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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 272
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Les trois mousquetaires читать книгу онлайн

Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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– Ah! oui bien, dit d’Artagnan, et je le reconnais à cette heure. Crois-tu qu’il te reconnaisse, toi?

– Ma foi, monsieur, il était si fort troublé que je doute qu’il ait gardé de moi une mémoire bien nette.

– Eh bien, va donc causer avec ce garçon, dit d’Artagnan, et informe-toi dans la conversation si son maître est mort.»

Planchet descendit de cheval, marcha droit à Lubin, qui en effet ne le reconnut pas, et les deux laquais se mirent à causer dans la meilleure intelligence du monde, tandis que d’Artagnan poussait les deux chevaux dans une ruelle et, faisant le tour d’une maison, s’en revenait assister à la conférence derrière une haie de coudriers.

Au bout d’un instant d’observation derrière la haie, il entendit le bruit d’une voiture, et il vit s’arrêter en face de lui le carrosse de Milady. Il n’y avait pas à s’y tromper. Milady était dedans. D’Artagnan se coucha sur le cou de son cheval, afin de tout voir sans être vu.

Milady sortit sa charmante tête blonde par la portière, et donna des ordres à sa femme de chambre.

Cette dernière, jolie fille de vingt à vingt-deux ans, alerte et vive, véritable soubrette de grande dame, sauta en bas du marchepied, sur lequel elle était assise selon l’usage du temps, et se dirigea vers la terrasse où d’Artagnan avait aperçu Lubin.

D’Artagnan suivit la soubrette des yeux, et la vit s’acheminer vers la terrasse. Mais, par hasard, un ordre de l’intérieur avait appelé Lubin, de sorte que Planchet était resté seul, regardant de tous côtés par quel chemin avait disparu d’Artagnan.

La femme de chambre s’approcha de Planchet, qu’elle prit pour Lubin, et lui tendant un petit billet:

«Pour votre maître, dit-elle.

– Pour mon maître? reprit Planchet étonné.

– Oui, et très pressé. Prenez donc vite.»

Là-dessus elle s’enfuit vers le carrosse, retourné à l’avance du côté par lequel il était venu; elle s’élança sur le marchepied, et le carrosse repartit.

Planchet tourna et retourna le billet, puis, accoutumé à l’obéissance passive, il sauta à bas de la terrasse, enfila la ruelle et rencontra au bout de vingt pas d’Artagnan qui, ayant tout vu, allait au-devant de lui.

«Pour vous, monsieur, dit Planchet, présentant le billet au jeune homme.

– Pour moi? dit d’Artagnan; en es-tu bien sûr?

– Pardieu! si j’en suis sûr; la soubrette a dit: “Pour ton maître.” Je n’ai d’autre maître que vous; ainsi… Un joli brin de fille, ma foi, que cette soubrette!»

D’Artagnan ouvrit la lettre, et lut ces mots:

«Une personne qui s’intéresse à vous plus qu’elle ne peut le dire voudrait savoir quel jour vous serez en état de vous promener dans la forêt. Demain, à l’hôtel du Champ du Drap d’Or, un laquais noir et rouge attendra votre réponse.»

«Oh! oh! se dit d’Artagnan, voilà qui est un peu vif. Il paraît que Milady et moi nous sommes en peine de la santé de la même personne. Eh bien, Planchet, comment se porte ce bon M. de Wardes? il n’est donc pas mort?

– Non, monsieur, il va aussi bien qu’on peut aller avec quatre coups d’épée dans le corps, car vous lui en avez, sans reproche, allongé quatre, à ce cher gentilhomme, et il est encore bien faible, ayant perdu presque tout son sang. Comme je l’avais dit à monsieur, Lubin ne m’a pas reconnu, et m’a raconté d’un bout à l’autre notre aventure.

– Fort bien, Planchet, tu es le roi des laquais; maintenant, remonte à cheval et rattrapons le carrosse.»

Ce ne fut pas long; au bout de cinq minutes on aperçut le carrosse arrêté sur le revers de la route, un cavalier richement vêtu se tenait à la portière.

La conversation entre Milady et le cavalier était tellement animée, que d’Artagnan s’arrêta de l’autre côté du carrosse sans que personne autre que la jolie soubrette s’aperçût de sa présence.

La conversation avait lieu en anglais, langue que d’Artagnan ne comprenait pas; mais, à l’accent, le jeune homme crut deviner que la belle Anglaise était fort en colère; elle termina par un geste qui ne lui laissa point de doute sur la nature de cette conversation: c’était un coup d’éventail appliqué de telle force, que le petit meuble féminin vola en mille morceaux.

Le cavalier poussa un éclat de rire qui parut exaspérer Milady.

D’Artagnan pensa que c’était le moment d’intervenir; il s’approcha de l’autre portière, et se découvrant respectueusement:

«Madame, dit-il, me permettez-vous de vous offrir mes services? Il me semble que ce cavalier vous a mise en colère. Dites un mot, madame, et je me charge de le punir de son manque de courtoisie.»

Aux premières paroles, Milady s’était retournée, regardant le jeune homme avec étonnement, et lorsqu’il eut fini:

«Monsieur, dit-elle en très bon français, ce serait de grand cœur que je me mettrais sous votre protection si la personne qui me querelle n’était point mon frère.

– Ah! excusez-moi, alors, dit d’Artagnan, vous comprenez que j’ignorais cela, madame.

– De quoi donc se mêle cet étourneau, s’écria en s’abaissant à la hauteur de la portière le cavalier que Milady avait désigné comme son parent, et pourquoi ne passe-t-il pas son chemin?

– Étourneau vous-même, dit d’Artagnan en se baissant à son tour sur le cou de son cheval, et en répondant de son côté par la portière; je ne passe pas mon chemin parce qu’il me plaît de m’arrêter ici.»

Le cavalier adressa quelques mots en anglais à sa sœur.

«Je vous parle français, moi, dit d’Artagnan; faites-moi donc, je vous prie, le plaisir de me répondre dans la même langue. Vous êtes le frère de madame, soit, mais vous n’êtes pas le mien, heureusement.»

On eût pu croire que Milady, craintive comme l’est ordinairement une femme, allait s’interposer dans ce commencement de provocation, afin d’empêcher que la querelle n’allât plus loin; mais, tout au contraire, elle se rejeta au fond de son carrosse, et cria froidement au cocher:

«Touche à l’hôtel!»

La jolie soubrette jeta un regard d’inquiétude sur d’Artagnan, dont la bonne mine paraissait avoir produit son effet sur elle.

Le carrosse partit et laissa les deux hommes en face l’un de l’autre, aucun obstacle matériel ne les séparant plus.

Le cavalier fit un mouvement pour suivre la voiture; mais d’Artagnan, dont la colère déjà bouillante s’était encore augmentée en reconnaissant en lui l’Anglais qui, à Amiens, lui avait gagné son cheval et avait failli gagner à Athos son diamant, sauta à la bride et l’arrêta.

«Eh! Monsieur, dit-il, vous me semblez encore plus étourneau que moi, car vous me faites l’effet d’oublier qu’il y a entre nous une petite querelle engagée.

– Ah! ah! dit l’Anglais, c’est vous, mon maître. Il faut donc toujours que vous jouiez un jeu ou un autre?

– Oui, et cela me rappelle que j’ai une revanche à prendre. Nous verrons, mon cher monsieur, si vous maniez aussi adroitement la rapière que le cornet.

– Vous voyez bien que je n’ai pas d’épée, dit l’Anglais; voulez-vous faire le brave contre un homme sans armes?

– J’espère bien que vous en avez chez vous, répondit d’Artagnan. En tout cas, j’en ai deux, et si vous le voulez, je vous en jouerai une.

– Inutile, dit l’Anglais, je suis muni suffisamment de ces sortes d’ustensiles.

– Eh bien, mon digne gentilhomme, reprit d’Artagnan choisissez la plus longue et venez me la montrer ce soir.

– Où cela, s’il vous plaît?

– Derrière le Luxembourg, c’est un charmant quartier pour les promenades dans le genre de celle que je vous propose.

– C’est bien, on y sera.

– Votre heure?

– Six heures.

– À propos, vous avez aussi probablement un ou deux amis?

– Mais j’en ai trois qui seront fort honorés de jouer la même partie que moi.

– Trois? à merveille! comme cela se rencontre! dit d’Artagnan, c’est juste mon compte.

– Maintenant, qui êtes-vous? demanda l’Anglais.

– Je suis M. d’Artagnan, gentilhomme gascon, servant aux gardes, compagnie de M. des Essarts. Et vous?

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