Le mariage de Fantomas (Свадьба Фантомаса)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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Le journaliste, s’était donc couché, en désespoir de cause, mais il ne parvenait pas à s’endormir. À un moment donné, Fandor se leva en grommelant :
— Cette insomnie est assommante.
Puis il allait à la fenêtre, arrangeait ses rideaux.
— Il vient de la lumière par là, monologua-t-il, c’est ce qui m’empêche de m’endormir.
Depuis quelque temps déjà, Fandor, en effet, avait remarqué que sur le mur de la chambre opposé à son lit se silhouettaient de temps à autre des lueurs blafardes qui allaient et venaient comme des feux follets.
Et Fandor imaginait que c’étaient là des reflets, des lumières de la rue, qui se glissaient dans son appartement par l’interstice laissé entre les rideaux mal fermés.
Fandor se recoucha, désormais assuré que l’obscurité serait complète. Mais il ne resta pas longtemps étendu. Le journaliste s’assit sur le bord de son lit, interdit, les yeux hagards, cependant que ses lèvres balbutiaient :
— Mais qu’est-ce que cela veut dire ?
Fandor pouvait être étonné. Sur le mur faisant face à son lit se profilait nettement, un grand cercle lumineux, qui allait en s’élargissant. Fandor tourna la tête et s’aperçut que ce pinceau de lumière provenait d’un petit trou percé dans le mur au-dessus de sa tête. Fandor y porta la main, boucha cet orifice insoupçonné jusqu’alors, et détermina l’obscurité complète, mais dès qu’il enlevait le doigt, la tache lumineuse se produisait à nouveau.
Puis, soudain il comprit :
— Parbleu, fit-il, c’est quelqu’un qui a percé le mur et s’amuse à projeter des rayons lumineux par le trou.
Et Fandor s’habillant à la hâte, allait se précipiter à sa fenêtre, l’ouvrir, regarder au dehors, lorsque soudain il s’arrêta pétrifié. La tache lumineuse semblait s’animer et, à la manière d’une toile blanche servant d’écran à une projection cinématographique, le mur reflétait une scène animée extraordinaire :
Fandor, tout d’un coup, voyait Juve, Juve avait sa figure contractée des jours d’angoisse. Le policier marchait sur une route déserte dans une campagne, puis, soudain, Fandor faisait de nouvelles découvertes, les mains de Juve étaient jointes, unies par des menottes, et brusquement, à côté du policier, surgissait la silhouette terrible et redoutable de Fantômas. Or, Fandor s’en rendait compte, c’était là une vue cinématographique, la reproduction de la réalité, la réédition d’un fait que l’on n’inventait point, qui était exact, certain.
Tremblant d’émotion, Fandor continua à regarder le spectacle qui se déroulait devant ses yeux : Juve, lentement, avançait sur l’ordre, semblait-il, de Fantômas, qui marchait derrière lui et faisait de grands gestes, parlait avec animation, cependant que le policier se contentait, soit de hausser les épaules, soit de hocher négativement la tête. Puis, soudain, à un détour du chemin se profilait un gigantesque château dont les fenêtres étaient hermétiquement fermées. À cette apparition, Juve s’arrêtait, mais Fantômas, d’un geste énergique, lui intimait l’ordre d’avancer. Juve obéissait.
— Bon Dieu de bon Dieu ! jura Fandor, qu’est-ce que cela signifie ?
Quelques instants après, Juve précédant Fantômas entrait dans le château dont la porte venait de s’ouvrir, puis celle-ci retombait lourdement derrière eux, et dès lors, c’était l’obscurité absolue.
Fandor hurla :
— Juve est prisonnier de Fantômas, et Fantômas a imaginé cet abominable procédé pour me le faire savoir.
Il se précipitait vers la fenêtre, résolu à courir sur les toits, à s’emparer de l’audacieux opérateur qui venait de lui donner ce spectacle, mais il s’arrêta encore, une nouvelle projection lumineuse annonçait un autre spectacle évidemment.
Et Fandor regarda. Toutefois, c’était la même scène qui repassait devant ses yeux, le mystérieux opérateur tenait évidemment à ce que Fandor en retînt tous les détails. Il faisait repasser la projection une deuxième fois, et celle-ci terminée, Fandor lisait sur le mur lumineux une phrase ainsi conçue :
Juve mourra, si demain vous ne me dites pas où est Hélène. Je dois avoir ce renseignement ce soir, onze heure trois quarts, à…
Puis c’était la nuit, la phrase restait inachevée.
— Malédiction ! jura Fandor, qui frémissait dans l’obscurité.
Mais une projection nouvelle le clouait sur place, et désormais Fandor reconnaissait l’image paraissant devant lui : c’était la place Blanche avec au fond, bien en vue le restaurant de nuit que tous les Parisiens connaissent et qui portait sur sa façade cette enseigne : La Boîte à Joseph.
Fandor comprit aussitôt :
— C’est là que Fantômas me donne rendez-vous, évidemment, la chose est claire, mais dans le cas où je pourrais savoir l’adresse d’Hélène à laquelle il semble tenir si fort – pas autant que moi cependant – à qui devrai-je communiquer le renseignement ?
Une nouvelle projection répondait à la question mentale que se posait Fandor. L’appareil cinématographique, évidemment placé de l’autre côté du mur de la pièce, projetait le portrait très agrandi d’une femme à l’altière beauté, à la silhouette élégante.
— L’écuyère de Grenelle.
Le journaliste reconnaissait en effet fort bien la femme. C’était celle qu’il avait aperçue pour la première fois lors de la bagarre de l’omnibus Auteuil-Saint-Sulpice, celle qu’il avait d’abord prise pour Hélène en la voyant s’élancer si hardiment sur le cheval échappé au palefrenier, puis, qu’il avait identifiée ensuite pour être une sorte de danseuse espagnole égarée dans le monde des apaches, où on la connaissait sous le nom de La Recuerda.
Et désormais, Fandor, résumait ainsi la situation :
— Parbleu c’est clair ! Demain soir, il faudra que je retrouve cette femme à onze heures trois quarts, à la Boîte à Joseph, que je lui donne l’adresse de l’endroit où se trouve Hélène, sans quoi Fantômas, impitoyable, mettra sa promesse à exécution et Juve périra.
Depuis dix minutes déjà, la chambre de Fandor était replongée dans l’obscurité et le journaliste apeuré ne bronchait pas. Soudain, comme mû par un ressort, il bondit à sa fenêtre, en écarta les battants violemment, sauta sur la gouttière, atteignit le toit.
— Je suis fou, pensait-il, de ne m’être pas précipité à la poursuite du mystérieux opérateur qui m’a fait voir cet odieux spectacle. Ce ne pouvait être que Fantômas.
« Hélas, se dit Fandor, cependant que d’un coup d’œil désolé, il embrassait l’ensemble des toitures, hélas, il a dû fuir, disparaître depuis longtemps.
Et le journaliste baissant la tête, regagna sa chambre.
***
Il était dix heures du matin et Jérôme Fandor, qui n’avait pas fermé l’œil de la nuit, arpentait d’un pas rapide l’interminable rue de la Croix-Nivert. Il longeait, préoccupé, troublé, le mur de l’immeuble appartenant aux Pompes funèbres, puis, parvenu à l’entrée du lugubre établissement, où il sonnait, il attendit quelques instants. Un serviteur en livrée noire à boutons d’argent vint lui ouvrir, s’inclina très bas, et, sans demander au journaliste les motifs de sa visite, l’introduisit dans un petit salon placé tout à proximité de la porte d’entrée.
— Que monsieur, dit-il, veuille bien patienter une minute, on va venir tout de suite se mettre à sa disposition.
D’un regard machinal, Fandor étudia la pièce où il se trouvait. Elle était meublée sobrement à l’anglaise et paraissait être un petit salon d’attente comme il y en a dans les banques de bon ton. Toutefois, les opérations commerciales traitées par la maison se révélaient immédiatement par la nature des croquis et des gravures qui ornaient les murs. C’étaient dans des cadres de verre, invariablement, des photographies de corbillards de toutes natures, de toutes catégories. Il y avait là des voitures attelées de quatre chevaux recouverts de grandes robes noires, ces véhicules étaient surchargés de draperies, surmontés de panaches. D’autres gravures représentaient des corbillards moins élégants et enfin, on finissait par en découvrir de très simples.