Le mariage de Fantomas (Свадьба Фантомаса)
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продолжение серии книг про Фантомаса
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— Jésus, Marie, proféra le père Teulard et dire que le commissaire aux macchabes s’amène à onze heures. Cavalons.
Tous deux sortirent de la boutique, omettant complètement de régler leurs consommations, mais le mastroquet ne les rappela pas, il connaissait ces clients et « avait qu’ils reviendraient.
Le père Teulard et Barnabé, au contact de l’air frais du dehors, reprirent un peu leurs esprits, ils marchèrent à peu près droit et parvinrent, sans se faire remarquer, à l’extrémité de la rue de Maistre, en haut du pont Caulaincourt.
Ils se rendaient dans un établissement aux apparences beaucoup moins attirantes que la boutique du marchand de vin resplendissante de l’autre côté de la rue. Ils allaient vers un mur sombre dans lequel s’encadrait une grande porte toute noire, surmontée d’un écriteau où on lisait :
Dépôt Mortuaire.
C’était là en effet que se trouvait le dépôt mortuaire du cimetière Montmartre, lieu sinistre, où l’administration loge les cercueils qui doivent attendre après les funérailles.
Le père Teulard, en cours de route avait passé à Barnabé le papier de l’administration reçu la veille au soir. Cette lettre contenait des instructions relatives à une certaine bière, la bière n° 7 qui, depuis quarante-huit heures, attendait au dépôt mortuaire d’être définitivement descendue dans le caveau qui lui était affecté au cimetière, allée de l’Ouest.
C’était le cercueil de la mystérieuse jeune fille que l’administration des pompes funèbres était ailée chercher deux jours auparavant, chez l’infant d’Espagne à Auteuil. La noble famille de Gandia possédait en effet au cimetière Montmartre un caveau, mais celui-ci n’étant pas prêt le jour des obsèques, il avait fallu se contenter d’un simulacre d’ensevelissement, puis, on avait placé le cercueil au dépôt, pour quarante-huit heures. Le caveau étant prêt désormais, l’administration en avait informé le fossoyeur en chef, le père Teulard ; il était dix heures du matin. À onze heures, le commissaire des morts allait venir pour constater officiellement la mise en terre du cercueil n° 7 dans le caveau prévu.
Les deux employés du cimetière s’étaient fait reconnaître d’un gardien, puis introduits dans le dépôt. Celui-ci était constitué par une grande salle carrée, plongée dans une demi-obscurité car seules deux ou trois lucarnes percées au sommet du mur permettaient à quelques rayons de lumière d’y pénétrer. Les murs était nus, blanchis à la chaux et, sur le sol en terre battue, était répandue de la créosote dont l’odeur prenait à la gorge. Il y avait deux ou trois rigoles percées dans le sol, et qui venaient converger à une bouche d’égout recouverte d’une grille. Au fond de la pièce était un petit réduit obscur, où l’on entassait pêle-mêle des outils, des tréteaux de rechange, des objets de toutes sortes.
Il y avait, ce jour-là, une dizaine de bières rangées les unes à côté des autres, ce qui donnait au local un aspect plus sinistre encore. Le père Teulard et Barnabé n’étaient pas gens à s’effrayer d’un pareil spectacle. Toutefois, à peine avaient-ils pénétré dans le local que l’un et l’autre poussaient un juron, s’arrêtaient, figés de surprise :
— Nom de Dieu ! s’écria le père Teulard, cependant que Barnabé lui faisait écho.
— Sacré bon sang !
Puis tous deux regardaient devant eux un spectacle inattendu, étrange. Un cercueil, précisément le n° 7, avait évidemment basculé sur ses tréteaux et voici qu’il se dressait comme une guérite, à côté des autres bières allongées comme à l’ordinaire.
— Qu’est-ce que ça veut dire ?
— Je n’y comprends rien, fit Barnabé, probablement c’est une blague.
Le père Teulard haussa les épaules :
— Oui, fit-il, encore une farce des croque-morts, ce sacré Dégueulasse n’en fait jamais d’autres.
— À moins, observa Barnabé que ce soit Fumier. Il en est bien capable.
— Tout de même, reprit le père Teulard, c’est pas une position pour un mort que de le coller debout.
— Ça tient moins de place.
Puis, machinalement, les deux hommes se rapprochèrent de la bière n° 7 et la firent basculer à nouveau sur ses tréteaux, s’évertuant à lui faire reprendre sa position normale.
Mais à peine avaient-ils terminé, à peine s’éloignaient-ils pour aller chercher le brancard sur lequel ils allaient transporter, dans quelques instants, ce cercueil, qu’un bruit sourd leur fit tourner la tête.
— Ah, bon Dieu, s’écrièrent-ils ensemble, c’est plus fort que de jouer au bouchon.
Les deux fossoyeurs, en effet, pouvaient être surpris. La bière, perdant l’équilibre, avait encore une fois basculé, elle se dressait encore debout, mais sens dessus dessous, cette fois.
— Nom de Dieu, jura Barnabé, voilà le mort qui se met la tête en bas maintenant.
— Ce qu’il est récalcitrant grogna le père Teulard, c’est rien de le dire.
Non sans une certaine inquiétude, les deux camarades se rapprochèrent, surveillèrent la bière. Ils constatèrent que dans sa chute, celle-ci s’était légèrement abîmée, le couvercle s’écartait de la boîte et il sembla à Barnabé, qui s’était penché par terre, que quelque chose filtrait par l’interstice.
— Père Teulard, cria-t-il, viens donc voir…
— Qu’est-ce que c’est ? fit le fossoyeur en chef. Barnabé avait ramassé quelque chose !
— Du sable, proféra-t-il, il sort du sable de la boîte à dominos.
— Faut pourtant savoir, suggéra Barnabé.
— Oui, fit le père Teulard, car sans doute il se passe quelque chose d’extraordinaire : qu’est-ce que va dire le commissaire des morts lorsqu’il va s’amener ? Probable qu’on va nous mettre encore cette histoire-là sur le dos ; faut pas qu’il s’en aperçoive.
Le père Teulard proposa :
— On va resserrer le couvercle qui s’est un peu défait, probable que c’est l’humidité qui l’a fait un peu gondoler.
Barnabé, se dandinant toujours, se releva, chercha autour de lui, des yeux, un instrument pour faire le travail conseillé par le chef. Il ne trouva rien, mais, en fouillant ses poches, Barnabé finit par y découvrir un solide tournevis.
— Voilà l’affaire, déclara-t-il.
Puis, sans s’occuper du père Teulard, il s’agenouilla auprès de la bière.
— Qu’est-ce que tu fais ? interrogea au bout d’un moment le vieil ivrogne qui peu à peu reprenait son état normal et se décongestionnait.
Barnabé se livrait à une besogne inattendue. Au lieu de resserrer les vis qui fermaient le cercueil, ils les défaisait :
— J’ouvre la boîte, déclara-t-il, faut tout de même voir ce qui s’est passé là-dedans.
— Mais, remarqua le père Teulard, timidement, tu sais bien que c’est défendu.
Barnabé, haussant les épaules, continuait ; il eut soudain un cri de surprise et se redressa brusquement, cependant qu’il rejetait de côté le couvercle, désormais entièrement détaché du cercueil.
— La boîte est vide, s’écria-t-il, on a mis du sable à la place du macchabée.
Et c’était exact. Les deux hommes considéraient stupéfiés le spectacle qui s’offrait à leurs yeux. Es n’y comprenaient rien. À l’intérieur de la bière, toute capitonnée de satin blanc, se trouvait, en effet, du sable fin qui s’était échappé de deux sacs de toile. L’un d’eux s’était crevé et c’était pour cela que le sable avait filtré par les interstices du couvercle mal assujetti. Quelqu’un avait subtilisé un cadavre et, pour donner le change aux fossoyeurs, on avait remplacé le corps par une charge de sable.
Machinalement, les deux hommes plongèrent leurs mains hésitantes dans ce sable. Soudain les doigts de Barnabé rencontrèrent quelque chose qu’il attira et mit sous les yeux du père Teulard. C’était un petit collier de pierreries multicolores.
— Des bijoux, s’écria-t-il ; par exemple, c’est encore plus épatant.
— Mets ça de côté, déclara Barnabé, passant le collier à Teulard.
Mais le fossoyeur en chef n’en voulait pas et comme s’il avait craint de toucher cet objet précieux, il le déposa non loin de lui, sur une autre bière.