La main coupee (Отрезанная рука)
La main coupee (Отрезанная рука) читать книгу онлайн
продолжение серии книг про Фантомаса
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Mais à peine eut-elle fait ce geste qu’elle bondit en arrière en poussant un cri terrifié.
Isabelle de Guerray ne s’était pas trompée, il y avait bien entre la fenêtre et le rideau quelqu’un, un homme, l’homme qui avait soupiré, l’homme qui l’épiait, depuis près d’un quart d’heure.
Mais cet homme n’était pas Louis Meynan.
C’était un inconnu, un être à l’aspect redoutable, inquiétant et tragique.
Il était vêtu d’un complet noir. À la carrure de ses épaules, on se rendait compte qu’il était robuste, bien bâti.
Il avait des mains blanches, distinguées, nerveuses et musclées, le pied de petite taille et bien fait.
Mais le visage de cet homme était dissimulé sous un voile noir, sous une sorte de cagoule qui lui servait de masque et de coiffure et dans laquelle deux trous ovales, en forme d’amande, étaient percés à hauteur des yeux, et les yeux qui brillaient derrière cette cagoule étaient étincelants.
Ils considéraient la demi-mondaine avec une fixité singulière.
Isabelle de Guerray, dont les jambes vacillaient, s’était arrêtée, immobile, après son brusque sursaut déterminé par la surprise première.
— Qui êtes-vous ? que voulez-vous ? Est-ce une plaisanterie ? demanda Isabelle de Guerray.
Après un silence, l’homme répliqua d’une voix grave et sans timbre :
— Je ne plaisante jamais, madame, et ce que je veux, je m’en vais vous le dire. Quant à savoir qui je suis, je ne vous souhaite pas de l’apprendre.
— Que voulez-vous ?… poursuivait Isabelle de Guerray que le regard persistant et fixe de l’homme troublait au plus haut point… Si c’est de l’argent, je n’en ai pas à vous donner… Comment avez-vous osé vous introduire ?
Isabelle de Guerray, instinctivement, tendait le bras vers un bouton de sonnette qui communiquait avec la demeure de ses domestiques.
— Vos domestiques, madame, dit-il, profitant de la liberté que vous leur avez accordée, s’en sont allés ce soir et ne reviendront pas de sitôt. Au surplus, quelqu’un de prudent et de précautionneux a cru bien faire en coupant tout à l’heure, à la sortie de la villa, les fils de cette sonnette.
Isabelle de Guerray frémit.
— Quoi, fit-elle, est-ce possible ? je suis victime d’un guet-apens ?
L’inconnu protesta doucement d’un geste de la main.
— Non, madame. Il ne s’agit pas de guet-apens mais simplement d’une commission que je suis chargé de vous faire.
— Je serais heureuse, dit Isabelle de Guerray, de savoir au plus tôt qui peut vous envoyer auprès de moi et par un tel chemin ?
— Louis Meynan, répondit l’homme…
— Plaît-il ? fit Isabelle de Guerray, qui croyait avoir mal entendu.
Mais l’inconnu répétait, détachant chaque syllabe, le nom du caissier :
— Louis… Mey… nan…
Isabelle de Guerray, d’une voix sourde, demanda :
— De quoi s’agit-il ?
L’homme, alors, enfin s’expliqua :
— De quoi il s’agit, madame ?… c’est bien simple… Votre fiancé, M. Louis Meynan, caissier au cercle de Monte-Carlo, a, comme vous ne l’ignorez pas, de nombreuses préoccupations quotidiennes qui s’aggravent encore aujourd’hui des soucis – enviables d’ailleurs – que font naître dans son cœur et dans son cerveau, ses projets de mariage. Or, ce malheureux jeune homme vient d’être, il y a quelques instants, victime d’un accident bizarre.
Isabelle de Guerray sentit son cœur battre plus fort dans sa poitrine.
— Il ne lui est arrivé aucun mal, je pense ? Mais expliquez-vous, monsieur, expliquez-vous. Que signifient vos paroles ?
— M. Louis Meynan, poursuivit l’inconnu sur un ton énigmatique, est, à l’heure actuelle, en parfaite tranquillité. Quant à l’accident qui lui est survenu, figurez-vous qu’au moment d’aller à ses caisses, il a été frappé d’amnésie et a complètement oublié le mot du secret qui lui permet d’ouvrir ses coffres-forts. Or, ce mot vous le connaissez et il m’a chargé de venir vous le demander. Pour vous prouver que nous sommes bien d’accord, je tiens à vous montrer cette clef, la clef des coffres confiés par l’administration à votre fiancé. Sans cette clef le secret serait parfaitement inutile, mais elle-même ne sert à rien si l’on ne connaît pas le mot en question.
Isabelle de Guerray écoutait ces propos sans comprendre, mais avec la parfaite conviction que cet homme lui racontait une histoire inventée de toutes pièces.
Certes, elle avait souvenir que, quelque temps auparavant, Louis Meynan, au cours d’une conversation, lui avait incidemment confié le mot qui lui servait de secret, mais la demi-mondaine l’avait oublié.
Quelle importance, d’ailleurs ?
« Et aussi, pensait-elle, comment se fait-il que Louis Meynan ne soit pas venu lui-même, alors que, précisément, nous avions rendez-vous ? Comment se fait-il qu’il m’ait envoyé cet homme, que ce dernier se soit introduit dans ma maison par un chemin aussi étrange ? Comment se fait-il, enfin, qu’il se présente à moi le visage recouvert d’une cagoule, la face dissimulée derrière un masque noir, comme…
Mais oui, la lumière se faisait soudain dans son esprit, l’homme à la cagoule, naturellement, c’était Fantômas, le Maître du Crime, le Roi de l’Épouvante, l’Empereur du Mystère.
— Grâce, s’écria la malheureuse, tombée à genoux.
Brutalement, l’inconnu masqué la releva :
— Soit, dit-il, vous m’avez reconnu. Oui, je suis Fantômas. Vous connaîtrez le sort de Meynan tout à l’heure.
« D’ici là, pas une minute à perdre : dites-moi le mot, confiez-moi le secret, et vous n’avez rien à craindre.
— Fantômas, dit Isabelle, grâce, je vous jure que ce secret, je ne le sais plus.
Mais le bandit hocha la tête :
— Inutile d’essayer de me duper. Vous avez parlé trop nettement tout à l’heure. Continuez donc, dites-moi le mot, indiquez-moi le secret ou alors…
— Ou alors ?
Fantômas articula nettement :
— Vous êtes morte.
***
Isabelle de Guerray n’ayant pu renseigner Fantômas, Fantômas l’avait condamnée à mort.
Brisée d’émotion, absolument anéantie par la courte lutte à laquelle elle se livrait malgré tout, courageuse jusqu’au bout, l’infortunée demi-mondaine avait été jetée par le bandit sur une chaise basse, puis, Fantômas, avec une dextérité extraordinaire prenait dans un chiffonnier voisin une série de rubans multicolores, de ces rubans dont Isabelle aimait à parer son linge, il l’immobilisa étroitement sur cette chaise, la garrottant comme un prisonnier.
Inerte, sans force, à demi morte déjà d’effroi, Isabelle le regardait faire, avec des yeux qu’agrandissait l’épouvante.
Fantômas n’affectait plus désormais la froideur ironique qu’il avait observée au début de l’entretien.
Le monstre s’était trouvé d’autant plus furieux qu’il était convaincu qu’Isabelle de Guerray connaissait le mot du coffre et qu’elle refusait de le lui donner. Fantômas un instant avait songé à annoncer brutalement à la malheureuse que son fiancé était mort depuis deux heures et, s’il ne s’était retenu, d’un coup de poignard, d’une balle de revolver, il l’aurait abattue.
Mais Fantômas domptait sa colère. Il espérait encore que sous la menace, Isabelle de Guerray reviendrait sur sa décision et qu’elle parlerait enfin.
Allait-il seulement la tuer ou se contenter de lui faire une émotion suffisante pour qu’elle se décidât à tout dire ?
— Fantômas, Fantômas, demandait Isabelle de Guerray d’une voix à peine perceptible, qu’allez-vous faire de moi ?
— Un cadavre.
Puis, comme la malheureuse avait marqué un sursaut d’épouvante, Fantômas plus cruel qu’il n’était possible de l’imaginer ajoutait :
— Mais, Isabelle de Guerray, par égard pour votre sexe, je ferai de vous un joli cadavre : vous mourrez en beauté.
Du doigt, Fantômas désignait à Isabelle l’une des grosses veines bleues qui courait à la partie interne de son poignet et allait se perdre sous la paume de la main.
— Je vais vous ouvrir les veines, déclara-t-il, dans une seconde, dans un instant.