La main coupee (Отрезанная рука)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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***
Juve, pendant ce temps-là, était de plus en plus triste. Fandor, il n’en pouvait douter maintenant, lui avait menti. Fandor avait dû s’entendre avec Bouzille pour essayer de le duper, lui Juve.
Jamais l’officier, du moins il le semblait, n’avait été gardé à vue par le journaliste.
Alors, que signifiaient les affirmations de Fandor ?
Pendant que l’automobile emmenait le policier et le chemineau vers le Casino, Juve eut peine à contenir son chagrin.
Après un virage savant, la voiture de Conchita finit cependant par se ranger devant le perron du Casino.
Le policier sauta lestement à terre, s’apprêtant à aller chercher son ami qui devait être dans les salons de jeu. Il se tourna, en attendant, vers Bouzille qui, les menottes aux mains, faisait piteuse mine.
Juve, déjà, avait aperçu l’un des inspecteurs ordinaires du Casino, Nalorgne, l’ancien prêtre.
— Un individu, lui dit-il, en montrant le chemineau, que je viens d’amener, voulez-vous le faire incarcérer. Je vous expliquerai plus tard pourquoi.
Nalorgne acquiesça :
— J’envoie d’urgence ce rôdeur au fort Saint-Antoine.
Et il donna un coup de sifflet pour faire venir les agents.
***
Ces mesures prises, Juve pénétra, enfin, dans les salons de jeu.
Or, si Fandor, quelques secondes avant, avait été surpris d’apercevoir dans l’Atrium la silhouette d’Ivan Ivanovitch, Juve n’était pas moins ému en distinguant dans les salons de jeu où il cherchait Fandor, l’officier qu’il ne cherchait pas.
— Ivan Ivanovitch est là ?
Franchement, cet homme avait un toupet infernal. Tout prouvait qu’il était un assassin, que c’était lui qui venait de tuer Isabelle de Guerray et il osait venir parader dans ces salons ? Mille dieux, c’était d’une belle audace digne de Fantômas.
Juve cependant retrouva vite son sang-froid. Le policier était de ceux qui aiment, avant tout, la lutte franche et nette.
— Soit, se dit Juve, puisque Ivan Ivanovitch a jugé bon de venir au Casino, j’en tirerai parti. Il a dû s’entendre avec Fandor pour inventer l’histoire de la captivité chez Bouzille. Nous allons bien voir si je ne saurai pas le forcer à se contredire, le forcer à reconnaître son mensonge. Et si cela est, ma parole, je l’arrête immédiatement.
Ainsi remonté, Juve s’approcha de l’officier qui, debout derrière une table de roulette, surveillait la marche hésitante de la bille aveugle.
— Mon commandant ? commença Juve,
— Monsieur ?
L’officier venait de se retourner d’un air d’indifférence. Il sourit en reconnaissant Juve dont il n’ignorait plus la qualité. Et tout de suite, très aimable :
— Vous désirez me parler, monsieur ?
— Vous dire deux mots, vous poser une question.
— Eh bien, je suis à vos ordres.
— Mon commandant, commença le policier, je vous serais fort obligé de répondre nettement à cette question dont je vous expliquerai l’importance par la suite. D’où venez-vous ? Oui ou non, reconnaissez-vous que vous étiez, il y a une demi-heure environ, dans la demeure du cheminot Bouzille ? dans le trou qu’il occupe le long de la falaise ?
Mais aux paroles de Juve une incompréhension absolue s’était peinte sur le visage d’Ivan Ivanovitch.
— Que diable me chantez-vous là ? demanda-t-il d’un ton fort calme. Qu’est-ce que c’est que ce chemineau Bouzille ? et ce trou de falaise ?
— Mais, commandant…
— Et pourquoi m’interrogez-vous ? Oh, monsieur Juve vous êtes bien policier. Il vous faut, n’est-ce pas, coûte que coûte, faire des enquêtes ? et vous tenez à avoir l’emploi du temps de tous les personnages qui se trouvent actuellement dans la Principauté ? Je pourrais vous répondre que je n’ai rien à faire avec vous. Mais soit, vous m’amusez, je ne demande pas mieux que de vous renseigner. D’où je viens ? mon Dieu, il y a une bonne heure que je suis au Casino, et avant de me trouver dans les salons de jeu j’étais tout bonnement à mon bord. Ces renseignements vous suffisent-ils ?
Juve ne put que hocher la tête.
Certes, à ce moment, il eût donné beaucoup pour avoir le droit de crier à cet homme :
« Vous mentez, il est possible que vous soyez ici depuis une heure, mais il y a une heure vous n’étiez pas sur le Skobeleff, vous étiez chez Isabelle de Guerray, vous étiez en train d’assassiner cette malheureuse femme.
« Et ce n’est point la peine non plus de me soutenir que vous ignorez Bouzille : vous le connaissez parfaitement, tout comme vous connaissez parfaitement mon ami Fandor, mon ancien ami Fandor, car je ne veux plus considérer comme un ami celui qui s’est allié avec vous pour me tromper. »
Impossible. Il fallait s’incliner devant cette urbanité exquise.
Ne devait-il point avoir l’air d’admettre, en effet, qu’Ivan Ivanovitch se trouvait au Casino depuis le commencement de la soirée, et qu’auparavant il était au milieu de ses hommes, sur son cuirassé ?
Juve ouvrait la bouche pour répondre quelques mots insignifiants, lorsqu’un huissier à chaîne s’approcha d’Ivan Ivanovitch :
— Mon commandant, commençait l’employé, c’est encore moi qui reviens. La direction m’a dit qu’à coup sûr vous n’aviez point compris et qu’elle vous priait…
Ivan Ivanovitch qui s’était retourné vers l’huissier répondait de sa voix la plus tranquille :
— Bien, mon ami, que me voulez-vous ?
— Mais, mon commandant… c’est pour l’enveloppe.
— Quelle enveloppe ? donnez.
Ivan Ivanovitch prit des mains de l’huissier une grande enveloppe que, tranquillement, devant Juve, il écorna d’un coup de l’index…
L’enveloppe était bourrée de billets de banque.
Sans doute la direction du Casino, ne comprenant point pourquoi Ivan Ivanovitch n’avait point voulu accepter les billets de banque, avait-elle décidé d’insister ?
Juve, qui n’était pas au courant, n’en croyait pas ses yeux. Ivan Ivanovitch ne marquait aucun étonnement :
— Ah, parfaitement ! c’est très bien. Vous direz merci à qui vous envoie.
Et, d’un geste tout à fait naturel, l’officier russe renferma dans son portefeuille l’enveloppe bourrée de billets…
Mais qu’est-ce que tout cela voulait dire ?
Juve, qui tout à l’heure n’avait qu’une pensée : arrêter au plus vite Ivan Ivanovitch, à présent, réfléchissait.
Il avait parfaitement aperçu les billets bleus bourrant l’enveloppe, il se demandait pourquoi la direction du Casino envoyait une liasse pareille au commandant Ivan Ivanovitch.
Juve, toutefois, ne pouvait évidemment s’enquérir auprès de l’officier de l’explication de cet envoi. Il était évident qu’Ivan Ivanovitch, le cas échéant, pouvait parfaitement lui répondre, bien que l’explication fût à coup sûr mensongère, que le Casino lui envoyait cet argent tout simplement parce qu’il l’avait déposé à la caisse en venant. Et à cela Juve n’aurait rien eu à dire.
— Mon commandant, reprit Juve, vous me pardonnerez de vous avoir posé tout à l’heure la question indiscrète que vous savez ? En vérité j’ignore…
Pour toute réponse, Ivan Ivanovitch se contenta de hausser les épaules.
— Bah, ça n’a aucune importance, et vous êtes tout excusé.
Puis il tourna les talons, fit mine de s’éloigner.
Or, à peine l’officier s’était-il écarté que Juve, à la minute, regrettait la magnanimité dont il venait de faire preuve.
— Ce maudit Russe, songeait-il est en train de se moquer de moi. Il faut que je le force à s’expliquer.
Et sans réfléchir plus avant, Juve se précipita sur les traces d’Ivan Ivanovitch.
26 – DE L’ÉVASION AU GUET-APENS
Bouzille soliloquait :
— Si tant plus que ça va, si tant plus que c’est la même chose. On a beau partir en voyage, changer de pays, passer du nord au sud, les prisons sont pareilles, elles se ressemblent toutes. Les voilà bien les mêmes murs, bâtis en pierre meulière, les toits pointus, les grandes cheminées qui montent vers le ciel et aussi les barreaux aux fenêtres qui vous enlèvent toute idée de fiche le camp. Parbleu, maintenant que nous avons franchi la porte, je suis bien certain qu’il va falloir passer dans une espèce de tourniquet, histoire d’y retourner ses poches et d’y laisser un tas de signatures.