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Un Crime

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Un Crime
Название: Un Crime
Автор: Bernanos Georges
Дата добавления: 16 январь 2020
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Un Crime - читать бесплатно онлайн , автор Bernanos Georges

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Quand elle rouvrit les yeux, la fumée qui remplissait la pièce lui fit d’abord cligner les paupières. Ce qu’elle venait d’entendre était à peine un bruit, car elle n’aurait pu le situer en aucun point de l’espace et, cependant, il semblait que ce bruit n’eût pas cessé, continuât de flotter autour d’elle tout proche.

– Tiens, dit-elle à haute voix, le vent est tombé.

Sans qu’elle pût expliquer pourquoi, cette constatation la rassura, et elle se sentait aussi alerte qu’à l’aube. Le silence était profond. L’horloge elle-même s’était tue. Elle marquait deux heures du matin.

– Ça doit aller maintenant sur cinq heures! fit-elle.

Elle résolut de descendre à la cuisine pour s’y faire un peu de café. «Je devrais aussi souffler la lampe du vestibule», pensa-t-elle encore, les yeux larmoyants. Une de ses pantoufles avait glissé sous la table pendant son sommeil, et, comme elle se penchait pour la ramasser, elle se redressa brusquement, courut à la fenêtre, appuya un moment son front au carreau glacé, l’oreille au guet… Puis, elle l’ouvrit toute grande.

Le presbytère, racheté par la commune aux héritiers de la veuve Lombard, n’était autrefois qu’une maison presque sordide, d’ailleurs assez mal famée. Pour quelques centaines de francs le conseil municipal y avait un peu plus tard ajouté un jardin, prélevé sur les médiocres pâturages qui l’enserrent. Ce minuscule terrain de quelques arpents, mi-potager, mi-parterre, avec ses deux allées en croix, bordées de buis, est clos sur un côté par une simple haie d’épines; sur les deux autres, par une charmille assez épaisse de noisetiers. La maison occupe le quatrième. Elle a deux entrées: l’une, sur la gauche, donne accès à la cuisine par une simple porte vitrée, que, la nuit, protège un volet de fer. L’entrée principale, au centre de la façade orientée vers l’est, est précédée d’un perron. La façade opposée donne sur une cour étroite fermée d’un mur, et où l’on entasse le bois sous un grand hangar qui en occupe presque toute la surface et n’est fait que de quelques planches recouvertes d’un papier goudronné.

Ce fut vers l’angle plus obscur de la charmille que le regard de Mlle Céleste se porta d’abord, là où aboutit l’étroit sentier que les visiteurs empruntent d’ordinaire, car il est le plus court chemin du village à cette bicoque isolée. À des yeux attentifs, la barrière récemment peinte pouvait se distinguer vaguement, par contraste avec le fond plus sombre du feuillage. Était-elle entrouverte ou non? Il était difficile de s’en rendre compte, mais la servante croyait entendre le battement du loquet, le grincement léger des gonds. Si Mlle Phémie, contre toute attente, était revenue au presbytère, quelque soin qu’elle prît à se cacher, le reflet de sa robe claire, dans cette nuit presque opaque, devait finir par la trahir.

Toute crainte s’était maintenant évanouie du cœur de la vieille femme, car elle croyait réellement l’aube prochaine.

– Qui va là? dit-elle d’une voix mal assurée.

La réponse lui vint aussitôt, et de beaucoup plus près qu’elle ne l’eût supposé, du pied même de la maison ténébreuse.

– C’est moi…

– Qui, vous?

– Moi, le nouveau curé de Mégère.

À cause de sa petite taille, elle dut se hausser sur la pointe des pieds pour apercevoir le long du mur, et pour la première fois, son maître.

– Attendez une seconde, monsieur le curé, fit-elle. Je m’en vas descendre. Mais elle saisit d’abord la lampe et, se penchant de nouveau, l’éleva au-dessus de sa tête. Ce qu’elle aperçut la rassura sur-le-champ.

Le visage apparaissait très nettement juste au centre du halo lumineux et elle faillit éclater de rire. C’était bien celui d’un écolier pris en faute et qui s’efforce de donner à ses traits une expression presque comique de réflexion et de dignité. La flamme fumeuse de la lampe n’en éclairait qu’une partie, mais il était facile de voir que ses joues étaient très rouges, plus, sans doute, de confusion que de froid.

– Vous êtes venu, répétait-elle machinalement, vous êtes venu…

Elle ne trouvait rien d’autre. Le vent fit charbonner la lampe. Un coq au loin chanta.

– Veuillez d’abord descendre, fit le jeune prêtre en rassemblant visiblement son courage pour donner à sa voix un accent d’autorité.

– J’arrive, dit Mlle Céleste.

Elle descendit aussi vite qu’elle put, poussa les verrous. Quelle singulière entrée! Certes, l’extrême solitude de ce petit village demi-mort, au milieu d’une des contrées les plus sombres et les plus dures qu’on connaisse, l’avait accoutumée dès l’enfance à ces sortes d’aventures, qui paraissent invraisemblables aux gens de la plaine, où l’on peut régler sa montre au sifflet de l’express du soir, toujours exact au rendez-vous. À la réflexion même, l’incident n’avait rien en soi que de banal. Sur cette route incessamment rongée par la gelée, la neige, le soleil, la lente action des eaux secrètes qui poursuivent été comme hiver leur travail souterrain, que de chevaux couronnés, que d’essieux tordus! La semaine dernière encore… Mais elle pensait à l’adjoint sacrant et pestant sous la bise, au sacristain vainement sanglé dans son habit neuf, aux commères, dès midi à l’affût derrière les vitres, à la déception de toute la commune. «Faudra que je lui conseille de trouver un bon mot d’excuse, dimanche, à la messe…»

Il était certainement transi, mais il ne laissa paraître aucune déception lorsque, s’étant approché du fourneau de la cuisine, il constata qu’il était froid.

– Je désirerais, dit-il, une boisson chaude. Est-ce possible?

– Le temps d’aller chercher un fagot. Monsieur le curé m’excusera, le bois et le charbon sont dans la resserre. Si monsieur le curé veut bien tenir la lampe un petit moment?… oh! rien qu’au ras du couloir, ça suffit.

Elle remarqua tout à coup qu’il portait des gants de filoselle noire, mince protection contre le vent du nord. Sa soutane était usée, mais propre, et, d’un coup d’œil, elle vit que deux boutons y manquaient. Leurs regards alors se croisèrent.

– Voilà du travail pour vous, mademoiselle Céleste, fit-il en souriant.

Elle ne devait jamais oublier ce sourire qui, si vite, avait conquis son cœur, gagné sa fidélité pour toujours. Eut-elle dès ce moment le pressentiment qu’il serait la consolation de sa dernière heure, la suprême vision qu’elle emporterait de ce monde où sa simplicité ne s’était guère étonnée de rien?

L’idée ne lui vint qu’au seuil de la resserre. Elle se retourna brusquement, comme piquée d’un taon.

– Comment savez-vous que je m’appelle Céleste? Le curé de Mégère sourit encore.

– On m’a beaucoup parlé de vous hier, dit-il, et pas très clairement, je l’avoue. Mais j’ai cependant retenu votre nom.

Elle grimaça de plaisir et feignit de compter les fagotins qu’elle jetait l’un après l’autre dans son tablier.

– Le messager? demanda-t-elle enfin d’un ton d’indifférence affectée. Ça m’étonne, il ne me connaît guère.

– Pas le messager, un autre.

Le prêtre tenait levée sa lampe à la hauteur de son front, mais l’ombre de l’abat-jour ne laissait voir que ses yeux calmes, un peu vagues, et tandis qu’elle le précédait vers la cuisine, il continua derrière son dos:

– Je dois vous dire avant tout que je suis très… très… enfin, oui, très maladroit, très distrait et aussi très malchanceux.

L’unique chaise était chargée d’une pile d’assiettes, et il restait debout, une main timidement appuyée au dossier.

– Que monsieur le curé m’excuse, grogna la servante avec un haussement d’épaules presque maternel.

Elle essuya le siège d’un coup de torchon, l’approcha du fourneau, fit basculer la porte du four.

– Mettez vos pieds là-dessus, ça ne tardera pas à chauffer.

Il obéit et resta un long moment tête basse, écoutant le ronron du feu, le sifflement des pommes de pin, les épaules secouées d’un frisson qu’il ne réprimait qu’à grand-peine.

– Très malchanceux, reprit-il d’une voix rêveuse. Vous devinez sans doute que j’ai manqué la patache de 11 heures. À l’hôtel où je m’étais rendu après la descente du train…

– Quel hôtel?

– L’Univers. Un voyageur de commerce, un monsieur très complaisant, m’avait offert une place dans sa voiture, une automobile aménagée tout exprès pour la montagne, une machine très forte, paraît-il. Ainsi me serais-je trouvé, sans beaucoup de retard, au rendez-vous de ces messieurs. Il a fallu que le carbu… non, le radiateur… que le radiateur gelât au passage du premier col, – Roque-Noire?

De ses mains gonflées par le froid il portait le bol à ses lèvres et humait la boisson brûlante avec un frémissement de plaisir.

– Roque-Noire, oui. Rien n’était perdu cependant. Du moins aurais-je pu retourner avec lui jusqu’à la ville, vaille que vaille. C’est alors qu’une petite carriole…

– Qué carriole?

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