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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 272
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Les trois mousquetaires читать книгу онлайн

Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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«- Ah, mes bons messieurs! m’écriai-je, que demandez-vous?

«- Tu dois avoir une échelle? me dit celui qui paraissait le chef de l’escorte.

«- Oui, monsieur; celle avec laquelle je cueille mes fruits.

«- Donne-nous la, et rentre chez toi, voilà un écu pour le dérangement que nous te causons. Souviens-toi seulement que si tu dis un mot de ce que tu vas voir et de ce que tu vas entendre (car tu regarderas et tu écouteras, quelque menace que nous te fassions, j’en suis sûr), tu es perdu.

«À ces mots, il me jeta un écu, que je ramassai, et il prit mon échelle.

«Effectivement, après avoir refermé la porte de la haie derrière eux, je fis semblant de rentrer à la maison; mais j’en sortis aussitôt par la porte de derrière, et, me glissant dans l’ombre, je parvins jusqu’à cette touffe de sureau, du milieu de laquelle je pouvais tout voir sans être vu.

«Les trois hommes avaient fait avancer la voiture sans aucun bruit, ils en tirèrent un petit homme, gros, court, grisonnant, mesquinement vêtu de couleur sombre, lequel monta avec précaution à l’échelle, regarda sournoisement dans l’intérieur de la chambre, redescendit à pas de loup et murmura à voix basse:

«- C’est elle!

«Aussitôt celui qui m’avait parlé s’approcha de la porte du pavillon, l’ouvrit avec une clef qu’il portait sur lui, referma la porte et disparut, en même temps les deux autres hommes montèrent à l’échelle. Le petit vieux demeurait à la portière, le cocher maintenait les chevaux de la voiture, et un laquais les chevaux de selle.

Tout à coup de grands cris retentirent dans le pavillon, une femme accourut à la fenêtre et l’ouvrit comme pour se précipiter. Mais aussitôt qu’elle aperçut les deux hommes, elle se rejeta en arrière; les deux hommes s’élancèrent après elle dans la chambre.

Alors je ne vis plus rien; mais j’entendis le bruit des meubles que l’on brise. La femme criait et appelait au secours. Mais bientôt ses cris furent étouffés; les trois hommes se rapprochèrent de la fenêtre, emportant la femme dans leurs bras; deux descendirent par l’échelle et la transportèrent dans la voiture, où le petit vieux entra après elle. Celui qui était resté dans le pavillon referma la croisée, sortit un instant après par la porte et s’assura que la femme était bien dans la voiture: ses deux compagnons l’attendaient déjà à cheval, il sauta à son tour en selle, le laquais reprit sa place près du cocher; le carrosse s’éloigna au galop escorté par les trois cavaliers, et tout fut fini. À partir de ce moment-là, je n’ai plus rien vu, rien entendu.»

D’Artagnan, écrasé par une si terrible nouvelle, resta immobile et muet, tandis que tous les démons de la colère et de la jalousie hurlaient dans son cœur.

«Mais, mon gentilhomme, reprit le vieillard, sur lequel ce muet désespoir causait certes plus d’effet que n’en eussent produit des cris et des larmes; allons, ne vous désolez pas, ils ne vous l’ont pas tuée, voilà l’essentiel.

– Savez-vous à peu près, dit d’Artagnan, quel est l’homme qui conduisait cette infernale expédition?

– Je ne le connais pas.

– Mais puisqu’il vous a parlé, vous avez pu le voir.

– Ah! c’est son signalement que vous me demandez?

– Oui.

– Un grand sec, basané, moustaches noires, œil noir, l’air d’un gentilhomme.

– C’est cela, s’écria d’Artagnan; encore lui! toujours lui! C’est mon démon, à ce qu’il paraît! Et l’autre?

– Lequel?

– Le petit.

– Oh! celui-là n’est pas un seigneur, j’en réponds: d’ailleurs il ne portait pas l’épée, et les autres le traitaient sans aucune considération.

– Quelque laquais, murmura d’Artagnan. Ah! pauvre femme! pauvre femme! qu’en ont-ils fait?

– Vous m’avez promis le secret, dit le vieillard.

– Et je vous renouvelle ma promesse, soyez tranquille, je suis gentilhomme. Un gentilhomme n’a que sa parole, et je vous ai donné la mienne.»

D’Artagnan reprit, l’âme navrée, le chemin du bac. Tantôt il ne pouvait croire que ce fût Mme Bonacieux, et il espérait le lendemain la retrouver au Louvre; tantôt il craignait qu’elle n’eût eu une intrigue avec quelque autre et qu’un jaloux ne l’eût surprise et fait enlever. Il flottait, il se désolait, il se désespérait.

«Oh! si j’avais là mes amis! s’écriait-il, j’aurais au moins quelque espérance de la retrouver; mais qui sait ce qu’ils sont devenus eux-mêmes!»

Il était minuit à peu près; il s’agissait de retrouver Planchet. D’Artagnan se fit ouvrir successivement tous les cabarets dans lesquels il aperçut un peu de lumière; dans aucun d’eux il ne retrouva Planchet.

Au sixième, il commença de réfléchir que la recherche était un peu hasardée. D’Artagnan n’avait donné rendez-vous à son laquais qu’à six heures du matin, et quelque part qu’il fût, il était dans son droit.

D’ailleurs, il vint au jeune homme cette idée, qu’en restant aux environs du lieu où l’événement s’était passé, il obtiendrait peut-être quelque éclaircissement sur cette mystérieuse affaire. Au sixième cabaret, comme nous l’avons dit, d’Artagnan s’arrêta donc, demanda une bouteille de vin de première qualité, s’accouda dans l’angle le plus obscur et se décida à attendre ainsi le jour; mais cette fois encore son espérance fut trompée, et quoiqu’il écoutât de toutes ses oreilles, il n’entendit, au milieu des jurons, des lazzi et des injures qu’échangeaient entre eux les ouvriers, les laquais et les rouliers qui composaient l’honorable société dont il faisait partie, rien qui pût le mettre sur la trace de la pauvre femme enlevée. Force lui fut donc, après avoir avalé sa bouteille par désœuvrement et pour ne pas éveiller des soupçons, de chercher dans son coin la posture la plus satisfaisante possible et de s’endormir tant bien que mal. D’Artagnan avait vingt ans, on se le rappelle, et à cet âge le sommeil a des droits imprescriptibles qu’il réclame impérieusement, même sur les cœurs les plus désespérés.

Vers six heures du matin, d’Artagnan se réveilla avec ce malaise qui accompagne ordinairement le point du jour après une mauvaise nuit. Sa toilette n’était pas longue à faire; il se tâta pour savoir si on n’avait pas profité de son sommeil pour le voler, et ayant retrouvé son diamant à son doigt, sa bourse dans sa poche et ses pistolets à sa ceinture, il se leva, paya sa bouteille et sortit pour voir s’il n’aurait pas plus de bonheur dans la recherche de son laquais le matin que la nuit. En effet, la première chose qu’il aperçut à travers le brouillard humide et grisâtre fut l’honnête Planchet qui, les deux chevaux en main, l’attendait à la porte d’un petit cabaret borgne devant lequel d’Artagnan était passé sans même soupçonner son existence.

CHAPITRE XXV

PORTHOS

Au lieu de rentrer chez lui directement, d’Artagnan mit pied à terre à la porte de M. de Tréville, et monta rapidement l’escalier. Cette fois, il était décidé à lui raconter tout ce qui venait de se passer. Sans doute il lui donnerait de bons conseils dans toute cette affaire; puis, comme M. de Tréville voyait presque journellement la reine, il pourrait peut-être tirer de Sa Majesté quelque renseignement sur la pauvre femme à qui l’on faisait sans doute payer son dévouement à sa maîtresse.

M. de Tréville écouta le récit du jeune homme avec une gravité qui prouvait qu’il voyait autre chose, dans toute cette aventure, qu’une intrigue d’amour; puis, quand d’Artagnan eut achevé:

«Hum! dit-il, tout ceci sent Son Éminence d’une lieue.

– Mais, que faire? dit d’Artagnan.

– Rien, absolument rien, à cette heure, que quitter Paris, comme je vous l’ai dit, le plus tôt possible. Je verrai la reine, je lui raconterai les détails de la disparition de cette pauvre femme, qu’elle ignore sans doute; ces détails la guideront de son côté, et, à votre retour, peut-être aurai-je quelque bonne nouvelle à vous dire. Reposez vous en sur moi.»

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