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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les trois mousquetaires читать книгу онлайн

Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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CHAPITRE XXXIV

OÙ IL EST TRAITÉ DE L’ÉQUIPEMENT D’ARAMIS ET DE PORTHOS

Depuis que les quatre amis étaient chacun à la chasse de son équipement, il n’y avait plus entre eux de réunion arrêtée. On dînait les uns sans les autres, où l’on se trouvait, ou plutôt où l’on pouvait. Le service, de son côté, prenait aussi sa part de ce temps précieux, qui s’écoulait si vite. Seulement on était convenu de se trouver une fois la semaine, vers une heure, au logis d’Athos, attendu que ce dernier, selon le serment qu’il avait fait, ne passait plus le seuil de sa porte.

C’était le jour même où Ketty était venue trouver d’Artagnan chez lui, jour de réunion.

À peine Ketty fut-elle sortie, que d’Artagnan se dirigea vers la rue Férou.

Il trouva Athos et Aramis qui philosophaient. Aramis avait quelques velléités de revenir à la soutane. Athos, selon ses habitudes, ne le dissuadait ni ne l’encourageait. Athos était pour qu’on laissât à chacun son libre arbitre. Il ne donnait jamais de conseils qu’on ne les lui demandât. Encore fallait-il les lui demander deux fois.

«En général, on ne demande de conseils, disait-il, que pour ne les pas suivre; ou, si on les a suivis, que pour avoir quelqu’un à qui l’on puisse faire le reproche de les avoir donnés.»

Porthos arriva un instant après d’Artagnan. Les quatre amis se trouvaient donc réunis.

Les quatre visages exprimaient quatre sentiments différents: celui de Porthos la tranquillité, celui de d’Artagnan l’espoir, celui d’Aramis l’inquiétude, celui d’Athos l’insouciance.

Au bout d’un instant de conversation dans laquelle Porthos laissa entrevoir qu’une personne haut placée avait bien voulu se charger de le tirer d’embarras, Mousqueton entra.

Il venait prier Porthos de passer à son logis, où, disait-il d’un air fort piteux, sa présence était urgente.

«Sont-ce mes équipages? demanda Porthos.

– Oui et non, répondit Mousqueton.

– Mais enfin que veux-tu dire?…

– Venez, monsieur.»

Porthos se leva, salua ses amis et suivit Mousqueton.

Un instant après, Bazin apparut au seuil de la porte.

«Que me voulez-vous, mon ami? dit Aramis avec cette douceur de langage que l’on remarquait en lui chaque fois que ses idées le ramenaient vers l’église…

– Un homme attend monsieur à la maison, répondit Bazin.

– Un homme! quel homme?

– Un mendiant.

– Faites-lui l’aumône, Bazin, et dites-lui de prier pour un pauvre pécheur.

– Ce mendiant veut à toute force vous parler, et prétend que vous serez bien aise de le voir.

– N’a-t-il rien dit de particulier pour moi?

– Si fait. “Si M. Aramis, a-t-il dit, hésite à me venir trouver, vous lui annoncerez que j’arrive de Tours.”

– De Tours? s’écria Aramis; messieurs, mille pardons, mais sans doute cet homme m’apporte des nouvelles que j’attendais.»

Et, se levant aussitôt, il s’éloigna rapidement.

Restèrent Athos et d’Artagnan.

«Je crois que ces gaillards-là ont trouvé leur affaire. Qu’en pensez-vous, d’Artagnan? dit Athos.

– Je sais que Porthos était en bon train, dit d’Artagnan; et quant à Aramis, à vrai dire, je n’en ai jamais été sérieusement inquiet: mais vous, mon cher Athos, vous qui avez si généreusement distribué les pistoles de l’Anglais qui étaient votre bien légitime, qu’allez-vous faire?

– Je suis fort content d’avoir tué ce drôle, mon enfant, vu que c’est pain bénit que de tuer un Anglais: mais si j’avais empoché ses pistoles, elles me pèseraient comme un remords.

– Allons donc, mon cher Athos! vous avez vraiment des idées inconcevables.

– Passons, passons! Que me disait donc M. de Tréville, qui me fit l’honneur de me venir voir hier, que vous hantez ces Anglais suspects que protège le cardinal?

– C’est-à-dire que je rends visite à une Anglaise, celle dont je vous ai parlé.

– Ah! oui, la femme blonde au sujet de laquelle je vous ai donné des conseils que naturellement vous vous êtes bien gardé de suivre.

– Je vous ai donné mes raisons.

– Oui; vous voyez là votre équipement, je crois, à ce que vous m’avez dit.

– Point du tout! j’ai acquis la certitude que cette femme était pour quelque chose dans l’enlèvement de Mme Bonacieux.

– Oui, et je comprends; pour retrouver une femme, vous faites la cour à une autre: c’est le chemin le plus long, mais le plus amusant.

D’Artagnan fut sur le point de tout raconter à Athos; mais un point l’arrêta: Athos était un gentilhomme sévère sur le point d’honneur, et il y avait, dans tout ce petit plan que notre amoureux avait arrêté à l’endroit de Milady, certaines choses qui, d’avance, il en était sûr, n’obtiendraient pas l’assentiment du puritain; il préféra donc garder le silence, et comme Athos était l’homme le moins curieux de la terre, les confidences de d’Artagnan en étaient restées là.

Nous quitterons donc les deux amis, qui n’avaient rien de bien important à se dire, pour suivre Aramis.

À cette nouvelle, que l’homme qui voulait lui parler arrivait de Tours, nous avons vu avec quelle rapidité le jeune homme avait suivi ou plutôt devancé Bazin; il ne fit donc qu’un saut de la rue Férou à la rue de Vaugirard.

En entrant chez lui, il trouva effectivement un homme de petite taille, aux yeux intelligents, mais couvert de haillons.

«C’est vous qui me demandez? dit le mousquetaire.

– C’est-à-dire que je demande M. Aramis: est-ce vous qui vous appelez ainsi?

– Moi-même: vous avez quelque chose à me remettre?

– Oui, si vous me montrez certain mouchoir brodé.

– Le voici, dit Aramis en tirant une clef de sa poitrine, et en ouvrant un petit coffret de bois d’ébène incrusté de nacre, le voici, tenez.

– C’est bien, dit le mendiant, renvoyez votre laquais.»

En effet, Bazin, curieux de savoir ce que le mendiant voulait à son maître, avait réglé son pas sur le sien, et était arrivé presque en même temps que lui; mais cette célérité ne lui servit pas à grand-chose; sur l’invitation du mendiant, son maître lui fit signe de se retirer, et force lui fut d’obéir.

Bazin parti, le mendiant jeta un regard rapide autour de lui, afin d’être sûr que personne ne pouvait ni le voir ni l’entendre, et ouvrant sa veste en haillons mal serrée par une ceinture de cuir, il se mit à découdre le haut de son pourpoint, d’où il tira une lettre.

Aramis jeta un cri de joie à la vue du cachet, baisa l’écriture, et avec un respect presque religieux, il ouvrit l’épître qui contenait ce qui suit:

«Ami, le sort veut que nous soyons séparés quelque temps encore; mais les beaux jours de la jeunesse ne sont pas perdus sans retour. Faites votre devoir au camp; je fais le mien autre part. Prenez ce que le porteur vous remettra; faites la campagne en beau et bon gentilhomme, et pensez à moi, qui baise tendrement vos yeux noirs.

«Adieu, ou plutôt au revoir!»

Le mendiant décousait toujours; il tira une à une de ses sales habits cent cinquante doubles pistoles d’Espagne, qu’il aligna sur la table; puis, il ouvrit la porte, salua et partit avant que le jeune homme, stupéfait, eût osé lui adresser une parole.

Aramis alors relut la lettre, et s’aperçut que cette lettre avait un post-scriptum.

«P.-S. - Vous pouvez faire accueil au porteur, qui est comte et grand d’Espagne.»

«Rêves dorés! s’écria Aramis. Oh! la belle vie! oui, nous sommes jeunes! oui, nous aurons encore des jours heureux! Oh! à toi, mon amour, mon sang, ma vie! tout, tout, tout, ma belle maîtresse!»

Et il baisait la lettre avec passion, sans même regarder l’or qui étincelait sur la table.

Bazin gratta à la porte; Aramis n’avait plus de raison pour le tenir à distance; il lui permit d’entrer.

Bazin resta stupéfait à la vue de cet or, et oublia qu’il venait annoncer d’Artagnan, qui, curieux de savoir ce que c’était que le mendiant, venait chez Aramis en sortant de chez Athos.

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