Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
Les souliers du mort (Ботинки мертвеца) читать книгу онлайн
продолжение серии книг про Фантомаса
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« Bon, pensa M. de Parcelac, je me suis fait roulé, c’est un tapeur. »
Et, résigné, pour en finir, il mit la main au gousset. Son interlocuteur vit le geste et lui fit signe d’arrêter :
— Non, monsieur, déclara-t-il avec un sourire, je ne viens pas solliciter votre générosité aujourd’hui, mais simplement vous rappeler que le tirage de notre loterie a lieu ce soir même et, comme c’est le Comptoir national qui veut bien se charger de nous fournir les instruments de tirage, je venais vous rendre visite par déférence d’abord, et ensuite, pour m’assurer que toutes les dispositions étaient bien prises.
« Au diable l’importun », pensa M. de Parcelac qui, cependant, ne montrait rien de son ennui :
— Je suis, en effet, parfaitement au courant, monsieur, mais je ne m’occupe pas personnellement de ces détails.
Le directeur du Comptoir national appuyait sur un timbre, un huissier se présenta :
— Veuillez conduire monsieur au directeur du personnel des services extérieurs.
M. de Parcelac se leva, obligeant de la sorte son interlocuteur à faire de même :
— Monsieur Dominet, lui déclara-t-il, je vous suis bien reconnaissant de l’aimable visite que vous êtes venu me faire. Veuillez transmettre à M. le président de la Chambre des notaires l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Les deux hommes se congratulèrent quelques secondes, chaleureusement, puis, M. de Parcelac ajouta :
— La personne à qui je vous adresse va vous fournir toutes les explications qu’il vous conviendra de recueillir.
Le directeur poussa l’importun vers la porte :
— Au revoir, monsieur Dominet.
— Au revoir, monsieur le directeur.
Cependant que M. de Parcelac revenait avec précipitation à son bureau ministre et que, tout en appuyant sur des timbres divers, il décrochait son récepteur téléphonique pour demander une communication, M. Dominet, toujours obséquieux et poli, s’effaçant chaque fois qu’il rencontrait quelqu’un dans les couloirs de la banque, suivait l’huissier qui le conduisait au bureau des Services extérieurs. Il se trouva là en présence d’un brave homme d’employé, que l’attitude distinguée de M. Dominet, et particulièrement son monocle noir, impressionnèrent au plus haut point.
— C’est bien de l’honneur pour moi, monsieur le secrétaire de la Chambre des notaires, déclarait-il, en faisant force courbettes devant M. Dominet, de recevoir votre visite. Je vais vous montrer, puisque cela vous intéresse, comment nous procédons pour le tirage de ces loteries.
M. Dominet daigna sourire :
— Je suis, en effet, fort intrigué, déclara-t-il, fort anxieux de savoir comment cela se passe.
Les deux hommes passèrent dans une salle voisine du bureau, où se trouvaient des sacs de diverses dimensions, une grande table et des cylindres montés sur un bâti en métal.
— Qu’est-ce que c’est que cela ? demanda M. Dominet.
Son interlocuteur eut l’air étonné :
— Voyons, fit-il ; mais mon cher monsieur Dominet, ce sont les roues pour tirer les loteries. Vous ne les reconnaissez donc pas ? Voilà pourtant trois semaines que nous en avons fait livrer une à votre administration. Vous savez bien. La loterie devait se tirer le mois dernier, et puis, comme toujours, on a dû reculer la date de l’opération, tous les billets n’étant pas placés. Enfin, c’est toujours pour aujourd’hui, n’est-ce pas ?
Si l’employé de la Banque avait été perspicace, il se serait peut-être aperçu que M. Dominet, imperceptiblement, avait tressailli. L’élégant personnage au monocle noir reprenait d’ailleurs aussitôt toute son assurance, et il s’excusa de sa question superflue :
— Je vous demande pardon, fit-il en souriant, je ne connais que ça, en effet, et cette roue que vous nous avez livrée il y a trois semaines, je puis vous le dire en passant, encombre même singulièrement mes locaux. Mais voilà, en entrant dans cette pièce, j’avais mal vu ses sœurs jumelles.
Il ajoutait :
— J’ai malheureusement de si mauvais yeux.
— Oui, dit l’employé, je comprends.
Et il jetait un regard apitoyé sur le monocle noir de M. Dominet.
Celui-ci, cependant, interrogeait :
— Les numéros, pour les tirages au sort, comment les livrez-vous ?
— Oh, fit le directeur des services extérieurs, cela se passe très solennellement. Vous comprenez, dans les loteries de ce genre, il faut que tout se passe de la façon la plus correcte. Voici ce que nous allons faire : votre loterie a lieu, je crois, vers dix heures ? Eh bien, nous vous enverrons à six heures du soir, deux de nos garçons de bureau, porteurs chacun d’un sac contenant les numéros nécessaires pour remplir les roues. Il y a cent cinquante numéros dans chaque sac, numérotés de un à dix, et ainsi de suite. De telle sorte que l’on peut former n’importe quel chiffre. Vous comprenez toute l’importance de ce transport de numéros ? Il faut tant se méfier, par le temps qui court, non seulement des malfaiteurs, mais encore des méchantes gens qui soupçonnent toujours les personnes, même les plus honorables, ou les administrations les plus sérieuses comme la nôtre, de faire des choses indélicates.
M. Dominet approuva :
— Vous avez parfaitement raison, et je dois vous dire que le but de ma visite était de me renseigner exactement sur votre façon de procéder. Afin d’être au courant moi-même, car il va sans dire que j’assisterai ce soir au tirage au sort de notre loterie.
— Vous avez des lots importants ? demanda l’employé de la banque.
— Mon Dieu, fit M. Dominet, d’un air détaché, encore assez. Le gros lot est de deux cent mille francs, et il y en a trois autres de cinquante, vingt et dix mille francs.
— Allons, fit l’employé de banque, en se frottant les mains, espérons que tout se passera bien.
Il appela deux hommes qui travaillaient dans la salle :
— Théophile ! Martial !
Les deux employés se retournèrent, vinrent aux ordres :
— C’est vous, n’est-ce pas, qui êtes désignés pour aller livrer ce soir, à la Chambre des notaires, les sacs de numéros ?
— Oui, monsieur le directeur, répondirent-ils ensemble.
Le personnage se tourna vers M. Dominet :
— Vous voyez que tout est prévu. Ce soir, à sept heures exactement, ces deux employés seront à votre administration.
Et le directeur demanda encore :
— Les scellés sont-ils déjà mis sur les sacs ?
— Ils y sont, monsieur le directeur, répondit Martial.
— Oh, oh, observa M. Dominet, je vois décidément que vous poussez les précautions à l’extrême. Tous mes compliments !
Il tourna sur ses talons, précéda son hôte vers la sortie de la salle.
En longeant une étagère, il aperçut un cachet rouge, sur une feuille de papier blanc.
— Qu’est-ce que c’est ? interrogea-t-il curieusement.
— Eh bien, cher monsieur, fit aimablement le directeur des services extérieurs, c’est précisément le cachet des scellés dont je vous parlais tout à l’heure.
Il prit la feuille de papier.
— Vous voyez, ajouta-t-il, la cire porte les initiales entrelacées de notre raison sociale. C. N. Comptoir national.
M. Dominet gardait le cachet dans la main :
— Le chiffre est joli, fit-il.
Et il confia à l’oreille de son interlocuteur :
— Je vous avoue que j’ai un tempérament de collectionneur et je m’occupe tout particulièrement du gothique. Or, les lettres de votre chiffre sont de l’époque que j’aime, elles ont été gravées par un artiste, assurément, qui s’y connaissait.
— C’est possible ! fit le directeur des services extérieurs, qui ajouta avec emphase :
— Chez nous, monsieur, on fait toujours bien les choses.
M. Dominet insinua :
— Je vais être indiscret, mais les amateurs de mon espèce ont toutes les audaces. Je voudrais ce cachet pour ma collection. Puis-je l’emporter ?
— Ce n’est que cela ? fit l’employé de banque. Mais comment donc, cher monsieur, comment donc !