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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les trois mousquetaires читать книгу онлайн

Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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– J’ai pensé que madame se trouvait mal et j’ai voulu lui porter secours, répondit la suivante tout épouvantée de l’expression terrible qu’avait prise la figure de sa maîtresse.

– Me trouver mal, moi? moi? me prenez-vous pour une femmelette? Quand on m’insulte, je ne me trouve pas mal, je me venge, entendez-vous!»

Et de la main elle fit signe à Ketty de sortir.

CHAPITRE XXXVI

RÊVE DE VENGEANCE

Le soir Milady donna l’ordre d’introduire M. d’Artagnan aussitôt qu’il viendrait, selon son habitude. Mais il ne vint pas.

Le lendemain Ketty vint voir de nouveau le jeune homme et lui raconta tout ce qui s’était passé la veille: d’Artagnan sourit; cette jalouse colère de Milady, c’était sa vengeance.

Le soir Milady fut plus impatiente encore que la veille, elle renouvela l’ordre relatif au Gascon; mais comme la veille elle l’attendit inutilement.

Le lendemain Ketty se présenta chez d’Artagnan, non plus joyeuse et alerte comme les deux jours précédents, mais au contraire triste à mourir.

D’Artagnan demanda à la pauvre fille ce qu’elle avait; mais celle-ci, pour toute réponse, tira une lettre de sa poche et la lui remit.

Cette lettre était de l’écriture de Milady: seulement cette fois elle était bien à l’adresse de d’Artagnan et non à celle de M. de Wardes.

Il l’ouvrit et lut ce qui suit:

«Cher monsieur d’Artagnan, c’est mal de négliger ainsi ses amis, surtout au moment où l’on va les quitter pour si longtemps. Mon beau-frère et moi nous avons attendu hier et avant-hier inutilement. En sera-t-il de même ce soir?

«Votre bien reconnaissante,

«Lady Clarick.»

«C’est tout simple, dit d’Artagnan, et je m’attendais à cette lettre. Mon crédit hausse de la baisse du comte de Wardes.

– Est-ce que vous irez? demanda Ketty.

– Écoute, ma chère enfant, dit le Gascon, qui cherchait à s’excuser à ses propres yeux de manquer à la promesse qu’il avait faite à Athos, tu comprends qu’il serait impolitique de ne pas se rendre à une invitation si positive. Milady, en ne me voyant pas revenir, ne comprendrait rien à l’interruption de mes visites, elle pourrait se douter de quelque chose, et qui peut dire jusqu’où irait la vengeance d’une femme de cette trempe?

– Oh! mon Dieu! dit Ketty, vous savez présenter les choses de façon que vous avez toujours raison. Mais vous allez encore lui faire la cour; et si cette fois vous alliez lui plaire sous votre véritable nom et votre vrai visage, ce serait bien pis que la première fois!»

L’instinct faisait deviner à la pauvre fille une partie de ce qui allait arriver.

D’Artagnan la rassura du mieux qu’il put et lui promit de rester insensible aux séductions de Milady.

Il lui fit répondre qu’il était on ne peut plus reconnaissant de ses bontés et qu’il se rendrait à ses ordres; mais il n’osa lui écrire de peur de ne pouvoir, à des yeux aussi exercés que ceux de Milady, déguiser suffisamment son écriture.

À neuf heures sonnant, d’Artagnan était place Royale. Il était évident que les domestiques qui attendaient dans l’antichambre étaient prévenus, car aussitôt que d’Artagnan parut, avant même qu’il eût demandé si Milady était visible, un d’eux courut l’annoncer.

«Faites entrer», dit Milady d’une voix brève, mais si perçante que d’Artagnan l’entendit de l’antichambre.

On l’introduisit.

«Je n’y suis pour personne, dit Milady; entendez-vous, pour personne.»

Le laquais sortit.

D’Artagnan jeta un regard curieux sur Milady: elle était pâle et avait les yeux fatigués, soit par les larmes, soit par l’insomnie. On avait avec intention diminué le nombre habituel des lumières, et cependant la jeune femme ne pouvait arriver à cacher les traces de la fièvre qui l’avait dévorée depuis deux jours.

D’Artagnan s’approcha d’elle avec sa galanterie ordinaire; elle fit alors un effort suprême pour le recevoir, mais jamais physionomie plus bouleversée ne démentit sourire plus aimable.

Aux questions que d’Artagnan lui fit sur sa santé:

«Mauvaise, répondit-elle, très mauvaise.

– Mais alors, dit d’Artagnan, je suis indiscret, vous avez besoin de repos sans doute et je vais me retirer.

– Non pas, dit Milady; au contraire, restez, monsieur d’Artagnan, votre aimable compagnie me distraira.»

«Oh! oh! pensa d’Artagnan, elle n’a jamais été si charmante, défions-nous.»

Milady prit l’air le plus affectueux qu’elle put prendre, et donna tout l’éclat possible à sa conversation. En même temps cette fièvre qui l’avait abandonnée un instant revenait rendre l’éclat à ses yeux, le coloris à ses joues, le carmin à ses lèvres. D’Artagnan retrouva la Circé qui l’avait déjà enveloppé de ses enchantements. Son amour, qu’il croyait éteint et qui n’était qu’assoupi, se réveilla dans son cœur. Milady souriait et d’Artagnan sentait qu’il se damnerait pour ce sourire.

Il y eut un moment où il sentit quelque chose comme un remords de ce qu’il avait fait contre elle.

Peu à peu Milady devint plus communicative. Elle demanda à d’Artagnan s’il avait une maîtresse.

«Hélas! dit d’Artagnan de l’air le plus sentimental qu’il put prendre, pouvez-vous être assez cruelle pour me faire une pareille question, à moi qui, depuis que je vous ai vue, ne respire et ne soupire que par vous et pour vous!»

Milady sourit d’un étrange sourire.

«Ainsi vous m’aimez? dit-elle.

– Ai-je besoin de vous le dire, et ne vous en êtes-vous point aperçue?

– Si fait; mais, vous le savez, plus les cœurs sont fiers, plus ils sont difficiles à prendre.

– Oh! les difficultés ne m’effraient pas, dit d’Artagnan; il n’y a que les impossibilités qui m’épouvantent.

– Rien n’est impossible, dit Milady, à un véritable amour.

– Rien, madame?

– Rien», reprit Milady.

«Diable! reprit d’Artagnan à part lui, la note est changée. Deviendrait-elle amoureuse de moi, par hasard, la capricieuse, et serait-elle disposée à me donner à moi-même quelque autre saphir pareil à celui qu’elle m’a donné me prenant pour de Wardes?»

D’Artagnan rapprocha vivement son siège de celui de Milady.

«Voyons, dit-elle, que feriez-vous bien pour prouver cet amour dont vous parlez?

– Tout ce qu’on exigerait de moi. Qu’on ordonne, et je suis prêt.

– À tout?

– À tout! s’écria d’Artagnan qui savait d’avance qu’il n’avait pas grand-chose à risquer en s’engageant ainsi.

– Eh bien, causons un peu, dit à son tour Milady en rapprochant son fauteuil de la chaise de d’Artagnan.

– Je vous écoute, madame», dit celui-ci.

Milady resta un instant soucieuse et comme indécise puis paraissant prendre une résolution:

«J’ai un ennemi, dit-elle.

– Vous, madame! s’écria d’Artagnan jouant la surprise, est-ce possible, mon Dieu? belle et bonne comme vous l’êtes!

– Un ennemi mortel.

– En vérité?

– Un ennemi qui m’a insultée si cruellement que c’est entre lui et moi une guerre à mort. Puis-je compter sur vous comme auxiliaire?»

D’Artagnan comprit sur-le-champ où la vindicative créature en voulait venir.

«Vous le pouvez, madame, dit-il avec emphase, mon bras et ma vie vous appartiennent comme mon amour.

Alors, dit Milady, puisque vous êtes aussi généreux qu’amoureux…

Elle s’arrêta.

«Eh bien? demanda d’Artagnan.

– Eh bien, reprit Milady après un moment de silence, cessez dès aujourd’hui de parler d’impossibilités.

– Ne m’accablez pas de mon bonheur», s’écria d’Artagnan en se précipitant à genoux et en couvrant de baisers les mains qu’on lui abandonnait.

– Venge-moi de cet infâme de Wardes, murmura Milady entre ses dents, et je saurai bien me débarrasser de toi ensuite, double sot, lame d’épée vivante!

– Tombe volontairement entre mes bras après m’avoir raillé si effrontément, hypocrite et dangereuse femme, pensait d’Artagnan de son côté, et ensuite je rirai de toi avec celui que tu veux tuer par ma main.»

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