Le mariage de Fantomas (Свадьба Фантомаса)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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Mais bien vite il ne pensa plus. Un engourdissement le prenait, une invincible envie de dormir. Quelque temps il lutta, voulut lutter contre ce sommeil subit, une dernière pensée lui traversa l’esprit :
— Morbleu, on vient de m’injecter un soporifique.
Et puis le sommeil fut victorieux, il ferma les yeux, il perdit connaissance, il ne fut plus conscient de quoi que ce fût.
***
Fandor, quelques heures plus tard, se réveillait avec un fort mal de tête, une terrible courbature. Où était-il ?
Il jeta les yeux autour de lui, regarda l’étrange endroit où il se trouvait, puis soudain se demanda s’il n’était pas fou.
— Bon Dieu de bon Dieu ! jurait Fandor, mais on dirait que je suis dans une boule, et une boule lumineuse. Que diable cela veut-il dire ?
Indistincte et vague, il entendait en même temps une sorte de mélodie lointaine, douce, berceuse. Il eut peur. Ne devenait-il pas fou ?
***
À quatre heures de l’après-midi, Jean, le vieux domestique de Juve, pénétrait dans le cabinet de travail de son maître.
— Si monsieur veut voir, dit-il, en déposant une petite boîte sur le bureau de Juve, on a mis cela tout à l’heure chez la concierge en prévenant que c’était précieux et qu’il fallait y prendre garde.
Le policier, aux paroles de son domestique, semblait faire un violent effort pour s’arracher à sa songerie.
— Donne cette boîte, demandait-il, quelque chose de précieux ? est-ce que j’attends quelque chose de précieux ?
C’était une petite boîte en bois, comme celles dont se servent habituellement les joailliers. Juve fit sauter les cachets de cire, timbrés d’un indéchiffrable cachet, rompit les ficelles et puis, enfin, arriva au couvercle de bois, fermé par un petit crochet.
Or, Juve n’avait pas ouvert cette boîte, n’avait pas soulevé ce couvercle qu’une rauque exclamation d’horreur s’échappait de ses lèvres, cependant que la boîte glissait de ses mains prises d’un effroyable tremblement.
Sur le tapis du cabinet de travail, aux pieds de Juve, la boîte s’était renversée. Il en tomba une carte de visite sur laquelle était gravé le nom de Fantômas, il en tomba un peu de sciure, il en tomba une oreille humaine, une oreille encore toute sanglante, une oreille qui avait été tranchée, semblait-il, d’un coup de rasoir.
— Fandor, gémit Juve. Ah, le malheureux. Ah, ma vie, mon sang, pour l’arracher des mains de Fantômas !
***
— Les « ceusses » qui aiment aller au théâtre avec des billets de faveur, l’innombrable clique des Russes qui ne payent pas devraient bien venir me remplacer ici. Ah, j’en ai marre de mon logement. À force d’être dans la boule, c’est la boule que je perds, bougre de nom d’un chien, c’est une torture chinoise. Sans compter que j’ai tout ce qu’il y a de plus la persuasion que je m’en vais crever de faim là-dedans et tomber rapidement à l’état de squelette. Voilà bien sept heures que j’y suis dans cette maudite boule.
Fandor n’était pas fou.
Fandor qui, dans toutes ses phrases, tempêtant, rageant, parlait de boule, allant même jusqu’à croire, en un langage rude mais explicite, qu’il avait « perdu la boule », Fandor était parfaitement raisonnable.
Lorsque le malheureux journaliste, après son extraordinaire enlèvement, s’était réveillé, il avait pu se croire insensé, en s’apercevant ou en croyant s’apercevoir à l’intérieur d’une boule. C’était là une chose si surprenante, surtout en raison de la luminosité qui semblait environner la boule dans laquelle il croyait être, qu’il pouvait, à bon droit, douter du témoignage de ses sens.
Mais, petit à petit, Fandor avait retrouvé son sang-froid ; petit à petit il s’était persuadé qu’il voyait bien réellement ce qu’il pensait voir et que ce n’était pas une illusion, qu’il était bien à l’intérieur d’une boule.
Le plancher sur lequel il s’appuyait s’incurvait en un cercle parfait, les murs étaient courbes aussi. Courbe était le plafond et si son cachot était étroit, petit au point qu’il ne pouvait s’y lever, sa forme était indiscutablement celle d’une boule.
Fandor s’étant convaincu de la chose n’avait naturellement qu’un désir : identifier au plus vite quelle pouvait être la sphère à l’intérieur de laquelle Fantômas l’avait précipité.
Fandor, heureusement, avait si bien l’habitude de considérer sa vie comme une chose perpétuellement en jeu et jamais assurée qu’il ne désespéra pas. C’est posément, avec le plus parfait sang-froid qu’il cherchait à comprendre où il se trouvait et cela en usant d’une méthode rigoureusement logique.
— Étant donné que je suis à l’intérieur d’une boule, et d’une boule lumineuse, se déclara-t-il, où suis-je ? Il est évident que je ne peux pas sortir, et non moins évident que…
Mais, à cet endroit de son raisonnement, il s’interrompit :
— Ventre du diable. Crédibisèque, vertu de concierge. Je reconnais le couplet !
Et, de sa voix déplorablement fausse, Fandor acheva l’air alors à la mode. Que s’était-il passé ?
En prêtant l’oreille, Fandor venait tout simplement d’entendre dans le lointain un bruit d’orchestre, des chants, des chœurs.
Et il n’en avait pas fallu plus au subtil journaliste pour deviner quelle était sa prison.
— Miséricorde, jura Fandor, partagé entre le rire et les larmes, je suis foutu, mais je suis foutu d’une façon originale. Je parierai mille francs contre un demi-centime que je suis enfermé dans la grande boule qui surplombe la façade d’un music-hall, des Folies-Bergère. La musique que j’entends, c’est la musique qui vient de la scène et les lueurs qui illuminent ma prison, sont le reflet de l’éclairage violent sur la façade.
Oui, c’était bien dans la boule qui couronne la façade des Folies-Bergère qu’il était prisonnier, c’était bien en cette introuvable cachette que Fantômas avait dû le jeter.
— Çà, c’est pas ordinaire, finit-il par se dire à lui-même.
Et il rageait d’autant plus qu’en y réfléchissant le malheureux songeait qu’il se trouvait à quelques mètres de son propre domicile.
Or, il y avait bien vingt-quatre heures que Fandor était à l’intérieur de la boule et il se demandait sérieusement si Fantômas ne l’avait point condamné à y mourir de faim, lorsque le sommet de la sphère brusquement s’ouvrit.
Fandor, aussitôt fut debout. Une main armée d’un revolver se tendit vers lui en même temps qu’une cagoule s’encadrait dans l’étroite ouverture.
— Bonjour, Jérôme Fandor.
Fandor fut sur le point de se répandre en invectives. Mais fallait-il donner à Fantômas, car assurément c’était Fantômas, le spectacle de sa détresse ? Impassible, donc Fandor répondit :
— Bonjour, Fantômas.
Fantômas, car c’était bien Fantômas, qui, renseigné par Bébé et Beaumôme (tous deux, avaient parfaitement reconnu Fandor dans le bouge du père Coup-de-Bâton), avait fait enlever le journaliste ; Fantômas ne s’attardait point à prononcer des mots inutiles.
— Jérôme Fandor, faisait-il, réfléchissez bien à ce que je vais vous apprendre et vous demander. Juve est entre mes mains. C’est un premier avertissement, vous m’entendez, Fandor ?
— Je vous entends, ripostait Fandor qui n’avait point tressailli.
— Eh bien, dites-moi où est ma fille, dites-moi où est Hélène, ou sans cela, sur mon honneur, je vous le jure, je fais subir à Juve les plus affolantes tortures, je le mutile, je lui coupe l’oreille droite, puis la gauche, un doigt, puis un autre. Allons, parlez.
Oh, Fantômas n’avait pas besoin d’entrer dans de plus amples explications. Jérôme Fandor avait parfaitement compris les sinistres menaces que lui adressait le bandit.
— Fantômas ! hurla Fandor d’une voix torturée, Fantômas, je vous jure que je vais vous dire la vérité : je ne sais pas où est Hélène.
Un éclat de rire lui répondit. Fantômas ne le croyait pas.
— Voici de quoi vivre, hurlait le bandit en jetant à Fandor un sac de provisions, réfléchissez bien à ce que je vous demande, je reviendrai vous revoir dans quatre heures et dans quatre heures je vous apporterai, pour vous convaincre et pour vous décider, l’oreille droite de Juve. Vous pouvez, en parlant, le sauver d’une nouvelle mutilation.