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Les trois mousquetaires

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Les trois mousquetaires
Название: Les trois mousquetaires
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les trois mousquetaires - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

On ne pr?sente pas Les Trois Mousquetaires. Ce roman, ?crit en 1844, est en effet le plus c?l?bre de Dumas. Rappelons simplement qu’il s’agit du premier d’une trilogie, les deux suivants ?tant Vingt ans apr?s et Le vicomte de Bragelonne.

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On ne voyait personne, et le bastion semblait abandonné.

Les trois enfants perdus délibéraient s’ils iraient plus avant, lorsque tout à coup une ceinture de fumée ceignit le géant de pierre, et une douzaine de balles vinrent siffler autour de d’Artagnan et de ses deux compagnons.

Ils savaient ce qu’ils voulaient savoir: le bastion était gardé. Une plus longue station dans cet endroit dangereux eût donc été une imprudence inutile; d’Artagnan et les deux gardes tournèrent le dos et commencèrent une retraite qui ressemblait à une fuite.

En arrivant à l’angle de la tranchée qui allait leur servir de rempart, un des gardes tomba: une balle lui avait traversé la poitrine. L’autre, qui était sain et sauf, continua sa course vers le camp.

D’Artagnan ne voulut pas abandonner ainsi son compagnon, et s’inclina vers lui pour le relever et l’aider à rejoindre les lignes; mais en ce moment deux coups de fusil partirent: une balle cassa la tête du garde déjà blessé, et l’autre vint s’aplatir sur le roc après avoir passé à deux pouces de d’Artagnan.

Le jeune homme se retourna vivement, car cette attaque ne pouvait venir du bastion, qui était masqué par l’angle de la tranchée. L’idée des deux soldats qui l’avaient abandonné lui revint à l’esprit et lui rappela ses assassins de la surveille; il résolut donc cette fois de savoir à quoi s’en tenir, et tomba sur le corps de son camarade comme s’il était mort.

Il vit aussitôt deux têtes qui s’élevaient au-dessus d’un ouvrage abandonné qui était à trente pas de là: c’étaient celles de nos deux soldats. D’Artagnan ne s’était pas trompé: ces deux hommes ne l’avaient suivi que pour l’assassiner, espérant que la mort du jeune homme serait mise sur le compte de l’ennemi.

Seulement, comme il pouvait n’être que blessé et dénoncer leur crime, ils s’approchèrent pour l’achever; heureusement, trompés par la ruse de d’Artagnan, ils négligèrent de recharger leurs fusils.

Lorsqu’ils furent à dix pas de lui, d’Artagnan, qui en tombant avait eu grand soin de ne pas lâcher son épée, se releva tout à coup et d’un bond se trouva près d’eux.

Les assassins comprirent que s’ils s’enfuyaient du côté du camp sans avoir tué leur homme, ils seraient accusés par lui; aussi leur première idée fut-elle de passer à l’ennemi. L’un d’eux prit son fusil par le canon, et s’en servit comme d’une massue: il en porta un coup terrible à d’Artagnan, qui l’évita en se jetant de côté, mais par ce mouvement il livra passage au bandit, qui s’élança aussitôt vers le bastion. Comme les Rochelois qui le gardaient ignoraient dans quelle intention cet homme venait à eux, ils firent feu sur lui et il tomba frappé d’une balle qui lui brisa l’épaule.

Pendant ce temps, d’Artagnan s’était jeté sur le second soldat, l’attaquant avec son épée; la lutte ne fut pas longue, ce misérable n’avait pour se défendre que son arquebuse déchargée; l’épée du garde glissa contre le canon de l’arme devenue inutile et alla traverser la cuisse de l’assassin, qui tomba. D’Artagnan lui mit aussitôt la pointe du fer sur la gorge.

«Oh! ne me tuez pas! s’écria le bandit; grâce, grâce, mon officier! et je vous dirai tout.

– Ton secret vaut-il la peine que je te garde la vie au moins? demanda le jeune homme en retenant son bras.

– Oui; si vous estimez que l’existence soit quelque chose quand on a vingt-deux ans comme vous et qu’on peut arriver à tout, étant beau et brave comme vous l’êtes.

– Misérable! dit d’Artagnan, voyons, parle vite, qui t’a chargé de m’assassiner?

– Une femme que je ne connais pas, mais qu’on appelle Milady.

– Mais si tu ne connais pas cette femme, comment sais-tu son nom?

– Mon camarade la connaissait et l’appelait ainsi, c’est à lui qu’elle a eu affaire et non pas à moi; il a même dans sa poche une lettre de cette personne qui doit avoir pour vous une grande importance, à ce que je lui ai entendu dire.

– Mais comment te trouves-tu de moitié dans ce guet-apens?

– Il m’a proposé de faire le coup à nous deux et j’ai accepté.

– Et combien vous a-t-elle donné pour cette belle expédition?

– Cent louis.

– Eh bien, à la bonne heure, dit le jeune homme en riant, elle estime que je vaux quelque chose; cent louis! c’est une somme pour deux misérables comme vous: aussi je comprends que tu aies accepté, et je te fais grâce, mais à une condition!

– Laquelle? demanda le soldat inquiet en voyant que tout n’était pas fini.

– C’est que tu vas aller me chercher la lettre que ton camarade a dans sa poche.

– Mais, s’écria le bandit, c’est une autre manière de me tuer; comment voulez-vous que j’aille chercher cette lettre sous le feu du bastion?

– Il faut pourtant que tu te décides à l’aller chercher, ou je te jure que tu vas mourir de ma main.

– Grâce, monsieur, pitié! au nom de cette jeune dame que vous aimez, que vous croyez morte peut-être, et qui ne l’est pas! s’écria le bandit en se mettant à genoux et s’appuyant sur sa main, car il commençait à perdre ses forces avec son sang.

– Et d’où sais-tu qu’il y a une jeune femme que j’aime, et que j’ai cru cette femme morte? demanda d’Artagnan.

– Par cette lettre que mon camarade a dans sa poche.

– Tu vois bien alors qu’il faut que j’aie cette lettre, dit d’Artagnan; ainsi donc plus de retard, plus d’hésitation, ou quelle que soit ma répugnance à tremper une seconde fois mon épée dans le sang d’un misérable comme toi, je le jure par ma foi d’honnête homme…»

Et à ces mots d’Artagnan fit un geste si menaçant, que le blessé se releva.

«Arrêtez! arrêtez! s’écria-t-il reprenant courage à force de terreur, j’irai… j’irai!…»

D’Artagnan prit l’arquebuse du soldat, le fit passer devant lui et le poussa vers son compagnon en lui piquant les reins de la pointe de son épée.

C’était une chose affreuse que de voir ce malheureux, laissant sur le chemin qu’il parcourait une longue trace de sang, pâle de sa mort prochaine, essayant de se traîner sans être vu jusqu’au corps de son complice qui gisait à vingt pas de là!

La terreur était tellement peinte sur son visage couvert d’une froide sueur, que d’Artagnan en eut pitié; et que, le regardant avec mépris:

«Eh bien, lui dit-il, je vais te montrer la différence qu’il y a entre un homme de cœur et un lâche comme toi; reste, j’irai.»

Et d’un pas agile, l’œil au guet, observant les mouvements de l’ennemi, s’aidant de tous les accidents de terrain, d’Artagnan parvint jusqu’au second soldat.

Il y avait deux moyens d’arriver à son but: le fouiller sur la place, ou l’emporter en se faisant un bouclier de son corps, et le fouiller dans la tranchée.

D’Artagnan préféra le second moyen et chargea l’assassin sur ses épaules au moment même où l’ennemi faisait feu.

Une légère secousse, le bruit mat de trois balles qui trouaient les chairs, un dernier cri, un frémissement d’agonie prouvèrent à d’Artagnan que celui qui avait voulu l’assassiner venait de lui sauver la vie.

D’Artagnan regagna la tranchée et jeta le cadavre auprès du blessé aussi pâle qu’un mort.

Aussitôt il commença l’inventaire: un portefeuille de cuir, une bourse où se trouvait évidemment une partie de la somme que le bandit avait reçue, un cornet et des dés formaient l’héritage du mort.

Il laissa le cornet et les dés où ils étaient tombés, jeta la bourse au blessé et ouvrit avidement le portefeuille.

Au milieu de quelques papiers sans importance, il trouva la lettre suivante: c’était celle qu’il était allé chercher au risque de sa vie:

«Puisque vous avez perdu la trace de cette femme et qu’elle est maintenant en sûreté dans ce couvent où vous n’auriez jamais dû la laisser arriver, tâchez au moins de ne pas manquer l’homme; sinon, vous savez que j’ai la main longue et que vous payeriez cher les cent louis que vous avez à moi.»

Pas de signature. Néanmoins il était évident que la lettre venait de Milady. En conséquence, il la garda comme pièce à conviction, et, en sûreté derrière l’angle de la tranchée, il se mit à interroger le blessé. Celui-ci confessa qu’il s’était chargé avec son camarade, le même qui venait d’être tué, d’enlever une jeune femme qui devait sortir de Paris par la barrière de La Villette, mais que, s’étant arrêtés à boire dans un cabaret, ils avaient manqué la voiture de dix minutes.

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