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La main coupee (Отрезанная рука)

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La main coupee (Отрезанная рука)
Название: La main coupee (Отрезанная рука)
Дата добавления: 15 январь 2020
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La main coupee (Отрезанная рука) - читать бесплатно онлайн , автор Аллен Марсель

продолжение серии книг про Фантомаса

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— Juve, Juve, cria-t-il vous ne pouvez pourtant pas croire que je suis une crapule ? Vous savez bien dans le fond de vous même, que je ne mens pas ? vous ne pouvez pas me refuser votre amitié ?

— Ah ! Fandor !

Juve n’ajouta rien, mais il lui ouvrit les bras, il lui ouvrit les bras grands et larges, parce qu’en vérité Fandor venait de dire les seuls mots qui pouvaient toucher Juve. Des mots contre lesquels aucun raisonnement ne pouvait prévaloir.

— Fandor.

— Juve.

— Pardonne-moi, Fandor.

— Non, vous Juve, pardonnez-moi, j’ai manqué de confiance.

— Et moi je t’ai soupçonné.

— Petit, c’est moi qui ai eu tous les torts. Tiens, je m’en accuse. Depuis que nous sommes dans cette maudite principauté de Monaco, je ne suis plus le même. J’ai joué, Fandor, je me suis laissé prendre à la griserie du jeu. Voilà ma faute.

— Et moi, Juve, j’ai été faible envers Denise, j’aimais la fille de Fantômas.

— Je te pardonne, Fandor.

— Juve, ce n’était pas votre faute.

Ces deux hommes qui, pendant dix ans, avaient affronté ensemble les périls les plus épouvantables, qui n’avaient reculé devant aucun danger, qui avaient porté aux limites les plus reculées les efforts de leurs héroïsmes, étaient timides entre eux comme des enfants.

L’attendrissement pourtant de ces natures énergiques ne pouvait durer longtemps, Fandor, impétueux, revint à la charge :

— Juve, quand vous avez vu Ivan Ivanovitch – car je ne doute pas de vous – quand vous l’avez vu accepter de l’argent, qu’avez-vous fait ?

— Je me suis précipité vers lui, Fandor, mais il a fui à la course. Je n’avais pas de preuve, je n’étais pas en état de l’arrêter, je l’ai laissé fuir.

— Et depuis ?

— Depuis, je ne l’ai pas revu. Sauf tout à l’heure.

— Écoutez, Juve, quand je vous ai dit qu’Ivan Ivanovitch était prisonnier, prisonnier dans la tanière de Bouzille, je ne vous ai pas menti. Quand je vous ai dit que j’avais vu Ivan Ivanovitch dans la galerie Sud, je ne vous ai pas menti davantage. Or, je le sais bien, vous non plus, vous ne mentiez pas en soutenant le contraire. Il faut donc que nous soyons victimes, tous les deux, de quelque chose d’incroyable. Tout notre malheur vient de ce que cette ruse, nous ne pouvons arriver à la deviner. Juve, nous n’avons qu’un moyen de tirer ces affaires au clair : ne plus nous exposer à de semblables contradictions. Il ne faut plus nous quitter. Il ne faut plus nous séparer l’un de l’autre, fût-ce une minute.

Juve qui venait d’écouter Fandor avec la plus grande attention, hochant la tête approbativement à chacune de ses paroles, tendit encore une fois sa main au journaliste :

— Viens, Fandor, tu as raison, j’ai confiance en toi, viens. Ne nous quittons plus, luttons ensemble, nous triompherons ensemble.

29 – LA PEUR

— Personne ? Non, personne. On ne m’a pas entendu. Bigre, j’ai eu peur tandis que je me glissais sous les fils, et un peu plus, ma clé n’ouvrait pas l’escalier secret. Quel imbécile, ce M. de Vaugreland. Il n’a même point songé que si je lui remettais la clé, la clé volée à Louis Meynan, je pouvais parfaitement en avoir pris l’empreinte, en avoir fait exécuter une autre exactement semblable. Cela fait de la peine. Ni Juve ni Fandor ne seraient tombés dans un piège si grossier. Bah, tant mieux pour moi. Décidément, il ne vient personne ? non. Alors, je puis procéder en toute quiétude. Le malheur est qu’on n’y voit goutte, ici. Ah, sapristi de sapristi, être si près de réussir et peut-être demeurer si loin du succès. Maudite obscurité, elle va me gêner et je n’ose allumer une lanterne.

… On n’y voyait goutte, en effet, et le personnage qui se plaignait de ne pas y voir clair avait raison de s’effrayer s’il avait une besogne délicate à effectuer.

Mais qui était ce personnage ?

Où se trouvait-il ?

C’était un homme dont on ne distinguait point les traits, tant l’obscurité était profonde, mais dont la silhouette suffisait à inspirer la terreur.

On l’aurait mal vu mais on l’aurait deviné.

Il était dans l’obscurité comme quelque chose de plus obscur encore, comme une tache noire dans du noir.

Sur ses épaules un lourd manteau retombait, drapé en plis harmonieux. On n’apercevait aucun linge blanc. Il ne devait porter ni faux-col ni manchettes. Même son visage ne dessinait pas une tache plus claire.

Son visage ?

Si quelque observateur s’était efforcé de l’apercevoir, il aurait à coup sûr renoncé à satisfaire son désir. À certains moments, on aurait pu distinguer, en effet, sur la face de l’homme une sorte de cagoule, de longue cagoule, qui, enfoncée sur le crâne, masquait les traits, tombait en plis flottants sur sa poitrine.

Quel était cet homme ?

Fantômas.

Rien qu’à la souplesse de ses mouvements, rien qu’à la minceur de sa silhouette, rien qu’à l’anonymat voulu de ses traits, on l’aurait reconnu.

Mais où se trouvait-il donc ?

Autour de lui, tout était noir, de l’obscurité des souterrains. Aussi bien l’air était lourd, humide et froid. C’était dans une cave que Fantômas se trouvait, dans une cave énorme, une cave que n’éclairait aucun soupirail, que ne semblait meubler aucun objet, une cave vide, une cave étrange.

« Morbleu, grommela le bandit qui venait de s’agenouiller sur le sol et tâtonnait devant lui, je me demande si je ne vais point tout gâter en agissant ainsi dans l’obscurité ? une fausse manœuvre et s’en est fait de mes espoirs. Au moins pour aujourd’hui.

Le bandit se remuait lentement. La manœuvre qu’il accomplissait dans le noir était certainement délicate.

Soudain, il s’immobilisa. Penchant la tête, il parut écouter. Oui, Fantômas écoutait… mais qu’écoutait-il donc ?

Dans le silence profond de la cave, soudain, un léger bruit s’était fait entendre. Comme le ronron discret, comme la vibration que produit un moteur électrique.

Et puis tout d’un coup, interrompant le ronronnement, un autre bruit se fit entendre qui, cependant, chose étrange, semblait provenir du ronronnement lui-même…

Quel était ce nouveau bruit ?

À vrai dire, il était difficile à définir.

C’était quelque chose comme une suite de craquements, de craquements que séparaient des intervalles de temps inégaux. On eût dit que quelqu’un remontait une montre gigantesque et que c’était le ressort que l’on entendait grincer : crac-crac, puis un silence, crac-crac-crac. Puis encore un silence, puis d’autres grincements.

Mais à peine ce bruit, ce bruit mécanique, avait-il cessé, à peine le ronronnement monotone avait-il repris que Fantômas reprit son soliloque :

« Bigre de bigre, c’est moins commode que je ne l’avais pensé. Hum, vais-je pouvoir m’y reconnaître ? D’autant que j’imagine que si je me trompe la première fois, il me sera impossible de réussir ensuite. Attention à la manœuvre.

Et le bandit se tut. De nouveau, les bruits singuliers reprirent, le ronronnement d’abord, les grincements ensuite.

« Je compte : six, trois, deux et un. Soit le chiffre 6321. Après tout, pourquoi pas ? mais, au diable si j’aurais imaginé que ce serait si compliqué. Ah, si seulement j’y voyais.

Fantômas, cependant, n’était pas un homme à outrer les précautions dès que ces précautions offraient l’inconvénient de paralyser ses actes.

Pour la troisième fois les mêmes bruits s’étaient fait entendre et de nouveau Fantômas avait compté :

« Oui, c’est bien le chiffre 6321, cela ne correspond à rien, mais qu’importe. En pareil cas on prend presque toujours les chiffres au hasard, précisément, pour éviter qu’on puisse les deviner. Donc, ne nous arrêtons pas à cela.

Nouveau silence, puis la voix de Fantômas. L’insaisissable se parlait à lui-même :

« Si j’essayais de voir clair ? Qui peut s’en apercevoir ? Bah, risquons le tout pour le tout.

Un jet de lumière troua l’obscurité.

L’homme à la cagoule noire venait de faire, une fois encore, appel à la petite lampe électrique qui ne le quittait jamais.

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