-->

Le Petit Chose

На нашем литературном портале можно бесплатно читать книгу Le Petit Chose, Daudet Alphonse-- . Жанр: Классическая проза. Онлайн библиотека дает возможность прочитать весь текст и даже без регистрации и СМС подтверждения на нашем литературном портале bazaknig.info.
Le Petit Chose
Название: Le Petit Chose
Автор: Daudet Alphonse
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 295
Читать онлайн

Le Petit Chose читать книгу онлайн

Le Petit Chose - читать бесплатно онлайн , автор Daudet Alphonse

'Le Petit Chose' para?t en feuilleton en 1867. Daudet s'inspire des souvenirs d'une jeunesse douloureuse: humiliations ? l'?cole, m?pris pour le petit provencal, exp?rience de r?p?titeur au coll?ge et enfin coup de foudre pour une belle jeune femme. L'?crivain manifeste une tendresse, une piti? et un respect remarquables ? l'?gard des malchanceux et des d?sh?rit?s de la vie.

Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала

1 ... 21 22 23 24 25 26 27 28 29 ... 66 ВПЕРЕД
Перейти на страницу:

«Pauvre ami, me disais-je, pourvu que j'arrive à temps!» La trace des pas me conduisit ainsi jusqu'à la guinguette d'Espéron. Cette guinguette était un endroit louche et de mauvais renom, où les débauchés de Sarlande faisaient leurs parties fines. J'y étais venu plus d'une fois en compagnie des nobles cœurs, mais jamais je ne lui avais trouvé une physionomie aussi sinistre que ce jour-là. Jaune et sale, au milieu de la blancheur immaculée de la plaine, elle se dérobait, avec sa porte basse, ses murs décrépis et ses fenêtres aux vitres mal lavées, derrière un taillis de petits ormes. La maisonnette avait l'air honteuse du vilain métier qu'elle faisait.

Comme j'approchais, j'entendis un bruit joyeux de voix, de rires et de verres choqués.

«Grand Dieu! me dis-je en frémissant, c'est le coup de l'étrier.» Et je m'arrêtai pour reprendre haleine.

Je me trouvais alors, sur le derrière de la guinguette; je poussai une porte à claire-voie, et j'entrai dans le jardin. Quel jardin! Une grande haie dépouillée, des massifs de lilas sans feuilles, des tas de balayures sur la neige, et des tonnelles toutes blanches qui ressemblaient à des huttes d'esquimaux.

Cela était d'un triste à faire pleurer.

Le tapage venait de la salle du rez-de-chaussée, et la ripaillage devait chauffer à ce moment, car, malgré le froid, on avait ouvert toutes grandes les deux fenêtres.

Je posais déjà le pied sur la première marche du perron, lorsque j'entendis quelque chose qui m'arrêta net et me glaça: c'était mon nom prononcé au milieu de grands éclats de rires. Roger parlait de moi, et, chose singulière, chaque fois que le nom de Daniel Eyssette revenait, les autres riaient à se tordre.

Poussé par une curiosité douloureuse, sentant bien que j'allais apprendre quelque chose d'extraordinaire, je me rejetai en arrière et, sans être entendu de personne, grâce à la neige qui assourdissait comme un tapis le bruit de mes pas, je me glissai dans une des tonnelles, qui se trouvait fort à propos juste au-dessous des fenêtres.

Je la reverrai toute ma, vie, cette tonnelle; je reverrai toute ma vie la verdure morte qui la tapissait, son sol boueux et sale, sa petite table peinte en vert et ses bancs de bois tout ruisselants d'eau… À travers la neige dont elle était chargée, le jour passait à peine; la neige fondait lentement et tombait sur ma tête goutte à goutte.

C'est là, c'est dans cette tonnelle noire et froide comme un tombeau, que j'ai appris combien les hommes peuvent être méchants et lâches; c'est là que j'ai appris à douter, à mépriser, à haïr… O vous qui me lisez, Dieu vous garde d'entrer jamais dans cette tonnelle!… Debout, retenant mon souffle, rouge de colère et de honte, j'écoutais ce qui se disait chez Espéron.

Mon bon ami le maître d'armes avait toujours la parole… Il racontait l'aventure de Cécilia, la correspondance amoureuse, la visite de M. le sous-préfet au collège, tout cela avec des enjolivements et des gestes qui devaient être bien comiques, à en juger par les transports de l'auditoire.

«Vous comprenez, mes petits amours, disait-il de sa voix goguenarde, qu'on n'a pas joué pour rien la comédie pendant trois ans sur le théâtre des zouaves.

«Vrai comme je vous parle! j'ai cru un moment la partie perdue, et je me suis dit que je ne viendrais plus boire avec vous le bon vin du père Espéron… Le petit Eyssette n'avait rien dit, c'est vrai; mais il était temps de parler encore; et, entre nous, je crois qu'il voulait seulement me laisser l'honneur de me dénoncer moi-même. Alors je me suis dit: “Ayons l'œil”, Roger, et en avant la grande scène!» Là-dessus, mon bon ami le maître d'armes se mit à jouer ce qu'il appelait la grande scène, c'est-à-dire ce qui s'était passé le matin dans, ma chambre entre lui et moi. Ah! le misérable, il n'oublia rien… Il criait: «Ma mère! ma pauvre mère!» avec des intonations de théâtre. Puis il imitait ma voix: «Non, Roger! non! vous ne sortirez pas!…» La grande scène était réellement d'un haut comique, et tout l'auditoire se roulait. Moi, je sentais de grosses larmes ruisseler le long de mes joues, j'avais le frisson, les oreilles me tintaient, je devinais toute l'odieuse comédie du matin, je comprenais vaguement que Roger avait fait exprès d'envoyer mes lettres pour se mettre à l'abri de toute mésaventure, que depuis vingt ans sa mère, sa pauvre mère, était morte, et que j'avais pris l'étui de sa pipe pour une crosse de pistolet.

«Et la belle Cécilia? dit un noble cœur.

– Cécilia n'a pas parlé, elle a fait ses malles, c'est une bonne fille.

– Et le petit Daniel que va-t-il devenir?

– Bah!» répondit Roger.

Ici, un geste qui fit rire tout le monde.

Cet éclat de rire me mit hors de moi. J'eus envie de sortir de la tonnelle et d'apparaître soudainement au milieu d'eux comme un spectre. Mais je me contins: j'avais déjà été assez ridicule. Le rôti arrivait, les verres se choquèrent:

«À Roger! À Roger!» criait-on.

Je n'y tins plus, je souffrais trop. Sans m'inquiéter si quelqu'un pouvait me voir, je m'élançai à travers le jardin. D'un bond je franchis la porte à claire-voie et je me mis à courir devant moi comme un fou.

La nuit tombait, silencieuse; et cet immense champ de neige prenait dans la demi-obscurité du crépuscule je ne sais quel aspect de profonde mélancolie.

Je courus ainsi quelque temps comme un cabri blessé; et si les cœurs qui se brisent et qui saignent étaient autre chose que des façons de parler, à l'usage des poètes, je vous jure qu'on aurait pu trouver derrière moi, sur la plaine blanche, une longue trace de sang.

Je me sentais perdu. Où trouver de l'argent? Comment m'en aller? Comment rejoindre mon frère Jacques? Dénoncer Roger ne m'aurait même servi de rien… Il pouvait nier, maintenant que Cécilia était partie.

Enfin, accablé, épuisé de fatigue et de douleur, je me laissai tomber dans la neige au pied d'un châtaignier. Je serais resté là jusqu'au lendemain peut-être, pleurant et n'ayant pas la force de penser, quand tout à coup, bien loin, du côté de Sarlande, j'entendis une cloche sonner. C'était la cloche du collège. J'avais tout oublié; cette cloche me rappela à la vie: il me fallait rentrer et surveiller la récréation des élèves dans la salle… En pensant à la salle, une idée subite me vint. Sur le champ, mes larmes s'arrêtèrent; je me sentis plus fort, plus calme. Je me levai, et, de ce pas délibéré de l'homme qui vient de prendre une irrévocable décision, je repris le chemin de Sarlande.

Si vous voulez savoir quelle irrévocable décision vient de prendre le petit Chose, suivez-le jusqu'à Sarlande, à travers cette grande plaine blanche; suivez-le dans les rues sombres et boueuses de la ville; suivez-le sous le porche du collège; suivez-le dans la salle pendant la récréation, et remarquez avec quelle singulière persistance il regarde le gros anneau de fer qui se balance au milieu; la récréation finie, suivez-le encore jusqu'à l'étude, montez avec lui dans sa chaire, et lisez par-dessus son épaule cette lettre douloureuse qu'il est en train d'écrire au milieu du vacarme et des enfants ameutés:

1 ... 21 22 23 24 25 26 27 28 29 ... 66 ВПЕРЕД
Перейти на страницу:
Комментариев (0)
название