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La Reine Margot Tome I

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La Reine Margot Tome I
Название: La Reine Margot Tome I
Автор: Dumas Alexandre
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 261
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La Reine Margot Tome I читать книгу онлайн

La Reine Margot Tome I - читать бесплатно онлайн , автор Dumas Alexandre

Sur fond de guerres sanglantes, de Saint Barth?l?my ainsi que de la lutte entre Catherine de M?dicis et Henri de Navarre, la premi?re ?pouse de ce dernier, Marguerite de Valois, appel?e la reine Margot, entretient des intrigues amoureuses notoires et violentes… Roman historique qui reste avant tout un roman, ce livre nous fait sentir l'atmosph?re de cette ?poque et appr?hender l'histoire de notre pays!

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– Hélas! Sire, répliqua La Mole, je souhaite à Votre Majesté toutes sortes de bonheurs; mais aujourd’hui nous n’avons plus M. l’amiral.

Henri se mit à sourire de ce sourire de paysan matois que l’on ne comprit à la cour que le jour où il fut roi de France.

– Mais, madame, reprit-il en regardant La Mole avec attention, ce gentilhomme ne peut demeurer chez vous sans vous gêner infiniment et sans être exposé à de fâcheuses surprises. Qu’en ferez-vous?

– Mais, Sire, dit Marguerite, ne pourrions-nous le faire sortir du Louvre? car en tous points je suis de votre avis.

– C’est difficile.

– Sire, M. de La Mole ne peut-il trouver un peu de place dans la maison de Votre Majesté?

– Hélas! madame, vous me traitez toujours comme si j’étais encore roi des huguenots et comme si j’avais encore un peuple. Vous savez bien que je suis à moitié converti et que je n’ai plus de peuple du tout.

Une autre que Marguerite se fût empressée de répondre sur-le-champ: Il est catholique. Mais la reine voulait se faire demander par Henri ce qu’elle désirait obtenir de lui. Quant à La Mole, voyant cette réserve de sa protectrice et ne sachant encore où poser le pied sur le terrain glissant d’une cour aussi dangereuse que l’était celle de France, il se tut également.

– Mais, reprit Henri, relisant la lettre apportée par La Mole, que me dit donc M. le gouverneur de Provence, que votre mère était catholique et que de là vient l’amitié qu’il vous porte?

– Et à moi, dit Marguerite, que me parliez-vous d’un vœu que vous avez fait, monsieur le comte, d’un changement de religion? Mes idées se brouillent à cet égard; aidez-moi donc, monsieur de la Mole. Ne s’agissait-il pas de quelque chose de semblable à ce que paraît désirer le roi?

– Hélas! oui; mais Votre Majesté a si froidement accueilli mes explications à cet égard, reprit La Mole, que je n’ai point osé…

– C’est que tout cela ne me regardait aucunement, monsieur. Expliquez au roi, expliquez.

– Eh bien, qu’est-ce que ce vœu? demanda le roi.

– Sire, dit La Mole, poursuivi par des assassins, sans armes, presque mourant de mes deux blessures, il m’a semblé voir l’ombre de ma mère me guidant vers le Louvre une croix à la main. Alors j’ai fait le vœu, si j’avais la vie sauve, d’adopter la religion de ma mère, à qui Dieu avait permis de sortir de son tombeau pour me servir de guide pendant cette horrible nuit. Dieu m’a conduit ici, Sire. Je m’y vois sous la double protection d’une fille de France et du roi de Navarre. Ma vie a été sauvée miraculeusement; je n’ai donc qu’à accomplir mon vœu, Sire. Je suis prêt à me faire catholique.

Henri fronça le sourcil. Le sceptique qu’il était comprenait bien l’abjuration par intérêt; mais il doutait fort de l’abjuration par la foi.

– Le roi ne veut pas se charger de mon protégé, pensa Marguerite.

La Mole cependant demeurait timide et gêné entre les deux volontés contraires. Il sentait bien, sans se l’expliquer, le ridicule de sa position. Ce fut encore Marguerite qui, avec sa délicatesse de femme, le tira de ce mauvais pas.

– Sire, dit-elle, nous oublions que le pauvre blessé a besoin de repos. Moi même je tombe de sommeil. Eh! tenez!

La Mole pâlissait en effet; mais c’étaient les dernières paroles de Marguerite qu’il avait entendues et interprétées qui le faisaient pâlir.

– Eh bien, madame, dit Henri, rien de plus simple; ne pouvons-nous laisser reposer M. de La Mole?

Le jeune homme adressa à Marguerite un regard suppliant et, malgré la présence des deux Majestés, se laissa aller sur un siège, brisé de douleur et de fatigue.

Marguerite comprit tout ce qu’il y avait d’amour dans ce regard et de désespoir dans cette faiblesse.

– Sire, dit-elle, il convient à Votre Majesté de faire à ce jeune gentilhomme, qui a risqué sa vie pour son roi, puisqu’il accourait ici pour vous annoncer la mort de l’amiral et de Téligny, lorsqu’il a été blessé; il convient, dis-je, à Votre Majesté de lui faire un honneur dont il sera reconnaissant toute sa vie.

– Et lequel, madame? dit Henri. Commandez, je suis prêt.

– M. de La Mole couchera cette nuit aux pieds de Votre Majesté, qui couchera, elle, sur ce lit de repos. Quant à moi, avec la permission de mon auguste époux, ajouta Marguerite en souriant, je vais appeler Gillonne et me remettre au lit; car, je vous le jure, Sire, je ne suis pas celle de nous trois qui ai le moins besoin de repos.

Henri avait de l’esprit, peut-être un peu trop même: ses amis et ses ennemis le lui reprochèrent plus tard. Mais il comprit que celle qui l’exilait de la couche conjugale en avait acquis le droit par l’indifférence même qu’il avait manifestée pour elle; d’ailleurs, Marguerite venait de se venger de cette indifférence en lui sauvant la vie. Il ne mit donc pas d’amour-propre dans sa réponse.

– Madame, dit-il, si M. de La Mole était en état de passer dans mon appartement, je lui offrirais mon propre lit.

– Oui, reprit Marguerite, mais votre appartement, à cette heure, ne vous peut protéger ni l’un ni l’autre, et la prudence veut que Votre Majesté demeure ici jusqu’à demain.

Et, sans attendre la réponse du roi, elle appela Gillonne, fit préparer les coussins pour le roi, et aux pieds du roi un lit pour La Mole, qui semblait si heureux et si satisfait de cet honneur, qu’on eût juré qu’il ne sentait plus ses blessures.

Quant à Marguerite, elle tira au roi une cérémonieuse révérence, et, rentrée dans sa chambre bien verrouillée de tous côtés, elle s’étendit dans son lit.

– Maintenant, se dit Marguerite à elle-même, il faut que demain M. de La Mole ait un protecteur au Louvre, et tel fait ce soir la sourde oreille qui demain se repentira.

Puis elle fit signe à Gillonne, qui attendait ses derniers ordres, de venir les recevoir. Gillonne s’approcha.

– Gillonne, lui dit-elle tout bas, il faut que demain, sous un prétexte quelconque, mon frère, le duc d’Alençon, ait envie de venir ici avant huit heures du matin.

Deux heures sonnaient au Louvre. La Mole causa un instant politique avec le roi, qui peu à peu s’endormit, et bientôt ronfla aux éclats, comme s’il eût été couché dans son lit de cuir de Béarn. La Mole eût peut-être dormi comme le roi; mais Marguerite ne dormait pas; elle se tournait et se retournait dans son lit, et ce bruit troublait les idées et le sommeil du jeune homme.

– Il est bien jeune, murmurait Marguerite au milieu de son insomnie, il est bien timide; peut-être même, il faudra voir cela, peut-être même sera-t-il ridicule; de beaux yeux cependant… une taille bien prise, beaucoup de charmes; mais s’il allait ne pas être brave!… Il fuyait… Il abjure… c’est fâcheux, le rêve commençait bien; allons… Laissons aller les choses et rapportons-nous-en au triple dieu de cette folle Henriette.

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