-->

Les Possedes

На нашем литературном портале можно бесплатно читать книгу Les Possedes, Dosto?evski Fedor Mikha?lovitch-- . Жанр: Классическая проза. Онлайн библиотека дает возможность прочитать весь текст и даже без регистрации и СМС подтверждения на нашем литературном портале bazaknig.info.
Les Possedes
Название: Les Possedes
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 326
Читать онлайн

Les Possedes читать книгу онлайн

Les Possedes - читать бесплатно онлайн , автор Dosto?evski Fedor Mikha?lovitch

«Est-il possible de croire? S?rieusement et effectivement? Tout est l?.» Stavroguine envo?te tous ceux qui l'approchent, hommes ou femmes. Il ne trouve de limite ? son immense orgueil que dans l'existence de Dieu. Il la nie et tombe dans l'absurdit? de la libert? pour un homme seul et sans raison d'?tre. Tous les personnages de ce grand roman sont poss?d?s par un d?mon, le socialisme ath?e, le nihilisme r?volutionnaire ou la superstition religieuse. Ignorant les limites de notre condition, ces id?ologies sont incapables de rendre compte de l'homme et de la soci?t? et appellent un terrorisme destructeur. Sombre trag?die d'amour et de mort, «Les Poss?d?s» sont l'incarnation g?niale des doutes et des angoisses de Dosto?evski sur l'avenir de l'homme et de la Russie. D?s 1870, il avait pressenti les dangers du totalitarisme au XXe si?cle.

Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала

Перейти на страницу:

Lorsqu’elle eut allumé la lampe, la servante appuya sa main droite sur sa joue, et, debout sur le seuil, se mit à considérer son maître d’un air attristé…

Il m’appela d’un signe près du divan sur lequel il était couché:

– Éloignez-là sous un prétexte quelconque; je ne puis souffrir cette pitié russe, et puis ça m’embête.

Mais Nastasia se retira sans qu’il fût besoin de l’inviter à sortir. Je remarquai qu’il avait toujours les yeux fixés sur la porte et qu’il prêtait l’oreille au moindre bruit arrivant de l’antichambre.

– Il faut être prêt, voyez-vous, me dit-il avec un regard significatif, – chaque moment… on vient, on vous prend, et ff…uit – voilà un homme disparu!

– Seigneur! Qui est-ce qui viendra? Qui est-ce qui peut vous prendre?

– Voyez-vous, mon cher, quand il est parti, je lui ai carrément demandé ce qu’on allait faire de moi.

– Vous auriez mieux fait de lui demander où l’on vous déportera! répliquai-je ironiquement.

– C’est aussi ce qui était sous-entendu dans ma question, mais il est parti sans répondre. Voyez-vous: en ce qui concerne le linge, les effets et surtout les vêtements chauds, c’est comme ils veulent: ils peuvent vous les laisser prendre ou vous emballer vêtu seulement d’un manteau de soldat. Mais, ajouta-t-il en baissant tout à coup la voix et en regardant vers la porte par où Nastasia était sortie, – j’ai glissé secrètement trente-cinq roubles dans la doublure de mon gilet, tenez, tâtez… Je pense qu’ils ne me feront pas ôter mon gilet; pour la frime j’ai laissé sept roubles dans mon porte-monnaie, et il y a là, sur la table, de la monnaie de cuivre bien en évidence; ils croiront que c’est là tout ce que je possède, et ils ne devineront pas que j’ai caché de l’argent. Dieu sait où je coucherai la nuit prochaine.

Je baissai la tête devant une telle folie. Évidemment on ne pouvait opérer ni perquisition ni saisie dans des conditions semblables, et à coup sûr il battait la campagne. Il est vrai que tout cela se passait avant la mise en vigueur de la législation actuelle. Il est vrai aussi (lui-même le reconnaissait) qu’on lui avait offert de procéder plus régulièrement; mais, «par ruse», il avait repoussé cette proposition… Sans doute, il n’y a pas encore bien longtemps, le gouverneur avait le droit, dans les cas urgents, de recourir à une procédure expéditive… Mais, encore une fois, quel cas urgent pouvait-il y avoir ici? Voilà ce qui me confondait.

– On aura certainement reçu un télégramme de Pétersbourg, dit soudain Stépan Trophimovitch.

– Un télégramme? À votre sujet? À cause de votre poème et des ouvrages de Hertzen? Vous êtes fou: est-ce que cela peut motiver une arrestation?

Je prononçai ces mots avec une véritable colère. Il fit la grimace, évidemment je l’avais blessé en lui disant qu’il n’y avait pas de raison pour l’arrêter.

– À notre époque on peut être arrêté sans savoir pourquoi, murmura-t-il d’un air mystérieux.

Une supposition saugrenue me vint à l’esprit.

– Stépan Trophimovitch, parlez-moi comme à un ami, criai-je, – comme à un véritable ami, je ne vous trahirai pas: oui ou non, appartenez-vous à quelque société secrète?

Grande fut ma surprise en constatant l’embarras dans lequel le jeta cette question: il n’était pas bien sûr de ne pas faire partie d’une société secrète.

– Cela dépend du point de vue où l’on se place, voyez-vous…

– Comment, «cela dépend du point de vue»?

– Quand on appartient de tout son cœur au progrès et… qui peut répondre… on croit ne faire partie de rien, et, en y regardant bien, on découvre qu’on fait partie de quelque chose.

– Comment est-ce possible? On est d’une société secrète ou l’on n’en est pas!

– Cela date de Pétersbourg, du temps où elle et moi nous voulions fonder là une revue. Voilà le point de départ. Alors nous leur avons glissé dans les mains, et ils nous ont oubliés; mais maintenant ils se souviennent. Cher, cher, est-ce que vous ne savez pas? s’écria-t-il douloureusement: – on nous rendra à notre tour, on nous fourrera dans une kibitka, et en route pour la Sibérie; ou bien on nous oubliera dans une casemate…

Et soudain il fondit en larmes. Portant à ses yeux son foulard rouge, il sanglota convulsivement pendant cinq minutes. J’éprouvai une sensation pénible. Cet homme, depuis vingt ans notre prophète, notre oracle, notre patriarche, ce fier vétéran du libéralisme devant qui nous nous étions toujours inclinés avec tant de respect, voilà qu’à présent il sanglotait comme un enfant qui craint d’être fouetté par son précepteur en punition de quelque gaminerie. Il me faisait pitié. Nul doute qu’il ne crût à la «kibitka» aussi fermement qu’à ma présence auprès de lui; il s’attendait à être transporté ce matin même, dans un instant, et tout cela à cause de son poème et des ouvrages de Hertzen! Si touchante qu’elle fût, cette phénoménale ignorance de la réalité pratique avait quelque chose de crispant.

À la fin il cessa de pleurer, se leva et recommença à se promener dans la pièce en s’entretenant avec moi, mais à chaque instant il regardait par la fenêtre et tendait l’oreille dans la direction de l’antichambre. Nous causions à bâtons rompus. En vain je m’évertuais à lui remonter le moral, autant eût valu jeter des pois contre un mur. Quoi qu’il ne m’écoutât guère, il avait pourtant un besoin extrême de m’entendre lui répéter sans cesse des paroles rassurantes. Je voyais qu’en ce moment il ne pouvait se passer de moi, et que pour rien au monde il ne m’aurait laissé partir. Je prolongeai ma visite, et nous restâmes plus de deux heures ensemble. Au cours de la conversation, il se rappela que Blum avait emporté deux proclamations trouvées chez lui.

– Comment, des proclamations? m’écriai-je pris d’une sotte inquiétude: – est-ce que vous…

– Eh! on m’en a fait parvenir dix, répondit-il d’un ton vexé (son langage était tantôt dépité et hautain, tantôt plaintif et humble à l’excès), – mais huit avaient déjà trouvé leur emploi, et Blum n’en a saisi que deux…

La rougeur de l’indignation colora tout à coup son visage.

– Vous me mettez avec ces gens là? Pouvez-vous supposer que je sois avec ces drôles, avec ces folliculaires, avec mon fils Pierre Stépanovitch, avec ces esprits forts de la lâcheté? Ô Dieu!

– Bah, mais ne vous aurait-on pas confondu… Du reste, c’est absurde, cela ne peut pas être? observai-je.

– Savez-vous, éclata-t-il brusquement, – il y a des minutes où je sens que je ferai là-bas quelque esclandre. Oh! ne vous en allez pas, ne me laissez pas seul! Ma carrière est finie aujourd’hui, je le sens. Vous savez, quand je serai là, je m’élancerai peut-être sur quelqu’un et je le mordrai, comme ce sous-lieutenant…

Il fixa sur moi un regard étrange où se lisaient à la fois la frayeur et le désir d’effrayer. À mesure que le temps s’écoulait sans qu’on vît apparaître la «kibitka», son irritation grandissait de plus en plus et devenait même de la fureur. Tout à coup un bruit se produisit dans l’antichambre: c’était Nastasia qui, par mégarde, avait fait tomber un portemanteau. Stépan Trophimovitch trembla de tous ses membres et pâlit affreusement; mais, quand il sut à quoi se réduisait le fait qui lui avait causé une telle épouvante, peu s’en fallut qu’il ne renvoyât brutalement la servante à la cuisine. Cinq minutes après il reprit la parole en me regardant avec une expression de désespoir.

Перейти на страницу:
Комментариев (0)
название