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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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Le chancelier fit pour la forme une visite dans les meubles, mais il savait bien que ce n’était pas dans un meuble que la reine avait dû serrer la lettre importante qu’elle avait écrite dans la journée.

Quand le chancelier eut rouvert et refermé vingt fois les tiroirs du secrétaire, il fallut bien, quelque hésitation qu’il éprouvât, il fallut bien, dis-je, en venir à la conclusion de l’affaire, c’est-à-dire à fouiller la reine elle-même. Le chancelier s’avança donc vers Anne d’Autriche, et d’un ton très perplexe et d’un air fort embarrassé:

«Et maintenant, dit-il, il me reste à faire la perquisition principale.

– Laquelle? demanda la reine, qui ne comprenait pas ou plutôt qui ne voulait pas comprendre.

– Sa Majesté est certaine qu’une lettre a été écrite par vous dans la journée; elle sait qu’elle n’a pas encore été envoyée à son adresse. Cette lettre ne se trouve ni dans votre table, ni dans votre secrétaire, et cependant cette lettre est quelque part.

– Oserez-vous porter la main sur votre reine? dit Anne d’Autriche en se dressant de toute sa hauteur et en fixant sur le chancelier ses yeux, dont l’expression était devenue presque menaçante.

– Je suis un fidèle sujet du roi, madame; et tout ce que Sa Majesté ordonnera, je le ferai.

– Eh bien, c’est vrai, dit Anne d’Autriche, et les espions de M. le cardinal l’ont bien servi. J’ai écrit aujourd’hui une lettre, cette lettre n’est point partie. La lettre est là.»

Et la reine ramena sa belle main à son corsage.

«Alors donnez-moi cette lettre, madame, dit le chancelier.

– Je ne la donnerai qu’au roi, monsieur, dit Anne.

– Si le roi eût voulu que cette lettre lui fût remise, madame, il vous l’eût demandée lui-même. Mais, je vous le répète, c’est moi qu’il a chargé de vous la réclamer, et si vous ne la rendiez pas…

– Eh bien?

– C’est encore moi qu’il a chargé de vous la prendre.

– Comment, que voulez-vous dire?

– Que mes ordres vont loin, madame, et que je suis autorisé à chercher le papier suspect sur la personne même de Votre Majesté.

– Quelle horreur! s’écria la reine.

– Veuillez donc, madame, agir plus facilement.

– Cette conduite est d’une violence infâme; savez-vous cela, monsieur?

– Le roi commande, madame, excusez-moi.

– Je ne le souffrirai pas; non, non, plutôt mourir!» s’écria la reine, chez laquelle se révoltait le sang impérieux de l’Espagnole et de l’Autrichienne.

Le chancelier fit une profonde révérence, puis avec l’intention bien patente de ne pas reculer d’une semelle dans l’accomplissement de la commission dont il s’était chargé, et comme eût pu le faire un valet de bourreau dans la chambre de la question, il s’approcha d’Anne d’Autriche des yeux de laquelle on vit à l’instant même jaillir des pleurs de rage.

La reine était, comme nous l’avons dit, d’une grande beauté.

La commission pouvait donc passer pour délicate, et le roi en était arrivé, à force de jalousie contre Buckingham, à n’être plus jaloux de personne.

Sans doute le chancelier Séguier chercha des yeux à ce moment le cordon de la fameuse cloche; mais, ne le trouvant pas, il en prit son parti et tendit la main vers l’endroit où la reine avait avoué que se trouvait le papier.

Anne d’Autriche fit un pas en arrière, si pâle qu’on eût dit qu’elle allait mourir; et, s’appuyant de la main gauche, pour ne pas tomber, à une table qui se trouvait derrière elle, elle tira de la droite un papier de sa poitrine et le tendit au garde des sceaux.

«Tenez, monsieur, la voilà, cette lettre, s’écria la reine d’une voix entrecoupée et frémissante, prenez-la, et me délivrez de votre odieuse présence.»

Le chancelier, qui de son côté tremblait d’une émotion facile à concevoir, prit la lettre, salua jusqu’à terre et se retira.

À peine la porte se fut-elle refermée sur lui, que la reine tomba à demi évanouie dans les bras de ses femmes.

Le chancelier alla porter la lettre au roi sans en avoir lu un seul mot. Le roi la prit d’une main tremblante, chercha l’adresse, qui manquait, devint très pâle, l’ouvrit lentement, puis, voyant par les premiers mots qu’elle était adressée au roi d’Espagne, il lut très rapidement.

C’était tout un plan d’attaque contre le cardinal. La reine invitait son frère et l’empereur d’Autriche à faire semblant, blessés qu’ils étaient par la politique de Richelieu, dont l’éternelle préoccupation fut l’abaissement de la maison d’Autriche, de déclarer la guerre à la France et d’imposer comme condition de la paix le renvoi du cardinal: mais d’amour, il n’y en avait pas un seul mot dans toute cette lettre.

Le roi, tout joyeux, s’informa si le cardinal était encore au Louvre. On lui dit que Son Éminence attendait, dans le cabinet de travail, les ordres de Sa Majesté.

Le roi se rendit aussitôt près de lui.

«Tenez, duc, lui dit-il, vous aviez raison, et c’est moi qui avais tort; toute l’intrigue est politique, et il n’était aucunement question d’amour dans cette lettre, que voici. En échange, il y est fort question de vous.»

Le cardinal prit la lettre et la lut avec la plus grande attention; puis, lorsqu’il fut arrivé au bout, il la relut une seconde fois.

«Eh bien, Votre Majesté, dit-il, vous voyez jusqu’où vont mes ennemis: on vous menace de deux guerres, si vous ne me renvoyez pas. À votre place, en vérité, Sire, je céderais à de si puissantes instances, et ce serait de mon côté avec un véritable bonheur que je me retirerais des affaires.

– Que dites-vous là, duc?

– Je dis, Sire, que ma santé se perd dans ces luttes excessives et dans ces travaux éternels. Je dis que, selon toute probabilité, je ne pourrai pas soutenir les fatigues du siège de La Rochelle, et que mieux vaut que vous nommiez là ou M. de Condé, ou M. de Bassompierre, ou enfin quelque vaillant homme dont c’est l’état de mener la guerre, et non pas moi qui suis homme d’Église et qu’on détourne sans cesse de ma vocation pour m’appliquer à des choses auxquelles je n’ai aucune aptitude. Vous en serez plus heureux à l’intérieur, Sire, et je ne doute pas que vous n’en soyez plus grand à l’étranger.

– Monsieur le duc, dit le roi, je comprends, soyez tranquille; tous ceux qui sont nommés dans cette lettre seront punis comme ils le méritent, et la reine elle-même.

– Que dites-vous là, Sire? Dieu me garde que, pour moi, la reine éprouve la moindre contrariété! elle m’a toujours cru son ennemi, Sire, quoique Votre Majesté puisse attester que j’ai toujours pris chaudement son parti, même contre vous. Oh! si elle trahissait Votre Majesté à l’endroit de son honneur, ce serait autre chose, et je serais le premier à dire: «Pas de grâce, Sire, pas de grâce pour la coupable!» Heureusement il n’en est rien, et Votre Majesté vient d’en acquérir une nouvelle preuve.

– C’est vrai, monsieur le cardinal, dit le roi, et vous aviez raison, comme toujours; mais la reine n’en mérite pas moins toute ma colère.

– C’est vous, Sire, qui avez encouru la sienne; et véritablement, quand elle bouderait sérieusement Votre Majesté, je le comprendrais; Votre Majesté l’a traitée avec une sévérité!…

– C’est ainsi que je traiterai toujours mes ennemis et les vôtres, duc, si haut placés qu’ils soient et quelque péril que je coure à agir sévèrement avec eux.

– La reine est mon ennemie, mais n’est pas la vôtre, Sire; au contraire, elle est épouse dévouée, soumise et irréprochable; laissez-moi donc, Sire, intercéder pour elle près de Votre Majesté.

– Qu’elle s’humilie alors, et qu’elle revienne à moi la première!

– Au contraire, Sire, donnez l’exemple; vous avez eu le premier tort, puisque c’est vous qui avez soupçonné la reine.

– Moi, revenir le premier? dit le roi; jamais!

– Sire, je vous en supplie.

– D’ailleurs, comment reviendrais-je le premier?

– En faisant une chose que vous sauriez lui être agréable.

– Laquelle?

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