Le mariage de Fantomas (Свадьба Фантомаса)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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Or, Juve n’eut besoin que de jeter un coup d’œil dans la courette pour comprendre à quoi elle servait. C’était la cage de l’ascenseur.
Le gros câble qui pendait en son milieu était le câble de celui-ci.
Mais ce n’est pas la découverte de cet appareil qui, bien entendu, était arrêté au bas de sa course, qui émouvait Juve. Non, ce qui lui arrachait un cri de terreur et d’angoisse, c’est qu’en se penchant, il venait d’apercevoir la plate-forme de l’ascenseur et que sur cette plate-forme il avait distingué le corps d’un homme étendu de tout son long, mort, ou endormi.
L’obscurité qui régnait à demi ne permettait pas à Juve de reconnaître le personnage qui semblait sommeiller. Un instant, le policier se demanda s’il devait l’appeler ou si au contraire il convenait de garder le silence.
— Si c’est un ennemi ? songeait Juve.
Le policier n’appela pas. Pour attirer l’attention du dormeur, il recourut à un moyen plus subtil : Juve prit un morceau de plâtre et le jeta dans la cage de l’appareil, visant le dormeur.
Juve manqua son coup deux fois, mais à son troisième essai, l’homme devait s’éveiller, car brusquement il sauta sur ses pieds.
— Qui va là ? cria-t-il.
— Qui êtes-vous ? répondit Juve.
— Si c’est vous, Fantômas, riposta la voix, je vous en supplie, tuez-moi tout de suite, par pitié.
— Hé, ce n’est pas Fantômas, hurla Juve, c’est moi, c’est moi Juve ! Qui êtes-vous ?
Un nom monta vers lui, un nom qu’il s’attendait presque à entendre :
— Vous, Juve ? Ah, mon Dieu. Je suis donc sauvé ! C’est Backefelder qui vous parle.
Hélas, Backefelder n’était point sauvé. Doucement, avec des mots qu’il choisissait avec un soin extrême, Juve confia au pauvre milliardaire le détail de ses propres aventures.
— Si vous êtes prisonnier, expliqua-t-il, je le suis, moi aussi.
Juve, pourtant, une heure après et alors que Backefelder lui eut conté comment Fantômas s’était emparé de lui et lui avait coupé les deux oreilles afin de les envoyer respectivement à Juve et à Fandor et tenter ainsi d’effrayer les deux amis, apprit au policier d’étranges détails.
— Mon pauvre Juve, disait Backefelder, si vous êtes prisonnier dans une chambre étroite et sans issue, mon sort ne vaut guère mieux. Fantômas m’a fait monter sur cet ascenseur par une étroite fenêtre qui se trouve à ce que je crois, à deux mètres en-dessous du point où l’appareil s’est immobilisé. Tant que Fantômas a été avec moi, l’ascenseur chargé de notre double poids est resté à la hauteur de la fenêtre, mais quand Fantômas m’a eu quitté, après m’avoir annoncé qu’il me condamnait à mourir de faim dès que j’aurais épuisé les maigres provisions qu’il me laissait, l’ascenseur, délesté de son poids, est monté plus haut que la fenêtre et a fini par s’arrêter au point où vous le voyez. Je sais que la liberté est tout près de moi, à deux mètres, qu’il suffirait que je fisse baisser cet ascenseur de deux mètres pour être de niveau avec la fenêtre, mais cela m’est impossible, je n’ai rien qui me permette de surcharger l’ascenseur.
Or, Backefelder n’avait pas fini de parler, que Juve se frottait les mains.
— Mordieu ! mon bon ami, criait-il, mais alors vous êtes libre, vous êtes absolument libre.
Et comme Backefelder le contemplait avec une incompréhension totale, Juve se hâta d’ajouter :
— Mais parbleu, oui, rien n’est plus simple ! Voyons Backefelder, réfléchissez, je m’en vais vous tirer d’affaire en moins de rien.
— Me tirer d’affaire ? Où est le poids ?
— Enfant, ripostait Juve, mais il y a moi.
— Il y a vous ?
— Écoutez. Mon cher Backefelder, si j’ai un peu de chance et un peu de bonheur, voici ce qui va se passer. Je m’en vais m’accroupir sur le bord de ma fenêtre et m’élancer dans le vide. Oh, n’ayez pas peur, je m’en vais tâcher de saisir le câble de votre ascenseur au passage. Je suis à peu près du même poids que Fantômas, je le sais, je l’ai pesé jadis, et, par conséquent, de deux choses l’une : ou je manque le câble, je dégringole à côté de vous, je me tue, mais le poids de mon corps fait descendre l’ascenseur au niveau de la fenêtre, ou bien j’attrape le câble et, à peine y suis-je suspendu, que l’appareil descend au niveau de la fenêtre et vous permet de vous enfuir.
— Juve, Juve, je vous défends d’agir ainsi, je ne veux pas acheter ma liberté au prix d’un crime et ce serait un crime que de vous autoriser à tenter ce que vous voulez tenter. D’abord, il y a vingt chances pour une que vous manquiez le câble et que vous vous tuiez. Ensuite, même si vous pouviez y arriver, il n’y aurait que l’un de nous deux qui pourrait s’échapper. N’oubliez pas, Juve, que, dès que l’un de nous aura sauté par la fenêtre, l’ascenseur remontera.
— Celui qui s’en ira, ce sera vous, Backefelder.
— Non, non, jamais !
— Je vous en demande bien pardon ! Mon cher Backefelder, j’ai toujours considéré que le suicide était une déplorable lâcheté, mais tout de même, je vous annonce que je vais me suicider immédiatement, sous vos yeux, si vous n’acceptez pas de vous enfuir. Backefelder, vous allez me jurer sur l’honneur qu’au moment où l’ascenseur sera de niveau avec la petite fenêtre, vous vous enfuirez. Si vous ne me le jurez pas, je vous jure, moi, qu’à la minute même, je me précipite dans le vide. Quand je me serai tué en tombant à côté de vous, vous n’aurez évidemment pas de scrupule à vous enfuir en abandonnant mon cadavre.
— Mais, Juve…
— Il n’y a pas de « mais », riposta le policier. Choisissez et donnez-moi votre parole d’honneur. Dans un cas, je me tue et je vous sauve. Dans l’autre, je vous sauve et je ne me tue pas, ce qui fait que, peut-être, vous pourrez aller chercher du secours, prévenir Fandor, amener de la police et, non seulement me tirer des mains de Fantômas, mais encore m’aider à me venger du bandit.
— Soit, déclarait l’Américain, j’accepte votre offre généreuse, Juve. Risquez la mort pour moi, mais, en tout cas, je vous le jure, à partir de cette minute, ma vie vous appartient.
Juve ne répondit pas. Bien décidé à tenter la périlleuse aventure, il élargissait l’ouverture creusée dans sa muraille pour être mieux à même de prendre son élan.
Sur le plateau de l’ascenseur, n’osant regarder en l’air, Backefelder se tenait immobile, le cœur battant, se demandant si Juve allait réussir l’effroyable acrobatie qu’il tentait pour l’arracher à la mort.
Juve, lui, accroupi sur le rebord de sa fenêtre, ouvrait et refermait les mains pour assouplir ses doigts, être mieux prêt à s’agripper au câble.
Entre Juve et Backefelder, un vide de plus de six mètres, de dix mètres peut-être, – Juve ne voulait même pas le regarder – s’ouvrait, béant.
— Si je rate mon coup, cria Juve, si je me tue, vous direz à Fandor que je le charge de me venger. Vous lui direz aussi que je l’aimais bien.
La voix de Juve ne tremblait pas. Il n’hésita plus qu’une seconde, puis, il tenta l’épouvantable saut périlleux.
D’une détente brusque, Juve se jeta dans le vide…
Et, par bonheur, ce qui était une folie, réussit.
Juve put s’agripper au câble, il réussit à étreindre le robuste filin, et ce qu’il avait prévu se produisit : à l’instant même il sentit que l’appareil descendait.
— Victoire ! cria Backefelder.
La plate-forme arrivait au niveau de la petite fenêtre.
— Fuyez, hurla Juve. Allez prévenir Fandor.
— Juve, je ne peux pas vous laisser ici.
— Allez donc, ou je me laisse tomber.
Backefelder ne pouvait plus hésiter :
— Ah, je vous sauverai, Juve, dans cinq heures d’ici, je viendrai vous arracher à votre prison.
Backefelder s’élança par la fenêtre.
Et, tandis que l’Américain s’enfuyait, Juve se laissait glisser au long du câble, finissait par atteindre l’ascenseur, sain et sauf.
L’appareil qui s’était abaissé sous le double poids de Juve et de Backefelder, était immédiatement remonté après la fuite de l’Américain.