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Sapho

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Sapho
Название: Sapho
Автор: Daudet Alphonse
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 297
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Sapho читать книгу онлайн

Sapho - читать бесплатно онлайн , автор Daudet Alphonse

Alphonse Daudet n'a pas seulement chant? la Provence perdue de son enfance. Dans Sapho, c'est un Paris bien incarn? qu'il met en sc?ne, celui de la boh?me artistique de son temps, se consumant dans l'ivresse de la f?te et des conqu?tes d'un soir. Jean, jeune proven?al fra?chement mont? ? Paris, s'?prend d'une tr?s belle femme – mod?le – connue sous le nom de Sapho. Sera-ce une de ces liaisons sans lendemain? Sapho n'est plus jeune et pressent qu'elle vit son dernier amour, mais, pour Jean, c'est le premier. D?calage du temps, d?saccord des ?mes… Trente ans avant le Ch?ri de Colette, Daudet a l'intuition magistrale de " ce genre d'amours auxquels le sentiment maternel ajoute une dimension d?licieuse et dangereuse "

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Où était-il? Que faisait-il là? Peu à peu, dans la réverbération du petit jardin, la chambre lui apparaissait toute blanche, éclairée d’en bas, le grand portrait de Fanny dressé en face de lui, et le souvenir lui revenait de sa chute, sans le moindre étonnement. Dès en entrant, devant ce lit, il s’était senti repris, perdu; ces draps l’attiraient comme un gouffre, et il se disait: «Si j’y tombe, ce sera sans rémission et pour toujours.» C’était fait; et sous le triste dégoût de sa lâcheté, il y avait comme un soulagement à l’idée qu’il ne sortirait plus de cette fange, le pitoyable bien-être du blessé qui, perdant son sang, traînant sa plaie, s’est étendu sur un tas de fumier pour y mourir, et las de souffrir, de lutter, toutes les veines ouvertes, s’enfonce délicieusement dans la tiédeur molle et fétide.

Ce qui lui restait à faire maintenant était horrible, mais très simple. Retourner à Irène après cette trahison, risquer un ménage à la de Potter?… Si bas qu’il fût tombé, il n’en était pas encore là… Il allait écrire à Bouchereau, au grand physiologiste qui le premier a étudié et décrit les maladies de la volonté, lui en soumettre un cas terrible, l’histoire de sa vie depuis la première rencontre avec cette femme quand elle lui avait posé sa main sur le bras, jusqu’au jour où, se croyant sauvé, en plein bonheur, en pleine ivresse, elle le ressaisissait par la magie du passé, cet horrible passé où l’amour tenait si peu de place, seulement la lâche habitude et le vice entré dans les os…

La porte s’ouvrit. Fanny marchait tout doucement dans la chambre pour ne pas le réveiller. Entre ses paupières closes, il la regardait, alerte et forte, rajeunie, chauffant au foyer ses pieds trempés de la neige du jardin, et de temps en temps tournée vers lui avec le petit sourire qu’elle avait le matin, dans la dispute. Elle vint prendre le paquet de maryland à sa place habituelle, roula une cigarette et s’en allait, mais il la retint.

– Tu ne dors donc pas?

– Non… assieds-toi là… et causons.

Elle resta au bord du lit, un peu surprise de cette gravité.

– Fanny… Nous allons partir.

Elle crut d’abord qu’il plaisantait pour l’éprouver. Mais les détails très précis qu’il donnait la détrompèrent vite. Il y avait un poste vacant, celui d’Arica; il le demanderait. C’était l’affaire d’une quinzaine de jours, le temps de préparer les malles…

– Et ton mariage?

– Plus un mot là-dessus… Ce que j’ai fait est irréparable… Je vois bien que c’est fini, je ne pourrai plus me séparer de toi.

– Pauvre bébé! fit-elle avec une douceur triste, un peu méprisante.

Puis, après avoir tiré deux ou trois bouffées:

– C’est loin, ce pays que tu dis?

– Arica?… très loin, au Pérou…

Et tout bas:

– Flamant ne pourra pas te rejoindre…

Elle resta songeuse et mystérieuse dans son nuage de tabac. Lui, tenait toujours sa main, frôlait son bras nu, et bercé par le dégoulinement de l’eau tout autour de la petite maison, il fermait les yeux, s’enfonçait dans la vase doucement.

XV

Nerveux, trépidant, sous vapeur, déjà parti comme tous ceux qui s’apprêtent au départ, Gaussin est depuis deux jours à Marseille où Fanny doit venir le rejoindre et s’embarquer avec lui. Tout est prêt, les places retenues, deux cabines de première pour le vice-consul d’Arica voyageant avec sa belle sœur; et le voilà qui arpente le carreau dérougi de la chambre d’hôtel, dans la double attente fiévreuse de sa maîtresse et de l’appareillage.

Il faut qu’il marche et s’agite sur place, puisqu’il n’ose sortir. La rue le gêne comme un criminel, comme un déserteur, la rue marseillaise mêlée et grouillante où il lui semble qu’à chaque tournant son père, le vieux Bouchereau vont se montrer, lui mettre la main sur l’épaule pour le reprendre et le ramener.

Il s’enferme, mange là sans même descendre à la table d’hôte, lit sans fixer ses yeux, se jette sur son lit, distrayant ses vagues siestes avec le Naufrage de La Pérouse, la Mort du capitaine Cook pendus aux murs, piquetés de mouches, et des heures entières s’accoude au balcon en bois vermoulu, abrité d’un store jaune aussi rapiécé que la voile d’un bateau de pêche.

Son hôtel, l’«hôtel du Jeune Anacharsis», dont le nom pris au hasard sur le Bottin l’a tenté quand il convenait du rendez-vous avec Fanny, est une vieille auberge point luxueuse ni même très propre, mais qui donne sur le port, en pleine marine, en plein voyage. Sous ses fenêtres, des perruches, des cacatoès, des oiseaux des îles au doux ramage interminable, tout l’étalage en plein air d’un oiselier dont les cages empilées saluent le jour levant d’une rumeur de forêt vierge, couverte et dominée, à mesure que la journée s’avance, par les bruyants travaux du port, réglés au bourdon de Notre Dame-de-la-Garde.

C’est une confusion de jurons dans toutes les langues, de cris de bateliers, de portefaix, de marchands de coquillages, entre les coups de marteau du bassin de radoub, le grincement des grues, le heurt sonore des «romaines» rebondissant sur le pavé, cloches de bords, sifflets de machines, bruits rythmés de pompes, de cabestans, eaux de cale qu’on dégorge, vapeur qui s’échappe, tout ce fracas doublé et répercuté par le tremplin de la mer voisine, d’où monte de loin en loin le mugissement rauque, l’haleine de monstre marin d’un grand transatlantique qui prend le large.

Et les odeurs aussi évoquent des pays lointains, des quais plus ensoleillés et chauds encore que celui-ci; les bois de santal, de campêche qu’on décharge, les limons, les oranges, pistaches, fèves, arachides, dont l’âcre senteur se dégage, monte avec des tourbillons de poussières exotiques dans une atmosphère saturée d’eau saumâtre, d’herbes brûlées, des graisses fumeuses des Cook-house.

Le soir venu, ces rumeurs s’apaisent, ces épaisseurs de l’air retombent et s’évaporent; et tandis que Jean, rassuré par l’ombre, le store relevé, regarde le port endormi et noir sous l’entre-croisement en hachures des mâts, des vergues, des beauprés, quand le silence n’est traversé que du clapotis d’une rame, de l’aboi lointain d’un chien de bord, au large, tout au large, le phare de Planier projette en tournant une longue flamme rouge ou blanche qui déchire l’ombre, montre en un clignotement d’éclair des silhouettes d’îles, de forts, de roches. Et ce regard lumineux guidant des milliers de vies à l’horizon, c’est encore le voyage, qui l’invite et lui fait signe, l’appelle dans la voix d’un vent, les houles de la pleine mer, et la rauque clameur d’un steamboat qui râle et souffle toujours à quelque point de la rade.

Encore vingt-quatre heures d’attente; Fanny ne doit le rejoindre que dimanche. Ces trois jours trop tôt au rendez-vous, il devait les passer près des siens, les donner aux bien-aimés qu’il ne reverra de plusieurs années, qu’il ne retrouvera plus peut-être; mais dès le soir de son arrivée à Castelet, quand son père a su que le mariage était rompu et qu’il en a deviné les causes, une explication a eu lieu, violente, terrible.

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