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La main coupee (Отрезанная рука)

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La main coupee (Отрезанная рука)
Название: La main coupee (Отрезанная рука)
Дата добавления: 15 январь 2020
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La main coupee (Отрезанная рука) - читать бесплатно онлайн , автор Аллен Марсель

продолжение серии книг про Фантомаса

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— Qu’est-ce qu’il y a ? cria Juve.

D’un seul mot, M. de Vaugreland le renseigna :

— Volé, le Casino est volé. En allant chercher les encaisses pour la partie de ce soir, nous venons de trouver le coffre-fort forcé, vidé, presque vide. Ce sont des millions et des millions que l’on a emportés.

Juve tituba. Fandor, insouciant, se contenta de faire la moue, puis de remarquer à voix basse :

— Cela vaut encore mieux qu’un nouvel assassinat.

Mais précisément, à la remarque de Fandor, M. de Vaugreland se redressa, bondit hors de son fauteuil comme projeté par un ressort :

— Et ce n’est pas tout, clamait le malheureux directeur. Le vol, ce n’est encore rien. Regardez cette lettre, cette lettre abominable, cette lettre que l’on a trouvée dans les caves. Lisez-la, monsieur Juve.

Tout le monde à ce moment parlait à la fois. Juve, après quelques instants qu’il occupa à obtenir le silence nécessaire à la lecture du document, évidemment grave, qu’on lui communiquait, se saisit enfin de la lettre que brandissait M. de Vaugreland…

Et cette lettre, il la lut à haute voix :

Monsieur le directeur, « Je me nomme Ivan Ivanovitch, je suis commandant par la volonté du tsar, mon maître, du cuirassé russe leSkobeleff , ancré devant votre Casino.

« J’ai l’honneur de porter à votre connaissance les faits suivants :

« J’ai joué à la roulette, joué et perdu non seulement trois cent mille francs représentant ma fortune personnelle, mais encore trois cent mille francs constituant la caisse de mon bâtiment.

« Je n’ai point l’intention d’échapper au juste châtiment que mérite mon crime, mais j’entends qu’au moins soit remboursé l’argent que j’ai soustrait à mon État, à la caisse duSkobeleff .

« Ce remboursement, je le veux, vous le ferez.

« Considérez donc cette lettre comme un ultimatum. Rendez-moi les trois cent mille francs que j’ai dilapidés alors qu’ils ne m’appartenaient pas. Rendez-les-moi avant l’aube, ou je braque tous les canons duSkobeleff sur le Casino de Monte-Carlo, que je fais sauter.

« Choisissez :

« Restitution des trois cent mille francs qui représentent mon vol ou bombardement.

Je signe de mes qualités, monsieur le directeur :

Ivan Ivanovitch, Commandant duSkobeleff .

La lettre tremblait dans les mains de Juve, tandis qu’il lisait cet étrange factum.

— Bigre de bigre, murmurait le policier, c’est qu’il ne s’agit pas de rire. Ce bonhomme a l’air tout à fait décidé. Ah ! malédiction. Mais, qu’est-ce que cela veut dire ? Ivan Ivanovitch n’est donc pas Fantômas ? Ivan Ivanovitch n’est donc même pas un complice ?

***

À coup sûr, l’étonnement de Juve en lisant la lettre du commandant du Skobeleffétait fort naturel.

Mais pourquoi M. de Vaugreland manifestait-il une si parfaite stupeur ?

Cette lettre n’était-elle pas celle qu’Ivan Ivanovitch, une semaine auparavant, avait remise au directeur du Casino de Monte-Carlo ?

Il est vrai que M. de Vaugreland, jadis se trouvant en face d’Ivan Ivanovitch venu rapporter les trois cent mille francs payés par le Casino, avait paru ne rien comprendre à la restitution tentée par l’officier russe.

Alors, puisque nul ne connaissait l’existence de la première démarche du commandant, qui donc avait reçu Ivan Ivanovitch en se donnant pour le directeur ?

Qui donc lui avait prêté trois cent mille francs ?

Quel effroyable marché avait alors imposé à son débiteur ce mystérieux créancier ?

30 – LE COMMANDANT DU « SKOBELEFF »

… Et pourtant, une animation considérable régnait toujours au Casino.

C’étaient dans les galeries le perpétuel va et vient des promeneurs aux toilettes élégantes, les rires et les propos joyeux qui fusaient d’un groupe à l’autre.

À l’extrémité de l’Atrium, juchés sur les hauts tabourets du bar, s’empressant autour des tables, les amateurs de boissons américaines dégustaient paisiblement leurs consommations bizarres.

Et cependant que cette animation régnait à l’entour du Casino paradisiaque superbement illuminé, du milieu des salles de jeu où la foule était encore peut-être plus nombreuse qu’à son ordinaire, retentissaient, dans le bruissement de l’or, les perpétuelles sollicitations des croupiers :

« Faites vos jeux, messieurs, faites vos jeux. » Ou leurs ordres : « Rien ne va plus. »

Il faisait ce soir-là une température d’une douceur exquise et la brise marine apportait dans les grandes galeries une fraîcheur qui contrastait agréablement avec l’atmosphère surchauffée des salons.

Du fond du bar où elle était déjà installée, Daisy Kissmi qui, pourtant, était fort troublée par la mort d’Isabelle de Guerray, convaincue que pareil sort lui adviendrait un jour, se grisait plus que jamais.

Elle venait de faire remarquer à Conchita Conchas, installée non loin d’elle, que le gros Pérouzin, ancien notaire devenu inspecteur, ne quittait pas l’entrée de l’Atrium :

— Aoh, s’écria-t-elle, que peut-il bien faire celui-là. et comme il doit avoir chaud avec son gros ventre.

Conchita Conchas ne prêtait que peu d’attention aux propos de l’Anglaise.

D’abord, elle ne connaissait même pas de vue l’inspecteur Pérouzin.

De tout le personnel des agents spéciaux du Casino, elle n’avait retenu que la silhouette bizarre du seul inspecteur Nalorgne. La jeune femme, superstitieuse, le savait ancien prêtre et il devait, assurait-elle, porter la veine ou la guigne, à volonté.

Conchita, d’ailleurs, était en grande conversation avec M. Héberlauf, auquel ressemblait, disait-elle, Nalorgne.

Quant à Héberlauf, il n’était pour le moment préoccupé que d’une chose : c’était de l’instance en divorce qu’il voulait introduire contre sa digne épouse qui, contrairement à ce que l’on pouvait supposer, avait découché toute une nuit sans que nul pût savoir ce qu’elle avait fait dans la soirée.

Et, enfin, dans ce bar, se trouvait encore la petite Louppe qui, cessant d’être gavroche et mutine, écoutait, en ouvrant de grands yeux effarés, les propositions que lui adressait le vieux diplomate Paraday-Paradou. Celui-ci promettait à l’ex-maîtresse du député Laurans une situation sociale de premier ordre en Tripolitaine, si elle consentait à l’épouser, bien qu’il n’eût pas beaucoup d’argent.

Cependant que ces propos s’échangeaient au bar, l’inspecteur Pérouzin surveillait, en effet, minutieusement, l’entrée des salles de jeu.

Nalorgne s’était installé à la porte qui donnait accès sur la galerie et la gracieuse M meGérar, que l’on prenait pour une grande dame en quête d’aventures, errait entre les tables de la roulette.

Dans le bureau directorial où M. de Vaugreland allait et venait ne tenant pas en place, Juve et Fandor se considéraient, la mine soucieuse.

Ce soir, malgré leur calme imperturbable, ils ne pouvaient s’empêcher d’éprouver une certaine appréhension.

Il n’y avait pas à en douter, la menace d’Ivan Ivanovitch était formelle. L’officier russe se livrait à un effroyable chantage et comme vraisemblablement il se rendait compte qu’il était impossible qu’on lui remboursât les sommes qu’il avait perdues, peut-être allait-il commettre la folie irréparable de bombarder le Casino avant de faire sauter son navire.

Toutefois, l’émotion qu’avaient éprouvée les trois hommes à la lecture de cette lettre comminatoire s’était atténuée dans une certaine mesure.

On espérait vivement qu’Ivan Ivanovitch s’en tiendrait à sa déclaration et qu’il ne procéderait pas comme il l’avait écrit.

Alors ? on allait le voir au Casino, il allait tenter la suprême démarche avant d’adopter la suprême solution ?

Par moments, Juve se demandait si tout cela était possible ? si un homme sain de corps et d’esprit, si un officier était capable de penser, d’écrire une telle lettre ?

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