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Les Possedes

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Les Possedes
Название: Les Possedes
Дата добавления: 16 январь 2020
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Les Possedes - читать бесплатно онлайн , автор Dosto?evski Fedor Mikha?lovitch

«Est-il possible de croire? S?rieusement et effectivement? Tout est l?.» Stavroguine envo?te tous ceux qui l'approchent, hommes ou femmes. Il ne trouve de limite ? son immense orgueil que dans l'existence de Dieu. Il la nie et tombe dans l'absurdit? de la libert? pour un homme seul et sans raison d'?tre. Tous les personnages de ce grand roman sont poss?d?s par un d?mon, le socialisme ath?e, le nihilisme r?volutionnaire ou la superstition religieuse. Ignorant les limites de notre condition, ces id?ologies sont incapables de rendre compte de l'homme et de la soci?t? et appellent un terrorisme destructeur. Sombre trag?die d'amour et de mort, «Les Poss?d?s» sont l'incarnation g?niale des doutes et des angoisses de Dosto?evski sur l'avenir de l'homme et de la Russie. D?s 1870, il avait pressenti les dangers du totalitarisme au XXe si?cle.

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Comme bien on pense, cette élucubration ne fut pas écoutée jusqu’au bout sans murmures, et le pire, c’est que Karmazinoff provoqua lui-même les interruptions qui égayèrent la fin de sa lecture. Depuis longtemps déjà le public toussait, se mouchait, faisait du bruit avec ses pieds, bref, donnait les marques d’impatience qui ont coutume de se produire quand, dans une matinée littéraire, un lecteur, quel qu’il soit, occupe l’estrade plus de vingt minutes. Mais le grand écrivain ne remarquait rien de tout cela et continuait le plus tranquillement du monde à débiter ses jolies phrases. Tout à coup, au fond de la salle, retentit une voix isolée, mais forte:

– Seigneur, quelles fadaises!

Ces mots furent dits, j’en suis convaincu, sans aucune arrière-pensée de manifestation: c’était le cri involontaire d’un auditeur excédé. M. Karmazinoff s’arrêta, promena sur l’assistance un regard moqueur et demanda du ton d’un chambellan atteint dans sa dignité:

– Il paraît, messieurs, que je ne vous ai pas mal ennuyés?

Parole imprudente au premier chef, car, en interrogeant ainsi le public, il donnait par cela même à n’importe quel goujat la possibilité et, en quelque sorte, le droit de lui répondre, tandis que s’il n’avait rien dit, l’auditoire l’aurait laissé achever sa lecture sans encombre, ou, du moins, se serait borné, comme précédemment, à de timides protestations. Peut-être espérait-il obtenir des applaudissements en réponse à sa question; en ce cas, il se serait trompé: la salle resta muette, oppressée qu’elle était par un vague sentiment d’inquiétude.

– Vous n’avez jamais vu Ancus Marcius, tout cela, c’est du style, observa soudain quelqu’un d’une voix pleine d’irritation et même de douleur.

– Précisément, se hâta d’ajouter un autre: – maintenant que l’on connaît les sciences naturelles, il n’y a plus d’apparitions. Mettez-vous d’accord avec les sciences naturelles.

– Messieurs, j’étais fort loin de m’attendre à de telles critiques, répondit Karmazinoff extrêmement surpris.

Depuis qu’il avait élu domicile à Karlsruhe, le grand génie était tout désorienté dans sa patrie.

– À notre époque, c’est une honte de venir dire que le monde a pour support trois poissons, cria tout à coup une demoiselle. – Vous, Karmazinoff, vous n’avez pas pu descendre dans la caverne où vous prétendez avoir vu votre ermite. D’ailleurs, qui parle des ermites à présent?

– Messieurs, je suis on ne peut plus étonné de vous voir prendre cela si sérieusement. Du reste… du reste, vous avez parfaitement raison. Personne plus que moi ne respecte la vérité, la réalité…

Bien qu’il sourît ironiquement, il était fort troublé. Sa physionomie semblait dire: «Je ne suis pas ce que vous pensez, je suis avec vous, seulement louez-moi, louez-moi le plus possible, j’adore cela…»

À la fin, piqué au vif, il ajouta:

– Messieurs, je vois que mon pauvre petit poème n’a pas atteint le but. Et moi-même, paraît-il, je n’ai pas été plus heureux.

– Il visait une corneille, et il a atteint une vache, brailla quelqu’un.

Mieux eût valu sans doute ne pas relever cette observation d’un imbécile probablement ivre. Il est vrai qu’elle fut suivie de rires irrespectueux.

– Une vache, dites-vous? répliqua aussitôt Karmazinoff dont la voix devenait de plus en plus criarde. – Pour ce qui est des corneilles et des vaches, je prends, messieurs, la liberté de m’abstenir. Je respecte trop le public, quel qu’il soit, pour me permettre des comparaisons, même innocentes; mais je pensais…

– Pourtant, monsieur, vous ne devriez pas tant… interrompit un des auditeurs assis aux derniers rangs.

– Mais je supposais qu’en déposant la plume et en prenant congé du lecteur, je serais écouté…

Au premier rang, quelques-uns osèrent enfin élever la voix:

– Oui, oui, nous désirons vous entendre, nous le désirons! crièrent-ils.

– Lisez, lisez! firent plusieurs dames enthousiastes, et à la fin retentirent quelques maigres applaudissements. Karmazinoff grimaça un sourire et se leva à demi.

– Croyez, Karmazinoff, que tous considèrent comme un honneur… ne put s’empêcher de dire la maréchale de la noblesse.

Soudain, au fond de la salle, se fit entendre une voix fraîche et juvénile. C’était celle d’un professeur de collège, noble et beau jeune homme arrivé récemment dans notre province.

– Monsieur Karmazinoff, dit-il en se levant à demi, – si j’étais assez heureux pour avoir un amour comme celui que vous nous avez dépeint, je me garderais bien d’y faire la moindre allusion dans un article destiné à une lecture publique.

Il prononça ces mots le visage couvert de rougeur.

– Messieurs, cria Karmazinoff, – j’ai fini. Je vous fais grâce des dernières pages et je me retire. Permettez-moi seulement de lire la conclusion: elle n’a que six lignes…

Sur ce, il prit son manuscrit, et, sans se rasseoir, commença:

– Oui, ami lecteur, adieu! Adieu, lecteur; je n’insiste même pas trop pour que nous nous quittions en amis: à quoi bon, en effet, t’importuner? Bien plus, injurie-moi, oh! injurie-moi autant que tu voudras, si cela peut t’être agréable. Mais le mieux est que nous nous oubliions désormais l’un l’autre. Et lors même que vous tous, lecteurs, vous auriez la bonté de vous mettre à mes genoux, de me supplier avec larmes, de me dire: «Écris, oh! écris pour nous, Karmazinoff, pour la patrie, pour la postérité, pour les couronnes de laurier», alors encore je vous répondrais, bien entendu en vous remerciant avec toute la politesse voulue: «Non, nous avons fait assez longtemps route ensemble, chers compatriotes, merci! L’heure de la séparation est venue! Merci, merci, merci!»

Karmazinoff salua cérémonieusement et, rouge comme un homard, rentra dans les coulisses.

– Personne ne se mettra à ses genoux; voilà une supposition bizarre!

– Quel amour-propre!

– C’est seulement de l’humour, observa un critique plus intelligent.

– Oh! laissez-nous tranquille avec votre humour!

– Pourtant c’est de l’insolence, messieurs.

– Du moins à présent nous en sommes quittes.

– A-t-il été assez ennuyeux!

Les auditeurs des derniers rangs n’étaient pas les seuls à témoigner ainsi leur mauvaise humeur, mais les applaudissements du public comme il faut couvrirent la voix de ces malappris. On rappela Karmazinoff. Autour de l’estrade se groupèrent plusieurs dames ayant à leur tête la gouvernante et la maréchale de la noblesse. Julie Mikhaïlovna présenta au grand écrivain, sur un coussin de velours blanc, une magnifique couronne de lauriers et de roses naturelles.

– Des lauriers! dit-il avec un sourire fin et un peu caustique; – sans doute, je suis touché et je reçois avec une vive émotion cette couronne qui a été préparée d’avance, mais qui n’a pas encore eu le temps de se flétrir; toutefois, mesdames, je vous l’assure, je suis devenu tout d’un coup réaliste au point de croire qu’à notre époque les lauriers font beaucoup mieux dans les mains d’un habile cuisinier que dans les miennes…

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