Cyteen, vol. 1
Cyteen, vol. 1 читать книгу онлайн
Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала
Ils prirent l’ascenseur pour descendre. Les azis étaient nombreux, dans le hall : la plupart portaient des habits noirs, et Ari pouvait reconnaître ceux qui avaient des tenues différentes. Ils ne ressemblaient pas à maman ou à oncle Denys mais à des azis. Il lui arrivait de faire semblant d’être une azie. Elle marchait sans faire de bruit et se tenait bien droite, et elle prenait une expression très grave pour répondre : « Oui, sera » à maman. (Pas à Nelly. À Nelly, elle disait : « Oui », tout court.) Parfois, elle était maman et ordonnait à Nelly : « Fais mon lit, s’il te plaît. » (Et à Ollie, un jour : « Sers-moi un verre, bon sang. » Une mauvaise idée. Ollie avait obtempéré puis s’était empressé d’aller tout raconter à maman. Et maman lui avait dit que c’était très vilain et qu’à l’avenir Ollie ne lui obéirait plus si elle parlait mal. À présent, elle ne disait plus bon sangqu’à Nelly.)
Maman la guida au sein de la foule d’azis, en direction d’une porte où des gens s’étaient regroupés. Une dame vint vers elle pour lui dire :
— Bonne année, Ari.
Et elle se pencha devant la fillette. Elle avait un très joli collier et on pouvait voir jusqu’au fond de son corsage. Ari trouva cette vision intéressante. Mais Ollie la prit dans ses bras. C’était mieux. Il lui était à présent possible de regarder les visages des invités.
La femme se mit à discuter avec maman et d’autres adultes se regroupèrent autour d’eux. Ils parlaient tous à la fois, et Ari respirait une odeur de parfum, de nourriture et de poudre de riz.
Elle était toujours dans les bras d’Ollie, quand elle sentit qu’on lui tapotait l’épaule. Elle se tourna vers oncle Denys. Oncle Denys était très gros. Il prenait beaucoup de place. Elle se demandait s’il était plein à l’intérieur ou s’il devait inspirer à fond puis retenir sa respiration, pour rester aussi rond.
— Comment vas-tu, Ari ?
Oncle Denys avait dû hurler à cause du brouhaha des conversations.
Et tous les gens arrêtèrent de parler et se tournèrent vers eux.
— Bonne et heureuse nouvelle année.
Elle en fut à la fois déconcertée et intéressée. Si c’était sa nouvelleannée, il en découlait que c’était son anniversaire, tous ces gens auraient dû venir chez elle et lui apporter des cadeaux. Or, elle ne voyait aucun paquet enrubanné.
— Bonne année, dirent les autres.
Elle les regarda, pleine d’espoir. Mais elle ne vit toujours pas le moindre présent. Elle soupira, et aperçut le punch et le gâteau à l’instant où Ollie l’emportait dans la foule.
Il avait compris.
— Tu veux du punch ? demanda-t-il.
Elle hocha la tête. Le bruit était pénible. Elle n’aimait guère ces réunions d’adultes. Cette fête n’avait ni rime ni raison mais les mots punch et gâteau étaient agréables à entendre. Elle s’agrippa à l’épaule d’Ollie et se sentit joyeuse, parce qu’il pourrait l’emporter jusqu’à la table où s’entassaient toutes les friandises. Il savait quelle importance elle accordait à ces choses. Du punch et un énorme gâteauc ça lui faisait presque autant plaisir qu’un cadeau.
— Il faut que je te pose, lui dit-il. Ça te va ? Tu resteras ici sans bouger et moi j’irai te chercher une coupe.
Non, ça ne lui allait pas. Les gens étaient trop grands, la musique trop forte, et quand on la laissait par terre elle ne pouvait plus rien voir, des jambes exceptées. Un étourdi risquait de lui marcher dessus. Mais Ollie la posa malgré tout. Maman se rapprochait en compagnie d’oncle Denys, et la foule ne la piétinait pas. Les gens la regardaient. Certains souriaient. Cela la rassurait et lui permettait de se sentir en sécurité.
— Surtout, n’en renverse pas.
Ollie lui tendit une coupé.
La boisson était verte et ne lui inspirait qu’une confiance relative, mais elle avait une bonne odeur et un goût encore plus agréable.
— Tu es trop grande pour te faire porter, déclara oncle Denys.
Ari leva les yeux et son nez se plissa. Elle ne partageait pas cette opinion. Maman disait la même chose. Mais pas Ollie. Ollie était grand et fort, différent de tous les autres. Elle aimait bien se faire porter par lui. Elle s’agrippait à son cou et se laissait aller contre son épaule, parce qu’on ne sentait pas ses os et qu’il était comme un fauteuil qu’elle avait le droit d’escalader. Sa peau était chaude, et il sentait bon. Mais Ollie allait chercher des boissons pour maman et oncle Denys, qui continuaient de discuter, et elle but du punch, assourdie par la musique.
Ollie se pencha vers elle après avoir apporté des coupes à maman et à Denys.
— Tu veux du gâteau ? lui demanda-t-il d’une voix forte. Il y en aura d’autres, à la fête des enfants.
C’était prometteur.
— Je veux encore du punch, dit-elle.
Elle lui tendit son verre.
— Et un petit bout de gâteau, s’il te plaît.
Elle attendit son retour au milieu d’un espace dégagé, bien sage, les mains croisées dans le dos. Elle se remémora que maman lui interdisait de se balancer sur les talons, parce que ça donnait un air stupide. Des gens qu’elle ne connaissait pas approchèrent pour lui dire qu’ils la trouvaient très jolie et lui souhaiter eux aussi une bonne année, mais elle en avait assez des grandes personnes et désirait s’en aller. Les seules choses qui la retenaient ici étaient le punch et la part de gâteau qu’Ollie devait lui apporter.
Elle estima que ce serait sans doute plus amusant, à la fête des enfants.
Et peut-être y aurait-il des cadeaux, là-bas.
— Viens et assieds-toi, lui dit Ollie.
Il gardait le gâteau et le punch. Elle vit des sièges, le long du mur, et se sentit soulagée. Si elle renversait la boisson sur son nouvel ensemble, maman la gronderait. Elle grimpa sur une chaise et l’azi posa l’assiette sur ses genoux, la coupe sur le siège voisin. Elle avait la rangée pour elle toute seule.
— Je vais m’en chercher un, déclara-t-il. Reste ici. Je reviens.
Elle hocha la tête, avec du gâteau plein la bouche. C’était un blanc. Les meilleurs. Avec un bon glaçage. Ari était heureuse. Elle goûta la pâtisserie en laissant ses pieds se balancer puis se lécha les doigts. Des gens empêchaient Ollie d’approcher du bol de punch et maman parlait avec Denys et Giraud.
Tous devaient attendre l’arrivée des cadeaux. Sans doute allaient-ils enfin s’amuser. Leurs habits miroitaient. Elle avait vu quelques-unes de ces personnes à la maison, mais la plupart lui étaient inconnues. Elle termina son gâteau, se lécha à nouveau les doigts, puis se laissa glisser de la chaise. Les convives venaient de se regrouper autour des tables. Elle avait un vaste espace dégagé autour d’elle.
Elle se dirigea vers Ollie, pour découvrir s’il avait progressé au sein de la file d’attente qui s’allongeait devant le bol de punch, mais quelqu’un venait d’aborder l’azi. Cela lui offrait une opportunité de faire un petit tour.
Elle s’éloigna. Pas loin. Maman et Ollie risquaient de l’oublier et de s’en aller. Elle tourna la tête pour s’assurer qu’elle voyait toujours maman. Oui. Mais elle discutait encore. Tant mieux. Si maman la grondait elle lui répondrait : J’étais juste à côté, et maman ne pourrait pas se mettre trop en colère.
Les habits étaient très jolis. Surtout le corsage vert de cette dame, si fin qu’on pouvait voir à travers. Et la chemise noire pailletée de cet homme. Mais c’était maman qui avait les bijoux les plus beaux.
Son attention fut attirée par des cheveux presque rouges.
Un azi. En noir. Elle l’observa. Elle répondait bonjour quand on la saluait, mais sans y accorder d’importance. Elle avait toujours cru avoir la chevelure la plus belle de toutes, mais celle de cet azi l’était encore plus. Et il avait un très joli visage. Ce n’était pas juste. S’il existait des cheveux pareils, elle voulait en avoir. Les siens lui inspiraient de l’insatisfaction.
Il posa les yeux sur elle. Ce n’était pas un azi. Non. Si. Son expression devint grave et il se détourna en feignant de ne pas remarquer qu’elle le fixait. Il était en compagnie d’un jeune homme brun qui l’étudia à son tour. L’azi parut vouloir l’en empêcher.