est de savoir lequel aime le plus l’argent.

– Ce que dit Aramis est plein de sens, reprit Athos; il faut spéculer sur les défauts des gens et non sur leurs vertus: Monsieur l’abbé, vous êtes un grand moraliste!

– Sans doute, répliqua Aramis; car non seulement nous avons besoin d’être bien servis pour réussir, mais encore pour ne pas échouer; car, en cas d’échec, il y va de la tête, non pas pour les laquais…

– Plus bas, Aramis! dit Athos.

– C’est juste, non pas pour les laquais, reprit Aramis, mais pour le maître, et même pour les maîtres! Nos valets nous sont-ils assez dévoués pour risquer leur vie pour nous? Non.

– Ma foi, dit d’Artagnan, je répondrais presque de Planchet, moi.

– Eh bien, mon cher ami, ajoutez à son dévouement naturel une bonne somme qui lui donne quelque aisance, et alors, au lieu d’en répondre une fois, répondez-en deux.

– Eh! bon Dieu! vous serez trompés tout de même, dit Athos, qui était optimiste quand il s’agissait des choses, et pessimiste quand il s’agissait des hommes. Ils promettront tout pour avoir de l’argent, et en chemin la peur les empêchera d’agir. Une fois pris, on les serrera; serrés, ils avoueront. Que diable! nous ne sommes pas des enfants! Pour aller en Angleterre (Athos baissa la voix), il faut traverser toute la France, semée d’espions et de créatures du cardinal; il faut une passe pour s’embarquer; il faut savoir l’anglais pour demander son chemin à Londres. Tenez, je vois la chose bien difficile.

– Mais point du tout, dit d’Artagnan, qui tenait fort à ce que la chose s’accomplît; je la vois facile, au contraire, moi. Il va sans dire, parbleu! que si l’on écrit à Lord de Winter des choses par-dessus les maisons, des horreurs du cardinal…

– Plus bas! dit Athos.

– Des intrigues et des secrets État, continua d’Artagnan en se conformant à la recommandation, il va sans dire que nous serons tous roués vifs; mais, pour Dieu, n’oubliez pas, comme vous l’avez dit vous-même, Athos, que nous lui écrivons pour affaire de famille; que nous lui écrivons à cette seule fin qu’il mette Milady, dès son arrivée à Londres, hors d’état de nous nuire. Je lui écrirai donc une lettre à peu près en ces termes:

– Voyons, dit Aramis, en prenant par avance un visage de critique.

– «Monsieur et cher ami…»

– Ah! oui; cher ami, à un Anglais, interrompit Athos; bien commencé! bravo, d’Artagnan! Rien qu’avec ce mot-là vous serez écartelé, au lieu d’être roué vif.

– Eh bien, soit; je dirai donc, monsieur, tout court.

– Vous pouvez même dire, Milord, reprit Athos, qui tenait fort aux convenances.

– «Milord, vous souvient-il du petit enclos aux chèvres du Luxembourg?»

– Bon! le Luxembourg à présent! On croira que c’est une allusion à la reine mère! Voilà qui est ingénieux, dit Athos.

– Eh bien, nous mettrons tout simplement: «Milord, vous souvient-il de certain petit enclos où l’on vous sauva la vie?»

– Mon cher d’Artagnan, dit Athos, vous ne serez jamais qu’un fort mauvais rédacteur: «Où l’on vous sauva la vie!» Fi donc! ce n’est pas digne. On ne rappelle pas ces services-là à un galant homme. Bienfait reproché, offense faite.

– Ah! mon cher, dit d’Artagnan, vous êtes insupportable, et s’il faut écrire sous votre censure, ma foi, j’y renonce.

– Et vous faites bien. Maniez le mousquet et l’épée, mon cher, vous vous tirez galamment des deux exercices; mais passez la plume à M. l’abbé, cela le regarde.

– Ah! oui, au fait, dit Porthos, passez la plume à Aramis, qui écrit des thèses en latin, lui.

– Eh bien, soit dit d’Artagnan, rédigez-nous cette note, Aramis; mais, de par notre Saint-Père le pape! tenez-vous serré, car je vous épluche à mon tour, je vous en préviens.

– Je ne demande pas mieux, dit Aramis avec cette naïve confiance que tout poète a en lui-même; mais qu’on me mette au courant: j’ai bien ouï dire, de-ci de-là, que cette belle-sœur était une coquine, j’en ai même acquis la preuve en écoutant sa conversation avec le cardinal.

– Plus bas donc, sacrebleu! dit Athos.

– Mais, continua Aramis, le détail m’échappe.

– Et à moi aussi», dit Porthos.

D’Artagnan et Athos se regardèrent quelque temps en silence. Enfin Athos, après s’être recueilli, et en devenant plus pâle encore qu’il n’était de coutume, fit un signe d’adhésion, d’Artagnan comprit qu’il pouvait parler.

«Eh bien, voici ce qu’il y a à dire, reprit d’Artagnan: Milord, votre belle-sœur est une scélérate, qui a voulu vous faire tuer pour hériter de vous. Mais elle ne pouvait épouser votre frère, étant déjà mariée en France, et ayant été…»

D’Artagnan s’arrêta comme s’il cherchait le mot, en regardant Athos.

«Chassée par son mari, dit Athos.

– Parce qu’elle avait été marquée, continua d’Artagnan.

– Bah! s’écria Porthos, impossible! elle a voulu faire tuer son beau-frère?

– Oui.

– Elle était mariée? demanda Aramis.

– Oui.

– Et son mari s’est aperçu qu’elle avait une fleur de lis sur l’épaule? s’écria Porthos.

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