La main coupee (Отрезанная рука)
La main coupee (Отрезанная рука) читать книгу онлайн
продолжение серии книг про Фантомаса
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Brusquement, Juve se redressa…
— Ah, s’écria-t-il avec un accent de rage terrible, il ne sera pas dit que je n’aurai rien tenté pour sauver Fandor.
Et en même temps Juve tirait de sa poche son revolver, ajustait à son tour le personnage qui ajustait Fandor. Juve prit à peine le temps de viser. Juve lâcha les six coups de son revolver. Hélas, il avait mal calculé sa distance. La femme qui visait Fandor se trouvait hors de portée de revolver.
À peine si, aux détonations du revolver, l’inconnue qui visait Fandor avait tressailli. Juve alors se voila les yeux de ses mains. Désarmé, ne pouvant plus rien, il songea que Fandor était condamné sans retour. Allait-il donc le laisser périr sans rien faire pour adoucir son trépas ? Juve, dans l’angoisse qui l’étreignait à cette minute, trouvait les seuls mots capables de réconforter celui qui allait mourir.
— Fandor, hurla-t-il, et l’écho répéta ses paroles en les amplifiant, Fandor, je te pardonne.
Mais les paroles de Juve résonnaient encore dans le grand silence tranquille de la mer infinie et des champs solitaires qu’avec un claquement sec, une détonation avait retenti.
La femme, du haut de la falaise, ayant minutieusement assuré son coup, venait de faire feu. Fandor était mort.
Juve, qui surveillait les gestes de l’inconnue, ne comprenait point qu’elle poussât un « vivat » joyeux, qu’elle agitât les mains en signe d’allégresse. Il n’osait à peine détourner la tête pour regarder ce qui était advenu du journaliste… Tiens, la voix de Fandor ?
— Hé, Juve, criait-elle, vous êtes bien gentil de me pardonner, c’est très généreux à vous. D’autant que je n’ai rien à me reprocher. Mais fichtre de nom d’un chien, je vous serais bien plus obligé encore si vous preniez seulement la peine de venir me décrocher. J’en ai assez, moi, vous savez, de jouer les suspensions.
***
Une demi-heure plus tard, Juve et Fandor étaient réunis au sommet de la falaise, sains et saufs.
Juve, sitôt le mystérieux coup de feu parti, sitôt l’appel de Fandor entendu, s’était précipité vers une échelle disposée quelque cent mètre plus loin pour les besoins du service des douanes et, courant au flanc des rocs, il l’avait gravie, il avait atteint le sommet de la falaise. Sans difficulté alors, il avait trouvé l’arbre auquel on avait attaché la corde au bout de laquelle se balançait Fandor, il l’avait halée, cette corde, il avait remonté le journaliste attaché, pieds et poings liés. Sauvé !
De la femme qui avait fait feu sur Fandor, nulle trace.
Et Juve, maintenant, anxieusement, interrogeait le journaliste :
— Mais que t’est-il donc arrivé ? quelle était cette femme qui tirait sur toi ?
Fandor, que Juve venait de déligoter, s’étirait consciencieusement, rétablissait dans ses bras endoloris la circulation, d’abord, n’avait rien dit.
Puis, il avait tendu sa main, large ouverte, à Juve et comme le policier, en dépit de son ressentiment, y plaçait la sienne, franchement, cordialement, les deux hommes avaient échangé une étreinte.
— Mon bon Juve.
— Mon pauvre Fandor.
Mais décidément Juve ne voulait pas se laisser attendrir :
— Cette femme qui a tiré sur toi, c’était Denise ?
Or, à la question du policier, Fandor qui, en vérité, n’était jamais long à reprendre son sang-froid, se contenta de sourire :
Taquin, le journaliste s’amusait à exciter l’anxiété de Juve.
Ce n’est qu’à la troisième interrogation du policier qu’il se décida à répondre.
— Eh bien, oui, avoua Fandor, c’était Denise qui visait, la fille de Fantômas. Seulement, Juve, où vous êtes complètement loufoque, c’est quand vous accusez cette enfant d’avoir fait feu sur moi.
— Quoi ? ce n’était pas toi qu’elle ajustait ?
— Jamais de la vie, et même c’est elle qui m’a sauvé encore plus que vous.
— Ah çà.
— Mon cher Juve, tâchez de vous taire deux minutes et écoutez-moi.
Suivait le récit des aventures de Fandor, enlevé par les apaches sur l’ordre de Fantômas, et condamné à mort :
— Seulement, mon cher Juve, ces bougres-là ont des idées d’outre-monde. Au lieu de me tuer tout simplement, et c’était facile puisque je ne pouvais remuer pieds ou pattes, ils avaient inventé un supplice affolant. Oh, je ne m’en plains pas. Sans leur invention biscornue, je serais certainement de l’autre côté du Styx. Mais écoutez-moi cela : voilà ce qu’ils ont fait. Mon bon Juve, à peine étais-je pris qu’ils m’ont attaché, roulé dans un filet, au bout de la corde que vous venez si gentiment de haler. Bon. Je me voyais suspendu au bout de ce fil et ça n’avait rien d’agréable, mais après tout il y avait encore de l’espoir. Ah, ouiche, je me trompais de la belle manière. Savez-vous ce qu’ils avaient combiné ?
— Dis.
— Eh bien, Juve, ils avaient flanqué, accroché à la falaise, une énorme loupe. Cette loupe était arrangée de telle sorte – oh, je n’ai pas tardé à m’en rendre compte – qu’à un moment donné, à midi, je pense, elle devait concentrer ses rayons sur un point de la corde, et crac, j’étais précipité dans le vide. C’est d’ailleurs pour cela, entre nous, que j’imaginai de me balancer comme un possédé au bout de ma corde. Ma situation n’avait rien de gai. Ah, vous avez cru que c’était le vent qui m’agitait ainsi ? Erreur, Juve, c’était bel et bien moi qui provoquais ces bonds désordonnés, histoire de soustraire la corde à l’action de la loupe et d’éviter la culbute.
— Mais le coup de fusil, Fandor ? cette femme qui a tiré ? Cette Denise ?
— Ah, Denise ? elle vous inquiète. Eh bien, je vous le répète, c’est elle qui m’a sauvé. Tandis que j’étais en train de m’agiter comme un diable dans un bénitier, j’ai vu arriver Denise, la carabine à la main. D’où venait-elle ? comment avait-elle su le danger que je courais ? ma foi je n’en sais rien. Toujours est-il que Denise a vu ce qu’il fallait faire pour me sauver. Mon bon Juve, si vous voulez savoir la vérité, Denise ne tenait assurément pas à haler cette corde. Vous m’accusez de m’entendre avec elle ? c’est archifaux. La vérité est que Denise me fuit. Donc, comment allait-elle me sauver ? Elle n’a pas hésité. La fille de Fantômas a épaulé sa carabine juste comme vous arriviez et pan, elle a visé la loupe, elle l’a fracassée en mille morceaux, flush royale d’emblée ! Comme vous arriviez, elle me savait sauvé. Ouf.
***
Malheureusement, ce sujet de discussion épuisé, les deux hommes se retrouvèrent face à face, ayant à aborder d’autres questions, plus graves.
Certes, Juve avait volé au secours de Fandor. Certes, il avait fait tout ce qu’il était en son pouvoir pour sauver le journaliste d’une mort affreuse. Mais Juve ne pouvait oublier cependant que Fandor avait trahi, que Fandor l’avait trompé à plusieurs reprises. Et maintenant que Juve avait cédé à l’impulsion naturelle de sa vieille amitié, il se sentait réenvahi, petit à petit, par la colère qu’il nourrissait contre Fandor pour les trahisons dont il l’accusait.
Or, c’était précisément Fandor qui devait ramener ce sujet sur le tapis.
— Juve, déclara le journaliste qui, lui, tout à la joie de causer à son excellent ami, ne paraissait plus se souvenir des graves motifs de division qui existaient entre eux, Juve, il faut que je vous raconte quelque chose d’invraisemblable.
Et Fandor, le plus naïvement du monde, fit à Juve le récit stupéfiant de l’attitude qu’avait eue Ivan Ivanovitch devant lui : l’officier russe refusant une enveloppe bourrée de billets de banque que lui apportait un huissier du Casino.
— Je pense, concluait Fandor, je pense, Juve, que vous vous rendrez compte maintenant que ce n’est pas l’attitude d’un coupable ?
Mais tandis que Fandor parlait, Juve était demeuré muet d’étonnement.
Sans une exclamation, il avait écouté le récit de son ancien ami, à peine s’il retrouva la parole pour manifester sa surprise.
— Ah ça, Fandor, déclarait Juve, que me chantes-tu ? Tu as vu Ivan Ivanovitch refuser une enveloppe bourrée de billets de banque ? Mais, crédieu, moi, moi, Juve, tu m’entends bien, je l’ai précisément vu accepter une enveloppe, une enveloppe en tous points analogue à celle que tu me décris et précisément bourrée de billets de banque. Lequel de nous deux à la berlue ?