-->

Le Petit Chose

На нашем литературном портале можно бесплатно читать книгу Le Petit Chose, Daudet Alphonse-- . Жанр: Классическая проза. Онлайн библиотека дает возможность прочитать весь текст и даже без регистрации и СМС подтверждения на нашем литературном портале bazaknig.info.
Le Petit Chose
Название: Le Petit Chose
Автор: Daudet Alphonse
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 286
Читать онлайн

Le Petit Chose читать книгу онлайн

Le Petit Chose - читать бесплатно онлайн , автор Daudet Alphonse

'Le Petit Chose' para?t en feuilleton en 1867. Daudet s'inspire des souvenirs d'une jeunesse douloureuse: humiliations ? l'?cole, m?pris pour le petit provencal, exp?rience de r?p?titeur au coll?ge et enfin coup de foudre pour une belle jeune femme. L'?crivain manifeste une tendresse, une piti? et un respect remarquables ? l'?gard des malchanceux et des d?sh?rit?s de la vie.

Внимание! Книга может содержать контент только для совершеннолетних. Для несовершеннолетних чтение данного контента СТРОГО ЗАПРЕЩЕНО! Если в книге присутствует наличие пропаганды ЛГБТ и другого, запрещенного контента - просьба написать на почту [email protected] для удаления материала

1 ... 24 25 26 27 28 29 30 31 32 ... 66 ВПЕРЕД
Перейти на страницу:

Je regardai un moment ces grosses faces rouges que les glaces multipliaient, l'absinthe dansant dans les verres, les carafons d'eau-de-vie tout ébréchés sur le bord; et de penser que j'avais vécu dans ce cloaque je me sentis rougir… Je revis le petit Chose roulant autour du billard, marquant les points, payant le punch, humilié, méprisé, se dépravant de jour en jour, et mâchonnant sans cesse entre ses dents un tuyau de pipe ou un refrain de caserne… Cette vision m'épouvanta encore plus que celle que j'avais eue dans la salle du gymnase en voyant flotter la petite cravate violette. Je m'enfuis…

Or, comme je m'acheminais vers le collège, suivi d'un homme de la diligence pour emporter ma malle, je vis venir sur la place le maître d'armes, sémillant, une badine à la main, le feutre sur l'oreille, mirant sa moustache fine dans ses belles bottes vernies… De loin je le regardais avec admiration en me disant:

«Quel dommage qu'un si bel homme porte une si vilaine âme!…» Lui, de son côté, m'avait aperçu et venait vers moi avec un bon sourire bien loyal et deux grands bras ouverts… «Oh! la tonnelle! Je vous cherchais, me dit-il… Qu'est-ce que j'apprends? Vous…».

Il s'arrêta net. Mon regard lui cloua ses phrases menteuses sur les lèvres. Et dans ce regard qui le fixait d'aplomb, en face, le misérable dut lire bien des choses, car je le vis tout à coup pâlir, balbutier, perdre contenance; mais ce ne fut que l'affaire d'un instant: il reprit aussitôt son air flambant, planta dans mes yeux deux yeux froids et brillants comme l'acier, et, fourrant ses mains au fond de ses poches d'un air résolu, il s'éloigna en murmurant que ceux qui ne seraient pas contents n'auraient qu'à venir le lui dire…

Bandit, va! Quand je rentrai au collège, les élèves étaient en classe. Nous montâmes dans ma mansarde. L'homme chargea la malle sur ses épaules et descendit. Moi, je restai encore quelques instants dans cette chambre glaciale, regardant les murs nus et salis, le pupitre noir tout déchiqueté, et, par la fenêtre étroite, les platanes des cours qui montraient leurs têtes couvertes de neige… En moi-même, je disais adieu à tout ce monde.

À ce moment, j'entendis une voix de tonnerre qui grondait dans les classes: c'était la voix de l'abbé Germane. Elle me réchauffé le cœur et fit venir au bord des cils quelques bonnes larmes.

Après quoi, je descends lentement, regardant attentif autour de moi, comme pour emporter dans mes yeux l'image, toute l'image, de ces lieux que je ne devais plus jamais revoir. C'est ainsi que je traversai les longs corridors à hautes fenêtres grillagées où les yeux noirs m'étaient apparus pour la première fois.

Dieu vous protège, mes chers yeux noirs!… Je passai aussi devant le cabinet du principal, avec sa double porte mystérieuse; puis, à quelques pas plus loin, devant le cabinet de M. Viot…! A, je m'arrêtai subitement… O joie, à délices! les clefs, les terribles clefs pendaient à la serrure, et le vent les faisait doucement frétiller. Je les regardai un moment, ces clefs formidables, je les regardai avec une sorte de terreur religieuse; puis, tout à coup, une idée de vengeance me vint. Traîtreusement, d'une main sacrilège, je retirai le trousseau de la serrure, et, le cachant sous ma redingote je descendis l'escalier quatre à quatre.

Il y avait au bout de la cour des moyens un puits très profond. J'y courus d'une haleine. À cette heure la cour était déserte; la fée aux lunettes n'avait pas encore relevé son rideau. Tout favorisait mon crime.

Alors, tirant les clefs de dessous mon habit, ces misérables clefs qui m'avaient tant fait souffrir, je les jetai dans le puits de toutes mes forces… frinc! frinc! frinc! Je les entendis dégringoler, rebondir contre les parois et tomber lourdement dans l'eau qui se referma sur elles; ce forfait commis, je m'éloignai souriant.

Sous le porche, en sortant du collège, la dernière personne que je rencontrai fut M. Viot, mais un M. Viot sans ses clefs, hagard, effaré, courant de droite et de gauche. Quand il passa près de moi, il me regarda un moment avec angoisse. Le malheureux avait envie de me demander si je ne les avais pas vues. Mais il n'osa pas… À ce moment, le portier lui criait du haut de l'escalier en se penchant: «Monsieur Viot, je ne les trouve pas!» J'entendis l'homme aux clefs faire tout bas: «Oh! mon Dieu!»

– Et il partit comme un fou à la découverte.

J'aurais été heureux de jouir plus longtemps de ce spectacle, mais le clairon de la diligence sonnait sur la place d'Armes, et je ne voulais pas qu'on partît sans moi. Et maintenant, adieu pour toujours, grand collège enfumé, fait de vieux fer et de pierres noires; adieu, vilains enfants! adieu, règlement féroce! Le petit Chose s'envole et ne reviendra plus. Et vous, marquis de Boucoyran, estimez-vous heureux: On s'en va, sans vous allonger ce fameux coup d'épée, si longtemps médité avec les nobles cœurs du café Barbette… Fouette, cocher! Sonne, trompette! Bonne vieille diligence, fais feu de tes quatre roues… Emporte le petit Chose au galop de tes trois chevaux… Emporte le bien vite dans sa ville natale, pour qu'il embrasse sa mère chez l'oncle Baptiste, et qu'ensuite il mette le cap sur Paris et rejoigne au plus vite Eyssette (Jacques) dans sa chambre du Quartier latin!…

XIV L'ONCLE BAPTISTE

Un singulier type d'homme que cet oncle Baptiste, le frère de Mme Eyssette! Ni bon ni méchant, marié de bonne heure à un grand gendarme de femme avare et maigre qui lui faisait peur, ce vieil enfant n'avait qu'une passion au monde: la passion du coloriage. Depuis quelque quarante ans, il vivait entouré de godets, de pinceaux, de couleurs, et passait son temps à colorier des images de journaux illustrés. La maison était pleine de vieilles illustrations, de vieux charivari, de vieux magasins pittoresques, de cartes géographiques, tout cela fortement enluminé. Même dans ses jours de disette, quand la tante lui refusait de l'argent pour acheter des journaux à images, il arrivait à mon oncle de colorier des livres.

Ceci est historique: j'ai tenu dans mes mains une grammaire espagnole que mon oncle avait mise en couleurs d'un bout à l'autre, les adjectifs en bleu, les substantifs en rose, etc.

C'est entre ce vieux maniaque et sa féroce moitié que Mme Eyssette était obligée de vivre depuis six mois. La malheureuse femme passait toutes ses journées dans la chambre de son frère, assise à côté de lui et s'ingéniait à être utile. Elle essuyait les pinceaux, mettait de l'eau dans les godets… Le plus triste, c'est que, depuis notre ruine, l'oncle Baptiste avait un profond mépris pour M. Eyssette, et que du matin au soir, la pauvre mère était condamnée à entendre dire: «Eyssette n'est pas sérieux! Eyssette n'est pas sérieux!» Ah! le vieil imbécile! il fallait voir de quel air sentencieux et convaincu il disait cela en coloriant sa grammaire espagnole! Depuis, j'en ai souvent rencontré dans la vie, de ces hommes soi disant très graves, qui passaient leur temps à colorier des grammaires espagnoles et trouvaient que les autres n'étaient pas sérieux.

Tous ces détails sur l'oncle Baptiste et l'existence lugubre que Mme Eyssette menait chez lui, je ne les connus que plus tard; pourtant, dès mon arrivée dans la maison, je compris que, quoi qu'elle en dit, ma mère ne devait pas être heureuse… Quand j'entrai, on venait de se mettre à table pour le dîner.

1 ... 24 25 26 27 28 29 30 31 32 ... 66 ВПЕРЕД
Перейти на страницу:
Комментариев (0)
название