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Un Crime

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Un Crime
Название: Un Crime
Автор: Bernanos Georges
Дата добавления: 16 январь 2020
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Un Crime читать книгу онлайн

Un Crime - читать бесплатно онлайн , автор Bernanos Georges

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– Je vais déjà mieux, dit-il, ne vous faites pas de souci.

D’un regard, il fit au petit clergeon signe de le suivre. Et sur le seuil, se retournant encore:

– Mon devoir, commença-t-il…

Mais ce qu’il lut de crainte, d’humiliation, de véritable souffrance sur les traits bouleversés de Mlle Céleste parut le surprendre. Il fit un geste amical de la main et, désespérant sans doute de se faire comprendre de cette inoffensive créature en un tel moment, il secoua la tête d’un air de compassion et d’impuissance, noua son écharpe autour de son cou, sortit.

– Menez-moi là-bas par le plus court, dit-il à l’enfant. Est-il possible d’éviter le village? Je ne veux pas qu’on me croie capable de favoriser une opération de police, quelle qu’elle soit.

Ils prirent à travers les prés. Un peu plus loin la terre s’appauvrit, le rocher affleure, la pente se couvre de bruyères et d’ajoncs dans lesquels s’embarrassait son ample soutane. Au sommet de la colline, il était visiblement à bout de forces, livide. Il dut s’asseoir sur une pierre, pressant des deux mains sa poitrine. Au-dessous d’eux, la maison des Drumeau, cachée par un repli du terrain, se voyait à peine, mais des gens allaient et venaient sur la route. Ils reconnurent les képis galonnés des gendarmes.

– Courage! murmura le curé de Mégère, comme s’il se fût parlé à lui-même. Il se remit sur ses jambes avec un gémissement de douleur. Inconsciemment ou non, sa main cherchait celle du petit clergeon, qui la sentit sèche et brûlante.

– Distinguez-vous clairement la route? dit-il. Mes yeux se troublent, j’ai horriblement mal à la tête.

– Il y a beaucoup de monde en bas, sur la route, et un autre groupe un peu plus haut, dans le taillis. D’où nous sommes, il n’est pas possible de voir le château.

– Allons.

Ils eurent beaucoup de peine à se frayer un chemin. L’espèce de sentier qu’ils suivaient était encombré de grosses pierres, roulées là par les crues d’avril.

– Vous pourriez vous reposer un moment chez Drumeau, monsieur le curé. La maison n’est pas loin, à présent, sur notre gauche.

– Non, dit le prêtre entre ses dents, avec une énergie farouche.

Ce fut Claude Heurtebise qui les aperçut le premier. Ils le virent échanger quelques mots avec un gendarme, mais la distance était encore trop grande pour qu’ils pussent rien entendre. Le gendarme, d’ailleurs, se remit aussitôt à son travail. Il semblait mesurer avec beaucoup de soin la largeur de la route, d’un arbre à l’autre. Le maire sortit si brusquement du fourré que l’enfant poussa un cri de terreur. À la vue du prêtre, la figure poupine exprima moins de surprise que d’ennui.

– Qui aurait pu croire? répétait-il, en passant son énorme mouchoir sur son front ruisselant de sueur, malgré le froid. C’est pas croyable!

Mais le curé de Mégère, encore livide, avait retrouvé cet air d’attention courtoise, de conviction grave et douce qui rendait courage à tous. Les yeux du gros homme s’éclairèrent instantanément.

– Bah! monsieur le curé, dit-il, vous n’êtes pas de trop. Pour moi, les gendarmes bafouillent. Ils vont, ils viennent, arpentent le chemin, comptent les pierres, sacrés farceurs! Auraient-ils pas mieux fait de battre le pays tout de suite? Sûr que l’assassin a des complices.

– Vit-il encore vraiment? Cette nuit, notre sonneuse avait parlé de deux cadavres.

– Oh! vivre… enfin ça vit si on veut, j’appelle pas ça vivre, non. Mettons qu’il râle un coup ou deux par-ci par-là.

– Comment ne m’a-t-on pas prévenu? dit le prêtre d’un air sombre. Je ne puis être d’aucun secours à l’enquête sinon par le témoignage que vous savez. Mais il ne s’agit pas de témoignage. Aux yeux d’un prêtre, monsieur le maire, il n’y a pas d’assassin, je ne connais que le mourant.

Il prononça ces paroles qui eussent pu prêter à quelque emphase, avec une telle simplicité que le maire reconnut plus tard – selon sa propre expression – en avoir eu a la larme à l’œil».

Le curé de Mégère n’eut pas besoin d’écarter les rangs pressés des spectateurs, ils s’ouvrirent d’eux-mêmes aussitôt que sa longue silhouette noire apparut dans le taillis. Un gendarme détourna la tête en sifflant, l’autre souleva son képi.

Le moribond semblait dormir. Le pansement fait récemment en hâte par le docteur et encore immaculé, bombait fortement autour du torse nu. Sa mauvaise culotte rabattue sur les genoux découvrait le ventre sur lequel on avait jeté une serviette tachée de sang. Les pieds étaient nus dans les chaussettes, car en dépit de toutes les recherches, les sabots, probablement abandonnés au cours de sa fuite à travers le parc, étaient restés introuvables. Le râle, dont le maire avait parlé, ne s’entendait plus: il se devinait seulement au frémissement et au crépitement de l’écume sur les lèvres bleues.

– Docteur Niclausse, dit une voix, d’un ton de brièveté militaire. Le curé de Mégère se retourna brusquement.

– Comment est votre blessé? fit-il.

– Coma. Nous attendons l’ambulance depuis deux heures. Dans l’état où il est, je redoute de le faire transporter sur un brancard de fortune, par ces maladroits.

– Sans connaissance?

– Coma, répliqua l’autre avec une brusquerie sans doute affectée (il grelottait de froid sous son léger pardessus). Ce n’est probablement pas la même chose. On ne sait rien. Qu’il ne voie pas, sûr, pour la bonne raison que le muscle des paupières ne sera maintenant détendu que par la mort. Mais il est possible qu’il entende aussi bien que vous ou moi.

Le prêtre soupira mais garda le silence. Parmi tous ces hommes empressés autour du misérable vaincu, et si malhabiles à déguiser la curiosité sauvage qui donnait à leurs visages, d’ordinaire insignifiants, une expression de férocité sournoise, il semblait faire effort pour cacher son dégoût. Les yeux se baissaient d’eux-mêmes, dès qu’il appuyait un moment sur eux son regard vague et triste. Toujours en silence, il s’approcha du moribond, s’agenouilla et commença de prier. D’un accord tacite, ils s’écartèrent tous, les uns après les autres. Le médecin de Mégère lui-même, tirant une cigarette de son étui, s’éloigna dans la direction de la route. Quelques minutes se passèrent.

– Docteur, appela le prêtre tout à coup. Sa voix était plus grave.

– Il est mort, reprit-il, du moins je le crois.

Le maire fut près de lui le premier. Bien qu’il essayât de le dissimuler, son soulagement était visible. Il demanda sur un ton que le tragique des circonstances empêchait seul d’être comique.

– Il est bien mort? En êtes-vous sûr? Le prêtre lui tourna le dos.

– Je m’y attendais, fit le médecin de Mégère.

Il ausculta le cœur un long moment, releva la tête et dit, exagérant encore sa froideur professionnelle:

– Pas mort. Il y a même dans tout cela une chose qui m’échappe, poursuivit-il à voix basse, et presque à l’oreille du curé de Mégère… La respiration doit être embarrassée par quelque caillot, le cœur se défend bien.

– On ne peut quand même pas le laisser là, remarqua l’un des gendarmes avec un regard de biais vers le prêtre, sans doute dans l’espoir d’être approuvé.

La petite moustache blonde du docteur trembla de colère.

– Monsieur le gendarme, dit-il, vous parlez comme un imbécile. Le moribond est intransportable, in-trans-por-ta-ble, comprenez-vous?

Il pirouetta sur les talons et interrogea des yeux le grand Heurtebise qui accourait du château, tout essoufflé:

– M. le juge d’instruction nous demande tous là-haut! Rassemblement!

Ils remontèrent la pente. Après avoir hésité un moment, le curé de Mégère les suivit comme à regret.

– Messieurs, dit le magistrat sitôt qu’ils se furent groupés autour de la table sur laquelle le greffier étalait son maigre dossier, il importe que nous restions ici entre nous. On ne laissera désormais passer personne, sous quelque prétexte que ce soit. Il y a eu déjà dans ce parc beaucoup trop d’allées et venues, monsieur le maire, et si vous laissez faire, nous aurons bientôt tout le village sur le dos. Je ne veux près de moi que les premiers témoins. Procédons par ordre.

Il se courba poliment sur sa chaise et dit:

– M. le desservant d’abord… Et qu’est-ce que tu fiches là, toi, galopin?

– Mon enfant de chœur, intervint doucement le curé de Mégère. Partez, André, vous voudrez bien prévenir ma gouvernante que je serai de retour dans vingt minutes; j’irai seul, je connais maintenant le chemin. Monsieur le juge d’instruction, ma déposition sera courte. J’ai quitté Grenoble à trois heures environ et…

– Plutôt quatre heures, rectifia le magistrat en souriant. Dès le coup de téléphone, je me suis permis de m’informer avant mon départ. Je sais donc que vous êtes arrivé par le train de dix heures, que vous avez pris votre repas de raidi à l’hôtel de l’Univers, que vous avez manqué la patache, fait une partie de la route avec un industriel connu de Lyon, et le reste du voyage dans la carriole de Mathurin dont une première déposition a déjà été recueillie qui sera d’ailleurs complétée, car elle signale un fait curieux – très curieux, que vous ne pouvez connaître. Mais tout cela n’a qu’une importance secondaire. Votre arrivée est antérieure au crime de plus d’une heure et demie. Laissez-moi vous exprimer mon regret de vous déranger de si bon matin après une journée qui n’a été que trop bien remplie. Je dois vous remercier encore du concours précieux que vous avez apporté, que vous apporterez à l’œuvre de la justice.

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