Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
Les souliers du mort (Ботинки мертвеца) читать книгу онлайн
продолжение серии книг про Фантомаса
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Le plus cordialement du monde, les deux hommes s’entretinrent quelques instants encore, puis M. Dominet prit congé de son hôte.
— Je suis un importun, dit-il, et je m’excuse. Mais vous avez été si aimable que je suis enchanté d’avoir fait votre connaissance.
— Non, non, protestait le directeur des services extérieurs, je vous assure, monsieur Dominet, que tout le plaisir est pour moi.
Vingt minutes après, l’homme au monocle noir quittait le luxueux établissement de crédit. Avec les plus minutieuses précautions, il avait mis le cachet rouge dans sa poche, entre deux morceaux de carton qui, chose curieuse, semblaient n’attendre rien d’autre.
Et lorsqu’il se retrouva sur le boulevard, l’élégant personnage laissa errer sur ses lèvres un très énigmatique sourire.
***
Tandis que M. Dominet, secrétaire de la Chambre des notaires, sortait de la banque, dans un quartier tout opposé, rue Claude-Bernard, une scène touchante se déroulait.
Jacques Faramont, le jeune avocat stagiaire qui, depuis une demi-heure, allait et venait dans son petit appartement, en proie à une indicible émotion, entendit soudain retentir un violent coup de sonnette. Il était seul chez lui, il courut ouvrir. À peine avait-il entrebâillé la porte, qu’une femme se précipitait à l’intérieur de l’appartement et, toute haletante, poussant des gémissements inarticulés, des cris de joie, elle se jetait à son cou, l’étreignait sur son cœur.
— Jacques, Jacques ! Me voilà, je suis libre !
Le jeune stagiaire rendait froidement à la personne qui venait d’arriver, les tendres caresses que celle-ci lui prodiguait.
— J’en suis fort heureux, Brigitte, déclara-t-il. Viens dans mon cabinet, nous avons à causer.
C’était la jolie maîtresse, en effet, de l’avocat, qui venait de rejoindre son amant. Il y avait trente-cinq minutes à peine qu’elle était sortie de l’affreuse prison de Saint-Lazare, où elle avait passé des heures cruelles, sous la plus terrible des inculpations.
Depuis la veille au soir, elle bouillait d’impatience. Elle n’avait pas fermé l’oeil de la nuit, sachant que son innocence était reconnue, et qu’on allait enfin la libérer :
— Figure-toi, disait enfin la jeune femme, qui, tout à sa joie d’être libre, ne remarquait pas l’attitude étrange de son amant, figure-toi qu’au moment où j’allais sortir de Saint-Lazare, il m’a fallu encore passer au Palais de Justice, pour y signer je ne sais quels papiers. Enfin, j’étais sur le chemin de notre nid d’amour, et cela ne m’a pas trop retardée. J’ai d’ailleurs retrouvé dans ces sales bureaux du tribunal, ce pauvre jeune homme qui a été arrêté avec moi, et dont on m’accusait d’être la complice.
Jacques Faramont tressaillit. Il interrogea durement :
— Tu veux parler de Théodore Gauvin ? Qu’est-ce qu’il t’a dit encore celui-là ?
— À moi ? fit Brigitte. Mais rien de particulier, si ce n’est qu’il était bien content d’être libre. Son père était là aussi. Un brave homme qui semblait fort heureux. Ils sont, paraît-il, de passage à Paris, en ce moment, rapport aux affaires du père.
— Ah, fit évasivement Jacques Faramont, qui interrogea encore :
— Sais-tu quelle est leur adresse ?
Brigitte éclata de rire :
— Eh bien, mon cher, tu as de la veine. Jamais je n’aurais songé à la leur demander, mais il s’est trouvé que par hasard, j’ai entendu le père qui disait à son fils : « Nous sommes au Continental, ta chambre, Théodore, est à côté de la mienne. »
Brigitte cependant, s’apercevait enfin de l’attitude préoccupée de son amant. Elle esquissa une moue :
— Qu’est-ce que tu as ? fit-elle. Tu n’as pas l’air content de me revoir ?
Et elle s’approcha de lui pour l’embrasser. Jacques Faramont sèchement l’écarta. Il quitta le divan sur lequel sa maîtresse l’avait fait asseoir à côté d’elle, et passa dans la chambre voisine. Il en revint avec sa canne et son chapeau.
— Quoi, demanda-t-elle, tu sors ? Tu me laisses toute seule aujourd’hui ? Eh bien, vrai, ça n’est pas gentil. D’ailleurs, tu m’as l’air tout chose, qu’est-ce qui se passe ? Tu m’en veux ?
De plus en plus mystérieux, Jacques Faramont hocha la tête :
— Il faut, déclara-t-il simplement, que j’aille voir ce monsieur Théodore Gauvin.
— Pourquoi ? fit Brigitte.
— Parce que !
En dépit des questions inquiètes que lui posait sa maîtresse, qui l’accompagnait jusqu’au seuil de la porte, Jacques Faramont ne fournit aucune autre explication. Il descendit rapidement l’escalier, laissant Brigitte toute seule.
La jeune femme était interdite et troublée, des sanglots soulevaient sa poitrine, ses yeux se mouillaient de larmes.
— Qu’est-ce qu’il a ? pensa-t-elle.
Dans la rue, cependant, Jacques Faramont hélait un fiacre, se faisait conduire au Continental.
Un quart d’heure après, il était en présence de Théodore Gauvin. Le fils du notaire vint à lui, la main tendue.
— Cher monsieur, lui déclara-t-il, qu’est-ce qui me vaut le plaisir de votre visite ?
Mais Théodore s’arrêta net dans son accueil cordial. Jacques Faramont ne prit pas la main qui lui était tendue, son attitude était plus énigmatique, plus impassible que celle qu’il avait eue quelques instants auparavant avec sa maîtresse.
Le jeune avocat stagiaire était, en effet, cruellement troublé.
Depuis quelques jours, il avait passé par les émotions les plus terribles. Par moments, il s’était demandé si sa maîtresse n’était pas coupable, et certes, il avait été bien heureux lorsqu’il avait acquis la certitude de son innocence. Et dès lors, dans son âme inquiète et jalouse, était né un autre sentiment, une autre inquiétude.
Et nettement, il l’exprima à Théodore Gauvin :
— Monsieur, lui déclara-t-il sèchement, maintenant que vous en avez fini avec la justice, et M lle Brigitte aussi, il est de mon devoir de vous poser une question, à laquelle je vous prie de répondre avec netteté.
— Je vous écoute, monsieur, fit Théodore Gauvin, légèrement abasourdi par ce préambule.
Jacques Faramont le fixait dans les yeux :
— Vous êtes l’amant de Brigitte ! lui dit-il à brûle-pourpoint.
— Moi ? fit Théodore, en reculant d’un pas.
— Oui, vous, poursuivit Jacques Faramont.
Le fils du notaire était si abasourdi, qu’il ne trouvait d’abord rien à répondre, et Jacques Faramont, devant ce silence, sentait sa colère augmenter, s’imaginant que ce mutisme était un aveu.
Il déclara d’une voix sourde :
— Vous n’êtes pas un assassin, je le sais, mais vous êtes un misérable !
Ce fut au tour de Théodore Gauvin de devenir blême :
— Monsieur, fit-il, je vous défends de me traiter de la sorte et je vous enverrai mes témoins !
— À votre aise, fit Jacques Faramont.
Mais, à la grande surprise de l’avocat, le fils du notaire ricana nerveusement :
— Vous avez joliment tort, fit-il, de me croire l’amant de votre amie. Certes, nous nous battrons mais je tiens à vous dire que jamais, au grand jamais, je n’ai eu le moindre rapport avec votre maîtresse.
— Brigitte n’est plus ma maîtresse, affirma péremptoirement Jacques Faramont, je ne veux plus en entendre parler, à aucun prix.
— Cela vous regarde, fit Théodore Gauvin. Quant à moi, je puis vous dire une chose, monsieur, c’est que si tous ces malheurs me sont arrivés, c’est parce que je suis épris follement d’une autre femme, et d’une femme du monde, entendez-vous.
Il ajoutait d’un air méprisant :
— Vous me connaissez bien mal pour imaginer un seul instant que je serais capable de m’éprendre d’une bonne, d’une domestique.
— Monsieur, fit l’avocat en agitant sa canne, vous dites des bêtises. Car je vous assure que Brigitte n’est pas une bonne comme les autres. Non, monsieur, d’abord, elle est distinguée, élégante, jolie.
— Alice Ricard, interrompit Théodore, est cent fois mieux qu’elle.
— Et puis, continuait Jacques Faramont, sans entendre cette observation, elle est intelligente, instruite. Brigitte a son brevet supérieur et vous ne pourriez peut-être pas en dire autant de votre petite provinciale de Vernon.