Cyteen, vol. 1
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Il s’attarda sur le seuil de la pièce, puis déclara :
— Je dois faire un saut à la bibliothèque.
Son ami releva le menton :
— Tu n’as aucune raison de t’inquiéter pour moi.
— Va.
Grant mordilla sa lèvre.
— On se retrouve pour le déjeuner.
— Parfait.
Une fois seul, Justin s’assit et repoussa des papiers sur le côté du poste de travail, pour connecter l’ordinateur à la mémoire centrale de la Maison. Il aillait se mettre à l’ouvrage quand un point clignotant lui signala la réception d’un message. Il le fit apparaître.
Passez me voir à mon bureau dès votre arrivée, lut-il. Giraud Nye.
Il resta assis, à fixer l’écran. Sa main tremblait, lorsqu’il se pencha pour arrêter l’appareil.
Il ne s’était pas attendu à cela. La pensée d’un nouveau psychosondage traversa son esprit, accompagnée par ses anciens cauchemars. Il lui faudrait maîtriser toutes ses réactions.
Mais ses réflexes de défense avaient disparu. Tous. Ilétait vulnérable. Au même titre que Grant.
Il disposerait pour se reprendre du temps nécessaire pour aller jusqu’au bureau de Nye. Il envisagea d’effectuer un détour par la bibliothèque, afin d’avertir son amic mais c’eût été se conduire en coupable et le moindre faux pas risquait de le condamner.
Non,pensa-t-il. Il mordit sa lèvre avec force, et le goût du sang le renvoya dans le passé, lors d’une autre rencontre.
Ça y est, se dit-il. Le moment est venu.
Il remit en marche l’appareil et adressa un message au bureau de Grant : Giraud veut me voir. Je risque d’être en retard pour le déjeunerc J. Ce serait suffisant. Quant à ce que ferait son ami, il n’en avait pas la moindre idée.
Il savait seulement qu’il s’inquiéterait.
Il arrêta à nouveau le moniteur, se leva, ferma à clé son bureau et s’éloigna dans le couloir. Il regardait ce cadre familier et ceux qui s’y trouvaient en pensant qu’il les voyait peut-être pour la dernière fois. Que, tout comme Grant, il risquait de garder comme ultime vision de ce monde l’image d’une salle d’interrogatoire de l’hôpital.
9
Giraud occupait toujours le même bureau de la section administrative, celui avec une entrée lambrissée fermée par un verrou extérieurc des précautions plus importantes que celles dont Ari s’était entourée. Si Giraud avait cessé d’être le chef des services de sécurité pour devenir le conseillerNye – pour ceux qui ne travaillaient pas à Reseune, tout au moins –, les membres de la Maisonnée savaient qu’il continuait de les diriger.
Justin glissa sa carte dans la fente. Le mécanisme cliqueta et il entra son matricule de CIT avant de pénétrer dans un vestibule également lambrissé et d’ouvrir une porte intérieure, sur une pièce où se trouvaient Abbanc
c et deux gardes. Abban se leva du fauteuil, avec nonchalance.
Justin se figea puis se tourna vers le plus proche des azis en uniforme. Il le fixa droit dans les yeux. Restons civilisés. Il fit un autre pas et laissa la porte se refermer derrière lui. Ils disposaient d’un détecteur corporel.
— Veuillez lever les bras, ser.
Il obtempéra et ils passèrent la baguette sur ses vêtements. L’appareil signala quelque chose dans la poche de sa veste. Le garde sortit la serviette en papier. Justin lui adressa un regard méprisant, bien que son cœur se fût emballé et que l’air contenu dans cette pièce ne lui parût pas assez dense.
Lorsqu’ils se furent assurés qu’il n’avait pas d’arme, Abban lui ouvrit l’autre porte. Tous les azis la franchirent avec lui.
Giraud n’était pas seul. Il y avait aussi Denys, et Petros Ivanov. Le cœur de Justin sembla vouloir monter dans sa gorge. Un des azis le prit par le bras pour le guider jusqu’au siège restant, en face de Giraud. Denys était sur la gauche et Petros sur la droite.
Tels des juges, dans un tribunal.
Les gardes restèrent. L’un d’eux posa la main sur le dossier du siège de Justin. Giraud les renvoya d’un geste, mais quelqu’un demeura dans la pièce quand la porte se referma.
Abban, estima Justin.
— Vous savez pourquoi je vous ai convoqué, fit Giraud. Il serait superflu de le préciser.
Il attendait un commentaire.
— Oui, ser.
Je suis à leur merci.
Et pourquoi Petros serait-il présent, si ce n’est pour me psychosonder ?
— Avez-vous une déclaration à faire ?
— Je n’en vois pas la raison.
Il fut soulagé de constater qu’il contrôlait sa voix. Merde, tu dois te reprendre.
Et, comme un vent issu des ténèbres : Ressaisis-toi, mon chéri. Réfute toutes leurs accusations.
— Je n’ai pas provoqué cet incident. Le Ciel m’en est témoin.
— Vous auriez pu partir.
— Je l’ai fait.
— Après.
La colère serrait les lèvres de Giraud qui prit un style et le tint entre ses doigts.
— Quelles étaient vos intentions ? Saboter le Projet ?
— Non. J’étais un simple invité, comme tous les autres. Je ne pensais qu’à mes affaires. Qu’avez-vous fait ? Vous lui avez appris à exécuter ce petit numéro ? C’est cela ?Un spectacle, destiné à impressionner la Famille et mener les médias en bateau ? Je parie que vous avez tout enregistré.
Giraud ne s’était pas attendu à cela. Il parut ébranlé, et les autres peinés.
— Personne ne lui a fait la moindre suggestion, intervint Denys. Vous avez ma parole, Justin. Nous ne l’avons pas incitée à se comporter ainsi.
— Mon œil. C’est une sacrée aubaine pour les journalistes, pas vrai ? Le genre de truc à sensation qui devrait faire un tabac : l’enfant démasque le double de son assassin. Seigneur, quels miracles peut réaliser la science !
— Inutile de nous jouer cette comédie, Justin. Cet entretien n’est pas enregistré.
— Je m’en doute.
Il tremblait. Il déplaça son pied afin de soulager sa jambe, l’empêcher de trembler. Mais son cerveau s’emballait. Ils allaient le soumettre à un nouveau psychosondage, tels étaient leurs projets ; et cette prise de conscience fut assez brutale pour chasser les brumes qui obscurcissaient ses pensées.
— Je présume que vous allez me conditionner, avant de me présenter aux journalistes. Il serait dommage de m’avoir filmé pendant cette fête pour me laisser ensuite tomber dans l’oubli, ou me faire disparaître. Je vous pose un problème, pas vrai ?
— Justin, intervint Petros sur un ton suppliant, nul ne touchera à votre esprit. Ce n’est pas dans ce but que nous nous sommes réunis.
— Cela va de soi.
— Nous voulons simplement vous poser une question, déclara Giraud. Avez-vous influencé son comportement ?
— Trouvez vous-même la réponse. Pensez ce que vous voulez. Visionnez l’enregistrement de la soirée.
— C’est déjà fait. Grant a regardé Ari. Vous l’avez fixée à votre tour et elle s’est approchée.
Une attaque dirigée contre une nouvelle cible. Mais il était logique qu’ils s’en prennent à son azi.
— Pourriez-vous me dire à qui s’intéressaient tous les autres convives ? Qui étions-nous tous venus voir ?Oui, cette enfant m’intriguait. Vous vous imaginez peut-être que j’aurais pu aller à cette soirée et ne paslui prêter attention ? Vous m’avez vu. Vous auriez pu me dire de sortir. Mais vous vous en êtes bien gardés. C’était un piège, à mon intention. Vous aviez tout organisé. Qui était dans le secret ? Seulement vous trois ?
— Vous affirmez ne pas avoir tenté d’influencer Ari ?
— Non, bon sang. Ni moi ni Grant. Je lui posé la même question. Il ne m’aurait pas menti. Il admet l’avoir dévisagée. « Je ne pouvais plus détourner les yeux », voilà ce qu’il m’a dit. Il n’est pas responsable. Moi non plus.
Petros changea de position et se pencha vers Giraud.
— Pensez à ce que j’ai dit, Gerry.
Giraud effleura une touche et un écran se redressa sur le plateau du bureau. Il tapa quelque chose de la main droite, sans doute une demande de consultation de fichier. Les données qui défilaient sur le moniteur se reflétaient sur son collier de métal : un miroitement verdâtre.