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Les Possedes

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Les Possedes
Название: Les Possedes
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Possedes - читать бесплатно онлайн , автор Dosto?evski Fedor Mikha?lovitch

«Est-il possible de croire? S?rieusement et effectivement? Tout est l?.» Stavroguine envo?te tous ceux qui l'approchent, hommes ou femmes. Il ne trouve de limite ? son immense orgueil que dans l'existence de Dieu. Il la nie et tombe dans l'absurdit? de la libert? pour un homme seul et sans raison d'?tre. Tous les personnages de ce grand roman sont poss?d?s par un d?mon, le socialisme ath?e, le nihilisme r?volutionnaire ou la superstition religieuse. Ignorant les limites de notre condition, ces id?ologies sont incapables de rendre compte de l'homme et de la soci?t? et appellent un terrorisme destructeur. Sombre trag?die d'amour et de mort, «Les Poss?d?s» sont l'incarnation g?niale des doutes et des angoisses de Dosto?evski sur l'avenir de l'homme et de la Russie. D?s 1870, il avait pressenti les dangers du totalitarisme au XXe si?cle.

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– Marie! Je m’étais endormi… Ah! quel vaurien je suis, Marie!

Elle se souleva un peu, promena un regard étonné autour de la chambre, comme si elle n’eût pas reconnu l’endroit où elle se trouvait, et tout à coup la colère, l’indignation s’empara d’elle:

– J’ai occupé votre lit, je tombais de fatigue et je me suis endormie sans le vouloir; pourquoi ne m’avez-vous pas éveillée? Comment avez-vous osé croire que j’aie l’intention de vous être à charge?

– Comment aurais-je pu t’éveiller, Marie?

– Vous le pouviez; vous le deviez! Vous n’avez pas d’autre lit que celui-ci, et je l’ai occupé. Vous ne deviez pas me mettre dans une fausse position. Ou bien, pensez-vous que je sois venue ici pour recevoir vos bienfaits? Veuillez reprendre votre lit tout de suite, je coucherai dans un coin sur des chaises.

– Marie, il n’y a pas assez de chaises, et, d’ailleurs, je n’ai rien à mettre dessus.

– Eh bien, alors je coucherai par terre tout simplement. Je ne puis pas vous priver de votre lit. Je vais coucher sur le plancher, tout de suite, tout de suite!

Elle se leva, voulut marcher, mais soudain une douleur spasmodique des plus violentes lui ôta toute force, toute résolution; un gémissement profond sortit de sa poitrine, et elle retomba sur le lit. Chatoff s’approché vivement; la jeune femme, enfonçant son visage dans l’oreiller, saisit la main de son mari et la serra à lui faire mal. Une minute se passa ainsi.

– Marie, ma chère, s’il le faut, il y a ici un médecin que je connais, le docteur Frenzel… je puis courir chez lui.

– C’est absurde!

– Comment, absurde? Dis-moi ce que tu as, Marie! On pourrait te mettre un cataplasme… sur le ventre, par exemple… Je puis faire cela sans médecin… Ou bien des sinapismes.

– Qu’est-ce que c’est que cela? reprit-elle en relevant la tête et en regardant son mari d’un air effrayé.

Chatoff chercha en vain le sens de cette étrange question.

– De quoi parles-tu, Marie? À quel propos demandes-tu cela? Ô mon Dieu, je m’y perds! Pardonne-moi, Marie, mais je ne comprends pas du tout ce que tu veux dire.

– Eh! laissez donc, ce n’est pas votre affaire de comprendre. Et même cela serait fort drôle… répondit-elle avec un sourire amer. – Dites-moi quelque chose. Promenez-vous dans la chambre et parlez. Ne restez pas près de moi et ne me regardez pas, je vous en prie pour la centième fois!

Chatoff se mit à marcher dans la chambre en tenant ses yeux baissés et en faisant tous ses efforts pour ne pas les tourner vers sa femme.

– Il y a ici, – ne te fâche pas, Marie, je t’en supplie, – il y a ici du veau et du thé… Tu as si peu mangé tantôt…

Elle fit avec la main un geste de violente répugnance. Chatoff au désespoir se mordit la langue.

– Écoutez, j’ai l’intention de monter ici un atelier de reliure, cet établissement serait fondé sur les principes relationnels de l’association. Comme vous habitez la ville, qu’en pensez-vous? Ai-je des chances de succès?

– Eh! Marie, chez nous on ne lit pas; il n’y a même pas de livres. Et il en ferait relier?

– Qui? il:

– Le lecteur d’ici, l’habitant de la ville en général, Marie.

– Eh bien, alors exprimez-vous plus clairement, au lieu de dire: il, on ne sait pas à qui se rapporte ce pronom. Vous ne connaissez pas la grammaire.

– C’est dans l’esprit de la langue, Marie, balbutia Chatoff.

– Ah! laissez-moi tranquille avec votre esprit, vous m’ennuyez. Pourquoi le lecteur ou l’habitant de la ville ne fera-t-il pas relier ses livres?

– Parce que lire un livre et le faire relier sont deux opérations qui correspondent à deux degrés de civilisation très différents. D’abord, il s’habitue peu à peu à lire, ce qui, bien entendu, demande des siècles; mais il n’a aucun soin du livre, le considérant comme un objet sans importance. Le fait de donner un livre à relier suppose déjà le respect du livre; cela indique que non seulement, il a pris goût à la lecture, mais encore qu’il la tient en estime. L’Europe depuis longtemps fait relier ses livres, la Russie n’en est pas encore là.

– Quoique dit d’une façon pédantesque, cela, du moins, n’est pas bête et me reporte à trois ans en arrière; vous aviez parfois assez d’esprit il y a trois ans.

Elle prononça ces mots du même ton dédaigneux que toutes les phrases précédentes.

– Marie, Marie, reprit avec émotion Chatoff, – Ô Marie! Si tu savais tout ce qui s’est passé durant ces trois ans! J’ai entendu dire que tu me méprisais à cause du changement survenu dans mes opinions. Qui donc ai-je quitté? Des ennemis de la vraie vie, des libérâtres arriérés, craignant leur propre indépendance; des laquais de la pensée, hostiles à la personnalité et à la liberté; des prédicateurs décrépits de la charogne et de la pourriture! Qu’y a-t-il chez eux? La sénilité, la médiocrité dorée, l’incapacité la plus bourgeoise et la plus plate, une égalité envieuse, une égalité sans mérite personnel, l’égalité comme l’entend un laquais ou comme la comprenait un Français de 93… Mais le pire, c’est qu’ils sont tous des coquins!

– Oui, il y a beaucoup de coquins, observa Marie d’une voix entrecoupée et avec un accent de souffrance. Couchée un peu sur le côté, immobile comme si elle eût craint de faire le moindre mouvement, elle avait la tête renversée sur l’oreiller et fixait le plafond d’un regard fatigué, mais ardent. Son visage était pâle, ses lèvres desséchées.

– Tu en conviens, Marie, tu en conviens! s’écria Chatoff.

Elle allait faire de la tête un signe négatif quand soudain une nouvelle crampe la saisit. Cette fois encore elle cacha son visage dans l’oreiller et pendant toute une minute serra, presque à la briser, la main de son mari qui, fou de terreur, s’était élancé vers elle.

– Marie, Marie! Mais ce que tu as est peut-être très grave, Marie!

– Taisez-vous… Je ne veux pas, je ne veux pas, répliqua-t-elle violemment, en reprenant sa position primitive; – ne vous permettez pas de me regarder avec cet air de compassion! Promenez-vous dans la chambre, dites quelque chose, parlez…

Chatoff qui avait à peu près perdu la tête, commença à marmotter je ne sais quoi.

Sa femme l’interrompit avec impatience:

– Quelle est votre occupation ici?

– Je tiens les livres chez un marchand. Si je voulais, Marie, je pourrais gagner ici pas mal d’argent.

– Tant mieux pour vous…

– Ah! ne va rien t’imaginer, Marie, j’ai dit cela comme j’aurai dit autre chose…

– Et qu’est-ce que vous faites encore? Que prêchez-vous? Car il est impossible que vous ne prêchiez pas, c’est dans votre caractère.

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