Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
Les souliers du mort (Ботинки мертвеца) читать книгу онлайн
продолжение серии книг про Фантомаса
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M. Havard, à ce moment, s’interrompit net en voyant Juve éclater de rire :
— Vous êtes bien de mon avis, Juve ?
— Non, répondit Juve.
Et, comme M. Havard le regardait interloqué, Juve s’expliqua :
— Je ne peux pas croire que les Ricard soient des assassins, puisque je ne crois pas au crime.
M. Havard alors, négligea de discuter plus avant avec Juve :
— Dites-moi, demandait-il simplement, comment avez-vous pensé à la ruse du timbre ? Et comment se fait-il surtout que vous aviez précisément aujourd’hui un timbre dans votre poche ?
Or, Juve à ces mots, éclata de rire encore une fois.
— Monsieur Havard, ripostait-il, c’est tout simplement un fait du hasard. Ce timbre n’est pas un timbre quelconque, c’est le timbre même des assassins, d’après ce que vous dites, de M. Baraban partant en fugue, d’après ce que je crois. Figurez-vous qu’hier, comme je venais voir Fandor, la concierge m’a montré cet objet. Je suis très bien avec elle. Cette brave femme me demandait si ça ne venait pas d’une de ses sonneries et si, par hasard, je ne saurais pas arranger cela, vu que sa porte d’entrée ne sonnait plus. J’ai mis l’objet à ce moment-là dans ma poche, sans y prêter grande attention. C’est tout à l’heure que son importance m’a sauté aux yeux. C’est tout à l’heure que je me suis dit : « La concierge a ramassé cela dans le vestibule, est-ce que par hasard, ça n’aurait pas servi à la fugue ? »
Une demi-heure plus tard, Juve venait de prendre congé de M. Havard et il remontait à l’appartement tragique. Juve était soucieux.
— M. Havard se trompe, murmurait-il. Le voilà maintenant décidé à ordonner la mise en liberté de Théodore Gauvin et de Brigitte, mais le voilà aussi décidé à arrêter Fernand et Alice Ricard. Ah, sapristi, que c’est donc assommant qu’il veuille marcher si vite !
Juve, en effet, ne pouvait pas admettre, ne voulait pas admettre au moins, qu’il y ait eu assassinat. Plus il réfléchissait à la mystérieuse affaire qu’il étudiait depuis quelque temps, et plus il lui apparaissait qu’elle devait s’expliquer par la fugue et non par le crime.
« Ce mouchoir, pensait Juve, de nouveau à genoux devant la cheminée où avait été retrouvé cet indice compromettant, ce mouchoir, c’est bien extraordinaire qu’il soit resté dans ce sable. Et puis ce sable, comment serait-il taché de sang, puisqu’en fait, il n’aurait pas servi ? Comment se fait-il, surtout, que, lors de ma première enquête, je ne l’ai point vu et que Fandor non plus ne l’ait pas vu ? »
Or, comme il disait ces mots, Juve sursauta, se redressa brusquement :
— Oh, oh, dit-il, parlant à haute voix. Mais est-ce que ? Tiens, parbleu, cela expliquerait tout… Ça, par exemple.
Juve sortit de l’appartement avec une extrême précipitation.
Il grimpa l’escalier dans une hâte folle, monta jusqu’au sixième étage. Là, il avisa une échelle sous une lucarne, se hissa jusqu’à l’étroit vasistas, l’ouvrit, et se trouva sur le toit.
Juve, alors, courut, risquant une chute, de cheminée en cheminée. Brusquement, il se frotta les mains.
— Cela, par exemple ! disait-il, c’est plus que je ne pouvais espérer. M. Havard est décidément un imbécile.
Qu’était donc venu faire Juve sur le toit ? Que venait-il de trouver ?
Tout simplement il y avait au pied de la cheminée qu’il regardait, de vagues traces de sable. Et Juve raisonnait ainsi :
« Fandor, la nuit dernière, a entendu – il me l’a dit à déjeuner – des bruits mystérieux, dans l’épaisseur de sa muraille. Il a cru que quelque chose s’écroulait, puis il a supposé que de l’eau coulait dans une tuyauterie. Oh, oh, est-ce que par hasard ça n’aurait pas été autre chose ? »
Et Juve imaginait encore :
« Parbleu, je n’ai pas vu de sable dans l’appartement, lors de la première enquête, parce qu’il n’y avait pas de sable à ce moment-là. J’en ai vu aujourd’hui parce qu’on l’y a mis hier, ou plutôt la nuit dernière. Comment l’a-t-on mis ? Mais par la cheminée. C’est ce sable que Fandor a entendu dégringoler. »
Et, après un instant de réflexion, Juve concluait : « Décidément, ce Baraban est très fort, il veut se faire passer pour mort coûte que coûte. La piste de Théodore Gauvin et de Brigitte allait craquer. Il en a inventé une autre, il cherche maintenant à compromettre son neveu et sa nièce. Je parierais bien que c’est lui qui a jeté ce sable, ce sang et ce mouchoir dans la cheminée.
En redescendant du toit, Juve faisait la grimace :
« Comment, par exemple, se demandait-il, persuaderai-je M. Havard de la chose ? Comment l’empêcher d’arrêter les Ricard ? Faut tout de même essayer de pas lui laisser faire trop de gaffes. »
Philosophe, Juve décida, après avoir encore réfléchi quelque temps :
« Après tout, tant pis, qu’on les arrête. Il faudra bien qu’on les relâche. »
15 – L’HOMME AU MONOCLE NOIR
Le lendemain, pour la vingtième fois peut-être depuis une demi-heure, on frappait à la porte du cabinet directorial où trônait M. de Parcelac.
Le haut fonctionnaire, aux mains duquel était confiée la haute direction du Comptoir national, l’établissement de crédit le plus important de Paris, ne put retenir un geste d’énervement et, d’une voix courroucée, lança :
— Entrez, bon Dieu, entrez ! Mais qu’est-ce qu’on a donc ce matin à me déranger de la sorte ?
Le garçon de bureau pénétra dans le cabinet directorial, le dos courbé, n’osant regarder son patron qui fulminait derrière un bureau ministre.
— Monsieur le directeur, dit-il, en lui tendant un plateau d’argent sur lequel se trouvait une carte de visite, c’est un monsieur qui demande à vous voir.
— M. Dominet ? demanda Parcelac, Dominet. Qu’est-ce que c’est que cela ?
Le directeur de la banque retourna la carte en tous sens, son propriétaire n’avait fait suivre son nom d’aucune qualité imprimée, ni même de la moindre indication manuscrite.
— Que veut ce monsieur ? Et pourquoi me l’avez-vous amené ici ? Il aurait pu indiquer le motif de sa visite, je n’ai pas l’habitude de recevoir n’importe qui !
— Monsieur le directeur, j’ai d’abord essayé d’éconduire ce visiteur, mais il a tellement insisté en disant que c’était personnel, et que vous le recevriez, que j’ai cru bien faire.
M. de Parcelac réfléchit un instant :
— Vous allez l’envoyer à… à…
Puis il se rétracta :
— Après tout, non, qu’il entre ! Je saurai bien m’en débarrasser rapidement.
Et, cependant que l’huissier s’éclipsait, le directeur du Comptoir national se carra dans son fauteuil, attendit. Il s’écoula trente secondes à peine, et devant le haut fonctionnaire se présenta un homme à la silhouette élégante, au visage distingué. Il avait cette particularité, assez peu ordinaire, de porter, vissé dans son arcade sourcilière, un monocle en verre fumé, ce qui lui donnait une assez étrange expression.
Très froid, mais dissimulant sa nervosité d’homme pressé, M. de Parcelac, sans lui désigner un siège, l’interrogea :
— Qu’y a-t-il pour votre service, monsieur ?
Le visiteur qu’on n’avait point invité à s’asseoir, prit une chaise et s’y installa :
— Monsieur, j’ai eu l’honneur de vous faire passer ma carte, je m’appelle M. Dominet, ce nom ne vous dit rien, sans doute ?
— En effet, monsieur.
— Au Palais, dans le monde de la Basoche [13], mon nom est plus populaire. Je suis, en effet, le secrétaire de la Chambre des notaires de Paris, et c’est en cette qualité que je viens vous rendre visite.
— Que puis-je pour vous ?
— Voici, fit M. Dominet, vous savez certainement que la Chambre des notaires s’intéresse à nombre de bonnes œuvres, et que notamment elle a pris sous son patronage la loterie destinée à venir remplir la caisse de la Société de secours des orphelins d’officiers ministériels. Je suis moi-même tout particulièrement chargé des intérêts de cette œuvre admirable, qui, d’ailleurs, comme toutes ses consœurs, a perpétuellement besoin de recourir à la charité publique.