Cyteen, vol. 1
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— Ne cherche pas quelles erreurs tu as pu commettre. Ne te conduis pas comme si tu étais en faute. Écoute-moi bien : si tu réagis, ils en feront autant.
La voix d’Ari, issue du passé : Détends-toi, mon chéri.
Je comprends que tu sois bouleversé, mon garçon, mais tu dois te reprendre.
Aurais-tu peur des femmes, mon cœur ? Tu sais à quel point ton père est misogyne.
La Famille est un tel fardeau.
Il enfouit son visage entre ses paumes et comprit qu’il avait perdu tous ses atoutsc sa logique, sa maîtrise de soi, ses mécanismes de défense. Il errait dans les corridors de Reseune tel un spectre, l’esprit grand ouvert, sans rien dissimuler. Voyez, constatez que je suis inoffensif.
Nul ne devait s’inquiéter à son sujet. Il était l’esclave de ses nerfs et de ses pulsions. Il n’inspirait que de la méfiance et du dégoût. Les malheurs de Jordan et ses remords pour en avoir été la cause l’avaient privé de sa combativité et fait sombrer dans un état proche de la folie. Voilà ce qu’on devait penser de lui.
Les quelques individus qui avaient visionné ces maudites bandes exceptés. Ces gens savaient ce qu’Ari lui avait fait subir et comprenaient pourquoi il se réveillait en sursaut et veillait à ce que nul ne pût le toucher, ou rester près de lui. Surtout Petros Ivanov, qui avait sondé son esprit après Giraud et les autres. Je vais procéder à une intervention bénigne,avait-il dit en lui caressant l’épaule. Il s’était avéré nécessaire de faire appel à trois gardes musclés pour le conduire à l’hôpital et à plusieurs internes pour lui injecter le cataphorique. Sur un ordre de Giraud. Je me contenterai de vous dire que vous n’avez pas à vous inquiéter. Vous êtes en sécurité. Vous avez subi un traumatisme. Je vais effacer tout cela. D’accord ? Détendez-vous. Vous me connaissez, Justin. Vous savez que je suis votre amic
Ô Seigneur ! Que m’ont-ils fait ? Ari, Giraud, Petrosc
Il pleurait. Grant le prit par le bras. Son ami, le seul être dont il supportait le contact. Quand l’enfant avait pris sa main il s’était vu transporter dans le passé, le temps d’un éclair. Il lui avait semblé être touché par un cadavre.
Il resta assis sans rien dire, jusqu’au moment où des voix qui provenaient de l’autre côté de la cour intérieure l’informèrent que des gens venaient de sortir de la Maison. Une haie les dissimulait. Mais il réussit à se reprendre.
— Justin ?
— Ça va, bon sang, grommela-t-il avant de dire à son ami une chose qu’il avait toujours tue : Petros a trafiqué mon esprit. À moins que ce ne soit Giraud. Ou encore Ari. Tu ne le vois donc pas ? Ne remarques-tu pas une différence ?
— Non.
— Dis-moi la vérité, bordel !
L’azi tressaillit. Un frisson étrange, lointain. Puis de la souffrance. Une torture.
— Que m’ont-ils fait ?
— Je suis dans l’impossibilité de comprendre les hommes-nés.
— Ne me débite pas ces conneries !
— Je voulais direc
L’azi était livide, et ses lèvres tremblaient.
— Justin, vous autres, les CITc votre comportement me dépasse.
— Ne me mens pas. Quelle était ta pensée ?
— Que je ne connais pas la réponse. Bon sang, tu as encaissé coup sur coup, une succession ininterrompue. Si tu étais un azi tu aurais réagi comme moi, ce qui se serait avéré préférable. J’ignore ce qui se passe en toi. Je voisc je te voisc
— Accouche !
— Tu n’es pasc ce que tu serais si rien de tout cela ne s’était produit. Qui aurait pu s’en tirer indemne ? Tu apprends. Tu t’adaptes.
— Tu éludes ma question. M’ont-ils fait quelque chose ?
— Je ne sais pas, balbutia Grant. Je ne peux porter un jugement sur le psychset d’un CIT.
— Tu le peux, si c’est le mien.
— Ne me pousse pas dans mes derniers retranchements, Justin. Je ne sais pas.Je l’ignore, tout comme j’ignore comment je pourrais m’y prendre pour être fixé sur ce point.
— Ils m’ont psyché, c’est ça ? Allons. Tu doism’aider, Grant.
— Il est évident que toutes ces épreuves t’ont marqué. Je ne saurais dire si Petros t’a soulagé ou blessé encore plus.
— Pour ne pas dire achevé, en me faisant subir la même chose qu’Ari. La gossec
Il avait reçu un coup. Un coup brutal. Il venait d’effectuer un voyage dans le temps. J’ai peur des flashes-bandes. Je veux m’en isoler. Je fuis tout ce qui se rapporte à cette période. C’est une décision en soi, non ?
Petros : Je vais l’enfermer.
L’emprisonner derrière des murailles.
Seigneur. Un blocage psych. C’est possible.
Ils n’étaient pas mes amis. Pas plus que ceux de Jordan. Ce n’est un secret pour personne.
Il prit une inspiration. Je me ferme à tout ce qu’elle m’a appris. Tout cela me terrifie.
— Justin ?
Et cette fillette vient de faire écrouler ces remparts. Elle m’a renvoyé dans le passé, avant l’intervention de Petros. Avant même celle de Giraud. À l’époque où il n’y avait qu’Ari.
Quand je me croyais invulnérable. Cette nuit-là, lorsque j’ai franchi la porte de son appartement, je croyais être le maître de la situation.
Et j’ai découvert mon erreur deux secondes plus tard.
La Famille est un tel fardeau, mon chéri.
Que voulait-elle me dire ?
— Justin ?
Souhaitait-elle que Reseune devienne ce qu’elle est ? Avait-elle l’intention de livrer cette gosse à Giraud ?
Merde, il respectait autrefois ses volontés, mais depuis sa mortc
— Justin !
Il prit conscience que Grant le secouait, pris de panique.
— Ça va, marmonna-t-il. Je vais très bien.
Il sentit la main de l’azi se refermer sur la sienne. Elle était chaude. Le vent semblait le traverser. Il ignorait ce qu’il regardait. Le jardin. L’étang.
— Grantc que cette enfant soit ou non la réincarnation d’Emory, elle est intelligente. Elle a trouvé le moyen de lespsycher. Je me trompe ? Elle a déduit quels étaient les désirs de leur subconscient. N’est-ce pas ce que tu disais des cobayes d’Hauptmann ? Elle leur a fait croire tout cela. À Denys, Jane, Giraud et tous les autres. Mais il n’est pas nécessaire que je partage leur opinion pour savoir ce qui se produira si Giraud considère que nous représentons une menace.
— Laisse tomber, Justin. Partons. Il commence à faire frais.
— Crois-tu qu’ils m’ont soumis à un psychoblocage ?
Il regagna le présent et vit le visage de son ami, devenu livide à cause de la froidure.
— Dis-moi la vérité.
Un interminable silence. La respiration de Grant était hachée. Il n’y avait pas besoin d’être un expert pour le constater.
— C’est possible.
L’azi serra la main de Justin avec force : une étreinte douloureuse. Ce fut d’une voix tremblante qu’il ajouta :
— J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir. Je n’ai cessé d’essayer, depuis lors. Tiens bon. Ne leur offre aucune opportunité de te toucher à nouveau. Et ils le ferontc si tu leur fournis le moindre prétexte. Tu sais qu’ils le peuvent.
— Je ne vais pas craquer, rassure-toi. Je saisce qu’ils ont fait.
Il prit une inspiration profonde et attira son ami contre lui, pour l’étreindre. Il se pencha vers l’azi, épuisé.
— Je vais bien. Mieux, sans doute, qu’au cours de ces six dernières années.
Grant le dévisagea, angoissé.
— Je te le jure, ajouta Justin.
Il ne sentait plus la morsure du vent. Il était gelé. Engourdi.
— Merde. Nous avons du temps devant nous, non ?
— Rien ne presse. Viens. Tu es transi de froid. Et moi aussi. Rentrons.
Il se leva, jeta les miettes restantes aux poissons, fourra la serviette dans sa poche avec des doigts gourds et se mit à marcher. Il n’était pas conscient du chemin qu’il suivait, de tout ce qui relevait des actions machinales. Grant ne disait rien. Il resta silencieux jusqu’au bureau de Justin, dans la deuxième section.