Le mariage de Fantomas (Свадьба Фантомаса)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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Cette commission consistait à dire à Delphine Fargeaux, si comme c’était probable, Bouzille la rencontrait, qu’un homme, un certain M. John, désirait ardemment lui parler et qu’il l’attendrait jusqu’à deux heures du matin à la troisième table à droite, au Moulin-Rouge.
Or, Bouzille, qui, de l’intérieur du Diabolosurveillait la place Blanche, avait soudain vu passer la jeune femme et s’était précipité.
— Écoute voir, Delphine, lui annonça-t-il, il y a un type chic qui veut faire ta connaissance, il m’a chargé de te prévenir, il t’attend, faut profiter de l’occasion.
Delphine, médiocrement satisfaite, toisa l’ancien chemineau :
— Est-ce que j’ai l’habitude d’accepter des combinaisons de ce genre et puis, je me méfie de tes types chics. Pour toi qu’est-ce que ça doit être ?
— Oh protesta Bouzille, je m’y connais, cet homme-là c’est un cocher de bonne maison, j’en suis sûr, il me l’a d’ailleurs dit, et pas cocher d’une maison à la manque, il a servi ces derniers temps chez l’infant d’Espagne, don Eugenio.
Cette dernière déclaration décida Delphine Fargeaux :
— Où dois-je le rencontrer ?
Bouzille précisa le rendez-vous, puis, suivit des yeux la jeune femme qu’il vit s’engouffrer sous la voûte lumineuse descendant au Moulin-Rouge.
Ainsi que l’avait indiqué Bouzille, seul à la troisième table, à droite du restaurant, un homme attendait. Il avait le visage hâlé des gens qui vivent au grand air, une chevelure rousse coupée ras, des favoris descendant jusqu’au lobe des oreilles, il était vêtu avec recherche et l’élégance spéciale qui dénotait sa profession.
Toutefois, quiconque l’aurait examiné aurait été incapable de reconnaître en lui, en ce cocher bien caractéristique, fait sur le modèle de tous les cochers anglais, le Roi du Crime, le Maître de l’Effroi, grimé avec cet art qui n’était qu’à lui.
Le bandit, qui affectait une tranquillité absolue, eut un léger tressaillement de satisfaction lorsque, au bout d’une heure et demie d’attente, il vit apparaître à l’entrée de la salle Delphine Fargeaux. Il se leva, lui fit un signe imperceptible que cependant la jeune femme remarqua, puis tous deux s’installaient, se regardaient, gênés, embarrassés, comme lorsque deux inconnus se trouvent ensemble et ne savent que se dire.
Le cocher John, puisque c’est sous ce nom que Fantômes se présenta, venait de faire apporter une bouteille de champagne et Delphine qui le considérait attentivement s’emballait aussitôt sur lui, se disant qu’assurément si cet homme-là n’était pas un vulgaire cocher, il lui plairait par ses belles manières et son allure.
Cependant, Fantômas, avec une remarquable habileté, incitait Delphine Fargeaux à faire très insensiblement un retour en arrière sur son existence passée. À quelques allusions discrètes, Delphine comprit que le cocher était au courant de son existence antérieure, savait qu’elle avait été mariée, châtelaine de ce que l’on appelait dans les Landes le château de Garros, et dès lors, le cocher John flattait la jeune femme en affectant d’avoir pour elle une grande et respectueuse admiration.
Delphine Fargeaux avait une certaine vanité et tirait volontiers gloire de son passé. Elle ne s’étonnait pas que le cocher John en eût connaissance puisqu’il était cocher de l’infant. À un moment donné Delphine, avec une pointe d’amertume, déclara :
— Dire qu’au lieu d’être ce que je suis, j’aurais pu être infante d’Espagne.
— Vraiment ? fit le cocher, l’air interloqué.
Et dès lors, Delphine, rendue bavarde par l’effet du champagne, racontait à son interlocuteur les extraordinaires aventures auxquelles elle avait été mêlée.
Don Eugenio l’avait aperçue à la chasse, s’était épris de ses charmes, s’était juré d’en faire sa maîtresse ; Delphine Fargeaux ne demandait pas mieux, l’infant lui plaisait et puis, c’était un grand seigneur. Alors que tout devait s’arranger pour le mieux, une femme mystérieuse survenait soudain et, volontairement ou non, barrait la route à Delphine Fargeaux, s’interposait entre elle et l’infant, finalement, était enlevée en son lieu et place par les hommes du grand d’Espagne.
Fantômas, intéressé par cette aventure qui remontait à deux mois à peine, interrogeait :
— Cette femme qui était-elle ?
Delphine Fargeaux proféra son nom :
— Hélène, dit-elle, je la connaissais sous le nom d’Hélène.
Et, parlant plus bas, elle ajouta :
— J’ai appris qu’elle était la fille du plus terrible bandit qui soit au monde, la fille de Fantômas.
Pas un muscle du visage de l’interlocuteur de Delphine ne bougea et cependant Fantômas éprouvait une violente émotion. Il se contenta d’interroger d’une voix calme, qu’il voulait rendre indifférente :
— Enlevée, m’avez-vous dit ? cette Hélène a été enlevée par l’infant d’Espagne et conduite où ?
— Je ne sais pas, mais je suppose que don Eugenio a dû l’emmener là où il était convenu que j’irais moi-même, dans ses appartements privés, au palais de l’Escurial.
— Ah ! fit Fantômas qui allait poser une autre question, mais qui s’arrêta et pâlit.
Delphine Fargeaux venait de murmurer :
— Mais tout cela c’est de l’histoire ancienne et j’aime à croire que ça ne lui a pas porté bonheur à cette Hélène, car, à moins que je me trompe beaucoup, il y a pas huit jours qu’elle est morte et qu’elle a été enterrée.
— Que voulez-vous dire ?
Mais, au fur et à mesure que Delphine parlait, Fantômas reprenait son calme.
La jeune femme, en effet, émettait cette hypothèse :
— On a toujours ignoré l’existence d’une infante qui serait la nièce de don Eugenio ; or voici que ces jours derniers, on a annoncé la mort de M lleMercédès de Gandia, nièce de l’infant et que l’on procédait à ses obsèques.
Dans l’esprit de Delphine Fargeaux, la Mercédès défunte n’était autre qu’Hélène. Quant à savoir si cette Hélène était morte naturellement ou par le fait d’un crime, elle ne se prononçait pas.
Delphine Fargeaux parla longtemps, bavarde et indiscrète, comme le sont toutes les femmes dès qu’elles sont un peu grises.
Fantômas cependant, écoutait de moins en moins ; au cours de cette soirée, pendant son entretien avec Delphine Fargeaux, il n’avait retenu que ceci : c’était bien Hélène, sa fille qui avait été enlevée par l’infant, mais il ne pouvait croire à sa mort, pour cette double raison, d’abord que le cercueil où elle aurait dû se trouver était vide, et ensuite que la mort d’Hélène ne pouvait profiter d’aucune façon à don Eugenio.
Ce qu’ignorait Delphine Fargeaux, Fantômas le savait. Que Mercédès de Gandia existait fort bien, sa disparition certes, pouvait être profitable à don Eugenio qui en héritait, mais Mercédès de Gandia avait-elle disparu, était-elle morte ?
9 – LE FANTÔME DU PONT CAULAINCOURT
— C’est-y malheureux, c’est-y malheureux… sûrement qu’il n’y a pas de bon Dieu au ciel, sans cela il aurait fait le chemin moins long pour aller du bistrot à ma cambuse, en voilà des kilomètres ! Jamais je n’arriverai au bout, surtout qu’il fait plus noir que dans un tunnel.
Sur le boulevard de Clichy, vers une heure du matin, Barnabé le fossoyeur zigzaguait. Complètement ivre une fois de plus, il rentrait chez lui ou tout au moins essayait de le faire, en suivant les itinéraires les plus détournés. Tout en marchant, Barnabé poursuivait son monologue :
— Bonsoir, m’sieurs dames, est-ce qu’on siffle encore un verre ?
Il se heurta soudain contre une barrière qui manqua de le faire basculer :
— Hé, grommela-t-il d’une voix pâteuse, je parie que c’est encore le père Bistrot qui me fiche son comptoir dans les jambes. Ah saloperie !
D’une main hésitante, Barnabé palpa ce qu’il venait de rencontrer, mais soudain il comprit ce dont il s’agissait :
— Non, grommela-t-il, c’est pas dans le zinc que je suis tombé, je viens de me cogner dans la balustrade du métro. Fichue invention que de mettre ces trucs-là au milieu des trottoirs.