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Sapho

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Sapho
Название: Sapho
Автор: Daudet Alphonse
Дата добавления: 16 январь 2020
Количество просмотров: 297
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Sapho читать книгу онлайн

Sapho - читать бесплатно онлайн , автор Daudet Alphonse

Alphonse Daudet n'a pas seulement chant? la Provence perdue de son enfance. Dans Sapho, c'est un Paris bien incarn? qu'il met en sc?ne, celui de la boh?me artistique de son temps, se consumant dans l'ivresse de la f?te et des conqu?tes d'un soir. Jean, jeune proven?al fra?chement mont? ? Paris, s'?prend d'une tr?s belle femme – mod?le – connue sous le nom de Sapho. Sera-ce une de ces liaisons sans lendemain? Sapho n'est plus jeune et pressent qu'elle vit son dernier amour, mais, pour Jean, c'est le premier. D?calage du temps, d?saccord des ?mes… Trente ans avant le Ch?ri de Colette, Daudet a l'intuition magistrale de " ce genre d'amours auxquels le sentiment maternel ajoute une dimension d?licieuse et dangereuse "

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– Elle tremble, on dirait qu’elle a froid.

– C’est la fièvre, madame.

– Attendez, nous allons la réchauffer…

Elle prit la mantille qui pendait sur son bras, en entoura la petite:

– Si, si, laissez donc… ce sera son voile de mariée, plus tard…

Le père eut un sourire navré, et remuant la menotte de l’enfant qui se rendormait, blême dans tout ce blanc comme une petite morte, il lui faisait dire merci à la dame, puis s’éloignait avec un «bon Dieu!» perdu dans le craquement des branches sous ses pieds.

Fanny n’était plus gaie, serrée contre lui de toute cette tendresse craintive de la femme que son émotion, tristesse ou joie, rapproche de celui qu’elle aime. Jean se disait: «Quelle bonne fille…», mais sans faiblir dans ses décisions, s’y affermissant au contraire, car sur la pente de l’allée où ils entraient se levait l’image d’Irène, le souvenir du rayonnant sourire rencontré là et qui l’avait pris tout de suite, avant même qu’il en connût le charme profond, la source intime de douceur intelligente. Il songea qu’il avait attendu jusqu’au dernier moment, que c’était aujourd’hui jeudi… «Allons, il le faut…» et visant un rond-point à quelque distance, il se le donna comme dernière limite.

Une éclaircie dans une coupe de bois, des arbres couchés au milieu de copeaux, de sanglants débris d’écorce, et des fagots, des trous de charbonnage… Un peu plus bas on voyait l’étang d’où montait une buée blanche, et sur le bord la petite maison abandonnée, au toit tombant, aux fenêtres cassées, ouvertes, le lazaret des Hochecorne. Après, les bois remontaient vers Vélizy, un grand coteau de toisons rousses, de haute futaie serrée et triste… Il s’arrêta brusquement:

– Si l’on se reposait un peu?

Ils s’assirent sur une longue charpente jetée à terre, un ancien chêne dont se comptaient les branches aux blessures de la hache. L’endroit était tiède, égayé d’une pâle réverbération lumineuse, et d’un parfum de violettes perdues.

– Comme il fait bon!… dit-elle, alanguie sur son épaule et cherchant la place d’un baiser dans son cou.

Il se recula un peu, lui prit la main. Alors, devant l’expression subitement durcie de son visage, elle s’effraya:

– Quoi donc? Qu’y a-t-il?

– Une mauvaise nouvelle, ma pauvre amie… Hédouin, tu sais, celui qui est parti à ma place…

Il parlait péniblement, avec une voix rauque dont le son l’étonnait lui-même, mais qui se raffermissait vers la fin de l’histoire préparée d’avance… Hédouin tombé malade en arrivant à son poste, et lui, désigné d’office pour aller le remplacer. Il avait trouvé cela plus facile à dire, moins cruel que la vérité. Elle l’écouta jusqu’au bout sans l’interrompre, la face d’une pâleur grise, l’œil fixe.

– Quand pars-tu? demanda-t-elle, en retirant sa main.

– Mais ce soir… cette nuit…

Et la voix fausse et dolente, il ajouta:

– Je compte passer vingt-quatre heures à Castelet, puis m’embarquer à Marseille…

– Assez, ne mens plus, cria-t-elle dans une explosion farouche qui la mit debout, ne mens plus, tu ne sais pas!… Le vrai, c’est que tu te maries… Il y a assez longtemps que ta famille te travaille… Ils ont tellement peur que je te retienne, que je t’empêche d’aller chercher le typhus ou la fièvre jaune… Enfin les voilà satisfaits… La demoiselle à ton goût, il faut croire… Et quand je pense aux nœuds de cravate que je te faisais, le jeudi!… Étais-je assez bête, hein?

Elle riait d’un rire douloureux, atroce, qui tordait sa bouche, montrait l’écart que faisait sur le côté la cassure toute récente sans doute, car il ne l’avait pas vue encore, d’une de ses belles dents nacrées dont elle était si fière; et cela, cette dent manquante dans cette figure terreuse, creusée, bouleversée, fit à Gaussin une peine horrible.

– écoute-moi, dit-il la reprenant, l’asseyant de force contre lui… Eh bien, oui, je me marie… Mon père y tenait, tu sais bien; mais qu’est-ce que cela peut te faire puisque je dois partir?…

Elle se dégagea, voulant garder sa colère:

– Et c’est pour m’apprendre ça, que tu m’as fait faire une lieue à travers bois… Tu t’es dit: Au moins on ne l’entendra pas, si elle crie… Non, tu vois… pas un éclat, pas une larme. D’abord, j’en ai plein le dos du joli garçon que tu es… tu peux t’en aller, ce n’est pas moi qui te ferai revenir… Sauve toi donc dans les Îles avec ta femme, ta petite, comme on dit chez toi… Elle doit être propre, la petite… laide comme un gorille, ou alors enceinte à pleine ceinture… car tu es aussi jobard que ceux qui te l’ont choisie.

Elle ne se retenait plus, lancée dans un débordement d’injures, d’infamies, jusqu’à ne pouvoir bégayer à la fin que des mots «lâche… menteur… lâche…» sous son nez, en provocation, comme on montre le poing.

C’était au tour de Jean de l’écouter sans rien dire, sans aucun effort pour l’arrêter. Il l’aimait mieux ainsi, insultante, ignoble, la vraie fille du père Legrand; la séparation serait moins cruelle… En eut-elle conscience? Mais elle se tut tout à coup, tomba, la tête et le buste en avant, dans les genoux de son amant, avec un grand sanglot qui la secouait toute, et d’où sortait une plainte entrecoupée:

– Pardon, grâce… je t’aime, je n’ai que toi… Mon amour, ma vie, ne fais pas ça… ne me laisse pas… qu’est-ce que tu veux que je devienne?

L’émotion le gagnait… Oh! voilà ce qu’il avait redouté… Les larmes montaient d’elle à lui, et il renversait la tête en arrière pour les garder dans ses yeux débordants, essayant de l’apaiser par des mots bêtes, et toujours cet argument raisonnable:

– Mais puisque je devais partir…

Elle se redressa avec ce cri qui dévoilait tout son espoir:

– Eh! tu ne serais pas parti. Je t’aurais dit: Attends, laisse-toi aimer encore… Crois-tu que cela se retrouve deux fois d’être aimé comme je t’aime?… Tu as le temps de te marier, tu es si jeune… moi, bientôt, je serai finie… je ne pourrai plus, et alors nous nous quitterons naturellement.

Il voulut se lever; il eut ce courage, et de lui dire que tout ce qu’elle faisait était inutile; mais s’accrochant à lui, se traînant agenouillée dans la boue restée à ce creux de vallon, elle le forçait à reprendre sa place, et devant lui, dans ses jambes, avec le souffle de ses lèvres, la voluptueuse étreinte de ses yeux, et des caresses enfantines, les mains à plat sur cette figure qui se raidissait, les doigts dans ses cheveux, dans sa bouche, elle essayait de tisonner les cendres froides de leur amour, lui redisait tout bas les délices passés, les réveils sans force, l’enlacement anéanti de leurs après-midi du dimanche. Tout cela n’était rien auprès de ce qu’elle lui donnerait encore; elle savait d’autres baisers, d’autres ivresses, elle en inventerait pour lui…

Et pendant qu’elle lui chuchotait de ces mots comme les hommes en entendent à la porte des bouges, elle avait de grosses larmes ruisselant sur une expression d’agonie et de terreur, se débattait, criait d’une voix de rêve:

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