Le mariage de Fantomas (Свадьба Фантомаса)
Le mariage de Fantomas (Свадьба Фантомаса) читать книгу онлайн
продолжение серии книг про Фантомаса
Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала
Juve eut beau se jeter en arrière, se débattre, vouloir s’accrocher coûte que coûte au sol, il ne pouvait y réussir. La mousse sur laquelle il marchait lui avait voilé un piège épouvantable. Il tombait au fond d’un trou, profond de quelques mètres, creusé en forme d’entonnoir renversé, et le policier, en constatant la forme spéciale de ce précipice avait eu immédiatement l’impression qu’il ne parviendrait pas à remonter seul jusqu’au niveau du sol.
Juve, d’ailleurs, après avoir roulé sur les parois du précipice se meurtrissait et s’écorchait, s’affalant lourdement au fond. Il n’était pas tombé de haut, mais il était tombé en se débattant et sa tête avait porté si violemment contre une grosse pierre qu’il en était encore tout étourdi.
— Hum ! pensa Juve, en regardant l’extraordinaire ravin dans lequel il venait de choir, je ne peux guère me faire d’illusion, je viens de rouler dans une fosse qui doit être destinée à me servir de tombeau.
Juve, d’ailleurs, eut peu de temps pour réfléchir à l’horreur de sa situation. Il venait à peine de se relever, il avait à peine repris conscience, qu’une voix railleuse l’apostrophait :
— Décidément, mon cher Juve, vous avez lourdement manqué de flair depuis ce matin et vous accumulez les gaffes !
Oh, cette voix, cette voix qui parlait, qui appartenait à un homme invisible, Juve la reconnaissait à la minute. Il n’y avait qu’un être au monde qui pût rire de ce rire.
— Fantômas, hurla Juve, finissons-en ! Vous m’avez pris, tuez-moi, j’aime mieux périr en tombant dans un piège dressé à ma pitié que vivre en étant lâche ; je me doutais bien que Backefelder n’était pas votre prisonnier, je pensais bien que la lettre de ce matin était une ruse, tant pis, je ne pouvais pas risquer la possibilité de ne point aller au secours d’un malheureux.
Mais la voix de Fantômas interrompit Juve :
— La paix ! ordonnait rudement le bandit, nous ne sommes pas ici pour faire des phrases. Et je n’ai nullement l’intention de vous tuer.
— Vraiment ?
— Je vous en donne ma parole.
— Juve, poursuivit Fantômas – mais désormais sa voix était devenue plus douce, moins sarcastique – Juve je veux que vous viviez.
— Grand merci, Fantômas, mais vos désirs ne seront pas réalisés, j’ai un revolver dans ma poche qui me permettra…
— Vous n’avez pas de revolver.
Avant même que Fantômas lui eût affirmé qu’il n’avait pas de revolver, Juve s’était aperçu, en effet, en se fouillant fébrilement, qu’il n’avait pas son fidèle browning. La poche de son veston avait été fendue, l’arme avait dû tomber. Juve avait été dépouillé de son seul moyen de défense sans qu’il s’en fût même rendu compte.
— Vous n’avez pas de revolver, poursuivait Fantômas, parce que j’ai fait en sorte que vous soyez désarmé, pour vous éviter toute pensée funeste. En revanche, Juve, vous avez dans la poche de votre pardessus une excellente paire de menottes, du système breveté récemment adopté par la Sûreté. Est-ce exact ?
— C’est exact.
— Alors, continuait Fantômas, voici ce que j’ai à vous proposer, Juve : vous êtes mon prisonnier, il vous est matériellement impossible de vous échapper de ce piège où vous avez eu la maladresse de tomber. D’autre part, je suis bien résolu à ne vous rendre la liberté que le jour où vous m’aurez dit où se trouve Hélène. Donnant, donnant. Jadis, en Angleterre, nous avons déjà fait un pacte et nous l’avons respecté. Faisons-en un nouveau. Dites-moi où est ma fille et vous êtes libre.
Fantômas faisait une pause. Juve, avec le flegme qu’il eût mis à discuter de questions totalement indifférentes, en profita pour remarquer :
— Mais tout cela n’a rien à faire avec mes menottes. D’ailleurs, Fantômas, je vous ai dit à maintes reprises déjà, je vous l’ai fait dire par Backefelder au moins, et Fandor vous l’a répété, que j’ignorais où était Hélène.
— Sans doute, mais je ne l’ai pas cru.
La discussion se poursuivait, surprenante, tragique et cependant fort calme. Juve jouait sa vie en répondant à Fantômas qu’il ne savait point où était Hélène. Fantômas, à coup sûr, qui recherchait sa fille avec tant d’ardeur, souffrait terriblement en entendant cette affirmation, et pourtant, ni lui ni le policier ne haussaient le ton, on eût cru qu’ils se trouvaient dans un salon, et qu’ils causaient de choses sans importance :
— Juve, je ne vous crois pas. Je sais que vous prétendez ignorer où est Hélène, mais peu m’importe. Je suis persuadé que vous pouvez retrouver ma fille ou m’aider à la retrouver. Voulez-vous vous allier pour cela avec moi ?
— Non.
— Vous préférez demeurer mon prisonnier ?
— Oui.
Et Juve était sincère, car, sachant l’amour que Fandor éprouvait pour Hélène, il ne pouvait admettre que la fille de Fantômas retombât jamais aux mains de son père, ce qui eût été évidemment le pire des malheurs pour la malheureuse jeune fille.
Or, à la réponse catégorique du policier, Fantômas avait paru pris d’une rage subite :
— Alors, hurlait-il, apprêtez-vous, Juve, à pourrir dans la prison que je vous choisirai. Au surplus, je suis persuadé que six mois, un an de captivité, vous feront changer d’avis. Et puis, il ne s’agit pas de cela, Juve. Pourquoi avez-vous voulu venir au secours de Backefelder ?
— Est-il donc votre prisonnier ? interrogea Juve.
— Sans doute, et ce sont bien ses deux oreilles que je vous ai envoyées à vous et à Fandor.
— Pourtant, la lettre était fausse, j’imagine ?
— Elle était écrite par moi, riposta Fantômas.
Mais le bandit s’interrompit :
— Ah ça, faisait-il, Juve, je vous trouve extraordinaire, ma parole. Vous m’interrogez, je n’ai plus à vous répondre. Taisez-vous. Mort de Dieu ! c’est moi qui commande. Vous devriez vous souvenir Juve, que les ordres de Fantômas sont sans réplique.
Juve se tut, attendant les événements.
Du fond de son trou, Juve entendait, sans le voir, Fantômas qui marchait de long en large, à quelque distance du piège. Brusquement le bandit s’arrêta, se rapprocha du précipice :
— Juve.
— Fantômas ?
— Je vous ordonne de vous passer les menottes que vous avez dans votre poche. Quand vous les aurez, vous me donnerez votre parole d’honneur qu’elles sont réellement cadenassées et vous me jetterez la clé.
— Et pourquoi ferais-je cela, Fantômas ?
— Parce que, faisait le bandit, j’ai l’intention de vous transférer de ce trou dans une autre prison où vous serez mieux, Juve. Juve, je ne veux pas que vous mourriez. Il faut que vous me disiez où est ma fille. Il faut que vous m’aidiez à la retrouver.
— Jamais !
— Si, vous aurez pitié.
— Pitié ? Je croyais que vous ne connaissiez pas le sens de ce mot, Fantômas ?
Ce fut le bandit qui n’osa point répondre. Juve, pourtant, au même moment songeait :
— Après tout, n’ai-je pas intérêt à être transféré hors de ce piège ? Je suis certain de ne pouvoir en sortir seul, qui sait si ailleurs je n’arriverai pas à fuir ?
Juve se passa les menottes, jeta la clé à Fantômas.
— Je suis prisonnier, déclara-t-il, emmenez-moi si vous le voulez.
Fantômas répondait :
— Aurez-vous pitié, Juve ?
Et il semblait, en vérité, tant il y avait d’angoisse et de souffrance dans cette question, que c’était Fantômas le vaincu.
11 – SUR LES TRACES D’HÉLÈNE
Il était environ minuit, une heure du matin, peut-être, Fandor ne dormait pas. Le journaliste s’était couché, l’esprit préoccupé, soucieux. La journée qui avait mal commencé par son incarcération au poste de police du faubourg Montmartre, s’était plus mal achevée encore. Certes, il avait eu la satisfaction de voir Juve, d’être libéré par lui, mais à peine avait-il pu s’entretenir avec son ami le policier que les deux hommes étaient obligés de se séparer. Ils avaient pris rendez-vous pour la soirée, or, Fandor avait attendu en vain l’inspecteur de la Sûreté. Juve, l’homme exact par excellence, n’avait pas donné signe de vie, Fandor l’avait inutilement attendu. De guerre lasse, Fandor après un repas rapide dans le restaurant même où Juve devait venir le rejoindre, était rentré chez lui, perplexe, la communication téléphonique qu’il avait demandée avec l’appartement de Juve était restée sans réponse.