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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 272
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Les trois mousquetaires читать книгу онлайн

Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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Sans doute que tous deux comprenaient que la situation était devenue trop grave pour perdre le temps en mots inutiles et en colère sans effet.

«Allons, allons, dit le baron en la quittant, vous ne vous sauverez pas encore cette nuit!»

À dix heures, Felton vint placer une sentinelle; Milady reconnut son pas. Elle le devinait maintenant comme une maîtresse devine celui de l’amant de son cœur, et cependant Milady détestait et méprisait à la fois ce faible fanatique.

Ce n’était point l’heure convenue, Felton n’entra point.

Deux heures après et comme minuit sonnait, la sentinelle fut relevée.

Cette fois c’était l’heure: aussi, à partir de ce moment, Milady attendit-elle avec impatience.

La nouvelle sentinelle commença à se promener dans le corridor.

Au bout de dix minutes Felton vint.

Milady prêta l’oreille.

«Écoutez, dit le jeune homme à la sentinelle, sous aucun prétexte ne t’éloigne de cette porte, car tu sais que la nuit dernière un soldat a été puni par Milord pour avoir quitté son poste un instant, et cependant c’est moi qui, pendant sa courte absence, avais veillé à sa place.

– Oui, je le sais, dit le soldat.

– Je te recommande donc la plus exacte surveillance. Moi, ajouta-t-il, je vais rentrer pour visiter une seconde fois la chambre de cette femme, qui a, j’en ai peur, de sinistres projets sur elle-même et que j’ai reçu l’ordre de surveiller.»

«Bon, murmura Milady, voilà l’austère puritain qui ment!»

Quant au soldat, il se contenta de sourire.

«Peste! mon lieutenant, dit-il, vous n’êtes pas malheureux d’être chargé de commissions pareilles, surtout si Milord vous a autorisé à regarder jusque dans son lit.»

Felton rougit; dans toute autre circonstance il eut réprimandé le soldat qui se permettait une pareille plaisanterie; mais sa conscience murmurait trop haut pour que sa bouche osât parler.

«Si j’appelle, dit-il, viens; de même que si l’on vient, appelle-moi.

– Oui, mon lieutenant», dit le soldat.

Felton entra chez Milady. Milady se leva.

«Vous voilà? dit-elle.

– Je vous avais promis de venir, dit Felton, et je suis venu.

– Vous m’avez promis autre chose encore.

– Quoi donc? mon Dieu! dit le jeune homme, qui malgré son empire sur lui-même, sentait ses genoux trembler et la sueur poindre sur son front.

– Vous avez promis de m’apporter un couteau, et de me le laisser après notre entretien.

– Ne parlez pas de cela, madame, dit Felton, il n’y a pas de situation, si terrible qu’elle soit, qui autorise une créature de Dieu à se donner la mort. J’ai réfléchi que jamais je ne devais me rendre coupable d’un pareil péché.

– Ah! vous avez réfléchi! dit la prisonnière en s’asseyant sur son fauteuil avec un sourire de dédain; et moi aussi j’ai réfléchi.

– À quoi?

– Que je n’avais rien à dire à un homme qui ne tenait pas sa parole.

– O mon Dieu! murmura Felton.

– Vous pouvez vous retirer, dit Milady, je ne parlerai pas.

– Voilà le couteau! dit Felton tirant de sa poche l’arme que, selon sa promesse, il avait apportée, mais qu’il hésitait à remettre à sa prisonnière.

– Voyons-le, dit Milady.

– Pour quoi faire?

– Sur l’honneur, je vous le rends à l’instant même; vous le poserez sur cette table; et vous resterez entre lui et moi.

Felton tendit l’arme à Milady, qui en examina attentivement la trempe, et qui en essaya la pointe sur le bout de son doigt.

«Bien, dit-elle en rendant le couteau au jeune officier, celui-ci est en bel et bon acier; vous êtes un fidèle ami, Felton.»

Felton reprit l’arme et la posa sur la table comme il venait d’être convenu avec sa prisonnière.

Milady le suivit des yeux et fit un geste de satisfaction.

«Maintenant, dit-elle, écoutez-moi.»

La recommandation était inutile: le jeune officier se tenait debout devant elle, attendant ses paroles pour les dévorer.

«Felton, dit Milady avec une solennité pleine de mélancolie, Felton, si votre sœur, la fille de votre père, vous disait: «Jeune encore, assez belle par malheur, on m’a fait tomber dans un piège, j’ai résisté; on a multiplié autour de moi les embûches, les violences, j’ai résisté; on a blasphémé la religion que je sers, le Dieu que j’adore, parce que j’appelais à mon secours ce Dieu et cette religion, j’ai résisté; alors on m’a prodigué les outrages, et comme on ne pouvait perdre mon âme, on a voulu à tout jamais flétrir mon corps; enfin…»

Milady s’arrêta, et un sourire amer passa sur ses lèvres.

«Enfin, dit Felton, enfin qu’a-t-on fait?

– Enfin, un soir, on résolut de paralyser cette résistance qu’on ne pouvait vaincre: un soir, on mêla à mon eau un narcotique puissant; à peine eus-je achevé mon repas, que je me sentis tomber peu à peu dans une torpeur inconnue. Quoique je fusse sans défiance, une crainte vague me saisit et j’essayai de lutter contre le sommeil; je me levai, je voulus courir à la fenêtre, appeler au secours, mais mes jambes refusèrent de me porter; il me semblait que le plafond s’abaissait sur ma tête et m’écrasait de son poids; je tendis les bras, j’essayai de parler, je ne pus que pousser des sons inarticulés; un engourdissement irrésistible s’emparait de moi, je me retins à un fauteuil, sentant que j’allais tomber, mais bientôt cet appui fut insuffisant pour mes bras débiles, je tombai sur un genou, puis sur les deux; je voulus crier, ma langue était glacée; Dieu ne me vit ni ne m’entendit sans doute, et je glissai sur le parquet, en proie à un sommeil qui ressemblait à la mort.

«De tout ce qui se passa dans ce sommeil et du temps qui s’écoula pendant sa durée, je n’eus aucun souvenir; la seule chose que je me rappelle, c’est que je me réveillai couchée dans une chambre ronde, dont l’ameublement était somptueux, et dans laquelle le jour ne pénétrait que par une ouverture au plafond. Du reste, aucune porte ne semblait y donner entrée: on eût dit une magnifique prison.

«Je fus longtemps à pouvoir me rendre compte du lieu où je me trouvais et de tous les détails que je rapporte, mon esprit semblait lutter inutilement pour secouer les pesantes ténèbres de ce sommeil auquel je ne pouvais m’arracher; j’avais des perceptions vagues d’un espace parcouru, du roulement d’une voiture, d’un rêve horrible dans lequel mes forces se seraient épuisées; mais tout cela était si sombre et si indistinct dans ma pensée, que ces événements semblaient appartenir à une autre vie que la mienne et cependant mêlée à la mienne par une fantastique dualité.

«Quelque temps, l’état dans lequel je me trouvais me sembla si étrange, que je crus que je faisais un rêve. Je me levai chancelante, mes habits étaient près de moi, sur une chaise: je ne me rappelai ni m’être dévêtue, ni m’être couchée. Alors peu à peu la réalité se présenta à moi pleine de pudiques terreurs: je n’étais plus dans la maison que j’habitais; autant que j’en pouvais juger par la lumière du soleil, le jour était déjà aux deux tiers écoulé! c’était la veille au soir que je m’étais endormie; mon sommeil avait donc déjà duré près de vingt-quatre heures. Que s’était-il passé pendant ce long sommeil?

«Je m’habillai aussi rapidement qu’il me fut possible. Tous mes mouvements lents et engourdis attestaient que l’influence du narcotique n’était point encore entièrement dissipée. Au reste, cette chambre était meublée pour recevoir une femme; et la coquette la plus achevée n’eût pas eu un souhait à former, qu’en promenant son regard autour de l’appartement elle n’eût vu son souhait accompli.

«Certes, je n’étais pas la première captive qui s’était vue enfermée dans cette splendide prison; mais, vous le comprenez, Felton, plus la prison était belle, plus je m’épouvantais.

«Oui, c’était une prison, car j’essayai vainement d’en sortir. Je sondai tous les murs afin de découvrir une porte, partout les murs rendirent un son plein et mat.

«Je fis peut-être vingt fois le tour de cette chambre, cherchant une issue quelconque; il n’y en avait pas: je tombai écrasée de fatigue et de terreur sur un fauteuil.

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