Le mariage de Fantomas (Свадьба Фантомаса)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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Il voulait fuir ce spectacle extraordinaire. Impossible. Sa compagne, en proie à l’émotion que l’on devine, poussait des hurlements, appelait au secours.
Quelques passants s’étaient approchés, cherchaient à comprendre ce qui motivait l’agitation de ces deux personnages, puis quelqu’un d’abord, deux ou trois personnes ensuite, comme Barnabé et la vieille femme aperçurent l’étrange apparition en train d’évoluer dans le cimetière.
Rapidement, la foule grossissait. Quelle émotion sur le pont Caulaincourt ! On s’attroupait. Les voitures avaient peine à passer. Des cochers tempêtaient, cependant que les conducteurs d’automobiles, impatients de poursuivre leur course folle à travers Paris, faisaient ronfler leurs moteurs et retentir leur corne d’appel.
La police – enfin intriguée – arriva sur les lieux, s’efforça de rétablir la circulation. En vain. Les agents ne comprenaient pas les explications qu’on leur fournissait dans l’assistance :
— Il y a des voleurs dans le cimetière, disaient certains, cependant que d’autres, plus troublés, plus émotionnables aussi sans doute, affirmaient :
— Non, ce sont des revenants, ce sont les morts qui reviennent.
Les agents indécis ne savaient que faire. Ils se contentaient de pousser, avec une patiente énergie, ceux qui s’obstinaient à stationner.
Mais on leur obéissait avec peine. Puis une femme tomba par terre, eut une crise de nerfs, on s’empressa autour d’elle, on faillit l’étouffer en voulant lui prodiguer des secours. Quelques personnes se dévouant la descendirent vers le boulevard pour la conduire dans une pharmacie. Elle avait certainement vu, celle-là, vu le fantôme. D’ailleurs plus nombreuse devenait la foule, plus on acquérait la certitude que les deux premiers témoins de ce spectacle inadmissible, n’avaient pas été l’objet d’une hallucination. À un moment donné, une clameur angoissée retentit et la foule, se bousculant, recula de la balustrade, courut au côté opposé. Tout le monde venait de voir le spectre se rapprocher, venir au pied du pont puis disparaître dessous. Quelques jeunes gens plus audacieux que les autres dégringolaient rapidement le petit escalier qui, du pont Caulaincourt, conduit à l’avenue Rachel. Suivis par d’autres, ils se rapprochaient de l’entrée du cimetière. La grosse porte de fer était close depuis longtemps, cependant on y carillonnait. Le tintement clair de la sonnette résonna dans un silence impressionnant.
— Il faut faire une perquisition tout de suite, avertir la police, avait suggéré quelqu’un.
En attendant on réveillait le gardien. Au bout de quelques instants une petite porte sur le côté s’entrebâillait, un homme à demi vêtu, les yeux encore bouffis de sommeil, apparaissait. Il recula épouvanté à la vue de la foule massée dans l’avenue Rachel.
— Qu’est-ce que c’est ? qu’est-ce qu’il y a ? interrogea-t-il.
En vain lui aussi s’efforçait-il de comprendre les explications qu’on lui donnait, il répéta, machinalement, les paroles en apparence incohérentes qui retentissaient à ses oreilles :
— Des voleurs ? des spectres ? des revenants ? qu’est-ce que vous me chantez là ?
L’homme poussa un cri, agita les bras, protesta :
— Non, non, on n’entre pas, c’est défendu.
Mais en vain, cherchait-il à s’interposer. La foule envahit le cimetière et par la porte ouverte les gens s’introduisirent en masse dans la nécropole.
Il y avait là des élégants, des fêtards en habit coiffés de hauts-de-forme et qui ricanaient, serrant de près des femmes aux toilettes tapageuses avec lesquelles ils venaient de boire dans les établissements de nuit de Montmartre.
Au milieu d’eux grouillait une troupe miséreuse de pauvres gens mal vêtus, de vieilles déguenillées, d’hommes à face patibulaire. Et tout ce monde-là fraternisait, se rapprochait, semblait d’accord pour atteindre un même but : on voulait à toute force visiter le cimetière, savoir, avoir la clé de l’énigme qui préoccupait tout le monde depuis déjà plus de trois quarts d’heure.
Les agents, impuissants à mater la foule, s’étaient résignés à la suivre et les deux sergents de ville qui avaient été attirés par l’attroupement du pont Caulaincourt, pénétrèrent, eux aussi, dans le cimetière. Barnabé, moins ivre qu’une heure auparavant, semblait diriger la marche des gens qui, désormais troublés par le silence impressionnant des tombes et quelque peu gênés par le voisinage des caveaux mortuaires, semblaient de moins en moins désireux d’aller plus avant au fur et à mesure qu’on avançait. Une petite femme, qui n’avait pas lâché le bras de son ami, après avoir été des plus acharnées à pénétrer dans le cimetière, se roidit contre l’émotion et supplia, tremblante :
— Allons-nous-en.
Son compagnon ne demandait pas mieux que de la satisfaire ; il regrettait aussi de s’être ainsi avancé, il fit volte-face avec sa compagne. Ce mouvement semblait être un signal, et bon nombre de ceux qui s’enfonçaient dans l’obscurité froide du champ de repos les imitaient, reculaient, s’en allaient, regagnaient avec satisfaction le monde des vivants.
Et, au bout de quelques minutes, ce que les agents avaient été impuissants à obtenir, la solennité tragique du voisinage de la mort le réalisait. Comme par enchantement, le cimetière se vidait et il ne restait plus que quelques personnes assez acharnées, assez audacieuses, pour continuer la marche en avant, pour poursuivre les recherches.
Il y avait là toujours Barnabé, les agents, le gardien du cimetière qui n’était pas encore revenu de sa stupéfaction et s’affolait à l’idée du scandale que constituait cette invasion nocturne. Il y avait aussi deux messieurs bien habillés, quelques pierreuses au visage tragique, un homme aux allures de domestique de bonne maison, le cocher John.
Celui-ci, toutefois, ne tardait pas à disparaître. Quant à la vieille femme que l’on avait vue à côté de Barnabé et qui, la première, avait signalé l’apparition du spectre, elle s’était depuis longtemps éclipsée.
Le cimetière semblait plongé dans la tranquillité la plus absolue. On n’entendait plus rien et les bruits de la ville, déjà lointains, n’y parvenaient que très atténués. Des bouffées d’air froid semblaient surgir du fond de la terre, s’échapper de mystérieuses ouvertures ménagées à l’entrée des caveaux.
Cependant, la petite troupe restée dans le cimetière s’enhardissait peu à peu. Depuis quelque temps déjà, on n’avait rien remarqué d’insolite, et la vision qui avait stupéfié tant de monde paraissait s’être évanouie définitivement. On venait de passer sous le pont Caulaincourt et, machinalement, les gens quittant l’avenue de l’Ouest, s’avançaient vers le fond du cimetière, lorsque soudain ceux qui marchaient les premiers, poussèrent une exclamation et s’arrêtèrent brusquement :
— Le voilà, murmurèrent-ils. Encore le fantôme.
Il y eut un mouvement de désordre, on hésitait. Allait-on fuir ou continuer à s’avancer ?
Le gardien du cimetière, plus aguerri peut-être que les autres, eu égard à sa profession et à l’accoutumance qu’il avait contractée de vivre comme chez lui parmi les morts, s’était mis au premier rang et, prenant le bras de Barnabé, il l’entraînait avec lui.
— Viens voir, dit-il, c’est pas possible, il faut tirer cette affaire au clair.
Barnabé n’était pas plus rassuré que cela, d’autant qu’il venait de remarquer quelque chose qui n’était guère pour lui convenir.
La dernière apparition du spectre mystérieux venait de se produire à droite du carrefour de l’avenue de l’Ouest. Or Barnabé savait que c’était là que se trouvait le caveau de la famille de Gandia, que c’était là que, quelques jours auparavant, on avait enseveli la bière remplie de sable dont il avait si mystérieusement dissimulé le contenu au commissaire des morts, d’accord avec le père Teulard. S’agissait-il là d’une pure coïncidence, ou bien alors fallait-il y voir un rapprochement avec cette louche aventure ?