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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 272
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Les trois mousquetaires читать книгу онлайн

Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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Ces mots furent prononcés avec ce flegme imperturbable qui distinguait Athos dans les heures du danger, et cette excessive politesse qui faisait de lui dans certains moments un roi plus majestueux que les rois de naissance.

D’Artagnan s’approcha et balbutia quelques paroles de remerciements, qui bientôt expirèrent sous le regard assombri du cardinal.

«N’importe, messieurs, continua le cardinal sans paraître le moins du monde détourné de son intention première par l’incident qu’Athos avait soulevé; n’importe, messieurs, je n’aime pas que de simples soldats, parce qu’ils ont l’avantage de servir dans un corps privilégié, fassent ainsi les grands seigneurs, et la discipline est la même pour eux que pour tout le monde.»

Athos laissa le cardinal achever parfaitement sa phrase et, s’inclinant en signe d’assentiment, il reprit à son tour:

«La discipline, Monseigneur, n’a en aucune façon, je l’espère, été oubliée par nous. Nous ne sommes pas de service, et nous avons cru que, n’étant pas de service, nous pouvions disposer de notre temps comme bon nous semblait. Si nous sommes assez heureux pour que Son Éminence ait quelque ordre particulier à nous donner, nous sommes prêts à lui obéir. Monseigneur voit, continua Athos en fronçant le sourcil, car cette espèce d’interrogatoire commençait à l’impatienter, que, pour être prêts à la moindre alerte, nous sommes sortis avec nos armes.»

Et il montra du doigt au cardinal les quatre mousquets en faisceau près du tambour sur lequel étaient les cartes et les dés.

«Que Votre Éminence veuille croire, ajouta d’Artagnan, que nous nous serions portés au-devant d’elle si nous eussions pu supposer que c’était elle qui venait vers nous en si petite compagnie.»

Le cardinal se mordait les moustaches et un peu les lèvres.

«Savez-vous de quoi vous avez l’air, toujours ensemble, comme vous voilà, armés comme vous êtes, et gardés par vos laquais? dit le cardinal, vous avez l’air de quatre conspirateurs.

– Oh! quant à ceci, Monseigneur, c’est vrai, dit Athos, et nous conspirons, comme Votre Éminence a pu le voir l’autre matin, seulement c’est contre les Rochelois.

– Eh! messieurs les politiques, reprit le cardinal en fronçant le sourcil à son tour, on trouverait peut-être dans vos cervelles le secret de bien des choses qui sont ignorées, si on pouvait y lire comme vous lisiez dans cette lettre que vous avez cachée quand vous m’avez vu venir.»

Le rouge monta à la figure d’Athos, il fit un pas vers Son Éminence.

«On dirait que vous nous soupçonnez réellement, Monseigneur, et que nous subissons un véritable interrogatoire; s’il en est ainsi, que Votre Éminence daigne s’expliquer, et nous saurons du moins à quoi nous en tenir.

– Et quand cela serait un interrogatoire, reprit le cardinal, d’autres que vous en ont subi, monsieur Athos, et y ont répondu.

– Aussi, Monseigneur, ai-je dit à Votre Éminence qu’elle n’avait qu’à questionner, et que nous étions prêts à répondre.

– Quelle était cette lettre que vous alliez lire, monsieur Aramis, et que vous avez cachée?

– Une lettre de femme, Monseigneur.

– Oh! je conçois, dit le cardinal, il faut être discret pour ces sortes de lettres; mais cependant on peut les montrer à un confesseur, et, vous le savez, j’ai reçu les ordres.

– Monseigneur, dit Athos avec un calme d’autant plus terrible qu’il jouait sa tête en faisant cette réponse, la lettre est d’une femme, mais elle n’est signée ni Marion de Lorme, ni Mme d’Aiguillon.»

Le cardinal devint pâle comme la mort, un éclair fauve sortit de ses yeux; il se retourna comme pour donner un ordre à Cahusac et à La Houdinière. Athos vit le mouvement; il fit un pas vers les mousquetons, sur lesquels les trois amis avaient les yeux fixés en hommes mal disposés à se laisser arrêter. Le cardinal était, lui, troisième; les mousquetaires, y compris les laquais, étaient sept: il jugea que la partie serait d’autant moins égale, qu’Athos et ses compagnons conspiraient réellement; et, par un de ces retours rapides qu’il tenait toujours à sa disposition, toute sa colère se fondit dans un sourire.

«Allons, allons! dit-il, vous êtes de braves jeunes gens, fiers au soleil, fidèles dans l’obscurité; il n’y a pas de mal à veiller sur soi quand on veille si bien sur les autres; messieurs, je n’ai point oublié la nuit où vous m’avez servi d’escorte pour aller au Colombier-Rouge; s’il y avait quelque danger à craindre sur la route que je vais suivre, je vous prierais de m’accompagner; mais, comme il n’y en a pas, restez où vous êtes, achevez vos bouteilles, votre partie et votre lettre. Adieu, messieurs.»

Et, remontant sur son cheval, que Cahusac lui avait amené, il les salua de la main et s’éloigna.

Les quatre jeunes gens, debout et immobiles, le suivirent des yeux sans dire un seul mot jusqu’à ce qu’il eût disparu.

Puis ils se regardèrent.

Tous avaient la figure consternée, car malgré l’adieu amical de Son Éminence, ils comprenaient que le cardinal s’en allait la rage dans le cœur.

Athos seul souriait d’un sourire puissant et dédaigneux. Quand le cardinal fut hors de la portée de la voix et de la vue:

«Ce Grimaud a crié bien tard!» dit Porthos, qui avait grande envie de faire tomber sa mauvaise humeur sur quelqu’un.

Grimaud allait répondre pour s’excuser. Athos leva le doigt et Grimaud se tut.

«Auriez-vous rendu la lettre, Aramis? dit d’Artagnan.

– Moi, dit Aramis de sa voix la plus flûtée, j’étais décidé: s’il avait exigé que la lettre lui fût remise, je lui présentais la lettre d’une main, et de l’autre je lui passais mon épée au travers du corps.

– Je m’y attendais bien, dit Athos; voilà pourquoi je me suis jeté entre vous et lui. En vérité, cet homme est bien imprudent de parler ainsi à d’autres hommes; on dirait qu’il n’a jamais eu affaire qu’à des femmes et à des enfants.

– Mon cher Athos, dit d’Artagnan, je vous admire, mais cependant nous étions dans notre tort, après tout.

– Comment, dans notre tort! reprit Athos. À qui donc cet air que nous respirons? à qui cet océan sur lequel s’étendent nos regards? à qui ce sable sur lequel nous étions couchés? à qui cette lettre de votre maîtresse? Est-ce au cardinal? Sur mon honneur, cet homme se figure que le monde lui appartient: vous étiez là, balbutiant, stupéfait, anéanti; on eût dit que la Bastille se dressait devant vous et que la gigantesque Méduse vous changeait en pierre. Est-ce que c’est conspirer, voyons, que d’être amoureux? Vous êtes amoureux d’une femme que le cardinal a fait enfermer, vous voulez la tirer des mains du cardinal; c’est une partie que vous jouez avec Son Éminence: cette lettre c’est votre jeu; pourquoi montreriez-vous votre jeu à votre adversaire? cela ne se fait pas. Qu’il le devine, à la bonne heure! nous devinons bien le sien, nous!

– Au fait, dit d’Artagnan, c’est plein de sens, ce que vous dites là, Athos.

– En ce cas, qu’il ne soit plus question de ce qui vient de se passer, et qu’Aramis reprenne la lettre de sa cousine où M. le cardinal l’a interrompue.»

Aramis tira la lettre de sa poche, les trois amis se rapprochèrent de lui, et les trois laquais se groupèrent de nouveau auprès de la dame-jeanne.

«Vous n’aviez lu qu’une ligne ou deux, dit d’Artagnan, reprenez donc la lettre à partir du commencement.

«Volontiers», dit Aramis.

«Mon cher cousin, je crois bien que je me déciderai à partir pour Stenay, où ma sœur a fait entrer notre petite servante dans le couvent des Carmélites; cette pauvre enfant s’est résignée, elle sait qu’elle ne peut vivre autre part sans que le salut de son âme soit en danger. Cependant, si les affaires de notre famille s’arrangent comme nous le désirons, je crois qu’elle courra le risque de se damner, et qu’elle reviendra près de ceux qu’elle regrette, d’autant plus qu’elle sait qu’on pense toujours à elle. En attendant, elle n’est pas trop malheureuse: tout ce qu’elle désire c’est une lettre de son prétendu. Je sais bien que ces sortes de denrées passent difficilement par les grilles; mais, après tout, comme je vous en ai donné des preuves, mon cher cousin, je ne suis pas trop maladroite et je me chargerai de cette commission. Ma sœur vous remercie de votre bon et éternel souvenir. Elle a eu un instant de grande inquiétude; mais enfin elle est quelque peu rassurée maintenant, ayant envoyé son commis là-bas afin qu’il ne s’y passe rien d’imprévu.

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