Le mariage de Fantomas (Свадьба Фантомаса)
Le mariage de Fantomas (Свадьба Фантомаса) читать книгу онлайн
продолжение серии книг про Фантомаса
Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала
Une porte s’ouvrit. Quelqu’un se présenta à lui, un jeune homme blond et pâle, au visage distingué, aux vêtements de coupe irréprochable :
— Permettez-moi, fit le nouveau venu, de me présenter à vous, monsieur, je suis le marquis Ange de Villars, directeur de la maison. Je me doute des circonstances douloureuses qui vous amènent à solliciter mon concours, soyez assuré que…
Fandor interrompit l’élégant personnage :
— Je vous demande pardon, monsieur, fit-il, je ne viens pas pour un enterrement, mais pour vous demander la faveur de m’autoriser à voir de toute urgence une personne employée dans votre administration. Il s’agit de M me Delphine Fargeaux à laquelle j’ai une importante communication à faire.
— S’il s’agit d’une affaire de service, monsieur, je suis là pour répondre au nom de mes employés.
— C’est pour une affaire personnelle, monsieur, strictement personnelle. Je vous en prie, accordez-moi la faveur que je sollicite.
— C’est entendu, fit le marquis Ange de Villars, qui se retira, ayant cérémonieusement salué le journaliste.
Quelques instants après, Delphine Fargeaux arrivait, stupéfaite, de voir Fandor.
— Monsieur, demanda-t-elle, pour quel motif… ?
Mais Fandor, sans s’attarder à des préliminaires, entrait dans le vif du sujet.
— Madame, fit-il, vous voyez devant vous quelqu’un que torture une angoisse profonde. Peut-être avez-vous entendu parler des extraordinaires aventures qui, depuis plusieurs années bouleversent mon existence. Il me faut aujourd’hui savoir à tout prix ce qu’il est advenu d’une personne à laquelle je m’intéresse énormément, tenez, je vais tout vous dire, il s’agit d’une femme que j’aime, d’une jeune fille qui s’appelle Hélène.
— Hélène, la fille de Fantômas ? s’écria Delphine Fargeaux.
— Vous la connaissez, n’est-ce pas ? Je sais par Juve, d’ailleurs, qu’il y a quelques mois, son existence a été liée à la vôtre. Je vous en prie, madame, dites-moi tout, absolument tout ce que vous pouvez savoir d’elle.
L’émotion de Fandor était si sincère, si communicative, que Delphine Fargeaux eut pitié de lui.
Elle raconta à Fandor les événements qui lui étaient survenus, les tragiques circonstances dans lesquelles son frère, puis son mari, avaient péri, victimes indubitablement de Fantômas, puis elle précisait l’enlèvement d’Hélène par l’infant d’Espagne, et enfin, prenant des précautions pour ne point trop émouvoir le journaliste, elle lui dit ses craintes, au sujet de la mort de cette mystérieuse personne que don Eugenio avait fait enterrer sous le nom de Mercédès de Gandia.
À la fin de ce récit, Fandor était blême, mais il y avait dans ce cœur généreux des trésors d’énergie. Il remercia sincèrement Delphine Fargeaux de ce qu’elle venait de lui dire et se précipita comme un fou hors du macabre établissement que dirigeait le marquis Ange de Villars.
Une demi-heure plus tard, Fandor carillonnait à la porte de l’hôtel de l’infant d’Espagne, rue Erlanger. La rue était déserte, les abords de l’hôtel silencieux, l’intérieur de la demeure restait muet.
Fandor, le visage contracté, mordant ses lèvres pour dissimuler son émotion, sonna pendant un quart d’heure.
Le journaliste ne se résignait pas. Il carillonna encore, s’écarta de la maison en scrutant du regard les abords. Soudain quelqu’un l’interpella. C’était un cantonnier :
— Vous perdez votre temps, jeune homme, proféra celui-ci, il n’y a personne. Les patrons et les domestiques sont partis depuis quelques jours.
— Ah, fit Fandor, d’un air si désolé que le cantonnier s’en aperçut.
— Ça vous embête, hein ? vous auriez voulu les voir ces gens-là ?
— Oui, déclara Fandor, qui, dans l’espoir que ce cantonnier pourrait le renseigner, se faisait loquace. On m’a promis une place chez l’infant d’Espagne.
— Une place ? Vous n’avez pourtant pas l’air d’un domestique.
— C’était une place d’employé, de secrétaire.
— Ah oui, fit le cantonnier, probablement que vous êtes comptable de votre métier ?
— C’est cela, fit Fandor. Renseignez-moi donc un peu. Quelqu’un, m’a-t-on dit, est mort dans la maison tout récemment ?
— Oui, même que l’enterrement a été superbe. Seulement ça m’a donné du travail. Parce que les Pompes funèbres ont fait des dégâts. Ils ont creusé la chaussée et laissé des bouts de fleurs partout.
— Connaissiez-vous la personne que l’on a enterrée ?
— Je la connaissais pour l’avoir vue deux ou trois fois quand elle venait voir l’infant d’Espagne. C’était sa nièce qu’on m’a dit.
— Comment était-elle ?
— Ah une belle fille, je vous jure, et je m’y connais, une superbe brune. Paraît que c’était la nièce de l’infant, mais elle n’habitait pas avec lui. C’était même assez rare quand on voyait la demoiselle venir rendre visite à son oncle.
— Merci, dit Fandor, cependant qu’à demi rassuré, il quittait la rue Erlanger.
Mais il n’avait pas fini sa journée, bien au contraire. Pendant quelques heures, il courut Paris, apprit par la mairie, que les obsèques célébrées rue Erlanger, quelques jours auparavant, étaient très régulièrement celles de M lle Mercédès de Gandia, nièce de don Eugenio, infant d’Espagne. Et cela lui redonna courage. Le journaliste se disait que, vraisemblablement, ce ne pouvait être Hélène. Hélène au contraire devait avoir été enlevée par l’infant, comme le lui avait appris Delphine Fargeaux. La jeune fille, sans doute, se trouvait encore au pouvoir de son ravisseur. En Espagne, selon toute probabilité, dans l’inaccessible résidence de don Eugenio. Au palais de l’Escurial.
***
À onze heures du soir, Fandor était place Blanche. Trois quarts d’heure plus tard, il s’introduisait dans le restaurant où il pensait avoir rendez-vous avec l’écuyère de Grenelle.
À peine eut-il pénétré dans l’établissement, que Fandor sursauta. La première personne qu’il vit, au fond du café était la Recuerda.
Le cœur du journaliste battit violemment. Ainsi donc il ne s’était pas trompé ? Il avait compris le rendez-vous de Fantômas, et Fandor, désormais, se disait :
— J’ai gagné la première manche. Je ne lâcherai pas la partie jusqu’à ce que j’aie sauvé Juve.
— Vous m’attendez, madame ?
— Peut-être monsieur. Je crois en effet que vous avez une commission à me faire.
— Causons, voulez-vous ?
— Vous n’avez cependant, dit-elle, qu’une chose à me dire, si j’en crois les indications de votre ami.
— De mon ami ? interrogea Fandor qui, du coin de l’œil regardait l’Espagnole, de quel ami voulez-vous parler ?
— Du cocher John.
— Ah, parfaitement, dit Fandor, qui ne comprenait pas, mais sentait qu’il fallait jouer serré. Vous informerez donc, le cocher John, qu’Hélène est à l’Escurial.
Mais surprise, la Recuerda eut comme un soubresaut, puis étouffa un éclat de rire.
— Non, expliqua la Recuerda, mais enfin, vous savez ce que c’est que l’Escurial ?
— Oui, c’est un palais en Espagne, à quelques kilomètres de Madrid.
— Vous savez qui habite ce palais ?
— C’est la demeure de l’infant d’Espagne don Eugenio.
— Quand il n’est pas à Paris.
— Vous avez l’air bien renseignée. Vous le connaissez ?
— Non, mais j’ai entendu parler de lui. Je sais qu’il a quitté son hôtel de la rue Erlanger.
— Et vous savez pourquoi, sans doute ?
La Recuerda hocha la tête et le journaliste, qui la regardait dans le blanc des yeux, précisa :
— En tout cas, il a quitté Paris au lendemain des obsèques de sa nièce Mercédès de Gandia.
— Mercédès de Gandia est morte ?
— Morte et enterrée, mais qu’avez-vous donc ?
L’interlocutrice de Fandor était devenue pâle. Elle avait porté la main à son front. Un instant plus tard, s’étant retournée, elle regardait attentivement dans la glace placée derrière elle.
Fandor ne comprenait rien à cette mimique. Il allait toutefois questionner son énigmatique compagne, il n’en eut pas le temps. Celle-ci se levait précipitamment, en proie, semblait-il, à une émotion violente.