La main coupee (Отрезанная рука)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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— Une autre auto, fit Conchita Conchas, ce sont peut-être des amis qui viennent aussi chez Isabelle ?
L’automobile – un taxi – s’arrêtait en effet à proximité de la villa de la demi-mondaine.
Mais ce n’étaient pas des fêtards qui en descendirent, c’étaient deux hommes aux visages graves et sérieux qui n’étaient autres que Juve et M. Amizou, le commissaire de police.
Que venaient-ils faire à cette heure chez Isabelle de Guerray ?
Juve, dans le milieu des élégants noceurs, passait toujours pour un riche oisif qui s’appelait Duval ou Dubois, on ne savait pas exactement. Quant à M. Amizou, tout le monde le connaissait et nul n’ignorait sa profession.
Les deux nouveaux venus paraissaient d’abord fort dépités de la rencontre inattendue qu’ils faisaient ; mais cette impression n’était que passagère et cependant que Juve saluait discrètement et silencieusement, M. Amizou, d’un air jovial, apostrophait Héberlauf.
Avec un manque de tact, parfait d’ailleurs, il le plaisantait sur sa compagne.
— Ah, déclara-t-il, cher monsieur, je vous y prends en partie fine et j’oserai presque dire en flagrant délit.
Enchanté de sa plaisanterie, M. Amizou poursuivait :
— Tout de même, si j’étais chargé par la digne M meHéberlauf de vous rechercher en ce moment, je crois qu’il me serait possible d’établir le flagrant délit, hein, qu’est-ce que vous répondriez ?
— Je ne répondrais pas, cher monsieur, ou plutôt je répondrais, mais…
Héberlauf s’interrompait pour courir après Conchita Conchas, qui, sans la moindre vergogne et ennuyée d’attendre ainsi dans la nuit fraîche, avait traversé le jardin et entrait dans la maison dont la porte donnant dans le vestibule était ouverte. M. Héberlauf la suivit :
— Monsieur Amizou, observa Juve, voilà des gens qui vont nous gêner. Il va s’agir de les faire partir d’ici peu afin de pouvoir interroger Isabelle de Guerray sur les quelques détails qui nous manquent.
— Et puis, poursuivit le policier, il va falloir la mettre au courant.
— Oui, ça n’est pas le plus drôle, d’ailleurs.
Juve et le commissaire étaient arrivés jusqu’au perron de la villa et ils s’apprêtaient à pénétrer dans la demeure, ne doutant pas qu’ils trouveraient un prétexte quelconque pour justifier leur visite tardive.
La maison semblait endormie. À part le filet de lumière qu’ils avaient aperçu au premier, tout était dans le noir.
Juve et le commissaire avaient rejoint M. Héberlauf dans la véranda, éclairée seulement par un rayon de lune, et ils attendaient que Conchita Conchas, montée au premier, eût avisé Isabelle de Guerray de la présence de visiteurs. La jeune femme, cependant, tardait à descendre, le silence persistait. On n’entendait toujours aucun bruit.
— Isabelle est peut-être couchée, suggéra M. Héberlauf.
Le commissaire en doutait.
— À onze heures, ce serait invraisemblable… dites plutôt qu’elle s’habille pour venir au Casino, si je ne me trompe, la lumière que nous avons aperçue venait du cabinet de toilette.
— Vous m’avez l’air bien renseigné, monsieur le commissaire, observa malicieusement l’ex-pasteur.
— Oh, protesta le commissaire, je connais « professionnellement » les plans de toutes les maisons de la ville, mais « professionnellement » seulement.
Conchita Conchas descendait :
— C’est curieux, fit-elle, très curieux…
Le commissaire de police cherchait au mur un commutateur qu’il finit par découvrir. Quand la lumière eut jailli, Conchita reprit la parole :
— Je viens de voir Isabelle. Elle est dans son cabinet de toilette à moitié habillée. Je l’ai appelée deux ou trois fois. Elle n’a pas répondu. Elle est assise sur une chaise, profondément endormie.
— Il vaudrait peut-être mieux nous en aller… nous sommes terriblement indiscrets, dit Héberlauf.
On entendait précisément une automobile. Héberlauf ajouta :
— C’est notre voiture qui revient.
— Ma foi, suggéra Juve, c’est peut-être ce que nous aurions de mieux à faire. Partez donc devant, nous vous suivons.
le policier n’avait en effet qu’une idée : se débarrasser des gêneurs. Quant au commissaire de police, impatient de savoir pourquoi Isabelle de Guerray ne se réveillait pas et n’éprouvant aucune pudeur à pénétrer dans son cabinet de toilette, il gravissait rapidement l’escalier, tout en appelant :
— Isabelle, Isabelle… comme vous avez le sommeil profond. Réveillez-vous donc, ce sont des amis.
Puis le commissaire se tut, on l’entendait aller et venir un instant à l’étage au-dessus. Puis, lentement, il redescendit.
M. Amizou n’avait plus sa physionomie souriante, il était pâle, ému, il se rapprocha du groupe qui causait près de la véranda :
— Messieurs, fit-il, je crois qu’un malheur vient d’arriver. J’ai vu Isabelle de Guerray. Elle ne dort pas comme le croyait Conchita. Elle a l’air évanouie, peut-être morte.
— Isabelle, morte ? qu’est-ce que vous dites là, s’écria l’Espagnole qui bondit en direction du premier étage.
Juve l’arrêta par le bras.
— Ne retournez pas là-haut, mademoiselle, si Isabelle de Guerray, comme le dit M. Amizou, est évanouie ou morte, il ne faut pas vous donner d’émotions inutiles.
— Monsieur a raison, dit Héberlauf, allons-nous-en.
Mais Conchita insistait :
— Je veux savoir, je ne puis pas laisser une amie comme cela, vous m’épouvantez tous. Il faut que je sache.
Les trois hommes insistèrent auprès de la jolie femme :
— Non, non, disait le commissaire sur le visage duquel se peignait une émotion croissante, vous ne pouvez pas rester ici. Il ne le faut pas. Allez au Casino. Dans cinq minutes nous vous rejoignons. Peut-être qu’Isabelle n’est qu’évanouie.
Le commissaire s’efforçait de reconduire jusqu’à la porte le couple désemparé qui ne savait que faire. Il réussit enfin à décider les deux amants à monter en voiture.
Conchita, au moment où la voiture s’éloignait, recommanda toutefois encore à M. Amizou :
— Ne manquez pas de nous renseigner tout à l’heure, dites-nous bien ce qui lui est arrivé, nous allons au Casino.
— Ouf, fit le commissaire en rebroussant précipitamment chemin alors que l’automobile démarrait, nous voilà débarrassés d’eux.
Puis il songea aussitôt à ce qu’il avait vu, à la silhouette d’Isabelle de Guerray, immobile, inerte, les yeux clos, la figure blême, assise au milieu de son cabinet de toilette tout inondé de lumière.
Il remonta précipitamment, de plus en plus surpris, inquiet, ému par le silence de cette maison vide, où on allait et venait sans rencontrer âme qui vive.
Le commissaire était inquiet. Juve ne l’avait pas attendu pour gagner le premier étage. Lorsque M. Amizou, quelque peu essoufflé, après avoir gravi l’escalier en quelques bonds, eut atteint à nouveau les appartements intimes de la demi-mondaine, se trouva en face de Juve, il demeura interdit, silencieux, en voyant la tête que faisait l’inspecteur.
Juve, qui avait posé son chapeau sur un petit tabouret voisin, inventoriait lentement la pièce, regardant autour de lui, se préoccupant, semblait-il beaucoup plus de l’installation du cabinet de toilette que de la malheureuse femme qui se trouvait au milieu, assise, rigide, inanimée, sur une chaise.
M. Amizou regardait Isabelle.
La demi-mondaine, dans une pose fort naturelle, ne présentait aucun désordre dans sa toilette ni dans sa tenue. Elle était assise la tête renversée en arrière comme quelqu’un qui sommeille. Mais, par exemple, elle ne remuait pas, aucun mouvement de son corps ne trahissait la vie, sa poitrine était rigoureusement immobile.
— C’est incompréhensible, qu’en pensez-vous, monsieur Juve, il me semble, n’est-ce pas, qu’elle est morte ?
Juve enfin, terminait son inspection et sans jeter le moindre coup d’œil sur Isabelle de Guerray, il répondit au commissaire :
— Aucun doute. La question, désormais, est de savoir comme elle est morte et si elle n’a pas été assassinée ?