La main coupee (Отрезанная рука)
La main coupee (Отрезанная рука) читать книгу онлайн
продолжение серии книг про Фантомаса
Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала
« Personne ? rien de suspect ? non ? j’avais bien tort de me condamner à l’obscurité.
Fantômas qui venait de promener le pinceau lumineux sorti de sa lampe tout autour de lui, l’abaissait sur le sol :
Et dans l’auréole de la lampe, brusquement, apparut un phonographe.
Le bandit, qui, au moment où il allumait sa lampe, était debout, s’agenouilla, se courba sur l’appareil, déclencha le mécanisme du phonographe. Le disque vibra sous la pointe de diamant du stylet.
Et tout d’un coup, dans le silence de la pièce, à nouveau, les craquements extraordinaires retentirent.
Mais, dès lors, nul ne se serait trompé sur leur provenance. C’était assurément ces craquements qui étaient enregistrés sur le phonographe, c’étaient eux que l’appareil reproduisait, c’étaient eux aussi que Fantômas comptait en s’écriant :
— Six, trois, deux, un. Soit au total le chiffre 6321.
Que méditait donc le bandit ?
Après avoir maintes et maintes fois, fait dérouler le disque du phonographe, après avoir, avec une attention extraordinaire, écouté les craquements qu’il reproduisait, Fantômas, brusquement se releva, arrêta l’appareil, puis, souriant, s’éclairant de la lampe, se dirigea vers le fond de la cave.
— Et maintenant, murmurait Fantômas, à nous les millions, à moi les trésors.
Il pénétra, ouvrant avec une clé qu’il tenait à la main une porte grillagée, dans une seconde cave attenant à celle où il était demeuré jusqu’alors. Mais cette cave, cette nouvelle cave, ne ressemblait pas à la première.
Tout autour de ses murailles couraient une infinité de fils électrifiés sans doute. Sur le sol, des ressorts mystérieux s’apercevaient, une infinité d’appareils dont on se demandait l’emploi.
Ce n’était point cependant à ces dispositions bizarres que l’œil d’un visiteur, si jamais un visiteur avait pénétré en pareil lieu, se serait arrêté. À coup sûr, il aurait plutôt noté l’extraordinaire, l’énorme, le gigantesque coffre-fort qui occupait le centre de la pièce. C’était une armoire de fer, d’apparence impressionnante. Sans doute, si le sol de la cave était jonché de trappes, de pièges, de dispositifs compliqués, c’est que l’on avait voulu mettre ce coffre à l’abri de toute approche.
Fantômas, pourtant, semblait n’avoir nul souci de tous ces dispositifs. À peine entré dans la cave, il avait envoyé les rayons de sa lampe sur le coffre-fort. Il ne semblait plus pouvoir penser à autre chose qu’aux trésors inappréciables qui devaient dormir à l’intérieur de ce coffre, à l’abri de la serrure secrète en commandant l’ouverture.
Et bientôt Fantômas, comme s’il eût été pris d’un vertige, s’écriait, grandiloquent :
— Te voilà donc, Coffre-fort de Monte-Carlo. Source intarissable des gains qui se réalisent dans les salons de jeu. Gouffre sans fin où s’écroulent des fortunes entières depuis toujours et pour toujours. Te voilà donc, coffre inattaquable, inapprochable et que j’ai approché, que je vais attaquer.
Fantômas interrompit ses paroles pour éclater de rire, rire strident, infernal, qui résonnait lugubrement sous les voûtes sonores des caves, puis il reprit, fou d’orgueil :
— Pour pénétrer jusqu’à toi, pour avoir la satisfaction de te voir, pour risquer cette chose impossible et que je vais réaliser, qui est de t’ouvrir, de puiser l’or que tu renfermes, d’emporter les liasses de billets de banque que tu protèges, rien ne m’a coûté. On avait dit de moi, jusqu’ici, que j’étais le roi de l’assassinat. On croyait que j’avais atteint les plus hauts sommets du crime, les limites les plus reculées de l’audace, erreur. Voici qui devrait me valoir une apothéose : Coffre de Monte-Carlo, j’ai tué ton gardien, le caissier Louis Meynan, pour avoir ta clef. Coffre de Monte-Carlo, ta clef, j’ai eu la ruse de la rendre à son légitime propriétaire pour endormir ses craintes. Coffre-fort de Monte-Carlo, il me fallait encore, outre cette clef que j’avais copiée, dont je possédais le double, ton secret, le secret de ta serrure, ce secret, j’ai su le surprendre, je le possède, ton chiffre, je le connais, le chiffre qui ouvre tes portes de fer, je le détiens. Pour te violer, j’ai réussi la ruse que nul n’aurait réussie, que nul, sauf moi, n’aurait même imaginée. Et puis, Coffre auquel j’adresse des discours, Coffre insensible et qui n’est que matière, tout cela t’importe peu, n’est-il pas vrai ? ce qui t’intrigue, si tant est que tu puisses raisonner, c’est de savoir comment j’ai pu surprendre ce chiffre 6321, ce qui me permet d’asservir ta serrure ?
Encore une fois Fantômas s’interrompit. D’une voix plus douce, il reprenait quelques instants plus tard :
— Ce qui m’ennuie, c’est de songer que Juve ne comprendra jamais rien à cette affaire. Bah, tant pis. Et cependant je suis sûr qu’il eût applaudi à mon invention. Ce n’était pas mal, véritablement, d’avoir songé à embusquer un phonographe dans la cave, à côté du coffre pour que son rouleau enregistrât le nombre de craquements que faisait la serrure, lorsqu’on donnait la combinaison du chiffre pour arriver à l’ouvrir. Non, ce n’était pas mal. Mais, qu’importe ? le tout c’est de ne m’être pas trompé.
Fantômas posa a côté de lui, sur le sol, la lanterne électrique qui lui servait à s’éclairer. De sa poche, il tira une clé qu’il introduisit précautionneusement dans la serrure du coffre-fort. Puis d’une main qui tremblait un peu il commença à tourner les boutons moletés qui amenaient les chiffres formant la combinaison de la serrure.
— Les craquements du phonographe, disait Fantômas, ont enregistré le bruit que fait cette serrure quand on forme la combinaison, j’ai trouvé le chiffre 6 321, vive Dieu, essayons le 6 321.
La combinaison formée, une sueur froide perla sur le front du bandit.
Allait-il pouvoir ouvrir ?
Allait-il réellement forcer l’inviolable coffre du Casino de Monte-Carlo ?
Fantômas, qui se sentait défaillir, s’efforça au calme.
Et il avait une telle maîtrise de lui-même, qu’en quelques secondes, il avait recouvré tout son sang-froid. D’une main qui ne tremblait pas, il tournait la clef, une fois, deux fois. Sans bruit, comme un organisme bien entretenu, les rouages de précision de la serrure fonctionnèrent, puis un déclic se produisit, le coffre s’ouvrit à deux battants.
Alors, ébloui, Fantômas recula de trois pas, n’osant presque contempler les piles de pièces d’or, les liasses de billets de banque qu’il avait devant lui, un fabuleux trésor, un trésor de légende.
***
— Lisez, monsieur Juve, lisez. Je vous dis que c’est abominable, que nous sommes perdus, que nous ne pouvons plus nous faire la moindre illusion, que ce soir…
— Mais, calmez-vous donc, nom de Dieu, laissez-moi lire au lieu de parler comme un fou, monsieur de Vaugreland, vous perdez la tête.
Juve et Fandor venaient d’atteindre le Casino.
À peine les deux amis avaient-ils franchi le perron monumental conduisant à l’Atrium, qu’ils avaient eu l’impression, à l’agitation qui régnait dans les galeries Nord et Sud, autour de la chambre secrète, autour du vestibule conduisant au coffre où se trouvait la fortune du Casino, que quelque chose s’était produit.
Ils n’avaient, d’ailleurs, pas eu longtemps à hésiter. Des huissiers s’étaient précipités sur eux, parlant tous à la fois :
— Vite, vite, messieurs, Monsieur le directeur vous demande.
— M. de Vaugreland vous cherche.
— À la direction, Monsieur Juve, à la direction.
Évidemment, le plus grand désordre régnait.
Juve et Fandor, sans même se consulter, avaient alors pris leur course, gravi en toute hâte l’escalier conduisant au premier étage, traversé les locaux de l’administration où des employés causaient, l’air consterné.
— M. de Vaugreland ?
Juve, à ce moment, se demandait si le malheureux directeur du Casino n’était pas tombé sous les coups de Fantômas.
Et c’est avec un soupir de soulagement qu’il aperçut enfin M. de Vaugreland, écroulé sur un canapé, dans son cabinet, face livide, yeux hagards, cependant que tout autour de lui, immobiles, muets et froids, épouvantés, s’empressaient les hauts directeurs des différents services du Casino.