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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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– Oui, oui, dit Felton, je comprends; quoique avec de pareils hommes ce ne soit pas l’épée qu’il faille employer, mais le poignard.

– Buckingham était parti depuis la veille, envoyé comme ambassadeur en Espagne, où il allait demander la main de l’infante pour le roi Charles Ier, qui n’était alors que prince de Galles. Mon fiancé revint.

«Écoutez, me dit-il, cet homme est parti, et pour le moment, par conséquent, il échappe à ma vengeance; mais en attendant soyons unis, comme nous devions l’être, puis rapportez-vous-en à Lord de Winter pour soutenir son honneur et celui de sa femme.»

– Lord de Winter! s’écria Felton.

– Oui, dit Milady, Lord de Winter, et maintenant vous devez tout comprendre, n’est-ce pas? Buckingham resta plus d’un an absent. Huit jours avant son arrivée, Lord de Winter mourut subitement, me laissant sa seule héritière. D’où venait le coup? Dieu, qui sait tout, le sait sans doute, moi je n’accuse personne…

– Oh! quel abîme, quel abîme! s’écria Felton.

– Lord de Winter était mort sans rien dire à son frère. Le secret terrible devait être caché à tous, jusqu’à ce qu’il éclatât comme la foudre sur la tête du coupable. Votre protecteur avait vu avec peine ce mariage de son frère aîné avec une jeune fille sans fortune. Je sentis que je ne pouvais attendre d’un homme trompé dans ses espérances d’héritage aucun appui. Je passai en France résolue à y demeurer pendant tout le reste de ma vie. Mais toute ma fortune est en Angleterre; les communications fermées par la guerre, tout me manqua: force fut alors d’y revenir; il y a six jours j’abordais à Portsmouth.

– Eh bien? dit Felton.

– Eh bien, Buckingham apprit sans doute mon retour, il en parla à Lord de Winter, déjà prévenu contre moi, et lui dit que sa belle-sœur était une prostituée, une femme flétrie. La voix pure et noble de mon mari n’était plus là pour me défendre. Lord de Winter crut tout ce qu’on lui dit, avec d’autant plus de facilité qu’il avait intérêt à le croire. Il me fit arrêter, me conduisit ici, me remit sous votre garde. Vous savez le reste: après-demain il me bannit, il me déporte; après-demain il me relègue parmi les infâmes. Oh! la trame est bien ourdie, allez! le complot est habile et mon honneur n’y survivra pas. Vous voyez bien qu’il faut que je meure, Felton; Felton, donnez-moi ce couteau!»

Et à ces mots, comme si toutes ses forces étaient épuisées, Milady se laissa aller débile et languissante entre les bras du jeune officier, qui, ivre d’amour, de colère et de voluptés inconnues, la reçut avec transport, la serra contre son cœur, tout frissonnant à l’haleine de cette bouche si belle, tout éperdu au contact de ce sein si palpitant.

«Non, non, dit-il; non, tu vivras honorée et pure, tu vivras pour triompher de tes ennemis.»

Milady le repoussa lentement de la main en l’attirant du regard; mais Felton, à son tour, s’empara d’elle, l’implorant comme une Divinité.

«Oh! la mort, la mort! dit-elle en voilant sa voix et ses paupières, oh! la mort plutôt que la honte; Felton, mon frère, mon ami, je t’en conjure!

– Non, s’écria Felton, non, tu vivras, et tu seras vengée!

– Felton, je porte malheur à tout ce qui m’entoure! Felton, abandonne-moi! Felton, laisse-moi mourir!

– Eh bien, nous mourrons donc ensemble!» s’écria-t-il en appuyant ses lèvres sur celles de la prisonnière.

Plusieurs coups retentirent à la porte; cette fois, Milady le repoussa réellement.

«Écoutez, dit-elle, on nous a entendus, on vient! c’en est fait, nous sommes perdus!

– Non, dit Felton, c’est la sentinelle qui me prévient seulement qu’une ronde arrive.

– Alors, courez à la porte et ouvrez vous-même.»

Felton obéit; cette femme était déjà toute sa pensée, toute son âme.

Il se trouva en face d’un sergent commandant une patrouille de surveillance.

«Eh bien, qu’y a-t-il? demanda le jeune lieutenant.

– Vous m’aviez dit d’ouvrir la porte si j’entendais crier au secours, dit le soldat, mais vous aviez oublié de me laisser la clef; je vous ai entendu crier sans comprendre ce que vous disiez, j’ai voulu ouvrir la porte, elle était fermée en dedans, alors j’ai appelé le sergent.

– Et me voilà», dit le sergent.

Felton, égaré, presque fou, demeurait sans voix.

Milady comprit que c’était à elle de s’emparer de la situation, elle courut à la table et prit le couteau qu’y avait déposé Felton:

«Et de quel droit voulez-vous m’empêcher de mourir? dit-elle.

– Grand Dieu!» s’écria Felton en voyant le couteau luire à sa main.

En ce moment, un éclat de rire ironique retentit dans le corridor.

Le baron, attiré par le bruit, en robe de chambre, son épée sous le bras, se tenait debout sur le seuil de la porte.

«Ah! ah! dit-il, nous voici au dernier acte de la tragédie; vous le voyez, Felton, le drame a suivi toutes les phases que j’avais indiquées; mais soyez tranquille, le sang ne coulera pas.»

Milady comprit qu’elle était perdue si elle ne donnait pas à Felton une preuve immédiate et terrible de son courage.

«Vous vous trompez, Milord, le sang coulera, et puisse ce sang retomber sur ceux qui le font couler!»

Felton jeta un cri et se précipita vers elle; il était trop tard: Milady s’était frappée. Mais le couteau avait rencontré, heureusement, nous devrions dire adroitement, le busc de fer qui, à cette époque, défendait comme une cuirasse la poitrine des femmes; il avait glissé en déchirant la robe, et avait pénétré de biais entre la chair et les côtes.

La robe de Milady n’en fut pas moins tachée de sang en une seconde.

Milady était tombée à la renverse et semblait évanouie.

Felton arracha le couteau.

«Voyez, Milord, dit-il d’un air sombre, voici une femme qui était sous ma garde et qui s’est tuée!

– Soyez tranquille, Felton, dit Lord de Winter, elle n’est pas morte, les démons ne meurent pas si facilement, soyez tranquille et allez m’attendre chez moi.

– Mais, Milord…

– Allez, je vous l’ordonne.»

À cette injonction de son supérieur, Felton obéit; mais, en sortant, il mit le couteau dans sa poitrine.

Quant à Lord de Winter, il se contenta d’appeler la femme qui servait Milady et, lorsqu’elle fut venue, lui recommandant la prisonnière toujours évanouie, il la laissa seule avec elle.

Cependant, comme à tout prendre, malgré ses soupçons, la blessure pouvait être grave, il envoya, à l’instant même, un homme à cheval chercher un médecin.

CHAPITRE LVIII

ÉVASION

Comme l’avait pensé Lord de Winter, la blessure de Milady n’était pas dangereuse; aussi dès qu’elle se trouva seule avec la femme que le baron avait fait appeler et qui se hâtait de la déshabiller, rouvrit-elle les yeux.

Cependant, il fallait jouer la faiblesse et la douleur; ce n’étaient pas choses difficiles pour une comédienne comme Milady; aussi la pauvre femme fut-elle si complètement dupe de sa prisonnière, que, malgré ses instances, elle s’obstina à la veiller toute la nuit.

Mais la présence de cette femme n’empêchait pas Milady de songer.

Il n’y avait plus de doute, Felton était convaincu, Felton était à elle: un ange apparût-il au jeune homme pour accuser Milady, il le prendrait certainement, dans la disposition d’esprit où il se trouvait, pour un envoyé du démon.

Milady souriait à cette pensée, car Felton, c’était désormais sa seule espérance, son seul moyen de salut.

Mais Lord de Winter pouvait l’avoir soupçonné, mais Felton maintenant pouvait être surveillé lui-même.

Vers les quatre heures du matin, le médecin arriva; mais depuis le temps où Milady s’était frappée, la blessure s’était déjà refermée: le médecin ne put donc en mesurer ni la direction, ni la profondeur; il reconnut seulement au pouls de la malade que le cas n’était point grave.

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