Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
Les souliers du mort (Ботинки мертвеца) читать книгу онлайн
продолжение серии книг про Фантомаса
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— Ma foi, non, avoua Juve. Où donc ?
— Dans le puits, tout simplement.
Juve, à ce moment, paraissait complètement ahuri :
— Dans le puits ? répétait-il. Dans quel puits ? Ah ça, patron, je vous en prie, expliquez-moi les choses clairement, car je ne saisis rien à ce que vous me racontez.
— Juve, mon cher Juve, c’est pourtant bien simple : voici ce que j’ai fait depuis que je vous ai vu. En partant de la rue Richer, j’étais convaincu, à la suite de la découverte du mouchoir sanglant marqué des initiales A. R., que les époux Ricard avaient trempé dans le crime, car il y a eu crime, c’est manifeste.
— Ah, fit Juve, et alors ?
— Alors, Juve, j’ai pensé : il faut que j’arrête ces Ricard, mais pour les arrêter, il faut que j’aie une preuve certaine, irréfutable. Cette preuve, je l’aurai coûte que coûte. Vous me comprenez, Juve ?
— Très bien, remarqua le policier, mais j’attends la suite.
— Laissez-moi parler. Là-dessus, énervé, je passai ma nuit à réfléchir, ma journée d’hier aussi, enfin à cinq heures du matin, vous m’entendez, Juve, à cinq heures, j’arrivais ici en compagnie de Michel et de l’un de mes nouveaux inspecteurs, celui-là, tenez : Jean, je vous présenterai tout à l’heure.
— Alors ? haleta Juve, qu’est-ce que vous avez fait à Vernon ?
M. Havard expliqua tout d’un trait :
— De la bonne besogne, mon cher Juve. J’ai requis un ouvrier et j’ai commencé à fouiller tout le jardin de cette villa. Vous comprenez, à cette heure-là, tout le monde dormait et nul ne me dérangeait. Bref, à six heures et demie, alors que je pensais à me retirer bredouille, j’eus l’extraordinaire bonne fortune de découvrir, à l’intérieur du puits que j’avais fait curer par cet ouvrier, la serrure que vous venez de voir ainsi que le morceau de bois provenant de la malle jaune. Vous comprenez, mon cher Juve, que, dès lors, tout était infiniment clair. Parbleu ! Je reconstitue la chose à merveille. Les Ricard ont tué leur oncle pour hériter, l’ayant cru riche. Ils sont sortis comme vous l’avez vous-même expliqué, en dupant la concierge à l’aide d’un timbre, ce qui leur permettait de se ménager l’alibi du train de 11h45 qui nous a si longtemps gênés. Qu’ont-ils fait du cadavre ? Cela je l’ignore encore, mais en tout cas, il apparaît qu’ils l’ont emporté dans la malle jaune, malle qu’ils ont détruite et dont je viens de retrouver les vestiges. J’ajoute que, de la malle jaune, ils ont dû le transférer dans la malle verte. Cela importe peu, d’ailleurs, les Ricard ont fait ce changement pour embrouiller les pistes, voilà tout… Eh bien, qu’en dites-vous ? Tout cela est-il limpide, maintenant ? Vous rendez-vous ?
— Non ! répondit Juve. Cent fois non !
Et, ne tenant pas compte de l’air désappointé de M. Havard, plus obstiné que jamais, Juve dit très lentement :
— Je ne me rends pas, parce que, voyez-vous, patron, j’ai relevé jusqu’ici trop de détails significatifs, contre vos hypothèses pour que je puisse les oublier jamais. À mon avis, Baraban n’est pas mort.
— C’est de la folie, Juve.
Juve prit un air modeste.
— Mettons que je suis fou.
Se rendant compte toutefois du déplaisir que son obstination causait à son chef, le policier se hâta d’ajouter :
— Et qu’allez-vous faire maintenant ? Maintenir l’arrestation ?
M. Havard prit Juve par le bras et l’entraîna à petits pas le long des allées.
— Ayant trouvé ces vestiges, Juve, je me retirai ce matin, laissant toutefois Michel en surveillance dans ce petit bouquet de bois que vous apercevez. Mon intention était d’aller demander un mandat d’arrêt au Procureur de la République. Ce mandat naturellement, je l’ai obtenu et me voici prêt à l’exécuter. Ah, j’oubliais de vous dire que Michel, resté en observation, avait vu sortir Fernand Ricard à huit heures du matin. Le courtier, naturellement, ne se doutait de rien. Michel l’a filé jusqu’à la gare, il l’a vu prendre un billet d’aller et retour, nous l’avons cueilli au moment où il allait rentrer chez lui.
— Et maintenant, qu’attendez-vous ?
— Les gendarmes, Juve, car l’arrestation de Fernand Ricard a été vue et je crains les manifestations.
M. Havard se tut quelques secondes, puis brusquement interrogea Juve :
— Mais vous ? Qu’est-ce que vous faisiez ici ? Je parie d’abord que Fandor n’est pas loin ?
À cette phrase, Juve éclata de rire :
— Fandor est en effet au salon avec nos deux prisonniers, disait-il, et quant à ce que nous faisons ici, monsieur Havard, vous le devinez, nous enquêtons.
— Naturellement, mais à quel sujet ?
— Fandor cherchait un indice pour retrouver le cadavre de Baraban, et moi, monsieur Havard, je tâchais d’obtenir des renseignements pour me permettre de découvrir la retraite de cet honorable célibataire.
— Tout est bien qui finit bien, concluait le chef de la Sûreté. Je ne peux pas vous mettre d’accord, vous et Fandor, mon pauvre Juve, puisque je n’ai pas retrouvé Baraban ni mort ni vivant, mais enfin, l’affaire s’éclaircit puisque cette fois je tiens les véritables assassins.
M. Havard paraissait sûr de son fait :
— Hélas, patron, quand on a arrêté Théodore Gauvin et Brigitte on pensait bien aussi tenir les véritables assassins, et cependant…
— Je n’ai pas la prétention d’être infaillible, Juve, Mais j’ai le mérite de savoir reconnaître mes erreurs. Tout le monde ne peut pas en dire autant.
À cela, Juve ne répliquait pas.
« Cela se gâte, estima le policier. Havard se vexe. Ne le fâchons pas tout à fait. »
À cet instant, d’ailleurs, Juve était troublé. Certes, il avait dit vrai lorsqu’il avait reconnu, quelques instants auparavant, qu’il ne pouvait pas croire que Baraban fût mort. Cependant, il se rendait bien compte, l’excellent Juve, que les faits semblaient pour l’instant donner raison à ceux qui soutenaient le contraire.
— C’est bizarre, pensait Juve, tout me prouve qu’il n’y a pas eu crime rue Richer, que c’était de la mise en scène, et pourtant, tout semble accuser ces Ricard.
Philosophe une fois de plus, Juve se résigna :
« Bah, laissons faire, tout finit par se savoir, il faudra bien qu’un jour ou l’autre on connaisse la vérité. »
Juve, d’ailleurs, eût-il voulu empêcher l’arrestation du courtier en vins et de sa femme qu’il en eût été bien incapable. M. Havard, comme il l’avait dit, en faisant procéder à l’arrestation de Fernand Ricard à la gare de Vernon, avait commis l’imprudence de donner l’éveil à la population.
À peine achevait-il d’entretenir Juve que, sur la route poudreuse, un grand piétinement se fit entendre. C’étaient les gendarmes qui arrivaient, et derrière les gendarmes, une foule de gens se précipitaient en courant, en hurlant des imprécations :
— À mort, les assassins ! À mort, à mort ! Donnez-les-nous !
— Venez, Juve, commença M. Havard qui avait un peu pâli, nous allons donner des instructions au capitaine de la gendarmerie.
Quelques instants après, en effet, un sommaire service d’ordre était installé devant la villa désormais célèbre. La foule, repoussée au loin, s’éparpillait dans les champs. Les gendarmes avaient dû mettre sabre au clair pour avoir raison des plus entêtés.
M. Havard apprécia d’un coup d’œil les dispositions prises. Il appela le brigadier de gendarmerie.
— Brigadier, commanda-t-il, vous allez faire escorter les prisonniers par six de vos hommes et vous les mènerez immédiatement à la gare. J’ai donné des instructions. Un wagon sera réservé dans le rapide de six heures vingt-huit, nous les emmènerons, moi, Juve et les autres.
— Bien, monsieur le chef de la Sûreté.
Ces recommandations faites, il ne restait plus qu’à aller chercher les malheureux qu’on allait emmener.
— Vous m’accompagnez, Juve ?
— Certainement, monsieur Havard.
Les deux hommes traversèrent le jardin, rentrèrent dans le salon où Michel et Fandor se trouvaient toujours en compagnie d’Alice et de Fernand Ricard.