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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les trois mousquetaires читать книгу онлайн

Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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Il suivit un corridor, traversa un grand salon, entra dans une bibliothèque, et se trouva en face d’un homme assis devant un bureau et qui écrivait.

L’huissier l’introduisit et se retira sans dire une parole. D’Artagnan crut d’abord qu’il avait affaire à quelque juge examinant son dossier, mais il s’aperçut que l’homme de bureau écrivait ou plutôt corrigeait des lignes d’inégales longueurs, en scandant des mots sur ses doigts; il vit qu’il était en face d’un poète. Au bout d’un instant, le poète ferma son manuscrit sur la couverture duquel était écrit: Mirame, tragédie en cinq actes, et leva la tête.

D’Artagnan reconnut le cardinal.

CHAPITRE XL

LE CARDINAL

Le cardinal appuya son coude sur son manuscrit, sa joue sur sa main, et regarda un instant le jeune homme. Nul n’avait l’œil plus profondément scrutateur que le cardinal de Richelieu, et d’Artagnan sentit ce regard courir par ses veines comme une fièvre.

Cependant il fit bonne contenance, tenant son feutre à la main, et attendant le bon plaisir de Son Éminence, sans trop d’orgueil, mais aussi sans trop d’humilité.

«Monsieur, lui dit le cardinal, êtes-vous un d’Artagnan du Béarn?

– Oui, Monseigneur, répondit le jeune homme.

– Il y a plusieurs branches de d’Artagnan à Tarbes et dans les environs, dit le cardinal, à laquelle appartenez-vous?

– Je suis le fils de celui qui a fait les guerres de religion avec le grand roi Henri, père de Sa Gracieuse Majesté.

– C’est bien cela. C’est vous qui êtes parti, il y a sept à huit mois à peu près, de votre pays, pour venir chercher fortune dans la capitale?

– Oui, Monseigneur.

– Vous êtes venu par Meung, où il vous est arrivé quelque chose, je ne sais plus trop quoi, mais enfin quelque chose.

Monseigneur, dit d’Artagnan, voici ce qui m’est arrivé…

– Inutile, inutile, reprit le cardinal avec un sourire qui indiquait qu’il connaissait l’histoire aussi bien que celui qui voulait la lui raconter; vous étiez recommandé à M. de Tréville, n’est-ce pas?

– Oui, Monseigneur; mais justement, dans cette malheureuse affaire de Meung…

– La lettre avait été perdue, reprit l’Éminence; oui, je sais cela; mais M. de Tréville est un habile physionomiste qui connaît les hommes à la première vue, et il vous a placé dans la compagnie de son beau-frère, M. des Essarts, en vous laissant espérer qu’un jour ou l’autre vous entreriez dans les mousquetaires.

– Monseigneur est parfaitement renseigné, dit d’Artagnan.

Depuis ce temps-là, il vous est arrivé bien des choses: vous vous êtes promené derrière les Chartreux, un jour qu’il eût mieux valu que vous fussiez ailleurs; puis, vous avez fait avec vos amis un voyage aux eaux de Forges; eux se sont arrêtés en route; mais vous, vous avez continué votre chemin. C’est tout simple, vous aviez des affaires en Angleterre.

– Monseigneur, dit d’Artagnan tout interdit, j’allais.

– À la chasse, à Windsor, ou ailleurs, cela ne regarde personne. Je sais cela, moi, parce que mon état est de tout savoir. À votre retour, vous avez été reçu par une auguste personne, et je vois avec plaisir que vous avez conservé le souvenir qu’elle vous a donné.»

– D’Artagnan porta la main au diamant qu’il tenait de la reine, et en tourna vivement le chaton en dedans; mais il était trop tard.

«Le lendemain de ce jour vous avez reçu la visite de Cavois, reprit le cardinal; il allait vous prier de passer au palais; cette visite vous ne la lui avez pas rendue, et vous avez eu tort.

– Monseigneur, je craignais d’avoir encouru la disgrâce de Votre Éminence.

– Eh! pourquoi cela, monsieur? pour avoir suivi les ordres de vos supérieurs avec plus d’intelligence et de courage que ne l’eût fait un autre, encourir ma disgrâce quand vous méritiez des éloges! Ce sont les gens qui n’obéissent pas que je punis, et non pas ceux qui, comme vous, obéissent… trop bien… Et, la preuve, rappelez-vous la date du jour où je vous avais fait dire de me venir voir, et cherchez dans votre mémoire ce qui est arrivé le soir même.»

C’était le soir même qu’avait eu lieu l’enlèvement de Mme Bonacieux. D’Artagnan frissonna; et il se rappela qu’une demi-heure auparavant la pauvre femme était passée près de lui, sans doute encore emportée par la même puissance qui l’avait fait disparaître.

«Enfin, continua le cardinal, comme je n’entendais pas parler de vous depuis quelque temps, j’ai voulu savoir ce que vous faisiez. D’ailleurs, vous me devez bien quelque remerciement: vous avez remarqué vous-même combien vous avez été ménagé dans toutes les circonstances.

D’Artagnan s’inclina avec respect.

«Cela, continua le cardinal, partait non seulement d’un sentiment d’équité naturelle, mais encore d’un plan que je m’étais tracé à votre égard.

D’Artagnan était de plus en plus étonné.

«Je voulais vous exposer ce plan le jour où vous reçûtes ma première invitation; mais vous n’êtes pas venu. Heureusement, rien n’est perdu pour ce retard, et aujourd’hui vous allez l’entendre. Asseyez-vous là, devant moi, monsieur d’Artagnan: vous êtes assez bon gentilhomme pour ne pas écouter debout.»

Et le cardinal indiqua du doigt une chaise au jeune homme, qui était si étonné de ce qui se passait, que, pour obéir, il attendit un second signe de son interlocuteur.

«Vous êtes brave, monsieur d’Artagnan, continua l’Éminence; vous êtes prudent, ce qui vaut mieux. J’aime les hommes de tête et de cœur, moi; ne vous effrayez pas, dit-il en souriant, par les hommes de cœur, j’entends les hommes de courage; mais, tout jeune que vous êtes, et à peine entrant dans le monde, vous avez des ennemis puissants: si vous n’y prenez garde, ils vous perdront!

– Hélas! Monseigneur, répondit le jeune homme, ils le feront bien facilement, sans doute; car ils sont forts et bien appuyés, tandis que moi je suis seul!

– Oui, c’est vrai; mais, tout seul que vous êtes, vous avez déjà fait beaucoup, et vous ferez encore plus, je n’en doute pas. Cependant, vous avez, je le crois, besoin d’être guidé dans l’aventureuse carrière que vous avez entreprise; car, si je ne me trompe, vous êtes venu à Paris avec l’ambitieuse idée de faire fortune.

– Je suis dans l’âge des folles espérances, Monseigneur, dit d’Artagnan.

– Il n’y a de folles espérances que pour les sots, monsieur, et vous êtes homme d’esprit. Voyons, que diriez-vous d’une enseigne dans mes gardes, et d’une compagnie après la campagne?

– Ah! Monseigneur!

– Vous acceptez, n’est-ce pas?

– Monseigneur, reprit d’Artagnan d’un air embarrassé.

– Comment, vous refusez? s’écria le cardinal avec étonnement.

– Je suis dans les gardes de Sa Majesté, Monseigneur, et je n’ai point de raisons d’être mécontent.

– Mais il me semble, dit l’Éminence, que mes gardes, à moi, sont aussi les gardes de Sa Majesté, et que, pourvu qu’on serve dans un corps français, on sert le roi.

– Monseigneur, Votre Éminence a mal compris mes paroles.

– Vous voulez un prétexte, n’est-ce pas? Je comprends. Eh bien, ce prétexte, vous l’avez. L’avancement, la campagne qui s’ouvre, l’occasion que je vous offre, voilà pour le monde; pour vous, le besoin de protections sûres; car il est bon que vous sachiez, monsieur d’Artagnan, que j’ai reçu des plaintes graves contre vous, vous ne consacrez pas exclusivement vos jours et vos nuits au service du roi.»

D’Artagnan rougit.

«Au reste, continua le cardinal en posant la main sur une liasse de papiers, j’ai là tout un dossier qui vous concerne; mais avant de le lire, j’ai voulu causer avec vous. Je vous sais homme de résolution et vos services bien dirigés, au lieu de vous mener à mal pourraient vous rapporter beaucoup. Allons, réfléchissez, et décidez-vous.

– Votre bonté me confond, Monseigneur, répondit d’Artagnan, et je reconnais dans Votre Éminence une grandeur d’âme qui me fait petit comme un ver de terre; mais enfin, puisque Monseigneur me permet de lui parler franchement…»

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