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Les Possedes

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Les Possedes
Название: Les Possedes
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Possedes - читать бесплатно онлайн , автор Dosto?evski Fedor Mikha?lovitch

«Est-il possible de croire? S?rieusement et effectivement? Tout est l?.» Stavroguine envo?te tous ceux qui l'approchent, hommes ou femmes. Il ne trouve de limite ? son immense orgueil que dans l'existence de Dieu. Il la nie et tombe dans l'absurdit? de la libert? pour un homme seul et sans raison d'?tre. Tous les personnages de ce grand roman sont poss?d?s par un d?mon, le socialisme ath?e, le nihilisme r?volutionnaire ou la superstition religieuse. Ignorant les limites de notre condition, ces id?ologies sont incapables de rendre compte de l'homme et de la soci?t? et appellent un terrorisme destructeur. Sombre trag?die d'amour et de mort, «Les Poss?d?s» sont l'incarnation g?niale des doutes et des angoisses de Dosto?evski sur l'avenir de l'homme et de la Russie. D?s 1870, il avait pressenti les dangers du totalitarisme au XXe si?cle.

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Pierre Stépanovitch avait la fièvre et délirait; quelque chose d’extraordinaire se passait en lui; Stavroguine le regarda encore une fois. Tous deux marchaient sans s’arrêter.

– Il y a du bon dans son manuscrit, poursuivit Verkhovensky, – il y a l’espionnage. Dans son système, chaque membre de la société a l’œil sur autrui, et la délation est un devoir. Chacun appartient à tous, et tous à chacun. Tous sont esclaves et égaux dans l’esclavage. La calomnie et l’assassinat dans les cas extrêmes, mais surtout l’égalité. D’abord abaisser le niveau de la culture des sciences et des talents. Un niveau scientifique élevé n’est accessible qu’aux intelligences supérieures, et il ne faut pas d’intelligences supérieures! Les hommes doués de hautes facultés se sont toujours emparés du pouvoir, et ont été des despotes. Ils ne peuvent pas ne pas être des despotes, et ils ont toujours fait plus de mal que de bien; on les expulse ou on les livre au supplice. Couper la langue à Cicéron, crever les yeux à Copernic, lapider Shakespeare, voilà le chigalévisme! Des esclaves doivent être égaux; sans despotisme il n’y a encore eu ni liberté ni égalité, mais dans un troupeau doit régner l’égalité, et voilà le chigalévisme! Ha, ha, ha! vous trouvez cela drôle? Je suis pour le chigalévisme!

Stavroguine hâtait le pas, voulant rentrer chez lui au plus tôt. «Si cet homme est ivre, où donc a-t-il pu s’enivrer?» se demandait-il; «serait-ce l’effet du cognac qu’il a bu chez Virguinsky?»

– Écoutez, Stavroguine: aplanir les montagnes est une idée belle, et non ridicule. Je suis pour Chigaleff! À bas l’instruction et la science! Il y en a assez comme cela pour un millier d’années; mais il faut organiser l’obéissance, c’est la seule chose qui fasse défaut dans le monde. La soif de l’étude est une soif aristocratique. Avec la famille ou l’auteur apparaît le désir de la propriété. Nous tuerons ce désir: nous favoriserons l’ivrognerie, les cancans, la délation; nous propagerons une débauche sans précédents, nous étoufferons les génies dans leur berceau. Réduction de tout au même dénominateur, égalité complète. «Nous avons appris un métier et nous sommes d’honnêtes gens, il ne nous faut rien d’autre», voilà la réponse qu’ont faites dernièrement les ouvriers anglais. Le nécessaire seul est nécessaire, telle sera désormais la devise du globe terrestre. Mais il faut aussi des convulsions; nous pourvoirons à cela, nous autres gouvernants. Les esclaves doivent avoir des chefs. Obéissance complète, impersonnalité complète, mais, une fois tous les trente ans, Chigaleff donnera le signal des convulsions, et tous se mettront subitement à se manger les uns les autres, jusqu’à un certain point toutefois, à seule fin de ne pas s’ennuyer. L’ennui est une sensation aristocratique; dans le chigalévisme il n’y aura pas de désirs. Nous nous réserverons le désir et la souffrance, les esclaves auront le chigalévisme.

– Vous vous exceptez? laissa échapper malgré lui Nicolas Vsévolodovitch.

– Et vous aussi. Savez-vous, j’avais pensé à livrer le monde au pape. Qu’il sorte pieds nus de son palais, qu’il se montre à la populace en disant: «Voilà à quoi l’on m’a réduit!» et tout, même l’armée, se prosternera à ses genoux. Le pape en haut, nous autour de lui, et au-dessous de nous le chigalévisme. Il suffit que l’Internationale s’entende avec le pape, et il en sera ainsi. Quant au vieux, il consentira tout de suite; c’est la seule issue qui lui reste ouverte. Vous vous rappellerez mes paroles, ha, ha, ah! C’est bête? Dites, est-ce bête, oui ou non?

– Assez, grommela avec colère Stavroguine.

– Assez! écoutez, j’ai lâché le pape! Au diable le chigalévisme! Au diable le pape! Ce qui doit nous occuper, c’est le mal du jour, et non le chigalévisme, car ce système est un article de bijouterie, un idéal réalisable seulement dans l’avenir. Chigaleff est un joaillier et il est bête comme tout philanthrope. Il faut faire le gros ouvrage, et Chigaleff le méprise. Écoutez: à l’Occident il y aura le pape, et ici, chez nous, il y aura vous!

– Laissez-moi, homme ivre! murmura Stavroguine, et il pressa le pas.

– Stavroguine, vous êtes beau! s’écria avec une sorte d’exaltation Pierre Stépanovitch, – savez-vous que vous êtes beau? Ce qu’il y a surtout d’exquis en vous, c’est que parfois vous l’oubliez. Oh! je vous ai bien étudié! Souvent je vous observe du coin de l’œil, à la dérobée! Il y a même en vous de la bonhomie. J’aime la beauté. Je suis nihiliste, mais j’aime la beauté. Est-ce que les nihilistes ne l’aiment pas? Ce qu’ils n’aiment pas, c’est seulement les idoles; eh bien, moi, j’aime les idoles; vous êtes la mienne! Vous n’offensez personne, et vous êtes universellement détesté; vous considérez tous les hommes comme vos égaux, et tous ont peur de vous; c’est bien. Personne n’ira vous frapper sur l’épaule. Vous êtes un terrible aristocrate, et, quand il vient à la démocratie, l’aristocrate est un charmeur! Il vous est également indifférent de sacrifier votre vie et celle d’autrui. Vous êtes précisément l’homme qu’il faut. C’est de vous que j’ai besoin. En dehors de vous je ne connais personne. Vous êtes un chef, un soleil; moi, je ne suis à côté de vous qu’un ver de terre…

Tout à coup il baisa la main de Nicolas Vsévolodovitch. Ce dernier sentit un froid lui passer dans le dos; effrayé, il retira vivement sa main. Les deux hommes s’arrêtèrent.

– Insensé! fit à voix basse Stavroguine.

– Je délire peut-être, reprit aussitôt Verkhovensky, – oui, je bats peut-être la campagne, mais j’ai imaginé de faire le premier pas. C’est une idée que Chigaleff n’aurait jamais eue. Il ne manque pas de Chigaleffs! Mais un homme, un seul homme en Russie s’est avisé de faire le premier pas, et il sait comment s’y prendre. Cet homme, c’est moi. Pourquoi me regardez-vous? Vous m’êtes indispensable; sans vous, je suis un zéro, une mouche, je suis une idée dans un flacon, un Colomb sans Amérique.

Stavroguine regardait fixement les yeux égarés de son interlocuteur.

– Écoutez, nous commencerons par fomenter le désordre, poursuivit avec une volubilité extraordinaire Pierre Stépanovitch, qui, à chaque instant, prenait Nicolas Vsévolodovitch par la manche gauche de son vêtement. – Je vous l’ai déjà dit: nous pénètrerons dans le peuple même. Savez-vous que déjà maintenant nous sommes terriblement forts? Les nôtres ne sont pas seulement ceux qui égorgent, qui incendient, qui font des coups classiques ou qui mordent. Ceux-là ne sont qu’un embarras. Je ne comprends rien sans discipline. Moi, je suis un coquin et non un socialiste, ha, ha! Écoutez, je les ai tous comptés. Le précepteur qui se moque avec les enfants de leur dieu et de leur berceau, est des nôtres. L’avocat qui défend un assassin bien élevé en prouvant qu’il était plus instruit que ses victimes et que, pour se procurer de l’argent, il ne pouvait pas ne pas tuer, est des nôtres. Les écoliers qui, pour éprouver une sensation, tuent un paysan, sont des nôtres. Les jurés qui acquittent systématiquement tous les criminels sont des nôtres. Le procureur qui, au tribunal, tremble de ne pas se montrer assez libéral, est des nôtres. Parmi les administrateurs, parmi les gens de lettres un très grand nombre sont des nôtres, et ils ne le savent pas eux-mêmes! D’un côté, l’obéissance des écoliers et des imbéciles a atteint son apogée; chez les professeurs la vésicule biliaire a crevé; partout une vanité démesurée, un appétit bestial, inouï… Savez-vous combien nous devrons rien qu’aux théories en vogue? Quand j’ai quitté la Russie, la thèse de Littré qui assimile le crime à une folie faisait fureur; je reviens, et déjà le crime n’est plus une folie, c’est le bon sens même, presque un devoir, à tout le moins une noble protestation. «Eh bien, comment un homme éclairé n’assassinerait-il pas, s’il a besoin d’argent?» Mais ce n’est rien encore. Le dieu russe a cédé la place à la boisson. Le peuple est ivre, les mères sont ivres, les enfants sont ivres, les églises sont désertes, et, dans les tribunaux, on n’entend que ces mots: «Deux cents verges, ou bien paye un védro [21].» Oh! laissez croître cette génération! Il est fâcheux que nous ne puissions pas attendre, ils seraient encore plus ivres! Ah! quel dommage qu’il n’y ait pas de prolétaires! Mais il y en aura, il y en aura, le moment approche…

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